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ALCIPHRONIS RHETORIS EPISTOLÆ.

Gr. lat. ad editionem S. Bergleri, accuratissimè impressa Trajecti ad Rhenum, apud B. Wild. et J. Alleer. (1 vol. in-8, Charta magna.) M.DCCXCI.

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(350-1715-91-98. )

r. Philoscaphe (1), après trois jours d'horrible tempête, la mer test redevenue tranquille. Dès les premiers rayons du soleil nous avons embarqué nos filets. Les voilà jetés! Dieu! quelle provision de poisson! nos filets se rompent. Nous avons porté notre butin, du promontoire de Phalère, à la ville. On nous a compté de bel argent, et nous avons eu, de reste, bon nombre de fretin à porter à nos femmes et à nos enfans.

2o. Cyrton, c'est en vain que nous pêchons jour et nuit: la proie nous échappe. C'est comme le tonneau des Danaïdes. Cependant on ne se remplit pas le ventre avec des coquilles.

Notre maître veut du poisson et de l'argent. Dernièrement il a commandé des provisions à notre jeune camarade Hermon. Le pauvre enfant s'en est allé à Lesbos, privant ainsi notre maître d'un bon serviteur, et nous d'un bon compagnon.

3o. Galatée, c'est une belle chose que la terre ferme; elle vous nourrit et vous abrite, comme disent les Athéniens. Là, point de flots écumans prêts à vous engloutir. L'autre jour, à Athènes, j'attendais, dans la galerie de Pécilé, un de ces chanteurs enluminés, aux pieds nus, qui chantait je ne sais quel poème d'Aratus sur les dangers de la navigation.

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Il avait raison, ma femme; pourquoi ne pas fuir le voiyasinage de la mort, puisque nous avons des enfans? - Nous Don'avons pas grand chose à leur donner; mais, du moins, nous les sauverons des flots; ils laboureront la terre, et viDavront sans crainte,

4°. Tritonide, nous autres pêcheurs, ne ressemblons pas plus aux habitans des villes et des campagnes, que la mer ne ressemble à la terre, Ceux-là sont empêchés de leurs affaires et de celles de la république, et attendent leur prix de la glèbe indocile pour nous la mer est la vie, et la terre la

(1) Amateur de barque.

mort, comme l'air est la mort pour les poissons. — D'où vient donc, ma femme, que tu quittes fréquemment ces rivages, pour aller célébrer, avec les riches femmes d'Athènes, la fête des Rameaux et celle de Bacchus?-Ce n'est pas pour cela que ton père d'Egine t'a fait naître et t'a élevée! - Si tu aimes la ville, va-t'en pour toujours! si tu aimes la vie des marins, reste avec ton mari, et oublie les trompeuses joies des cités.

5o, Euthybule, tu n'as pas pris en moi une femme vulgaire. Sosthènes, mon père, et ma mère Démophile, m'ont donné une dot pour que nous eussions ensemble des enfans libres. Cependant la volupté t'emporte: - Tu négliges et délaisses tes enfans : Tu fréquentes cette Hermione, qui tient une maison de louage à Galène, où les jeunes marins vont faire toute sorte de débauches, et qui reçoit des présens du premier venu. Tu es vieux; c'est pourquoi, non content de lui faire des cadeaux de pêcheur, tels que des surmulets et des anchois, tu lui donnes des réseaux de Milet et des robes de Sicile, avec de l'or en sus. Finis cette vie indolente, ou laisse-moi retourner chez mon père. ¡

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6o. Glauca, ma chère femme, conseille-moi; Tu sais sommes pauvres. Des pirates sont venus me proposer d'être des leurs, en faisant briller de l'or à mes yeux. Moi, dont les mains sont pures de sang, je répugne à me rendre homicide. Pourtant la misère est dure à soutenir: - Conseille-moi!

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7°. La mer devient menaçante; les vents se déchaînent; les dauphins apparaissent en sautant sur les flots, présages d'une affreuse tempête. Pourquoi oserions-nous aller, les uns vers le cap de Malée, les autres dans le détroit de Sicile, qui dans les eaux de Lycie, qui dans celles de Capharée, non moins périlleuses? Attendons le retour du beau temps sur nos rivages: Alors nous irons à la recherche des corps morts, et nous leur donnerons la sépulture. Tôt ou tard les bonnes actions trouvent récompense. En tout cas, elles nourrissent le cœur de l'homme, et la conscience satisfaite épanouit l'ame.

8°. O Scopélès! les Athéniens songent à la guerre : Déjà leurs bâtimens légers sont sortis pour porter des ordres à leurs vaisseaux du dehors; - Ils arment ceux du port; et, de tout côté, on force l'inscription des matelots, depuis le Pirée, Phalère et Sunium jusqu'aux frontières des habitans de Géreste. Fuirons-nous le service de guerre, nous qui

avons des enfans et des femmes, ou resterons-nous? — Il

est plus sûr de fuir.

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9°. Je ne savais pas à quel point les Athéniens poussent le luxe et la délicatesse. L'autre jour, Pamphile, voulant aller à la pêche, fit marché avec moi. Le voilà dans ma barque, se faisant dresser un lit voluptueux, s'abritant d'une riche tente, sous laquelle il rassemble de charmantes femmes et quantité de musiciennes ; l'une jouant de la flûte, c'est Crumation, l'autre du psaltérion, c'est Erato; une troisième des cymbales, c'est Evépèse. Ce ne fut que joie, bombance et chants joyeux tout le temps. Rien de cela ne me faisait envie; mais, au retour, Pamphile m'a payé largement. Alors je me suis réjoui. Viennent donc d'autres voluptueux qui égalent Pamphile en magnificence!

10°. Comment l'amour a-t-il blessé un pauvre pêcheur comme moi, qui gagne péniblement sa vie? - Toutefois il m'a blessé :-J'aime avec fureur la fille de Terpsichore, l'une de ces filles qui se sont sauvées, je ne sais comment, de la maison d'Hermione, la logeuse, pour venir au Pirée. - Je ne suis qu'un pêcheur; n'importe : à moins que son père ne soit fou, il me jugera digne de l'épouser.

11o. Je ne quitterai point cette femme, en dépit de tes conseils, Eupolus! - Ĵ'obéis à l'Amour. - Cet enfant est né d'une déesse marine : La vierge pour laquelle il m'enflamme, 'est sans doute une compagne de Panope et de Galathée, plus belles des Néréïdes : J'obéis à l'Amour.

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12°. L'autre jour, tandis que j'assistais, dans ses couches,la femme de mon voisin, tu t'es penché sur moi pour m'embrasser, vieux Anicétus! Comme s'il était donné à quelqu'un de rajeunir! Dis-moi : n'as-tu pas dételé ta charrue? —Ne sors-tu pas du coin de ton feu, ou du fond de ta cuisine? Misérable Cécrops! finis donc tes soupirs, et songe à toi!

13. Thaïs à Euthydème. - Tu fronces le sourcil! - Tu t'es mis la philosophie en tête ! -En allant à l'académie, tu passes fièrement devant ma maison sans y entrer.-Pauvre fou! sais-tu ce qu'est ce fameux sophiste dont tu vas payer les leçons?— Hier, il m'offrit de l'argent pour ce que tu devines. II poursuit la servante de Mégara. Moi qui prise mieux tes caresses que tout l'or des sophistes, je l'ai refusé. tu veux, je te ferai voir comment cet ennemi des femmes renchérit sur les plaisirs accoutumés. Tu penses donc qu'il y ait bien loin d'un sophiste à une courtisane? C'est quasi tout un; car l'un et l'autre vivent de présens. Nous, du moins, nous ne renions pas les dieux; nous ne

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- Si

prêchons pas l'inceste et l'adultère. Eh bien! quoi? ils savent disserter sur la cause des nuages, sur la nature des atomes! J'en disserte aussi bien qu'eux; car je n'y connais rien. Aspasie a formé Périclès, et Socrate Critias.Lequel des deux élèves préfères-tu? - Allons, trève de ces insipides folies, cher Euthydème! - Reviens : je te montrerai le souverain bien. La vie s'envole: ne la perds pas en bagatelles ni en recherches d'énigmes.

Depuis tantôt un Il est vrai que tu mes côtés, tantôt Encore une fois, ton père et de ta

14°. Pétala! je ne demanderais pas mieux que les courtisanes pussent vivre des pleurs de leurs amans :→→ J'aurais contentement avec toi ; Mais il n'en est rien : - - Il leur faut du solide. Nous avons besoin d'argent, de vêtemens, de parures, de servantes, mon tendre ami! an, je maigris avec toi, que c'est pitié! m'aimes, que jour et nuit tu pleures à pour une chose, tantôt pour une autre. n'y a-t-il donc rien dans la maison de mère, ni or, ni argent, ni provisions; rien absolument, hormis des larmes? Tu m'apportes aussi, je le sais, des roses, comme on apporte des fleurs sur un tombeau. -C'est trop peu: — Tâche de venir désormais avec les mains mieux garnies et les yeux plus secs; ou bien tu auras sujet de pleurer.

Telle est la matière, telle est la forme de ces cent seize lettres, divisées en trois livres, que les biographes ont trop peu appréciées, en disant qu'elles ne manquent pas de naturel; car elles sont tout naturel et toutes graces, riches en peintures de mœurs, en traits de sentiment et d'esprit, et partout empreintes de ce cachet de vérité dont le recueil d'Aristenète est absolument dépourvu. Nous aurions pu, en multipliant nos extraits sommaires, étendre les preuves de cette assertion; mais la nudité de certains tableaux, la hardiesse, pour ne rien dire de plus, de certaines expressions nous ont arrêtés. Le lecteur français peut d'ailleurs se satisfaire aisément, s'il le veut, puisque l'abbé Richard a donné une traduction d'Alciphron, en 3 vol. in-8°, Paris, 1785. La meilleure édition de l'original avec l'interprétation latine est celle-ci, que M. Wagner a reproduite avec quelques additions, en 2 vol. in-8°, Leipsig, 1798. Notre exemplaire est du petit nombre de ceux qu'on trouve en papier fort de Hollande. Jean Leclerc, dans sa Bibliothèque ancienne et moderne, pense que ceux qui font Alciphron contemporain d'Alexandre n'appuient pas cette opinion sur des fondemens très solides.

HIÉROCLÈS.

SUR LES VERS DORÉS.

Edition princeps. Padoue, Bartholomée de Val de Zuccho. 1474. In-4, lettres rondes, 91 feuillets.

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(450-1474.)

C'est ici la première édition de Hiéroclès. Elle fut publiée en latin, sans texte grec, sur la traduction du savant Jean Aurispa, traducteur aussi d'Archimède, secrétaire et ami du pape Nicolas V (Thomas de Sarzane). Ce ne fut, au rapport de M. Brunet, qu'en 1583, à Paris, chez Nivellius, que fut imprimé le texte grec, avec la traduction latine de Jean Curterius. Cette édition de Padoue, la plus rare, est fort précieuse, comme tenant de plus près aux manuscrits. Ce fut d'ailleurs Jean Aurispa qui découvrit à Venise, vers 1447, ce beau livre, monument le plus pur de la morale de l'antiquité; il est donc juste que nous lui rendions tous les honneurs de la publication. Son édition est très belle dans sa simplicité, et si correcte que, malgré les perpétuelles abréviations dont elle est chargée, comme toutes les éditions Princeps, l'œil saisit facilement l'ensemble des mots.

Il n'y a point de titre général. Le volume débute par une épître ou préface d'Aurispa au pape Nicolas V; ensuite vient le titre particulier, dont la forme est singulière.

Hieroclis philosophi sto

ici et sanctissimi in

aureos versus Py

thagoræ opu
sculum pro
stantissi

mum et
Reli
gio
ni

Christianæ consenta
neum incipit.

A la fin du texte, on lit ces mots : Laus Deo, amen, et cette devise: Duce virtute et comite Fortuna. (Pour guide la Vertu et pour compagne la Fortune.) Après quoi, sur le verso du der

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