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et de Sotte-Fiance, et met les prélats de son côté. Les seigneurs, à l'exception du seigneur de la Lune, se rangent de celui du Prince des Sots. On se querelle, on se gourme; Mère-Sotte devient gendarme; alors le Prince des Sots lui arrache ses vêtemens ecclésiastiques. Aussitôt chacun reconnaît que Mère-Sotte n'est point la véritable Eglise, et la conclusion est que: punir la fault de son forfaict.

Punir la fault de son forfaict,
Car elle fut posée de faict
En sa chaire par symonie."

Dès les premiers vers, un des trois sots révèle la pensée de Gringore:

Pour ce que l'Église entreprent

Sur temporalité, et prent,

Nous ne pouvons avoir repos, etc.

Le général d'Enfance figure l'impuissante et puérile expédition de Louis XII en Italie, à laquelle ce monarque avait été entraîné par le pape qui le trahit ensuite, en rompant la ligue de Cambrai :

Hon! hon! men, men! papa! tetet!

Du lolo! au cheval fondu, etc., etc.

Les déprédations du clergé sont représentées par les abbés de Frévaulx et de Plate-Bourse. Le premier, convoqué par le Prince des Sots, ainsi que nombre de prélats, se présente en disant :

Me vella;

Par devant vous vueil comparestre.

J'ay despendu, nottez cela

Et menagé par cy et par là,

Tout le revenu de mon cloistre, etc., etc.

Le Pape ou Sotte-Commune témoigne ainsi son mépris pour toutes ces querelles de princes et de prélats :

Et que ay-je à faire de la guerre

Ne que

la chaire de sainct Pierre

Soit assis ung fol ou ung sage? etc., etc.

On sent, à de pareils traits lancés devant la cour de France, que Luther et Calvin n'étaient pas loin. Mère-Sotte ne masque guère ses projets:

<< A ma guise, dit-elle,
Le temporel vueil acquérir
Et faire mon renom florir.
Ha! brief vela mon entreprise;
Je me dis mère saincte Église

Je mauditź, j'anatématize,

Mais soubs l'habit pour ma devise
Porte l'habit de Mère-Sotte.

Bien sçay qu'on dit que je radotte

Et que suis fol en ma vieillesse, etc., etc.»

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On

Ailleurs elle dit encore qu'elle en veut au temporel. SotteFiance lui objecte que les princes y contrediront. Mère Sotte répond que vueillent ou non, ils le feront. Sotte-Occasion, afin d'exciter le zèle du clergé, ajoute: « Vous serez bien heureux alors! Comment ? demande l'abbé de Frévaulx. vous dispensera de faire ce qu'il vous plaira. Quoi! nous serons tous cardinaux ? etc., etc. Après ces beaux discours suivis de beaucoup d'autres pareils, l'assaut se livre entre les prélats et les seigneurs du prince. Sotte-Commune murmure. « Tais-toi Commune! Parle bas, lui dit un sot. Sotte-Commune ne veut pas se taire et va jusqu'à dire :

sot:

« Affin que chascun le cas notte,
Ce n'est pas mère saincte Église
Qui nous fait guerre sans feintise,

Ce n'est que nostre Mère-Sotte, etc., etc. »

Et qui la conduit donc dans ces voies funestes? demande un C'est Sotte-Occasion, répond un autre. Non, réplique un troisième, C'est Sotte-Fiance! Voltaire n'a pas dit plus. Mais en voilà bien assez sur la Sottie, après les Analyses des frères Parfait et du duc de la Vallière, que nous essayons de ne pas répéter, et qui suppléent à ce que nous ne disons pas.

La moralité est encore un dialogue satirique relatif aux ėvėnemens contemporains, avec cette différence que le voile allégorique est entièrement soulevé. Les personnages sont le Peuple françoys, le Peuple ytalicque, l'Homme obstiné (Jules II), la Symonie, l'Hypocrisie, Pugnición divine et Démérite: Le Peuple français se plaint de ce que sa substance est dévorée en Italie. Le Peuple ytalicque ne déplore pas moins sa destinée qui le livre en proie aux Français, aux Allemands, aux prêtres, etc., etc. De là aux injures il n'y a qu'un pas....

LE PEUPLE FRANÇOXS.

<< Peuple ytalicque, tu es un grand flatteur,
Tu as cueur faulx et déceptive voix, etc., etc.

Peuple ytalicque est plein de vices,

LE PEUPLE YTALICQUE.

Peuple Françoys, si es tu toy!

LE PEUPLE FRANÇOYS.

Poison en lieu de bonne espèce
Tu bailles offensant la loy, etc., etc.

LE PEUPLE YTALICQUE.

Tu fais maintenant comme moy,
Mon mestier est bien praticqué.

LE PEUPLE FRANÇOYS.

Et dis-moy la raison pourquoi!

LE PEUPLE YTALICQUE.

Il n'est rien pire, par ma foy,

Qu'est un Françoys ytalicqué, etc., etc.»

Tandis que les deux peuples sont ainsi occupés à se dire des duretés et à s'accuser réciproquement des maux de la guerre, survient l'Homme obstiné (Jules II), qui se demande à luimême d'où vient qu'il est si pervers, ne tenant compte de Dieu, ne d'homme, ne du diable; toutefois il persiste dans sa méchanceté. Pugnicion divine arrive à son tour, monte en chaire et s'écrie: « Tremblez, tremblez, pervers peuple ytalicque! Tremble, homme obstine! Jules II n'est pas pour s'effrayer de si peu: il se met à chanter le vin de Candie qu'il trouve friand et gaillard. Symonie et Hypocrisie paraissent alors et font assaut de scandale.

« On ne veut plus bénéfices donner

Si je n'y suis en estat et bobance.»>

Ainsi parle Symonie. Hypocrisie se vante d'être tout à Dieu fors que le corps et l'ame. Le Peuple français demande :

D'où vient maintenant la guise
Que prestres ont des chambrières,
Que les chandelles de l'Eglise

Vont vendre, etc., etc., etc.

Démérite renchérit sur Pugnicion divine, dans les reproches. adressés au pontife romain, et dit, en faisant allusion aux armoirie des la Rovère :

Le chesne ombrage le lion

Rempli d'usure et de trafique.

A la fin Hypocrisie et Symonie paraissent s'amender. L'Homme obstiné seul tient bon. Il y a de l'esprit dans les discours de Démérite qui finissent tous par un refrain dont le sens est que tous ces désordres seraient terminés si..... Les deux Peuples unissent leurs plaintes contre l'Homme obstiné, auprès de Pug

nicion divine, et la moralité se conclut par des exhortations mutuelles de couper court à tant de maux. Il ne faut pas oublier que Louis XII se réjouissait de voir cette moralité qu'il se fit jouer par ordre.

La Farce qui forme la troisième partie du jeu nous montre une femme Doublette se plaignant de ce que son mari Raoullet Ployart laboure mal la vigne. Raoullet Ployart s'excuse sur ce que cela lui fait mal aux reins. Leur valet Mausecret s'offre pour suppléant. Doublette aurait envie d'accepter, mais Raoullet ne veut pas. Alors Doublette recourt secrètement à deux personnages: Dire et Faire. Dire parle si bien que Doublette l'accueille d'abord; mais tout se passant en discours, elle se dégoûte de Dire et se rabat sur Faire. Pour le coup, elle est contente; car Faire travaille si dru la vigne que Raoullet en devient témoin. Grands cris du mari. La cause est portée devant le seigneur de Baille-Treu, qui donne raison à Doublette. Conclusion que les femmes sans contredire ayment trop mieux faire que dire. Nous conclurons aussi, de cette farce graveleuse, que le bon goût n'a pas moins profité aux mœurs qu'à l'art du théâtre. Cependant, il faut le dire à l'honneur de nos anciens poètes dramatiques, il y eut toujours bien loin de leurs plaisanteries les plus nues à la révoltante obscénité qui déshonorait, au xvi siècle, les pères du théâtre italien, bien plus avancés d'ailleurs sous le rapport du style et de l'intrigue. Tandis que ceux-ci étaient trop fidèles à une affreuse peinture de mœurs qu'ils semblaient mieux aimer décrire que corriger, les nôtres laissaient percer, à travers leurs gros mots et leurs naïvetés crues, un certain goût de réforme et de satire morale qui mérite des éloges. Ils censuraient, souvent ingénieusement, les abus de tout genre qui leur étaient désignés par l'opinion éclairée de leur temps, et même dans leurs grandes privautés, ils se montraient plus libres que libertins. Leurs progrès dans l'art du théâtre furent lents, il est vrai, principalement dans la tragédie; mais ils furent constans et certains jusqu'à ces jours brillans où la double palme du théâtre fut décernée à nos muses dramatiques : car elle nous fut décernée et très justement; et c'est en vain qu'on se débat contre cette vérité qui est et sera toujours hors de doute. Ce beau triomphe tient, du reste, à deux traits principaux du caractère national: la finesse maligne qui observe et la mobile souplesse qui sait imiter.

OPUS MERLINI COCAII,

POETÆ MANTUANI MACARONICORUM.

Totum in pristinam formam per me magistrum acquarium lodolam optime redactum, in his infra notatis titulis divisum :

1o. ZANITONELLA, quæ de amore Tonelli erga Zaninam tractat; quæ constat ex tredecim sonilegiis, septem eglogis, et una strambottolegia.

2o. PHANTASIÆ MACARONICON, divisum in viginti quinque macaronicis, tractans de gestis magnanimi et prudentissimi Baldi..

3o. MOSCHEE FACETUS liber, in tribus partibus divisus, et tractans de cruento certamine muscarum et formicarum.

4°. LIBELLUS epistolarum et epigrammatum ad varias personas directorum. Tusculani apud lacum Benacensem. Alexander Paganinus M.D.XXI. die v januarii, 1 vol. in-16 de 272 feuillets sans l'Epître à Paganino; figures en bois, caractères italiques.

Cette édition des poèmes macaroniques de Théophile Folengi ou Folengio, dit Merlin Cocaïe, est rare et précieuse. La première, qui fut imprimée à Venise en 1513, est moins complète. Celle de 1692, pet. in-8, figures, Amsterdam (Neapoli), chez Abraham, à Someren, ne lui est préférable que parce qu'elle est plus belle et en lettres rondes. On ne croyait cette dernière tirée que sur deux papiers; mais le hasard m'ayant fait conférer mon exemplaire non rogné avec l'exemplaire en grand papier, aussi non rogné, qu'en possède M. Renouard, la découverte inattendue que le mien avait un demi-pouce de plus de hauteur que celui du savant libraire nous a révélé qu'il y avait un très grand papier (charta maxima) de cette édition de 1692, lequel a de hauteur pouces lignes. La traduction française, en prose, imprimée à Paris en 1606 et en 1734, sous la date de 1606, en 2 vol. in-12, ne porte point de nom d'auteur. M. Barbier lui-même ne fait pas connaître ce traducteur qui, du reste, n'a traduit que les 25 chants du poème des Gestes de Baldus, et l'horrible bataille des Mouches et des Fourmis. Il y a un grand papier de cette traduction sans texte, lequel est fort rare, ne paraît pas avoir été connu de M. Brunet, et dont nous avons un exemplaire non rogné, portant pouces lignes de hauteur.

(1513-21-1606-1692.)

Thomas Folengi, créateur de ces poèmes satiriques et bizarres pour donner sans doute plus de piquant à ses saillies et en même

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