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XXIV.

& que la grace de Jefus-Chrift, quoique trèsCHA P. puiflante, ne change pas entiérement la nature des vafes de terre où elle habite; ils ne désespérent pas d'arriver par dégrés à une femblable vertu & en apprenant que la force des plus forts vient de Dieu feul, & non pas d'eur, ils s'occupent moins de leur foiblesse, dont le reméde eft entre les mains de Dieu, qui écoute les priéres des humbles.

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[Prenez foixante & dix hommes leur donnerai de l'Esprit qui eft en vous afin qu'ils portent avec vous le poids de la conduite de ce peuple. On a vû ailleurs que par le confeil de Jethro, Moïfe avoit fait choix de plufieurs perfonnes recommandables par leur intégrité, pour le foulager dans le jugement des affaires. Mais ils ne prenoient connoiffance que des caufes des particuliers. Encore devoient-ils déférer la décifion des plus importantes & des plus difficiles à Moïfe, qui étoit outre cela chargé du gouvernement général de ce peuple innombrable, & de toutes les affaires de la Religion; qui régloit les cérémonies du culte public, & veilloit à les faire obferver: ce qui étoit d'un détail immenfe, & demandoit, fur tout dans ces premiers commencemens, une attention infinie. Un fi grand fardeau étant accablant pour lui, Dieu lui donne un Confeil de foixante & dix hommes, fur qui il répand le même efprit dont il l'avoit rempli lui-même : & c'eft dans ce Confeil, dont Moïfe eft le chef; que réfidera la fouveraine autorité du gouvernement, & qui décidera en dernier reffort des affaires de l'Etat, & de la Religion.

Il y a beaucoup d'apparence que ce Confeil a fubfifté fans interruption dans la nation Juive, & qu'il a confervé dans tous les temps

Jon autorité, au moins pour les chofes de la

Religion, & pour l'interprétation des loix di- CHAP. vines. Cieft ce qu'on appelloit du temps de Jefus- XXIV.. Chrift le Confeil, ou Sanédrin.

[Ce peuple eft de fix cens mille hommes, &c. Mat. 5. 22. jufqu'à ces mots,fi ma parole aura fon effet. ] Moïfe, en difant à Dieu ce que l'Ecriture rapporte, n'a aucun doute fur l'accompliffement de fa promeffe: il défire feulement de fçavoir de quel moyen Dieu fe fervira pour l'accomplir. Un homme qui auroit douté pouvoit tenir le même langage, comme nous avons vû. qu'Abraham & Sara avoient répondu de la même maniére à la promeffe de Dieu, avec des fentimens bien différens. Mais il ne nous eft pas permis d'attribuer à ce faint homme la moindre defiance, paifque Dieu qui étoit. le juge de ce qui fe paffoit au fond de fon cœur, ne le reprend pas d'avoir manqué à la parfaite confiance qu'il devoit avoir en lui. Moïle vouloit fçavoir fi Dieu nourriroit fon peuple de chair par les voies naturelles ou miraculeufes.Dieu l'arrête, en difant qu'il lui fùffit de fça-voir que fa main eft toute-puiffante & qu'ill doit fe repofer fur lui de l'éxécution de fa promeffe.

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[Jofué lui dit Moife mon Seigneur, empê chez-les. Mais Moife lui répondit : Pourquoi vô tre affection pour moi vous infpire-t-elle de la ja loufie? &c.] Jofué étoit faint mais il étoit homme; & fon tendre & refpectueux attache+ment pour Moïfe, n'étant pas encore affez épu ré, produifit en lui ce mouvement paflager de jaloufic, que la réponse de Moïfe réprima, Il craignoit que la grace que fon maître avoit reçûe, étant communiquée à d'autres, il ne per dit quelque chofe de fon autorité. Rien neft

&

plus dangereux qu'un attachement ou char CHA P. nel, ou imparfait, à un homme, même à un XXIV. Pafteur, quelque grand & quelque faint qu'il foit. C'eft de Dieu qu'il tient fon ministére, le don de s'en bien acquitter. C'eft à Dieu qu'il faut s'attacher & tout rapporter. Il y avoit parmi les Chrétiens de Corinthe des jaloufies & des difputes an fujet de leurs Pafteurs. Les uns difoient: Je fuis à Paul; les autres, Je suis à A. Cor. 3. 4. pollon. Et qu'eft-ce qu' Apollon, reprend S. Paul, qu'est-ce que Paul? Ce font des miniftres decelui en qui vous avez crû, & chacun felon le don qu'il a reçu du Seigneur. C'est moi qui ai planté : 'eft Apollon qui a arrofe: mais c'est Dieu qui a donné l'acroiffement. Or celui qui plante n'eft rien non plus que celui qui arrofe; mais Dieu feul qui donne l'accroiffement.

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Plut à Dieu, dit Moife, que tout le peuple prophétifat, & que le Seigneur répandit son Efprit fur eux! Sentimens dignes d'un miniftre du Seigneur, qui s'oublie lui-même, & qui n'eft occupé que de la gloire de fon maître. Un Pafteur vraiement humble, comme Moïfe, n'eft point capable d'une baile jaloufie. Le mérite des autres ne lui fait aucun ombrage. Il voudroit que tous fuffent remplis des dons de Dieu, pour inftruire & gouverner les ames. Il voit avec une fecrette joie dans ceux mêmes qui travaillent fous fon autorité, des lumiéres & des talens qui l'effacent, mais qui avancent l'œuvre de Dieu. Comme il ne défire autre chofe, finon que Jesus-Chrift foit connu & fuivi; quiconque travaille avec zèle & avec fuccès à le faire connoître & aimer, lui eft précieux, dut-il lui-même y perdre quelque chofe de la confidération où il eft parmi les hommes ; & il dựt du fond du cœur avec faint Paul : Qu'importe? pourvu que Jesus-Chrift foit annoncé,

Je m'en réjouis, & je continuerai de m'en réjouir.

Au refte, je n'oferois affurer que Jofué fut ani- CHA P. mé dans cette occafion d'un mouvement de pure X XIV jaloufie. Il y avoit certainement de l'humain dans Les fentimens, puifque Moife l'en reprend ; mais je ne fçai fi c'étoit l'unique, ou même le principal motif qui le faifoit parler. Car il n'eft point bleffé de ce que les 70 qui étoient assemblés prophétifoient, mais feulement de ce qu'Eldad & Médad le faifoient hors de cette afsemblée,& fans avoir l'aveu de Moïfe. A infi il pouvoit craindre qu'ils ne s'attribuaffent une autorité indépendante de lui, & par conféquent fchifmatique.

[ Dieu fit fouffler un vent qui amena un nombre infini de cailles Le peuple en mangea. Mais lorsqu'ils avoient encore de cette chair entre les dents, la fureur du Seigneur s'alluma

les frappa d'une très-grande plaie. Plufeurs moururent. C'est ainsi, mon Dieu, que vous éxaucez quelquefois les hommes dans votre colére pour punir le déréglement de leurs défirs. Détournez de moi un fi grand malheur. Eclairez-moi fur mes véritables besoins, & purifiez les defirs de mon cœur. Ne permettez pas que je vous demande jamais rien de ce qu'il ne m'eft pas permis d'aimer.Que votre fainte volonté foit la régle de tous mes défirs, & mon falut la fin de toutes mes priéres. Si je vous demande. quelque chofe qui ne vous foit point agréable, refufez-moi par miféricorde, & pour mon bien, ce qui ne pourroit tourner qu'à mon malheur fvous me l'accordiez.

An du mon

de 2514,

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CHAPITRE XX V.

Aaron & Marie s'élèvent contre Moïfe. Dieu les en reprend, & confirme l'autorité de fon ferviteur. Marie eft frappée de lépre : mais elle eft guérie fur le champ à la prière de Moife. Nomb. 12..

VE

ERS le même temps, Aaron & Marie fa foeur s'élevérent contre Moïfe à l'occafion de fa femme qui étoit Madianite. Quoi donc, difoient-ils, Moïfe eft-il le feul par qui le Seigneur ait parlé? Ne nous a-t-il point parlé comme à lui? Moïfe qui étoit le plus doux de tous les hommes, souffrit en paix ces difcours : mais le Seigneur les ayant entendus, fa colére s'alluma, & il commanda à Moïfe, à Aaron, & à Marie d'aller au Tabernacle. Lorfqu'ils y furent, Dieu fit approcher Aaron & Marie; & leur parlant de de-dans la nuée qui couvroit le Tabernacle, il dit: Ecoutez mes paroles: S'il y a parmi vous un Prophéte; moi qui fuis le Seigneur, je lui apparoîtrai en vifion, ou je lui parlerai en fonge.. Il n'en eft pas ainfi de Moïfe mon ferMiteur, qui eft fidelle dans toute ma

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