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lui, fans être ébloui & repouffé par l'éclat qui l'environne. Dieu donc prend auffitôt un autre CHAP. nom, qui le rend plus acceffible à fon peuple. III. Il veut être appellé le Dien d'Abraham, le Dieu d'Ifaac, & le Dieu de Jacob. C'eft fous ce Nom, dit-il, que je ferai connu dans la fuite de tous les fiécles. Il marque en toute occafion une complaifance particuliére pour ce Nom : & il veut le conferver dans tous les fiécles, comme un monument éternel du commerce intime qu'il a bien voulu avoir avec ces faints Patriarches, & des promeffes dont il les avoit rendu dépofitaires. Après avoir ainfi fatisfait à la demande de Moife, il lui trace en peu de mots tout le plan de l'entreprife dont il le charge. & lui en développe les principales circonftances, pour l'encourager par la certitude du succès.

IV.[ Mais, dit Moïfe, ils ne voudront pas me eroire. ] Vous me commandez, Seigneur, d'aller trouver les Ifraélites, & de leur dire que je viens leur parler de votre part. Mais ils ne me croiront pas fur ma parole ; & je n'ai point de quoi leur prouver ma mission.

La difficulté étoit folide. Il eft contre le bon fens d'écouter indifféremment tous ceux qui fe difent envoyés de Dieu. Les faux prophétes & les impofteurs de tous les temps l'ont dit. Plufieurs hérétiques, & fartout ceux des derniers fiécles, s'en font vantés. Il faut donc que celui qui fe donne pour envoyé de Dieu, juftifie par des preuves certaines la vérité de fa miffion autrement il mérite d'être rejetté comme un impofteur. C'est ce que Moïfe représente à Dieu : & Dieu, pour lever cette difficulté, lui met en main fa puiffance, en lui communiquant le don des miracles, dont il lui fait faire fur le champ une double expérience: puis il

:

ajoute: Ceci eft afin qu'ils croient que je vous CHAP. envoyé.

III.

à

En effet les miracles, dont Dieu feul peut être l'auteur, ont toujours été regardés comme une preuve qu'un homme parle de fa part. Jean. 10. Les œuvres que je fais au nom de mon Pere, 3. 37. 38. disoit Jelus-Chrift aux Juifs, rendent témoignage de moi..... Si je ne fais pas les œuvres de mon Pere, ne me croyez point. Mais fi je les fais quand vous ne voudriez pas me croire, croyez mes œuvres, afin que vous croyiez que le Pere eft en moi,& moi dans le Pere. C'eft par la même voie que les Apôtres & les hommes apostoliques ont confirmé les vérités qu'ils prêchoient au monde. Ils n'empruntoient, pour fe faire écouter, ni le fecours de l'éloquence humaine, ni celui des fciences profanes : mais ils faifoient voir à ceux à qui ils parloient, des effets de la *. Cor. 2. 4. vertu divine. Je n'ai point employé, en vous parlant, & en vous prêchant, dit faint Paul, les dif cours perfuafifs de la fageffe humaine, mais les effets fenfibles de l'Esprit de la puissance de Dieu, afin que votre foi ne foit pas établie fur la fageffe des hommes, mais fur la puissance de Dieu. C'eft ainfi que Dieu autorife la parole & le miniftére de ceux qu'il envoie : & quoique depuis l'établiffement des Eglifes, les fucceffeurs légitimes des Apôtres & des hommes apoftoliques n'aient plus befoin de faire des miracles pour prouver aux fidelles leur mission, & l'obligation où l'on eft de les écouter ; il est vrai néanmoins que l'autorité de leur prédication, & l'obéiffance que nous leur rendons, font établies fur les miracles; parce que nos pasteurs étant les héritiers de la doctrine & de l'autorité des Apôtres & des difciples de J. C. les miracles par lefquels ces premiers fondateurs de l'Eglife

ont prouvé qu'ils parloient de la part de Dieu, leur appartiennent à titre de fucceffion ; & que CH A-P. l'effet en rejaillit far eux, & fur tous ceux qui viendront après eux.

IIL

V. La répugnance de Moïfe n'eft pas encore vaincue. Seigneur, je vous prie de confidérer que je n'ai jamais eu de facilité à parler, non pas même depuis que vous avez parlé à votre ferviteur parce que j'ai la langue pefante. Ou, depuis même que vous avez parlé à votre ferviteur, j'ai la Langue encore moins libre, & plus pefante. Dica l'appelloit à un ministére qui demande nécessairement le talent de la parole: & comme depuis qu'il s'entretenoit avec Dieu, il s'appercevoit que le défaut naturel de fa langue étoit augmenté par la fainte frayeur dont la présence & la Majefté du Seigneur l'avoit pénétré ; il saifit cette raison, & tâche d'en tirer avantage pour éviter un fardeau dont la pefanteur l'effraie. Mais Dieu lui répond avec une grandeur digne de lui: Qui eft-ce qui a formé la bouche de l'homme, & qui lui a donné la parole? Qui a fait le muet, be fourd; celui qui voit, & celui qui eft aveugle ? N'est-ce pas moi ? Allez donc je ferai dans votre bouche, & je vous ap prendrai ce que vous aurez à dire. C'eft ainsi Jefus-Chrift dit depuis à fes difciples: Mettez- Lu. 11. 14: vous bien dans l'efprit de ne point préméditer ce que vous aurez à répondre. Car je vous donnerai moi-même des paroles, & une fageffe à laquelle tous vos ennemis ne pourront résister, ni rien oppofer. Et ailleurs: Ce que vous aurez à dire vous Mat. 10. 19å fera donné à l'heure même, parce que ce n'est pas 20% vous qui parlez, mais c'est l'Esprit de votre Pere qui parle en vous. L'Efprit faint, l'Esprit de lumiére, de fageffe, & de force, parle dans ceux que Dieu envoie, & qui parlent par fon ordre s

que

& fa parole opére de grandes merveilles. Ce CHAP. qu'il n'appelle point, parlent d'eux-mêmes, & ils ne font rien.

III.

:

&

VI. Enfin Moïfe, repouffé de toutes parts decouvre & répand fon cœur devant Dieu, il lui expofe en peu de mots, mais d'une ma niére vive & tendre, la grande difficulté qui l'arrêtoit. Je vous prie, Seigneur, envoyez celuż que vous devez envoyer. Or celui que Dieu devoit envoyer, & qui étoit connu fous ce nom parmi les Hébreux, c'étoit le Meffie. C'est donc comme fi Moïfe difoit à Dieu Seigneur, la dure captivité de l'Egypte n'eft pas celle dont je defire le plus que vous affranchiffiez votre peuple. Elle n'eft qu'une foible image d'un autre efclavage dont le Meffie doit nous délivrer. Vous nous l'avez promis ; c'eft après lui que nous foupirons depuis long-temps. Envoyez-le, Seigneur, je vous en conjure; & ne m'obligez pas de me charger d'un miniftére qui fe bornera à des bienfaits temporels, & qui retardera l'avé→ nement du vrai Libérateur, du vrai Médiateur du vrai Législateur.

[Alors le Seigneur se fâcha contre Moïfe:] c'est-à-dire qu'il lui parla en maître, qu'il prit un ton d'autorité; & que, fans vouloir écouter plus long-temps fes raifons, il déclara qu'il vouloit être obéi. Moïfe n'étoit pas tout-à-fait exempt de faute. Il paroiffoit trop occupé de fa foibleffe, de fes défauts, de fon néant ; & trop peu de la puiffance & de la bonté de celui qui Fappelloit. D'ailleurs, quoique rien ne fût plus julte que l'empreffement avec lequel il demandoit lavénement du Meffie; il devoit néanmoins foumettre, fans héfiter, fes lumiéres & fes defirs aux deffeins de la divine Sageffe, qui youloit faire paffer les ombres & les figures

,

III.

avant que de montrer au monde la Vérité; & convaincre les hommes, & particuliérement le CHAP. peuple Hébreu, du besoin qu'ils avoient de ce Sauveur en les convainquant, par une longue épreuve de leur impuiflance pour le bien. Dieu donc lui fait fentir fa faute par des mar ́ques de colére; & fans s'expliquer fur l'avènement du Meffie, qui n'avoit rien de commun -avec le miniftére de Moïfe, il fe contente de le raffurer fur fon peu de facilité à parler, dont il paroiffoit fort touché, en lui donnant pour adjoint Aaron fon frere, qui s'exprimoit aifément. Moïfe alors ne répliqua plus, & obéit.

pas ex

Au refte la légére faute de ce faint homme n'a pas empêché les Peres de l'Eglife de donner de grands éloges à fa réfiftance, parce qu'elle venoit d'une grande foi, & d'une fincére & profonde humilité. Il voyoit ce qu'il falloit être ; & il fentoit ce qu'il étoit. Pénétré de son indignité & de sa misére, il ne pouvoit fans frayeur fe voir engagé dans un ministére, où les moindres fauces ont fouvent de grandes fuites. Il eût bien fouhaité que Dieu ne F'eût pofé à des dangers & à des malheurs, dont il -fçavoit que la vocation la plus légitime ne met pas toujours à couvert. Ainfi il ne fe rendit qu'après que Dieu lui eut fait connoître qu'il fe tiendroit offense, si sa résistance duroit plus long-temps; & il ne céda qu'à la crainte de lui défobéir. Abraham', appellé à des bénédictions & à des promeffes, dont le falut éternel étoit la fin, avoit obéi fur le champ à la voix de Dieu, & tout quitté pour le fuivre. Moïfe, appellé au gouvernement d'un grand peuple, s'en défend jufqu'à mettre Dieu en colère. Le de-yoir & le bonheur de l'homme eft de ne tenir à rien, quand il s'agit d'entrer dans la voie du

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