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>> bourgeois, il vous faut travailler à rembourer ce trou, et se >> aucuns se rendent dedans un monastère:

Ils n'y vont pas pour mener vie austère,

C'est pour remplir ce sac plein de lavailles, etc., etc., etc.

» Que de peine ne prenais-je pas pour combler ce lac punais, » pour amasser le plaisir de ce sac!

Je crie, je jure, la fausseté j'adjuge,

Je happe tout et biffle boeuf et vache,

......

Je me parjure et je faulse ma foy,

Par fas je fais et par néfas désfais,

Pour acquérir quelque chose à ce trou,

Je ne veuil plus faire faicts que j'ay faictz,

Mes compaignons, mes amis en substance,
Laissons tout là! etc., etc., etc.

Ici la langue se tait, et l'acteur (l'auteur) dit quelques mots pour amener le discours des yeux. Il est bon de savoir que l'acteur a entendu toutes ces belles disputes en songe; toujours des songes! Discours des yeulx:

O dame langue! certes vous dites bien,
Ce gouffu sale cy ne nous sert de rien.

Il n'y a chair, viande ne poisson,

Lard, fruit, beurre, œufs, saulvaiges, venaison,
Que je ne chasse pour ce maistre pansart.

Pour ce laissons-le, c'est mon opinion, etc.

Discours des oreilles :

Las! mes frères, moi qui suis les oreilles,
J'ay faict pour lui des choses nompareilles,
Je ne puis plus endurer ceste peine.

Se j'oy parler de quelque bon disner,

Incontinent il y faut cheminer.

Pour ce laissons-le, se vous voulez m'en croire, etc.

Discours du nez :

Je n'ay de lui gaiges, prouffits ne rentes,

Fors seulement cette infecte fumée

Que par trahison ay mainte fois humée,

Je luy cherche dons odoriférans

Et il me rend pour tout potaige un vent.

Dieu le mauldie lui et ses adhérens, etc., etc., etc.

Discours des mains:

Eusse cent francs de rente et en domayne
Si faut-il bien que ce grant gouffre ameine,
Tout mon vaillant, tant qu'il soit rembouré,

Rien n'amassons qui n'entre en sa bouticque.

J croy qu'il soit pire qu'un hérétique, etc., etc., etc.

:

Le discours des pieds est une répétition des mêmes griefs diversement appliqués. A peine est-il fini, que la langue recommence ses imprécations contre le seigneur ventre, et la conjuration est résolue. On vient à l'effet chacun se tient coy. Le premier jour se passa doulcement, le second jour, la gueule, nullement ne se veult taire; et au tiers jour furent les membres en tel point pour la famine que, etc., etc. Alors la langue, toujours, la première à parler, s'aperçoit qu'elle est dupe, ainsi que ses compaignons :

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Tant plus vivons, tant plus décrépitons;

Il nous vault mieux pour savoir la naissance
De nostre mal parler à cette pance

Que de mourir si misérablement.

Or viens çà, ventre, escoute mes complains,

Ne souffre pas que toy, ne ton lignaige

Ton propre sang endure ce brouillage, etc., etc., etc.

Le ventre se rend aux supplications de l'ingrate, non sans la gourmander vertement. La leçon profite aux autres conjurés qui reprennent chacun leur office, et la santé revient au corps expirant. L'acteur termine la pièce par ces mots :

O vous lysans! corrigez ce volume;
Des mots y a mal couchez ung minot
Et pardonnez à moy pour Jehannot.

On doit pardonner au poure Jehannot; mais comment se pardonner à soi-même d'avoir payé son Débat cent francs?

VOLUMEN

ERUDITISSIMI VIRI ANTONII CODRI URCÆI,

Emendate accurateq; impressum Bononiæ per Joannem Antonium Platonidem Benedictorum Bibliopolam, nec non civem bononiensem. Sub anno Domini M.CCCCC., die vero VII Martii, Joanne Bentivolo II, patre patriæ, feliciter administrante.

Edition primaria, due aux soins de Philippe Beroald, qui la dédia à Galéas Bentivoglio, protonotaire apostolique, en reconnaissance de ce que ce prélat lui a fourni les Mss. 1 vol. in-fol. en 2 parties, dont la première contient 106 feuillets, et la deuxième 65; sans autre titre que l'index suivant, la rubrique précédente de l'imprimeur se trouvant à la fin de la 2o partie; immédiatement avant, 1o la Lettre de Bartolomée Bianchini à Mino Roscio, sénateur; 20 la Vie de Codrus, par le même; 30 les Sept poésies, laudatives de Virgile Portus; 40 la Lettre laudative du savant Jean Pin, de Toulouse au savant Jean Mourolet, de Tours; 5° une Épigramme du même et son Epitaphe de Codrus; toutes pièces latines qui terminent le volume Voici l'index qui sert de titre à notre première édition, laquelle est fort rare et renferme exactement les mêmes choses que la seconde, de Venise 1506; la troisième, de Paris, Jean Petit, 1515, in-4; et la quatrième, de Bâle, 1540, in-4; sauf que cette dernière offre, en plus, une table générale des matières, ainsi que le dit M. Brunet.

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Hyacinthe, cordonnier, dit Bélair, dit Saint-Hyacinthe, dit le chevalier de Thémiseul, auteur du Chef-d'œuvre d'un Inconnu, `l'un des hommes qui ont eu le plus d'esprit, a fait, sur l'édition de 1515 (car il n'avait jamais vu la première), une analyse exacte et détaillée des ouvrages de Codrus Urcæus, principalement des xv discours en prose qui en sont la partie la plus curieuse et la plus étendue. Cet excellent morceau, le meilleur, peut-être, de

ses mémoires littéraires, aujourd'hui trop peu lus, servira de base au présent extrait, dont il nous eût dispensés, si nous n'avions, d'ailleurs, jugé convenable d'y joindre quelques additions, et de parler de plusieurs notes autographes de Bernard de la Monnoye, dont notre exemplaire de l'édition de 1502 est enrichi.

Le premier discours de Codrus est donc, ainsi que l'expose fort nettement Thémiseul, une revue satirique des divers états et des diverses conditions de la vie, dans laquelle le professeur se plaît à montrer la vanité de l'esprit humain, pour conclure qué tout ce qu'ont dit et fait les hommes, dans tous les temps, n'est que fables, fabulæ. Il s'y moque des dialecticiens qui enseignent qu'une syllabe mange un fromage, parce qu'un rat mange un fromage, et qu'un rat est une syllabe. Il se moque des médecins, des femmes mariées, des politiques, des prédicateurs, des théologiens même comme des autres, d'une façon très claire et très hardie, et finit par dire que tout est fable dans la philosophie, hormis le principe d'aimer Dieu par dessus toute chose, et son prochain comme soi-même. Au sujet des vaines disputes des philosophes, sur la nature de l'ame, nous remarquerons ces sages paroles : « Quid autem sit anima nondum inter philosophos con» venit,nec unquam fortasse conveniet. O divina sapientia! ô Deus » immortalis! hoc non est hominis, sed tuum officium. Hæ par»tes tuæ sunt quid anima patefacere mortalibus! Les philo>> sophes ne s'accordent pas et ne s'accorderont peut-être jamais » sur la nature de l'ame. O divine sagesse! ô Dieu immortel! ceci » n'est point du ressort de l'homme, mais du tien! c'est à toi » de révéler aux mortels ce que c'est que l'ame humaine.»

La deuxième oraison est un discours d'ouverture pour un cours sur Homère et Lucain, où l'orateur se perd en éloges de la rhétorique, dont il ne laisse pas pourtant de se moquer aussi (car il est très moqueur), par la mention qu'il fait du fameux procès entre un écolier d'Athènes et son maître, au sujet du salaire promis, que le premier refusait en s'obstinant à ne point plaider, et que le second réclamait; l'un et l'autre s'appuyant sur cette clause du contrat : Je vous paierai tant, lorsque j'aurai gagné ma première cause; procès qui fournit à M. de La Harpe, dans son Cours de Littérature, une occasion de plus de prouver excellemment la lumière, en réfutant un sophisme ridicule.

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Le troisième discours est une véritable apothéose d'Homère, terminée par cette hyperbole : «Si vous consultez bien votre » Homère, vous possédereez tous les arts, toutes les sciences; >> et vous étancherez votre soif dans une source inépuisable;

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» sinon, vous ne saurez rien, vous n'apprendrez rien, et vous >> serez comme Tantale au milieu des eaux. » Madame Dacier s'est fait de belles querelles, au sujet d'Homère, pour bien moins.

Le quatrième discours, dans lequel Codrus examine s'il faut qu'un homme sensé se marie, quel choix il doit faire et à quel âge, comment il doit nourrir et élever ses enfans, sert à faire connaître le caractère cynique et téméraire de l'auteur, autant que les mœurs corrompus de Bologne; car la pudeur n'y est pas ménagée. On peut considérer cette singulière leçon publique comme un plaidoyer pour et contre le mariage. Thémiseul en rapporte certains passages des plus licencieux avec complaisance et malice.

Le cinquième discours est tout à la louange d'Aristote et de la philosophie. Codrus, rappelant la belle définition que donne Platon de la philosophie, qu'il appelle la meditation de la mort, l'explique, à notre avis, avec plus de subtilité que de raison, quand il prétend que Platon n'entend point ici la mort naturelle, mais la mort des passions; il est vrai que ce n'est pas la peine d'assembler un auditoire choisi pour lui dire les choses simplement : les gens du monde laissent le bon-sens au peuple. Il est pourtant certain que Platon entendait ici la mort naturelle; ce qui n'empêche pas que le premier fruit de la méditation de la mort naturelle ne soit de tuer les passions.

Au sixième discours, Codrus prend l'occasion de se défendre contre ses détracteurs, qui l'accusent, les uns d'être ignorant, les autres d'aimer les beaux garçons; du reste, il y contredit son précédent discours; car, des opinions mobiles et contraires des philosophes, il infère que la philosophie n'est rien qu'un mensonge à mille faces, proposition par où nous l'avons vu débuter. Ce triste aveu est suivi de deux récits que Thémiseul ose à peine indiquer, tant ils sont obscènes; il n'avait pas été si réservé plus haut. Nous le serons moins que lui, pour cette fois seulement, ne pouvant trouver une plus belle occasion de montrer ce qu'étaient alors, en Italie, les maîtres et les disciples, Eruditissimi viri et auditores benevolentissimi, ainsi que les appelle Codrus; et nous rapporterons, en latin, l'une de ces histoires, qui fera rire les amateurs de la belle latinitė sans les corrompre autrement que n'ont fait tels passages d'Horace et telles épigrammes de Martial : « Quædam rustici uxor volens » maritum amandare ut sacerdotem ruralem quem amabat intro» mitteret, veniente vespera bovem e stabulo dissolvit et in » pascua longinqua relegavit : maritoque ut bovem quæreret per

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