صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

EXCELLENT ET TRÈS UTIL OPUSCULE,

A TOUS NÉCESSAIRE,

DE PLUSIEURS EXQUISES RECEPTES,

DIUISÉ EN DEUX PARTIES:

La premiere nous monstre la façon de faire diuers fardemens et senteurs pour illustrer la face; la seconde pour faire confitures de diuerses sortes, tant en miel que sucre, vin cuict, etc., etc.; suivi de la translation de latin en françoys, par maistre Michel Nostradamus, auteur des traités précédens, d'une épistre d'Hermolaus Barbarus à Pierre Cara, iurisconsulte et facondissime orateur. Signé Nostradamus, l'an 1552. Lyon, par Benoist Rigaud, 1572. Imprimé par François Durelle. I vol. in-16 de 212 pages, compris; plus 5 feuillets de table à la fin. (Vol. très rare.)

(1552-72.)

titre

Maistre Michel Nostradamus, médecin, enseigne au lecteur bénévole, dans son poème ou avant-propos, que, depuis 1521 jusqu'en 1529, il a passé son temps à courir le monde pour étudier la vertu des simples, et qu'il a mis trente et un ans à composer les deux traités ci-dessus énoncés, lesquels furent achevés en 1552. Il n'adresse pas ses fardemens aux belles jeunes qui ont la face de Phryné, mais aux beautés un peu surannées, qui retrouveront, dit-il, la jeunesse par ce moyen. Les graisses et les huiles n'entrent point dans ses compositions, n'y ayant rien qui rende plus le teint noir et maculé. Il a consulté les plus doctes personnages vivans, outre les anciens, tels que Jules-César Scaliger, François Valeriola, etc. Vrai est qu'il ne promet pas d'effacer tout à fait les traces du temps: Nec cerusa Helenem fecerit ex Hecuba; mais il ne lairra pas de prolonger bien l'âge de complaire; et si trouvera l'on céans certaines beuvandes amoureuses, propres à ranimer des forces défaillantes. Toute femme qui fait souvent enfant se deschet tous les ans de cinq pour cent; eh bien! par le secours de la préparation de sublimé qui fait la matière du

premier fardement, telle femme se pourra maintenir jusqu'à l'âge de soixante ans et, pour ainsi, presque d'Hécube redevenir Hélène. Oracle rendu à Salon-de-Craux, en Provence, le 1er avril 1552. Ce premier avis donné, Nostradamus livre trentequatre recettes détaillées avec les formules régulières, le tout pour le fardement du visage et du corps. Il faut surtout lire la première composée de sublimé, et la dix-septième relative au poculatorium amatorium ad Venerem, autrement dit philtre amoureux : prenez trois pommes de Mandragore, le sang de sept passereaux, de l'ambre gris, du gingembre, etc., etc. Les recettes pour les confitures ne sont pas à dédaigner : nous les croyons plus sûres que les autres ; en tout cas, elles sont plus innocentes. Il y en a trente dont on pourra, si l'on veut, retrancher celle pour la confiture de courge et une autre pour la façon d'un sirop inévitablement laxatif.

Quant à la lettre d'Hermolaüs Barbarus, savant traducteur de Dioscoride le médecin, au jurisconsulte Cara, c'est le menu circonstancié d'un festin donné par le maréchal Trivulce, pour le jour de ses noces avec une dame napolitaine, festin auquel Barbarus ou mieux Barbaro, un des convives, ne toucha guère, ditil, passé les premières viandes. Le lecteur ne sera peut-être pas fâché de rencontrer ici l'abrégé de ce menu italien du xv siècle.

1o. Eau rose à laver les mains, puis pignolats en tablettes, roche de sucre et masse-pain;

2o. Esparges nouvelles ;

3o. Le cœur, le foie et l'estomach des oyseaux foyages (c'est à dire ayant de gros foies);

4. La chair de daim rostie;

5o. Les testes de génisses et veaux bouillies avec leurs peaux; 6o. Chapons, poulailles, pigeons, langues de bœuf, jambons de truye, bouillis avec la saulce au limon;

7°. Chevreau rosti avec du jus de cerises amères;

8°. Tourterelles, perdrix, faisans, cailles, grives, bequefiz, rostis avec olives salonoises pour condiment;

9°. Pour chascun un coq cuict avec du sucre madéfié et arrosé avec de l'eau rose, dans une platine d'argent concave;

10°. Pour chascun un petit cochon rosti avec une certaine liqueur pour saulce dans une escuelle d'argent;

11o. Pour chascun un paon rosti avec une saulce blanche faite de foies pilés et une composition aromatique nommée par les Espagnols caronchas;

12o. Un monde tortu et recroquillé, fait d'œufs, de lait, de farine, de sauge et de sucre ;

13°. Quartiers de coing confits avec sucre, girofle et cannelle;

1

14°. Côtes de chardons, pignons, artichauts; 15o. Eau rose pour laver les mains;

16°. Dragées, coriandre, fenouil de Florence, amandes, anis, giroflat, orangeat, cannelat, dragées musquées;

17°. Bateleurs, farceurs, joueurs de gobelets, faiseurs de soubresauts, chemineurs de corde, musiciens de Luc, orgues, espinettes, guiternes, psaltérions et harpes;

18°. Torches de cire blanches, en parfums lynnicques, demi-dorées, concavées en dedans, et renfermant des oiseaux rares.

LES MONDES TERRESTRES

ET INFERNAUX,

Le Monde petit, grand, imaginé, meslé, risible, des Sages et Fols, et le très grand; l'Enfer des écoliers, des mal mariez, des P. et ruffians, des soldats et capitaines poltrons, des pietres docteurs, des usuriers, des poètes et compositeurs ignorans, tirez des œuvres de Doni Florentin, par Gabriel Chappuis, Tourangeau. A Lyon, pour Barthélemy, Honorati, 1578, 1 vol. in-8.

(1552-78.)

Le sieur Roméo, associé à de beaux esprits comme lui, qu'il réunit sous le nom d'Académie passagère, se met en route avec ses compagnons pour explorer l'univers. Dès les premiers pas des académiciens passagers, un quidam aborde la troupe, et se propose de lui éviter du chemin, en lui racontant ce qu'il a vu dans ses voyages. Cet étranger se nomme Remuant, et fait, de son côté, partie d'une académie dont les membres portent des noms de plantes. Il a tenté d'escalader le ciel par le moyen d'une grande tour qu'il a construite avec ses amis. L'intellect et la fantaisie l'ont initié aux secrets de ce pays mystérieux. Il a su d'étranges choses de Jupiter, de Vénus, de Priape, et tout cela est aussi plat qu'insensé. Sans doute il dut y avoir bien des allusions cachées là dessous; mais la trace s'en étant perdue, restent seulement la platitude et la folie. Cependant les académiciens passagers s'embarquent pour suivre leur dessein; une tempête les assaille; Doni les laisse aller au gré des flots et des vents, pour rapporter un dialogue philosophique entre un sieur Banny et un sieur Douteux, sur l'inégalité des conditions, que Dieu corrige plus ou moins, dit-il, par mille compensations diverses. Ce dialogue n'offre rien que de très commun; je n'en aime qu'une chose, c'est qu'il est fort vif contre les avares; sorte de gens contre qui, selon moi, tous les coups sont bons. Après le dialogue, vient une longue et froide allégorie sur les rapports de configuration qui existent entre les différens Etats de l'Europe et les différentes parties du corps

humain : l'Allemagne est la tête, l'Italie le bras dextre, etc., etc.; ainsi finit le Petit Monde.

Le Grand Monde est encore un dialogue philosophique et moral sur les choses de cet univers et les mœurs des hommes, dans lequel, à travers beaucoup de vague et de décousu, on entrevoit que le Diligent et le Saurage, qui sont les interlocuteurs, ont bonne envie de lancer quelques traits de satire. Ce Grand Monde se termine par l'histoire tragique d'une jeune, belle et riche veuve qui, après avoir refusé la main des meilleurs gentilshommes du pays, épouse un beau musicien, vagabond, à larges épaules, a, quelque temps, le droit de se croire heureuse avec lui, quand, un soir, le nouvel époux fait provision d'argent et de pierreries, poignarde sa dame et prend le galop sur le meilleur cheval de ses écuries heureusement pour l'honneur des mœurs, on rattrape le sire; on le tue comme un pourceau; mais la belle veuve n'est pas moins morte, et c'est une leçon pour celles qui lui ressemblent.

:

Qui, du reste, aurait aujourd'hui le courage de suivre notre Florentin dans le labyrinthe inextricable de ses mondes, imaginė, meslé, risible, des sages et fols, etc., et de chercher un dessein quelconque dans l'éternel babil du Gaillard et du Passager, de Jupiter et de l'Ame, de l'Ame et de Momus, du Courtois et du Doux, où, parmi d'innombrables sottises, apparaissent à peine quelques pensées raisonnables, le tout pour aboutir à un beau sermon amphigourique sur l'amour de Dieu, intitulé le Très grand Monde, et si rempli de chimères et de visions incompréhensibles, qu'on n'y retrouve plus rien des vrais préceptes du christianisme? Certes ce ne sera pas moi qui l'aurai ce courage stérile; et je laisserai également Virgile, Dante, Mathieu Paulmier, la fée Fiésolane, Orphée, ainsi que la sibylle de Norcie, servir de guides aux académiciens passagers dans les sept enfers d'Antoine-François Doni, de peur de tomber dans un huitième enfer, l'enfer des lecteurs, qu'il a créé pour nous sans nous en prévenir. Cet insensé, né à Florence en 1511, mort en 1574, a composé plusieurs ouvrages du genre de celui-ci, entre autres la Zucca (la Gourde), qui le classent à côté de Fægio, l'auteur des Subtiles réponses, de Thomas Garzoni, l'auteur du Théâtre des divers cerveaux, plutôt qu'à côté de Gello, de Boccace et de Machiavel. L'opinion commune qu'il fut moine servite, puis prêtre séculier, a été contestée par quelques uns. Rien n'est plus plaisant que de voir l'admiration, l'extase qu'il cause à son bon-homme de traducteur, Gabriel Chappuis, Tourangeau d'Amboise; le même qui a traduit plu

« السابقةمتابعة »