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losophie creuse et de méchante physique. Scaliger a beau s'autoriser des oies du Capitole, il n'est ni plus heureux, ni plus concluant que ses émules dans l'éloge de l'Oie. L'éloge de l'Ane, de Passerat, est agréable; mais la peinture qu'en a faite Buffon est un éloge bien supérieur et bien plus complet. La déclamation de Dousa, en l'honneur de l'Ombre, n'est rien qu'un jeu d'esprit puéril et fastidieux. L'Etre de raison de Barlæus est une thèse de métaphysique abstruse où la raison n'a rien à gagner. Mais c'est assez : où il n'y a rien à retenir, il n'y a rien à extraire, et qui voudra ou qui pourra rendra bon compte des autres pièces de ce recueil, telles que l'éloge du Pou, de l'Éléphant et de la Fièvre quarte.

3o. Hippolytus Redivivus, id est remedium contemnendi sexum muliebrem; auctore S. I. E. D. V. M. W. A. S. anno M.DC.xliv. (1 vol. pet. in-12.)

L'auteur de cette satire contre le sexe ôte tout crédit à ses paroles, dès son avertissement, lorsqu'il confesse à son lecteur que, s'il déteste les femmes en théorie, il les adore dans la pratique. Ainsi font d'ordinaire les misogynes ils veulent des mères, des épouses, des filles, des maîtresses, des sœurs, et ne veulent point de femmes; voilà ce qui s'appelle philosopher! Mais quels reproches Hippolyte Rédivif fait-il aux femmes? D'abord le nom d'Eve, en syriaque, signifie serpent; donc la femme est un serpent. Mégère, Alecton et Tisiphone sont trois femmes qui ont conçu, nourri, élevé la femme; et puis la belle Hélène et la guerre de Troie; et puis cette concubine qui causa la ruine des tribus de Benjamin; et Médée, et Briséis. D'ailleurs les femmes sont frappées d'une incapacité intellectuelle visible. La fourbe leur est naturelle et comme essentielle. Elles babillent à étonner les pies. Elles vivent d'inconstance. Elles manquent de patience, de prudence et de force. Ce que vous voulez elles ne le veulent point, et veulent aussitôt ce que point ne voulez. On leur accorde de la pudeur; mais cette pudeur n'est que de l'adresse si c'était une vertu, la chasteté suivrait, ce qui n'est pas. Curieuses? on sait à quel point elles le sont. Vaines et orgueilleuses? le luxe de leurs parures témoigne assez ce qui en est. Elles ne savent rien, et s'il en est de savantes, celles-là font regretter les ignorantes. Bref, on ne doit point se marier si l'on veut vivre en paix.

4°. Democritus ridens, sive Campus recreationum honestarum, cum exorcismo melancoliæ. Amstelodami, apud Jodocum Jansonium, M.DC.XLIX. (1 vol. pet in-12.)

C'est une belle chose que d'exorciser la tristesse ; mais la chasser est plus beau encore et plus difficile. Langio n'en aura pas l'honneur, quelque mérite qu'ait d'ailleurs son Démocrite en belle humeur, qui fut réimprimé en 1655. Ce petit livre est un magasin d'historiettes vraies ou fausses, de bons-mots et de joyeuseté, un de ces greniers à sel où les conteurs de société trouvent à se fournir sans beaucoup de frais.

Charles-Quint; causant, avec le cardinal de Granvelle, de l'hé– résie germanique, la comparait à une balle qu'on n'a pas plutôt renvoyée à terre, qu'elle ressaute pour retomber et vous échapper de

nouveau.

Jules II avait coutume de dire que la science, dans un homme obscur, est de l'argent, de l'or chez les grands, et du diamant chez les princes.

Un alchimiste demandait à Léon X le prix de son secret de faire de l'or. Le pontife lui fit donner une bourse vide pour la remplir. Le roi Sébastien de Portugal étant défait sans retour par le roi de Mauritanie, Christophe Favora, l'un de ses généraux, s'écriait, dans son désespoir : « Quel secours nous reste-t-il? » Le secours cé

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leste, si nous en sommes dignes! » lui répondit le roi.

Celui qui ne sait rien sait assez s'il sait se taire.

Le temps est le père de la vérité.

Toute crainte est servitude.

5o. Matthæus Delio, de arte jocandi Libri quatuor, de lustitudine studentica, de osculis Dissertatio historica philologica, accedunt et alii Tractatus lectu jucundi, etc. Amstelodami, apud Joannem Pauli, 1737. (1 vol. pet. in-12.)

Le poème de Délio sur l'Art de plaisanter embrasse quatre chants, versifiés alternativement en hexamètres et en pentamètres. Après un très long préambule, le poète donne, en bons vers, aux plaisans apprentis, des conseils généraux fort sensés : connaître les hommes, étudier l'à-propos, le saisir, ne point mêler indiscrètement le rire aux sujets graves, ne point rire des choses sacrées, voyager pour observer les mœurs et les usages divers, chercher les discours qui conviennent aux différens âges de la vie, aux différentes positions sociales: non similes

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vestes Cræsus et Irus habent; ne point railler la rusticité devant l'homme rustique, ni faire le tranchant devant l'homme timide; voilà pour le premier chant. Au second, l'auteur s'anime, et, sous les auspices de la gracieuse Thalie, excite la jeunesse à pratiquer ses leçons. Deux sources de plaisanterie, l'une qui naît naturellement de la chose même, l'autre qui est un heureux produit de l'art. Que vos paroles soient ornées simplement; parlez peu de vous, de vos faits, de vos dits, et en votre nom; ne méprisez personne, et ne vous estimez pas au dessus des autres; évitez les inconvéniens; il n'est prudent de plaisanter qu'avec des amis; point d'envie, point de haine; ménagez les absens; ne dépassez pas une certaine mesure. L'amour est un sujet fécond, mais il entraîne loin : défiez-vous-en. Soyez varié : oculos hominum res variata capit. Si vous racontez, attachezvous aux circonstances, aux noms, aux temps, aux lieux tout ce qui donne de la précision à vos récits; ne faites que peu de gestes, vous souvenant qu'un narrateur n'est pas un mime. Que votre physionomie soit riante sans grimaces; point de grands airs, ni de regards stoïques. Ne comptez pas trop sur l'effet de vos plaisanteries; les meilleures sont celles qui échappent. Sachez bien ce dont vous parlez, les agrémens du discours sont à ce prix. Ne mentez pas, bien que la fiction soit permise aux habiles. L'absurde, l'incroyable n'ont rien de plaisant. Je ne suis pas ennemi de certains jeux consistant à changer tel mot ou telle syllabe en une autre; mais c'est ici surtout qu'il faut être sobre et ingénieux. L'énigme, l'amphibologie ont leur mérite aussi; c'est à vous de voir quand et jusqu'où. Les sages vous serviront plus d'une fois de modèles, entre lesquels Erasme, l'immortel Erasme brilla d'un éclat sans égal. Cicéron a trop plaisanté; profitez de son exemple pour vous modérer.....

Inde cavere decet, ne cui moveatur amico,
Ex salibus fluitans nausea forte tuis.

Dans les troisième et quatrième chants, Délio attaque avec chaleur les ennemis du rire et des jeux ; il s'autorise des plus grands poètes et des plus renommés philosophes, Homère, Ovide, Térence, Tibulle, Théophraste, Aristote lui-même et Cicéron; il les invoque, il les propose à l'imitation, et sauve ainsi, jusqu'à un certain point, par des digressions et des détails brillans, la monotonie de sa marche didactique; nous disons jusqu'à un certain point, parce qu'il n'a pas su donner l'exemple ainsi que le précepte, malgré tout son esprit, et qu'il est resté sérieux sur un sujet où il pouvait et devait s'engager.

Nous en avons dit assez sur son ouvrage, remarquable surtout par la versification, pour donner le désir de le connaître, et nous finissons avec lui par ces vers modestes :

Da veniam, lector, versibus ore meis.

Et placeat studium, placeat propensa voluntas
Quam mihi turba probat, quam probat ipse Deus.
Nunc mea contingant obtato litore portum

Laxata in multos candida vela dies.

Mathieu Délio indique, dans son poème, qu'il était contemporain du célèbre Jérôme Vida, mort en 1566, à soixante-seize ans; sa vie, d'ailleurs, est peu connue. Nous n'avons trouvé son nom nulle part: cet oubli est injuste. Il nous semble plus permis d'oublier deux autres coryphées de ce recueil, Nicolas Frischlin et Vincent Obsopæus : le premier, auteur d'une élégie latine contre l'ivresse, le second d'un poème latin, sur l'art de boire, quoique leur versification ne manque ni de facilité ni d'élégance.

L'art de boire s'apprend trop bien sans maître, et l'ivrognerie est un vice trop dégoûtant pour être flétri en vers: aussi ne feronsnous que les indiquer aux curieux, ainsi que l'ennuyeux et sale discours méthodiqué en prose De peditu; la pesante et soporifique dispute inaugurale De jure potandi; la bouffonne pièce germano-macaronique De lustitudine studentica; la dispute féodale De cucurbitatione, ou de l'adultère commis par le vassal avec la femme de son seigneur ; les centuries juridiques De bonâ muliere, où l'on voit, d'après Caton, Socrate, Eneas Sylvius, Cœlius Rhodigianus et autres, que les femmes doivent circuler de main en main comme des effets de commerce; une juconde dissertation historique et philologique sur les Baisers, quoique fort plaisante, et dans laquelle il est traité de dix-sept sortes de baisers, à commencer par les baisers religieux, et à finir par les baisers de courtoisie; la piquante satire des mœurs des gens de plume, intitulée De jure pennalium, et enfin la thèse inaugurale De Virginibus, qui n'apprendra jamais à distinguer les vierges à des signes certains; toutes pièces qui complètent le petit volume où triomphe obscurément Délic. Il ne faut trop dire en aucune matière, principalement en matière graveleuse et oiseuse.

DE

L'HEUR ET MALHEUR DU MARIAGE;

Ensemble les Lois connubiales de Plutarque, traduites en françoys par Jehan de Marconville, gentilhomme percheron. A Paris, chez Jehan Dallier, libraire. (1 vol. in-8 de 86 pages et 3 feuillets préliminaires.)

(1564.)

Ce petit traité passe pour le meilleur des écrits moraux de Jehan de Marconville, qui en a composé plusieurs, tous assez recherchés, tels que: De la bonté et mauvaistié des femmes; De la bonne et mauvaise langue; d'où procède la diversité des opinions de l'homme, etc. Il est dédié à très prudente et d'autant réputée sagesse que de grace excellente, damoyselle Anne Brisart, parfaite épouse du parfait époux du seigneur de la Bretonnière.

« Quel plus accompli plaisir pourrait donc avoir l'homme en » ce monde que d'estre joinct avec une femme qui oublie toutes. >> choses pour le suivre, et duquel elle se monstre du tout dé>> pendre! car s'il est riche, elle garde loyaument ses biens; » s'il est souffreteux et indigent, elle emploie tout l'artifice >> que Dieu lui a donné pour essaier de l'enrichir, ou pour com>> patir avec lui en sa pauvreté ; s'il use de prospère fortune, » l'heur est redoublé en elle; s'il est en adversité, il a qui le >> soulage et qui porte la moitié du mal; de sorte que la femme » semble estre un don du ciel, et avoir été envoiée divinement » à l'homme pour le soulagement de sa vie, et lui avoir été oc» troyée pour le contentement de sa jeunesse, repos et soulas » de sa vieillesse, etc., etc., etc. »>

Ces premières paroles de Jehan de Marconville me le font aimer; elles m'ont engagé à lire son Traité du mariage et à le ranger dans ce recueil; elles annoncent une belle ame, et une belle ame révèle toujours quelque précieuse qualité de l'esprit. Ainsi en est-il du gentilhomme percheron. Il a beaucoup de bonsens dans sa naïveté. L'imagination ne domine pas chez lui, je

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