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I. PARTIE.

auront comme Jefus - Chrift une gran deur de fainteté, une grandeur de miféricorde, une grandeur de perpétuité & de durée.

SIRE,

L'fonsine de Fils de Dieu, qui eft le 'Origine éternelle de Jefus-Christ,

titre effentiel de fa fainteté, l'eft auffi de fa grandeur & de fon éminence. Il n'eft pas appellé grand, parce qu'il compte des Rois & des Patriarches parmi fes ancêtres, & que le fang le plus augufte de l'univers coule dans les veines. Il eft grand, parce qu'il eft le Saint & le Fils du Très-haut: toute fa grandeur a fa fource dans le fein de Dieu, d'où il eft forti; & le grand mystère de fes voyes éternelles, qui fe manifefte aujourdhui, va puifer tout fon éclat dans fa naiffance divine.

Nous n'avons de grand que ce qui nous vient de Dieu. Oui, mes Freres, que les Grands fe vantent d'avoir comme Jefus Chrift des Princes & des Rois parmi leurs ancêtres, s'ils n'ont point d'autre gloire que celle de leurs ayeuls; fi toute leur grandeur eft dans leur nom; fi leurs titres font leurs uniques vertus; s'il faut rappeller les fiécles paffés, pour les trouver dignes

de nos hommages; leur naiffance les avilit & les déshonore, même felon les monde on oppofe fans ceffe leur nom à leur perfonne le fouvenir de leurs ayeuls devient leur opprobre: les Hiftoires où font écrites les grandes actions de leurs peres, ne font plus que des témoins qui dépofent contr'eux : on cherche ces glorieux ancêtres dans leur indignes fucceffeurs: on redemande à leurs noms les vertus qui ont autrefois honoré la patrie; & cet amas de gloire, dont ils ont hérité, n'eft plus qu'un poids de honte, qui les flétrit & qui les accable.

Cependant, la plupart portent fur leur front l'orgueil de leur origine. Ils comptent les degrés de leur grandeur pár des fiécles qui ne font plus, par des dignités qu'ils ne poffédent plus, par des actions qu'ils n'ont point faites, par des ayeuls dont il ne refte qu'une vile pouffiere, par des monuments que les tems ont effacés ; & se croyent au-deffus des autres hommes, parce qu'il leur refte plus de débris domeftiques de la rapidité des tems & qu'ils peuvent produire plus de titres que les autres hommes de la vanité des chofes humaines.

Sans doute une haute naiffance eft

une prérogative illuftre, à laquelle le confentement des nations a attaché de tout tems des diftinctions d'honneur & d'hommage. Mais ce n'est qu'un titre, ce n'est pas une vertu: c'est un engagement à la gloire, ce n'eft pas elle qui la donne; c'eft une leçon domeftique, & un motif honorable de grandeur ; mais ce n'eft pas ce qui nous fait grands: c'eft une fucceffion d'honneur & de mérite; mais elle manque & s'éteint en nous, dès que nous héritons du nom fans hériter des vertus qui l'ont rendu illuftre nous commençons pour ainfi dire, une nouvelle race; nous devenons des hommes nouveaux; la noblesse n'est plus que pour notre nom, & la roture pour notre perfonne.

Mais fi devant le monde même la naiffance fans la vertu n'eft plus qu'un vain titre, qui nous reproche fans ceffe notre oiliveté & notre baffeffe ; qu'eft-elle devant Dieu, qui ne voit de grand & de réel en nous, que les dons de fa grace & de fon efprit qu'il y a mis lui-même.

C'est donc notre naiffance felon la Foi, qui fait le plus glorieux de tous nos titres. Nous ne fommes grands, que parce que nous fommes, comme Jefus-Chrift, enfants de Dieu; & que

nous foutenons la nobleffe & l'excellence d'une fi haute origine. C'est elle qui éleve le Chrétien au-deffus des Rois & des Princes de la terre: c'est par elle que nous entrons aujourdhui dans tous les droits de Jefus-Chrift; que tout eft à nous; que tout l'Univers n'eft que pour nous, que les Patriarches, & tous les Elus des fiécles paffés font nos ancêtres; que nous devenons héritiers d'un Royaume éternel, que nous jugerons les Anges & les hommes, & que nous verrons un jour à nos pieds toutes les Nations & les Puiffances du fiécle.

Telle eft, SIRE, la prérogative des enfants de Dieu. Auffi nos Rois ont mis le titre de Chrétien à la tête de tous les titres qui entourent & ennobliffent leur Couronne; & le plus Saint de vos Prédéceffeurs n'alloit pas chercher la fource & l'origine de fa grandeur dans le nombre des Villes & des Provinces foumifes à fon Empire, mais dans le lieu feul, où il avoit été mis par le baptême au nombre des enfants de Dieu.

Mais, SIRE, ce n'eft pas affez, dit St. Jean, d'en porter le nom, il faut l'être en effet: Ut filii Dei nominemur & 1. Ep. S fimus. Si les enfants des Rois dégénérant de leur augufte naissance, n'avoient

Joan. 3.

1.

que des inclinations baffes & vulgaires; s'ils fe propofoient la fortune d'un vil artifan, comme l'objet le plus digne de leur cœur, & feul capable de remplir leurs grandes deftinées; fi perdant de vue le Trône, où ils doivent un jour être élevés, ils ne connoiffoient riende plus grand que de ramper dans la boue, & d'être confondus par leurs fentiments & leurs occupations avec la plus vile populace; quel opprobre pour leur nom & pour la nation qui attendroit de tels maîtres ?

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Tels & encore plus coupables SIRE, font les enfants de Dieu, quand ils fe dégradent jufqu'à vivre comme les enfants du fiécle. La grace de votre baptême vous a élevé encore plus haut que la gloire de votre naiffance, quoiqu'elle foit la plus augufte de l'univers par celle-ci, vous n'êtes qu'un Roi temporel; l'autre vous rend héritier d'un Royaume éternel: la premiere ne vous fait que l'enfant des Rois; par l'autre vous êtes devenu l'enfant de Dieu. Tous les jours nous voyons croître & fe développer dans Votre Majefté, des fentiments & des inclinations dignes de la naiffance que vous avez eue des Rois vos ancêtres; mais ce ne feroit rien, fi vous n'en montriez en

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