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qu'il nous faut, près de la source éternelle de toute science! E cosi

sia.

NEUVIEME SERMON. Tourmentés dans ces sens divers, bien des gens finissent par dire que nous ne devons point traiter de telles questions jusqu'ici insolubles, ni pénétrer dans ces détours obscurs, dont personne, jusqu'ici, ne s'est tiré; que saint Paul, tout ravi qu'il fut au troisième ciel, n'ayant pu comprendre la merveille de la prédestination, il ne nous reste plus qu'à nous confondre avec lui devant les incompréhensibles jugemens de Dieu. Saint Jérôme, ajoutent-ils, rapporte, à ce propos, qu'Origène comparait saint Paul, essayant de parcourir le labyrinthe de la prédestination et d'y guider les autres, à un aveugle qui, promenant des étrangers dans les innombrables détours d'un palais, viendrait à les égarer dans des recoins sans issue. Ces gens disent encore que Dieu est trop juste pour s'être enveloppé de pareilles ténèbres s'il importait à notre salut de les éclaircir, et que, si cela nous importe peu, nous ne devons point, à cet égard, nous intriguer. Ils disent que ceux qui ont cru pouvoir parler, écrire, dogmatiser sur ces matières, ont produit de grands maux et brouillé bien des cervelles. Ils citent saint Prosper et saint Hilaire, l'évêque d'Arles, qui en voulaient beaucoup à saint Augustin de s'être engagé dans ces labyrinthes à la poursuite de Pélage, lequel, en magnifiant le libre arbitre, avait déprimé la divine grâce, attendu que, sans avoir été plus lumineux que Pélage sur ce sujet, il avait donné un funeste exemple. En un mot, soit qu'on fasse l'homme libre ou non, il en résulte de tels inconvéniens, que le seul parti sage à prendre est de prier Dieu d'accorder, en nous, le triple sentiment de sa puissance, de sa justice et de sa bonté par celui de l'ordre évident qui règne dans l'univers. Ainsi disent ces gens timides.

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DIXIEME SERMON. Cependant, peut-on leur répondre, notre salut dépend de la connaissance de plusieurs choses surnaturelles, la révélation nous l'enseigne. Des choses divines, nous ne devons, sans doute, rechercher que ce que Dieu nous en montre, et procéder à cette recherche, sans curiosité superbe, appuyés sur les saintes Écritures; mais aussi, ces Ecritures à la main, nous ne devons pas craindre de nous engager dans ces labyrinthes de peur de causer du scandale; car, où les méchans se scandalisent, les bons sont édifiés. Autrement les apôtres n'auraient pas dû prêcher Jésus-Christ, car les Juifs s'en scandalisaient. - Origène eut tort de blâmer saint Paul qui fit sortir de ces obscurités mêmes de vives lumières pour honorer Dieu. Hilaire eut tort de blamer Augustin. Dès que Pélage attaquait la grâce, il fallait

bien, si subtile que fût cette hérésic, il fallait bien la suivre pour l'atteindre et la détruire. — D'ailleurs ces obscurités ne sont pas si épaisses, que la clarté n'y puisse luire. — Par exemple, à ceux qui rejettent la nécessité de la grâce au nom de la justice divine, nous répondrons qu'ils transforment l'héritage des enfans de Dieu en un salaire d'esclaves. A ceux qui reprochent à la divinité de n'avoir pas sauvé tous les hommeș, nous répondrons qu'eût-elle sauvé tous les hommes créés, on pourrait, par le même raisonnement, lui reprocher toujours de n'en avoir pas créé davantage dès lors qu'ils devaient tous être heureux; reproche qui, supposant que Dieu peut créer l'infini, frappe de mort le raisonnement même. → L'homme est libre et non libre selon certaine mesure, dans certains cas, et cela de par la volonté d'un Dieu tout-puissant, tout juste et tout bon : c'est ee que nous essaierons de prouver dans les huit sermons qui vont suivre.

ONZIÈME SERMON. Bien que toutes les choses créées soient dans la main de Dieu, étant toutes venues de lui, néanmoins il est évident que chacune, dans son ordre d'existence, à son mode et sa faculté d'action; que, par exemple, les eaux, la terre, les plantes ont une certaine force propre à la production et à la reproduction; que cette force, aveugle et dépendante dans les choses inanimées, est plus spontanée, autrement plus libre chez les animaux, plus dans de certaines espèces d'animaux que dans d'autres, et de plus en plus, ainsi jusqu'à l'homme chez qui la liberté se manifeste à un degré remarquable, lorsqu'il est dans l'état parfait de discernement. Mais ce degré, quel est-il? Disons avec saint Augustin que la liberté consiste, pour l'homme, à pouvoir, par un effet de son choix, agir dans les choses extrinsèques, humaines, civiles et morales, c'est à dire dans toutes celles que Dieu a mises à la portée de ses organes et de sa volonté, comme de marcher, de s'arrêter, de s'asseoir, de se tenir debout, de distinguer le noir et le blanc, le juste et l'injuste, de faire le bien et le mal jusqu'à un certain point naturel; mais que cette liberté ne va point jusqu'à produire des actes surnaturels, tels que de voler dans les airs, de vivre sans respirer, d'altérer l'ordre de l'univers, ou d'engendrer d'elle-même cette foi ardente qui transporte, cette parfaite charité qui sanctifie.

DOUZIÈME SERMON. Dieu est souverainement libre, et Dieu né peut pas pécher. Donc il y a des impossibilités qui n'enchaînent pas la liberté. Dieu est infiniment puissant, et pourtant Dieu ne peut s'anéantir lui-même, ni faire qu'une chose soit à la fois et ne soit pas. Or, il a donné à l'homme la liberté de certains actes ;

donc il n'a pu lui ôter en même temps cette liberté par sa prescience autrement il aurait produit à la fois les contraires, ce qui ne se peut concevoir. En veux-tu savoir davantage, mortel insensé? tu me représentes un affamé qui, devant une nourriture exquise, se consumerait à chercher comment elle a été préparée.

TREIZIÈME SERMON. En attribuant à Dieu toutes ses actions, en vertu de la prescience divine, on raisonne ainsi : je pécherai ou je ne pécherai pas. Si je pèche, il était nécessaire que cela fùt; sinon, il est impossible que cela soit; dans les deux cas, peu m'importe; au lieu qu'il faudrait dire je ne pèche pas parce que Dieu a prévu que je pécherais; mais Dieu a prévu que je pécherais parce que je pèche.

QUATORZIEME SERMON. Rien de nouveau. Toujours le même argument appliqué à la négation de saint Pierre. Ici Bernard Ochin se rue dans le vide, et l'on s'en aperçoit à l'épuisement de ses forces.

QUINZIÈME SERMON. Dieu ne saurait vouloir le mal, 1° parce qu'il est parfait; 2° parce que le mal n'est rien que l'absence du bien. Or Dieu ne saurait créer la privation, comme il ne fait pas les ténèbres, se bornant à faire la lumière dont les ténèbres sont l'absence, etc., etc. O vanas hominum mentes!

SEIZIÈME SERMON. La grace ne manque pas à ceux qui la demandent; surtout, ajouterai-je, à ceux qui n'examinent point s'ils en ont besoin pour la demander; si, étant nécessaire à tous les hommes, elle est ou non donnée à tous les hommes; si l'homme est un être libre du premier ou du deuxième ordre et autres curiosités pareilles.

DIX-SEPTIEME SERMON. Ascétisme, mysticisme d'une tête perdue. Dix-huitième SERMON. De pire en pire.

DIX-NEUVIÈME ET DERNIER SERMON. Bernard Ochin se relève dignement, par ce dernier effort, en indiquant la docte ignorance comme le seul chemin qui puisse conduire l'homme hors de tous ces labyrinthes. Socrate, dit-il, si laborieux, si désireux de connaître les secrets naturels, ne se vantait que d'une chose, de savoir qu'il ne savait rien ; et nous, hommes vulgaires, nous prétendons découvrir les secrets de Dieu! Jamais nous ne saurons de ces mystères que ce qu'il nous en aura révélé, et jamais il ne nous en révélera que ce qui peut nous être utile. Or, comme il ne nous a point révélé si nous étions libres ou non, du premier ordre, de quelle manière notre volonté se formait pour choisir et pour agir, il en faut conclure que ce savoir nous est inutile. Čeux qui ne se croient pas libres tombent dans le vice de l'oisive in

différence, et ceux qui se croient libres dans le vice de la confiance orgueilleuse. Le mieux est de combattre ses mauvais penchans selon les lumières de sa conscience, en sachant, du reste, ignorer. N'entrons pas, pour étancher notre soif, dans les abimes de la prédestination, de la prescience et du libre arbitre; mais désaltérons-nous, comme les saints de l'Eglise primitive, dans les eaux pures de l'amour divin; car ce n'est pas l'office d'un vrai chrétien de sonder les profondeurs de la science divine.

« La vita nostra e si fugace, e breve, e la morte si certa e » l'ora incerta, che l'occuparsi negli studii di quelle cose che » non servano a edificarci, ma intrigando, generando ques» tioni, contentioni, odii, discordie, e detrattioni, non può » farsi senza disprezzo della nostra salute, di Dio, e del gran » beneficio del Christo. Lo Evangelio e un cibo spirituale dell' » anima si delicato, che facilmente si corrompe con le dottrine » vane, nelle quali, quelli che vi si dilettano, mostrano si non » l'haver perfettamente gustato. »

«Notre vie est si courte et si fugitive, notre mort si cer>> taine, notre instant fatal si incertain, que consumer le temps » dans la recherche de ces choses qui, sans profit pour l'édifi» cation, n'engendrent que difficultés, haines, disputes et >> discordes, montre un grand mépris de Dieu, du salut et des » mérites du Christ. L'Evangile est un aliment de l'ame, d'une » telle délicatesse, qu'il se corrompt soudain au souffle de ces >> doctrines vaines qu'on ne saurait aimer sans faire voir qu'on » n'a jamais goûté la nourriture céleste. »

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Gentilhomme du Mans, non moins profitables que facétieux, où les vicés d'un chacun sont repris fort aprement, pour nous animer d'advantage à les fuir et suivre la vertu. A Monsieur François Piéron, à Paris, chez Gabriel Buon, au clos Bruneau, à l'enseigne Saint-Claude, avec privilége (1 vol. in-16 de 210 feuillets, plus I feuillets préliminaires, titre compris, et, à la fin, 3 feuillets d'une table des matières, très bien faite). Jolie édition d'une œuvre posthume, donnée pour la première fois, et dédiée par M. de la Porte, le 24 mars 1565, à l'abbé François Piéron, grand-vicaire de monseigneur l'abbé de Molesmes.

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Jean Tahureau, gentilhomme du Mans, né avec de brillantes dispositions pour la poésie et les lettres, eut une carrière courte, mais bien remplie, puisque, étant mort à 23 ans, il eut le temps de servir avec honneur dans les armées de François Ier, et de se faire un nom mérité parmi les meilleurs poètes et les meilleurs prosateurs de son époque. Ses deux dialogues du Démocritic remonstrant au cosmophile sont le seul témoignage qui nous reste de l'élégante pureté de sa prose et de sa verve satirique et plaisante; mais il est décisif. On trouverait difficilement, même dans des écrits de cent ans postérieurs, des périodes mieux construites que celle-ci coutre la folie des amans qui se laissent fasciner par leurs maitresses. « ...... Encores ne >>suffiroit-il pas à ces messieurs, s'ils n'en faisoient des divi», nitez, tant, qu'il s'en est levé une infinité de cette secte, » qui ne se sont jamais trouvez contens jusques à ce qu'ils nous ayent donné à entendre par leurs gentils barbouillemens »et sottes fictions leur belle vie et folle superstition: les uns appellant leurs amies déesses et non femmes les autres les » faisans vaguer et faire des gambades en l'air avecques les esprits: les autres les situans avecques les étoilles aux, cieux:

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