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DISCIPLINA CLERICALIS,

TRANSLATA A PETRO ALPHONSO EX ARABICO IN LATINUM,

Avec la version française, prose gothique en regard, suivie de l'Imitation en vers gothiques français du même ouvrage, et précédée d'une Notice sur Pierre Alphonse et ses écrits, par M. l'abbé de L. B..... Paris, 1824, 2 vol. in-12, de l'imprimerie de Rignoux. (Lettres rondes et italiques modernes.)

(1106-1760-1808-1824.)

Le savant éditeur nous apprend, sur l'auteur ou compilateur de ces contes, dont plusieurs se retrouvent dans les Mille et une Nuits, et dans Pilpay, les particularités suivantes. Rabbi Moyse Sephardi, juif de Huesca, en Aragon, naquit en 1062. Ce savant et vertueux homme se fit chrétien en 1106, et reçut de son parrain Alphonse vi, roi de Castille et de Léon, les noms de Pierre Alphonse. Il écrivit, pour justifier son abjuration, douze dialogues latius où il réfute les erreurs des Juifs. Selon Kasimir Oudin, religieux prémontré, célèbre par son érudition et par son apostasie en faveur du lutheranisme, en 1690, Pierre Alphonse mourut en 1110. Sa discipline de Clergie, qui fait l'objet de cet article, passe pour être le second de ses ouvrages. C'est une instruction d'un père à sou fils, dans laquelle, à la manière des écrits arabes d'où elle est tirée, la morale est revêtue de formes narratives, proverbiales, sentencieuses et paraboliques. Montesquieu, quoi qu'on ait dit, a raison, le climat influe puissamment sur le caractère et le génie des hommes; et, en général, les idées abstraites, les hautes réflexions, les principes sont dans le Nord; tandis que les images, les passions, les contes sont dans le Midi, sous l'empire du soleil. En 1760, Barbazan fit paraître, sous le titre de Castoiement, une version en vers gothiques, abrégée, de la Disciplina clericalis, sans paraître avoir eu connaissance de l'original latin. On juge, par le style, que cette version anonyme est du xe siècle. En 1808 et 1824, M. Méon ayant découvert, à la Bibliothèque royale, sept manuscrits du texte latin, plus une imitation de cet ouvrage, en vers gothiquesfrançais, beaucoup plus ample et plus anciennement copiée que celle de Barbazan, et enfin une traduction, en vieille prose française, qu'il attribue à Jean Miellot, chanoine de Saint-Pierre-de-Lille, et secrétaire de Philippe le Bon, duc de

Bourgogne. La société des bibliophiles s'en remit au zèle éclairé d'un de ses membres du soin de surveiller l'impression fidèle de ces trois copies, dont elle fit tirer, à part de ses 25 exemplaires in-8°, 250 exemplaires in-12, sur un papier et avec des caractères choisis, le tout enrichi d'un Glossaire suffisant pour la parfaite intelligence du livre. Ce livre, en lui-même, mérite d'être lu, tant à cause des conseils judicieux, des sages observations qu'il renferme, que parce qu'il est fort amusant, dans son allure libre et naïve. Le texte, sans être cicéronien, ne semble pas trop barbare; quant à la traduction, en vieille prose, elle est pleine de graces, et n'accuse pas de pesanteur le bon chanoine qui l'aurait faite. L'ouvrage a pour but de rendre le clerc bien endoctriné, d'où il tire son nom de Discipline de clergie. Il contient trente contes dans la version en prose, et seulement vingt-sept dans l'imitation versifiée. La plupart de ces contes sont ingénieux ; ils annoncent presque tous un dessein moral, comme de montrer le prix et la rareté de l'amitié vėritable; la prééminence du mérite sur les avantages fortuits de la naissance; l'horreur du mensonge; l'inconvénient de secourir le perfide (et c'est la fable de l'homme, piqué par la couleuvre qu'il a réchauffée); le danger des mauvaises compagnies; la ruse des femmes (le conte est bon, malgré la gravelure, et le sujet plaît tant à l'Arabien, qu'il en fait, à son fils, six récits, tous plus plaisans les uns que les autres); au demeurant, les femmes ne sont pas seulement rusées pour le mal; c'est ce que l'Arabien enseigne, en racontant un trait de ruse généreuse dont l'héroïne est une vieille femme. On voit encore, dans ces contes paternels, combien les philosophes sont habiles à rendre la justice, témoin Salomon; comment il vaut mieux faire son chemin par les grandes voies, bien que plus longues, que par les sentiers de traverse, quoique plus directs; comment celui-là tombe souvent dans le piége qu'il a dressé pour autrui; comment est sot qui croit aveuglément tout ce qu'on lui dit (et ici vient la fable du renard, se tirant d'un puits par le contre-poids d'un loup, qu'il y fait descendre, sur l'avis que l'image de la lune, réfléchie dans l'eau du puits, est un fromage); comment les faveurs de la cour peuvent à la fin devenir onéreuses; enfin, comment le sage, sans négliger le soin de ses affaires, se garantit des passions terrestres par la pensée de la mort. Cette religieuse pensée de la mort fournit à l'Arabien, avec ses derniers contes, de très bonnes réflexions qui couronnent son enseignement.

Pour donner une idée de la manière du conteur, nous extraiAnalectabiblion. 1.

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rons le conte douzième, que Molière a mis en scène dans son George Dandin. Barbazan, dans la préface des Fabliaux, dit que ce grand poète a puisé ici dans le Dolopatos ou Roman des sept sages de Rome, par Herbers; alors ce serait Herbers, poète du xi siècle, antérieur à Girardins d'Amiens et à li Roys Adenès, qui l'aurait tire de la Disciplina clericalis, n'importe : on voit que les jeux de l'imagination humaine, aussi bien que les idées les plus graves, roulant dans le même cercle, font ainsi le tour du monde.

Un jovencel fut, qui voulant eprouver la ruse des femmes, afin de s'en garantir, enferma la sienne, par le conseil d'un sage homme, dans une maison à hautes parois de pierre, n'ayant d'autres ouvertures qu'un huis et une fenêtre haut placée; vraie prison dans laquelle il lui donnait assez à mengier, et non trop à vestir. La clef de la maison etait mise sous le chef du mari, durant son sommeil. Or, la dame avait visé, par la fenêtre, un gars, bel de corps, de face et de maintien. Elle se mit en quête de lui ouvrir la porte. Dans ce but, elle enivrait son mari souventes fois pour lui embler la clef. Le mari soupçonna quelque méchante ruse à ce soin qu'on prenait ainsi de l'enivrer. Un certain jour donc, il feint d'être plus ivre que de coutume, se couche, et se laisse embler la clef. La dame ouvre aussitôt l'huis, et sort pour aller trouver son galant. Alors le mari se leve et ferme l'huis, de façon que voilà la femme dehors, sans pouvoir au logis rentrer. Que fait-elle au retour de son expédition? elle se lamente, pleure, s'écrie qu'elle va se noyer dans le puits, prend une grosse pierre, la jette à grand fracas dans ledit puits, et se muche contre la porte. Le mari, cuidant au son de la pierre chute que ce fût sa femme précipitée, sort de hâte, pour la secourir, laissant l'huis ouvert. La belle rentre aussitôt, et referme l'huis sur son geolier; puis, se mettant à la fenêtre, crie: « Hoa! desloyal homme! je mons» trerai à mes parens et amis, comme, chascune nuit, tu te » dépars de moy, et vas à tes folles femmes et ribaudes ! » Ainsi fit-elle, et ses parens blasmerent moult le poure mari, et lui dirent moult villanies.

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Par Robert Wace, poète normand du XIIe siècle; publié pour la première fois d'après les Mss. de France et d'Angleterre, avec des notes pour servir à l'intelligence du texte, par Frédéric Pluquet, membre de la Société des antiquaires de France, et de plusieurs autres Sociétés savantes. Rouen, Edouard Frère, éditeur. Imprimerie de Crapelet. Paris, M. DCCC.XX. Vii, 3 vol. gr. in-8, l'un des trois exempl. tirés sur papier de Hollande, avec double figure au trait, dont une suite sur papier de Chine.

PLUS

SUPPLÉMENT AUX NOTES HISTORIQUES

SUR LE

ROMAN DE ROU;

Par Auguste le Prévost, de la Société des antiquaires de France, etc. Rouen, Édouard Frère, éditeur. Imprimerie de Crapelet. Paris, M.DCCC.XXIX. 1 vol. gr. pap. de Hollande.

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NOTICE

SUR LA VIE ET LES ÉCRITS

DE ROBERT WACE,

Suivie de citations extraites de ses ouvrages, pour servir à l'histoire de Normandie, par Frédéric Pluquet. Rouen, Jean Frère, libraire-éditeur. Imprimé à Paris, chez Crapelet, M.DCCC.XXIV. 1 vol. gr. in-8.

(1160-1824-27-29.)

Robert Wace, appelé aussi Vace, Vaice, Gace, et même Uistace ou Eustache, naquit à Jersey, au commencement du XIIe siècle, et mourut, en Angleterre, vers 1184. Il étudia à Caen, habita quelque temps les terres du roi de France, revint

se fixer à la cour du duc de Normandie, roi d'Angleterre, Henri ler, dont le fils, Henri II, ce premier Plantagenet, si brillant, et qui porta si haut l'éclat et la puissance de la monarchie anglo-normande, lui donna, en récompense de son poème de Rou, achevé en 1160, une prébende dans la cathédrale de Bayeux, qui ne le satisfit guère, quoiqu'il en ait joui durant dix-neuf ans. Ce poète, ou plutôt ce chroniqueur en vers, a suivi, pour ses récits normands, Dudon de Saint-Quentin, et Guillaume de Jumièges, et pour ses narrations bretonnes, d'où nous sont venus tous les romans de la Table ronde, les chroniques latines de Thomas de Kent et de Geoffroy de Monmouth, qui eux-mêmes avaient puisé, dit-on, leurs histoires fabuleuses dans de vieilles traditions et d'antiques manuscrits des pays de Galles et de Cornouailles. Wace est surtout précieux par son ancienneté. Antérieur de prés d'un siècle à Marie de France, il n'a ni son élégance, ni sa délicatesse; mais, outre qu'il peint avec force, et qu'il a plus de critique et de pensée que n'en comporte son âge barbare, il est un monument irrécusable de l'antiquité de la poésie romane du Nord, ou de la langue d'oil, que certains esprits, trop préoccupés de la gloire des troubadours, essaient journellement de rabaisser. Voici, d'après ses judicieux biographes éditeurs, la liste de ses principaux ouvrages :

1o. Le roman dit : Le Brut ou Le Brutus d'Angleterre, contenant dix-huit mille vers octosyllabes, dont la Bibliothèque royale possède cinq manuscrits, savoir trois du xie et deux du xve siècle, lequel roman ou poème fut achevé en 1155, ainsi que l'auteur prend la peine de nous l'apprendre dans ses derniers vers, comme il nous annonce son sujet dans son début :

« Qui veut ouïr, qui veut savoir,
De roy en roy, et d'hoir en hoir,
» Qui cil fure, et dont viurent
>> Qui Angleterre prime tinrent,
» Quiez roy y a en ordre eu;
» Et qui ainçois, et qui puis fu,

» Maistre Huistace le translata, etc., etc., etc. »

:

2°. Le Roman de Rou ou de Rollon, immense production historique de 16,547 vers, allant de l'an 912 à l'an 1106, et divisée en quatre branches, ainsi qu'il suit la 1re, en vers octosyllabes, contient le récit des premières invasions des Normands dans la Gaule romane-française; la 2o, en vers alexandrins, embrasse toute la vie du premier duc Rollon ou Rou, lequel prit le nom de Robert Ier;

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