صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني
[ocr errors]

pirer, ses adieux à ses serviteurs, son ardeur de se réunir à Dieu par la mort, et enfin l'instant suprême qui mit fin à sa brillante carrière, fournissent au panégyriste sacré des mouvemens et une péroraison très pathétiques. « Enfin, s'écrie l'é» vêque de Mâcon, avec bien grand peine, il dict pour la der» nière fois : Jesus! et se retournant devers nous, il nous dict, » ainsy qu'il put dire, qu'il avoit prononcé le nom de Jésus. » Hélas! il me semble que j'aye encores résonnant en mes » oreilles le son de sa voix mourante et languissante, qui di» soit : je l'ay dict, je l'ay dict Jésus! et après la parolle et la >> veue perdue, il fit certains signes de la croix sur son lict..... » sur quoy il rendist l'esperit à Dieu. O royaume de France » chrestien et catholique destitué de sa glorieuse et fructueuse » vie : peuple, noblesse et justice de France, desquels il a con>> tinue l'amour et la mémoire jusques à la mort: ministres de >> l'Eglise catholique qu'il a tenus et défendus en l'authorité de » l'ordre hiérarchique de l'église militante, ne debvez-vous >>> avoir perpétuelle mémoire et prier continuellement pour luy? >> Eglise triomphante, saincts et sainctes, apostres, évangélistes, » prophètes, martyrs, et vous, glorieuse mère de Dieu, desquels » il a soutenu, observé, honoré la vénération, priez, intercédez » pour luy! et vous, Seigneur Jésus-Christ..., méditateur..., >> recevez l'ame de ce sang royal, et présentez à vostre père >> cette conqueste de vostre croix! Amen.» La seconde partie a moins de chaleur. La matière prêtait moins à l'éloquence. Ici l'orateur prend pour texte le verset du psaume 43: Exurge, Domine, adjuva nos et redime nos propter nomen tuum. Il quitte le ton de la douleur, se la reproche comme une impiété, et ne veut plus considérer, dans la mort du roi, que son triomphe éternel. Suivent de longs développemens de cette pensée pieuse, que la vie est un danger ou même un malheur, et qu'une mort sainte est le vrai bonheur de l'homme. Tout le sermon (car ce dernier discours est un sermon plutôt qu'une oraison funèbre) roule sur cette seule pensée. L'orateur épuisé ne se soutient qu'à force de citations sacrées; j'en ai compté 115, dont plusieurs tiennent toute une page, en sorte que cette seconde partie n'est guère qu'un long texte traduit. Mais cela même était fort du goût du temps et prouve beaucoup de science théologique et de puissance de mémoire. Pierre du Chastel n'était pas seulement un homme vertueux, éloquent et savant; il eut encore toute la prudence d'un fin politique dans la grande guerre de l'Église contre la réforme, et usa, dans l'occasion, de sages tempéramens. Ainsi, quand la Faculté de Paris condamna la fameuse

Bible dite de Léon de Juda, imprimée par Robert Étienne en 1545, avec les notes de Vatable, il défendit cet important travail, appuyé de l'autorité des docteurs de Salamanque qui l'avaient fait réimprimer, et ne voulut pas que les lettres sacrées et profanes fussent compromises par la flétrissure de si savans hommes.

LA SAULSAYE,

ÉGLOGUE DE LA VIE SOLITAIRE.

A Lyon, par Jean de Tournes, 1547, 1 vol. in-8, fig. en bois, réimprimé in-8, avec les figures, à 25 exempl., dont 20 seulement sur papier vélin, le 16 mars 1829. A Aix, en Provence, par Pontier, fils aîné.·

(1547-1829.)

Si l'on s'en rapporte au nouvel éditeur de cette églogue, elle est due à Maurice de Sève ou Seève, descendant de l'ancienne maison des marquis de Sceva, qui vint s'établir, du Piémont, dans le Lyonnais, au xvi siècle. Un amour malheureux, sans doute, dicta cette complainte; car c'est une complainte dialoguée plutôt qu'une bergerie, encore que les interlocuteurs Antire et Philerme soient des bergers. Le pauvre Philerme a quitté, Dieu sait pourquoi, sa maîtresse Doris qui le tenait en liesse et contentement, et s'est attaché à la cruelle Belline qui, par ses rigueurs, le fait mourir à petit feu. Vainement il se voue à toutes les fontaines magiques d'Argire et de Selemnon (Célemnus) qui font oublier l'objet aimé; il boit en vain de ses boucs l'urine puante entremeslée avec nerte odorante (ce qui, par parenthèse, est un fort vilain remède); son ardeur et son tourment ne font qu'augmenter. Il essaie de la solitude et va s'égarant, tantôt sur les bords où le Rhône et la Saône marient leurs ondes, tantôt dans une saulsaye voisine émaillée de fleurs. Quelquefois il s'amuse à voir du ciel les mouvemens divers, et le discours de la lune croissante; - s'elle sera proffitable ou nuisante. D'autres fois il dort et fait fort bien, car le sommeil adoucit tous les maux ; mais, au sein de la contemplation, sur les rives fleuries, au dormir, au réveil, toujours son cœur est déchiré. Antire ne sait que faire à cela; cependant il discourt et se met à raconter à son ami l'histoire suivante pour l'éloigner de sa saulsaye chérie. Un jour des faunes et des sylvains se délassaient à jouer de la flûte en ce lieu. De jeunes nymphes les entendirent et s'appro

chèrent. Les flûteurs leur proposèrent de danser; elles le voulurent bien. O faiblesse imprudente! voilà ces faunes et ces sylvains effrontés qui forment des entreprises téméraires; les nymphes n'eurent que le temps de fuir vers la Saône et d'invoquer le dieu Arar qui les transforma en saules. Depuis ce jour, ceux qui fréquentent cette saulsaye funeste se consument en vœux impuissans. Philerme, là dessus, demande conseil à Antire. Antire lui conseille d'acquérir de grauds biens. Philerme répond que les plus riches ne sont pas les moins amoureux. Antire persiste à détourner son ami de la vie solitaire, et lui fait un triste tableau de la solitude au milieu de la glace et des tempêtes de l'hiver, alors que la nature semble devoir mourir. Philerme oppose à ce tableau celui des mécomptes de la vie du monde au milieu des cités. Ce plaidoyer contradictoire dure ainsi trop long-temps, après quoi l'amant malheureux y met un terme par un éloge de la vie pastorale qui n'est pas sans trace, et qui finit par cette conclusion imitée de Virgile :

Quant à toy ceste nuict dormiras
Avecques moy et demain t'en iras.

Prends le bissac et la bouteille ensemble,
Et puis irons dormir si bon te semble :
Car la nuict vient qui desja nous encombre.
Voy tout autour le Daulphine à l'ombre
Pour le soleil qui de là la rivière

S'en va coucher oultre le mont Fourvière, etc.

O Théocrite! ce n'est pas là votre idylle de l'Enchanteresse: Lune vénérable, racontez mes amours, etc., etc.

Analectabiblion. 1.

24

t.

LES DISCOURS FANTASTIQUES

ᎠᎬ

JUSTIN TONNELIER;

Composés en italien par Jean-Baptiste Gelli, académicien florentin, et nouvellement traduits en français par C. D. K. P. (Claude de Kerquifinen, Parisien), 1 vol. in-8 de 348 pages. A Lyon, à la Salamandre. M.D.LXVI.

I

(1548-1566.)

[ocr errors]

L'édition originale de ces dialogues censurés parut in-8°, à Florence, en 1548, comme le dit M. Brunet, et non en 1549, ainsi que le prétend l'abbé Ladvocat. Elle porte le titre de Capricci del Bottaio. Jean-Baptiste Gelli ou Gello, auteur de cet ouvrage et de plusieurs autres, entre lesquels on distingue la Circé, était un cordonnier de Florence d'un esprit supérieur, qui, sans jamais quitter son métier, fut reçu, vers l'année 1540, membre de l'académie florentine degli umidi, et mourut en 1563. Les bibliographes s'accordent à regarder le sieur de Kerquifinen comme le traducteur de ces caprices; mais oserai-je énoncer une opinion nouvelle à cet égard? le vrai nom du traducteur est autre. Il faut en chercher un qui convienne mieux à un Parisien que celui de Kerquifinen, lequel est Breton. Ne serait-ce pas ce même Denys Sauvage, traducteur de la Circé, caché alors sous le nom du sieur du Parc, Champenois, qui serait l'interprète du tonnelier? nous le pensons sans l'affirmer. Quoi qu'il en soit, ces dialogues entre le tonnelier Justin et son ame sont au nombre de dix. Gello raconte que Justin, dans sa vieillesse, s'entretenant tout haut et sans réserve avec luimême, fournit à son insu l'occasion à maître Bindo, notaire, de surprendre ses secrets et de les transcrire; et que lui, Gello, les a publiés sur une copie tombée, par hasard, entre ses mains. Voilà bien des précautions pour un livre de morale et de métaphysique. La raison s'en verra dans l'exposé du livre.

« السابقةمتابعة »