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dres, ou bien plus encore, parce que, ainsi que nous venons de le voir, la plèbe des auteurs est précisément l'espèce qui se moule le mieux sur les mœurs populaires.

Plus on étendrait ce parallèle de nos mœurs et de nos écrits, plus on reconnaîtrait qu'un choix habile, fait parmi nos anciennes productions du second et du troisième ordre, devenues rares ou tombées dans l'oubli, eût fidèlement retracé la marche de la société française, et même pu jeter du jour sur le cours souvent caché des événemens. Mais tant d'honneur ne m'était pas réservé. Sans doute, il ne faut rien chercher de pareil dans l'Analectabiblion; ce recueil se ressent de son origine fortuite. Je serais surpris qu'on n'y trouvât rien d'estimable; mais il aura rempli mon attente, s'il a le sort de tous ceux que j'ai cités. Il n'est suffisant dans aucune partie, je l'avoue; et même, entre les sujets rapportés, il en est plusieurs que d'autres du même genre, si je les avais eus sous la main, eussent avantageusement remplacés, soit sous le rapport de la rareté, soit sous celui de l'importance; toutefois, tel qu'il est, le choix et la variété n'y manquent pas. Le lecteur y passe en revue, selon l'ordre des temps, des chansons de gestes ou épopées gothiques, genre de poèmes qu'un de nos premiers philologues, M. Paulin Paris, vient si heureusement de remettre en lumière et en honneur, des romans de chevalerie d'ancienne origine, des contes, des moralités, des farces de nos vieux trouvères, quelques uns de ces mystères qui ont précédé nos drames immortels, entre autres celui de tous à qui Clément Marot donnait la palme; des traités de morale, de philosophie, de politique, de métaphysique sous diverses formes et de différens âges, des écrits satiriques en prose et en vers, de l'histoire, des sermons, de la controverse, des dissertations, et jusqu'à des libelles; en un mot, beaucoup de choses qui sont l'objet de la littérature proprement dite.

On ne doit point espérer, d'après cet énoncé, qu'une telle lecture n'offre rien de libre en morale, d'hétérodoxe en religion, de hardi en politique, rien qui blesse les oreilles des jeunes filles ou même de leurs mères, ni qui choque les croyances publiques et privées; un tel espoir

serait trompé trop souvent, et la chose était inévitable, puisqu'il est question dans ce livre de Merlin Coccaïe de l'Arétin, d'Hubert Languet et de Geoffroy Vallée; mais que cette liberté soit un mal ici, je ne le pense pas, au contraire; pourvu qu'une certaine mesure ait été gardée dans les exemples, et que le juste et l'honnête aient été respectés ou vengés dans la critique :or, c'est ce que j'ai eu constamment en vue; et c'est assez pour les personnes éclairées et sincères, les seules qu'il faille prendre pour juges, les seules à qui ce livre soit adressé (1).

(1) Cette Préface était à peine achevée, lorsqu'en parcourant le tome iv des Souvenirs de Mirabeau, publié en 1834, par M. Lucas de Montigny, j'y trouvai les paroles suivantes, qui exposent si nettement l'idée et le plan de mon Recueil, qu'il m'a paru aussi heureux pour moi qu'indispensable de les transcrire. Mirabeau, dans une lettre du 14 février 1785, qu'il écrit à Vitry s'exprime donc en ces termes :

<< Vous savez quel est le plan du Journal que je conçois, et qu'on ne veut » pas comprendre. Il serait fait, sur l'idée, assez neuve, peut-être, et qui, » selon moi, n'est pas sans utilité, de s'occuper des vieux livres, comme les » journaux ordinaires s'occupent des nouveaux. Abréger et choisir est assu→ » rément, aujourd'hui, le besoin le plus urgent des sciences et des lettres. » Conserver est d'une utilité moins prochaine, peut-être, ou plutôt moins » abondante. Mais, cependant, à mesure que le goût de l'érudition passe, » que la manie d'écrire devient plus contagieuse, que l'ardeur de publier, ou » la nécessité de sacrifier au goût du jour, aux coryphées du temps, à la pré» tention d'être exempt de préjugés, ce qui n'est guère, au fond, que » substituer des préjugés à des préjugés ; à mesure, dis-je, que toutes ces ma» ladies nous gagnent et s'aggravent, nous négligeons trop les efforts de nos de » vanciers, qui, quand il serait vrai que nous les surpassassions par le talent » de mettre en œuvre, n'en devraient que mieux appeler nos regards, afin, » du moins, de monter avec élégance ce qu'ils ont si lourdement enchâsse. » Je dis donc que cet article rendra quelque chose, et j'invoque, à cet égard, » vos recherches, nos philologues du xvi siècle, nos savans du xvir, nos >> recueils, nos compilations de tous les temps, excepté de celui où l'on n'a » plus fait de livres qu'avec des cartons bien ou mal cousus, et des tragédies » qu'avec de vieux hémistiches. >>

ANALECTABIBLION.

SUR LES PREMIERS TRAVAUX DE L'IMPRIMERIE.

Les amateurs de l'imprimerie ont encore à demander un historien, après l'estimable travail de Prosper Marchand, étendu par le docte abbé Mercier de Saint-Léger (1), après les Origines typographiques de Meerman (2), les Annales typographiques de Maittaire, continuées, ou plutôt corrigées par Denys (3), celles de Panzer (4), et les nombreuses annales particulières aux divers pays; tous ouvrages précieux et savans, sur lesquels on devra baser désormais tout travail de ce genre, mais qui laissent beaucoup à désirer, soit pour la forme, soit pour le fond; c'est à dire pour présenter soit un ensemble clair et agréable, soit un tout homogène et complet jusqu'à notre siècle dix-neuvième, époque où l'imprimerie semble avoir atteint, principalement à Londres et à Paris, le plus haut degré de perfection possible. Peut-être un jour nouveau, répandu sur la naissance de ce bel art, en fera-t-il découvrir avec certitude et précision l'inventeur premier et le premier monument, aujourd'hui encore sujets de doute et de controverse; car les origines de la presse, quoique si rapprochées de nous, n'ont pas entièrement échappé à la destinée ordinaire de toutes les origines. Est-ce à Laurent Coster de Harlem que l'humanité doit, en Europe (de l'an 1420 à l'an 1446), l'heureux secret déjà découvert par les Chinois, de multiplier, en les perpétuant, les signes de la pensée? Est-ce à Mentel de Strasbourg? une rumeur savante indique obscurément, à ce propos, une certaine Vie de saint Jean l'Evangeliste, un certain Miroir du salut, un Art de mourir, des Sermons de Léonard

(1) Hist. de l'imprimerie. La Haye, 1740, in-4, et Puris, 1775, in-4. (2) Origines typographicæ. La fiaye, 1740, in-4.

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(3) Annales typographicæ. La Haye, 1719-25. rimst., 1923. Londini,1741, Vienna, 1780-89. 10 vol. in-4.

(4) Idem. Norimbergæ, 1793-1803. 11 vol. in-4. Voy. encore l'Histoire de l'imprimerie et de la librairic, par Jean De la Caille. 71 Paris, 1689.

Analectabiblion. 1.

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