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Informes vultus, sparsumque cruore nefando
Canitiem, sacrasque manus, operumque ministras
Tantorum pedibus civis projecta superbis,
Proculcavit ovans: nec lubrica fata, deosque
Respexit; nullo luet hoc Antonius ævo.

Un seul jour a ravi l'honneur de la cité!
Par ce coup la voix manque au Latin attristé!
L'appui des malheureux, le chef de la patrie,
Le vengeur du sénat, la voix sainte et chérie,
Et des grands et des dieux, du Forum et des lois,
Sous un barbare fer succombent à la fois.
Un monstre, sans égards pour le ciel qu'il outrage,
Osa souiller de sang cet auguste visage,

Flétrir ces cheveux blancs, ces glorieuses mains,
Fier de fouler aux pieds le plus grand des Romains.
Antoine détesté! ta honte est immortelle !

Cornelius Severus est un poète religieux; il cherche et voit la main divine partout: nous l'en félicitons comme poète et comme philosophe: Cenoble penchant couvre beaucoup d'erreurs en physique. Ne vaut-il pas mieux trouver, dans la main suprême, la cause première des volcans, ainsi que de tous les grands effets de la nature, que d'en mal expliquer les causes secondes, et de dire, par exemple, que les éruptions volcaniques ont lieu parce que le vent qui s'introduit dans les crevasses de la montagne, venant à souffler le feu, déterminé la combustion? Severus vivait 24 ans avant Jésus-Christ; il fut précoce dans son talent, et mourut jeune.

APHTONII PROGYMNASMATA.

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Partim à Rodolpho Agricolâ, partim à Johanne Mariâ Catanæo latinitate donata: cum scholiis R. Lorichii (Reinhard). Novissima editio, superioribus emendatior et concinnior; adjecto indice utilissimo. Amstelodami, apud Lud. Elzevirium. (1 vol. pet. in-12, br., portant 5 pouces 2 lignes de hauteur). c1.1.XLIX.

(350-1515-1649.)

Le rhéteur Aphtonius vivait dans le ive siècle de notre ère, temps de la décadence des lettres grecques et latines, et l'on s'en aperçoit à ses écrits. Il passe pour avoir reproduit les préceptes d'Hermogène, autre rhéteur fameux sous le règne de Marc-Aurèle. Suidas lui a fait de grands reproches, que nous adoptons avec empressement; ce qui n'a pas empêché qu'il vînt jusqu'à nous; qu'il ait été imprimé avec soin à Florence, chez les Giunti, dès l'année 1515; que l'on en ait fait, depuis, plusieurs éditions, sans compter celle-ci, qui est fort jolie, et que François Escobar en ait donné une traduction française, imprimée in-8, à Barcelonne, en 1611. Sa renommée a donc eu des destins fort heureux, en comparaison de celle de bien d'autres.

Il nous donne, dans quatorze chapitres, quatorze matières d'exercices pour la jeunesse, et commence, on ne sait pourquoi, par la fable; à la vérité, la fable devait lui plaire avant tout, en sa qualité de fabuliste. Les autres thêmes d'exercices sont, pour le genre délibératif, la narration, chreia ou l'utilité morale, la sentence et la thèse; pour le genre judiciaire, la réfutation ou le renversement, la confirmation, le lieu commun; et, pour le genre démonstratif, l'éloge, le blâme, l'imitation des mœurs ou l'éthopée, la description, et la législation ou induction des lois. Rien de plus sec, de plus aride que cette classification arbitraire des principes de la rhétorique, et géné ralement que la manière d'Aphtonius. Il définit en deux mots, divise et subdivise sans transition, sans explication aucune, se bornant ensuite à énoncer comment on doit procéder; ici, par l'éloge, la paraphrase, la cause, le contraire, le semblable, la parabole, l'exemple, les témoignages et l'épilogue; là, quand on réfute, par exemple, par des moyens tirés de l'obscur, de l'incroyable, de l'impossible, de l'inconséquent, du honteux, de l'inutile, etc., etc.; à peine daigne-t-il s'humaniser jusqu'à proposer quelques modèles pris d'Iso crate, de Théognis, de Thu

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cydide; c'est à inspirer du dégoût pour l'étude de l'éloquence. Sans les scolies de Lorichius, qui rendent un peu de chair et de vie à ce squelette, les Progymnasmata ne seraient d'aucun service. On doit penser qu'ils étaient de simples notes sur lesquelles le rhéteur construisait, en les développant, ses leçons orales; car, pour un livre, et surtout un livre utile, ce n'en est pas un. Comment les Grecs, même dégénérés, ont-ils pu ranger Aphtonius à côté des Aristote et des Longin? d'Aristote, grand Dieu! avec ses immortels chapitres des passions, des mœurs et de la diction, où revivent l'homme de la nature et l'homme de la société; où se représentent avec un ordre, une clarté, une précision d'analyse merveilleuse, toutes les formes du discours étudié! de Longin, qui élève l'ame, en éclairant l'esprit, et va chercher les sources du beau dans la sublimité des pensées, des images et des figures, dans la simplicité noble des expressions, en même temps que les causes de la splendeur de l'éloquence, dans la liberté! Quoi! Aphtonius professait ainsi la rhétorique après de tels maîtres? après ce Cicéron encore, qui a bien pu se montrer scolastique dans ses Partitions oratoires et dans ses livres à Herennius, jusqu'au point de faire aujourd'hui douter qu'il en soit l'auteur; mais qui, là même, était toujours clair et substantiel; et qui, dans ses trois monumens élevés à l'orateur, semble faire passer son génie dans ceux qui le lisent et s'en nourrissent; après cet infortuné Quintilien, le plus complet et le plus philosophe peut-être de tous les maîtres, qu'on aime et qu'on plaint autant qu'on l'admire! Si, de ces hauteurs, nous descendons aux écrivains techniques, qu'avons-nous besoin d'Aphtonius pour instruire la jeunesse? dirons-nous encore, après les du Cygne, à qui l'on doit d'excellentes analyses des Oraisons de Cicéron selon les règles de l'art, après les Gibert, les Crévier, les Rollin, les Dumarsais et tant d'autres. Conclusion, que les Progymnasmata sont maintenant aussi peu à lire que lus. La triste chose, en tout, qu'un rhéteur qui n'est que rhéteur! Mieux vaut, croyons-nous, un logicien qui n'est que sophiste; car celui-ci, du moins, aiguise l'esprit en provoquant l'objection; tandis que l'autre ne sait rien qu'assommer et dessécher. Toutefois, l'Aphtonius Elzevir est un volume charmant; notre exemplaire n'est pas coupé ce sont là des titres suffisans à une mention particulière dans ce recueil.

ARISTENETI EPISTOLÆ,

Gr. lat., ad fidem Cod. Vindob. Recensuit, Merceri, Pawii, Abreschii, Huetii, Lambecii, Bastii, aliorum, notisque suis instruxit Jo. Fr. Boissonade. Lutetiæ, apud de Bure fratres, regis et regiæ bibliothecæ bibliopolas, viâ Serpentinâ. (1 vol. in-8.) 1822.

(350-1566 et 1822.)

Ce Recueil épistolaire, qui fut publié pour la première fois, en grec seulement, par Sambuc, et imprimé, en 1566, à Auvers, Plantin, in-4°, est évidemment un ouvrage pseudonyme. Le manuscrit de Vienne, sur lequel les anciens et les nouveaux éditeurs exercèrent leurs veilles, porte le nom d'Aristenète. De là, plusieurs d'entre eux en ont fait honneur au personnage de ce nom, ami du rhéteur Libanius, le confident de l'empereur Julien, ce même Aristenète qui mourut, en 358, à Nicée, dans un tremblement de terre; mais les célèbres Paw et Mercier, sui vis en cela par M. Boissonade, aussi habile helléniste qu'eux, et plus complet éditeur, n'ont voulu voir dans ces lettres, dont le style d'ailleurs est rempli de recherche et d'affectation, qu'un assemblage de divers contes et discours formé par un compilateur du ve siècle au plus tôt, ou qu'un modèle plus ou moins heureux, offert à la jeunesse par quelque ancien sophiste, des ornemens du genre épistolaire, dans lequel il est impossible de reconnaître le ton naturel des simples communications de la vie commune. La raison principale qui fonde cette dernière opinion est, à notre avis, sans réplique. En effet, comment verrait-on cité, dans la lettre 26° du Ier livre, le pantomime Caramallus, contemporain de Sidoine Apollinaire, c'est à dire de 430 à 488, si l'auteur de cette lettre était l'Aristenète contemporain de Libanius, et l'un des hauts fonctionnaires de l'empire sous Julien? A ceci nous ajouterons que l'objet et la nature d'un tel recueil sont trop peu dignes d'un homme grave pour que, sans preuves évidentes, on le lui attribue, et nous oserons dire aux douze ou treize savans qui l'ont curieusement examiné, au point que tel d'entre eux a passé quinze ans de sa vie à l'éclaircir et à l'illustrer.

L'auteur ayant caché ses titres,
A qui devons-nous ces épîtres?
Messieurs les oracles du grec,
Vainement votre esprit à sec
Analectabiblion. 1.

Veut en doter Aristenète,

Le recueil est de Proxénète.

Ce recueil n'est, en effet, qu'une suite de descriptions érotiques, de maximes, de ruses galantes et de récits libertins, qui ne sont pas toujours sans grace, ni sans détails piquans des mœurs de la Grèce dégénérée, mais qui manquent absolument de chaleur et de sentiment. La volupté conçue ainsi ne s'éloigne guère de la prostitution, et n'a rien à voir à la tendresse, au charme du véritable amour : c'est, tout au plus, du lupanar délicat. Les lettres en question n'en ont pas moins été reproduites ou imitées cinq fois en français, depuis l'an 1597 jusqu'à l'année 1797; cette sorte de sujet étant comme. l'histoire, qu'on prend de toutes mains: elles sont divisées en deux livres, dont le premier en contient 28, et le second 23. C'est dans la première lettre, laquelle, adressée à Philocalus (amateur du beau), présente le portrait circonstancié de la charmante Laïs, que se trouve ce mot si connu, à la vérité fort joli : « Vestem induitur, formosa; exuitur, forma est. Vêtue, elle est belle; sans vêtemens, elle est la beauté. Nos chansonniers amoureux et nos faiseurs de madrigaux, qui s'extasient à froid sur le sein de leurs belles imaginaires, reconnaîtront leur image de prédilection dans ces mots : Panè excidit referre quanto Luctamine strophium impellant sororiantes Papillæ. »

Dans la 2 lettre, un jeune homme attaqué par deux belles qui se le disputent les met toutes deux d'accord, après s'être fait prier, et si bien d'accord, qu'on ne saurait raconter comment.

La 3o lettre est tout simplement le récit des joies d'un galant et d'une courtisane, sous un arbre ombrageux, dans un site enchanté.

Dans la 4, de deux adolescens fureteurs, l'un, plus expert, reconnaît une courtisane à sa démarche, et ne se trompe pas : Sequere, dit-il à son ami, et disce, etc., etc.

On rencontre, dans la 13o, tout le sujet de l'opéra de Stratonice; mais nous ne pousserons pas plus loin cette analyse, ne sachant pas le grec, et le faux Aristeuète ne nous paraissant pas d'ailleurs mériter une plus longue mention. M. Boissonade a dédié son édition à M, Villemain, l'intention est honorable: toutefois l'hommage est fort au dessous d'un talent si élevé, si pur, et aussi d'un éditeur si savant. On trouve, dans le tome 3, de la bibliothèque ancienne et moderne de Jean Leclerc, une analyse très courte d'Aristenète, à laquelle celle-ci peut servir d'appendice.

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