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feule pour eux-mêmes: Multi homines mifericordes vocantur ; virum autem fidelem quis inveniet?

Prov. 20.6.

Mais quand la probité du monde ne feroit pas prefque toujours fauffe, il faudroit convenir du moins qu'elle n'est jamais fûre. La Religion toute feule affure la vertu, parce que les motifs qu'elle nous fournit font par-tour les mêmes. La honte & l'opprobre en feroient le prix devant les hommes qu'elle n'en paroîtroit que plus belle & plus glorieufe à l'homme de bien: fa vie même feroit en péril, qu'il ne vou droit pas la racheter aux dépens_de fa vertu: le fecret & l'impunité ne font pas pour lui des attraits pour le vice; puifque Dieu eft le feul témoin qu'il craint, & le reproche de fa conscience la feule peine qui l'afflige: la gloire même & les acclamations publiques le folliciteroient à une entreprife ambirieufe & injufte, qu'il préféreroit le devoir & la regle qui le condamnent, aux applaudiffements de l'univers qui l'approuve. Enfin changez tant qu'il vous plaira les fituations d'un véritable Jufte: le monde peut varier à fon égard; les fuffrages publics qui l'élévent aujourdhui, peuvent demain le dégrader & l'abbattre; fa fortune peut changer; Petit Carême

mais la vertu ne changera point avec fa fortune.

Il ne s'agit pas ici de nous alléguer des exemples où la piété la plus eftimée s'eft démentie plus d'une fois : outre que le monde eft plein de faux juftes, & que tous ceux qui en portent le nom aux yeux des hommes, n'en ont pas le mérite devant Dieu; ç'a été de tout tems l'injuftice du monde, d'attribuer à la vertu les foibleffes de l'homme. Le Jufte peut tomber; mais la vertu feule peut le défendre, ou le relever de fes chûtes: elle feule marche fûrement, parce que les principes fur lefquels elle s'appuye font toujours les mêmes: les occafions ne l'autorifent pas contre le devoir, parce que les occafions ne changent jamais rien aux regles: la lumiere & les regards publics font pour elle comme la folitude & les ténébres en un mot, elle ne compte les hommes pour rien, parce que Dieu feul qui la voit, doit être fon Juge.

Trouvez, fi vous le pouvez, la même fûreté dans les vertus humaines. Nées le plus fouvent dans l'orgueil & dans l'amour de la gloire, elles y trouvent un moment après leur tombeau : formées par les regards publics, elles vont s'éteindre le lendemain, comme

ces feux paffagers, dans le fecret & dans les ténébres: appuyées fur les circonftances, fur les occafions, fur les jugements des hommes, elles tombent fan's ceffe avec ces appuis fragiles: les triftes fruits de l'amour propre, elles font toujours fous l'inconftance de fon empire: enfin le foible ouvrage de l'homme, elles ne font, comme lui, à l'épreuve de rien.

Qu'il s'offre à ce vertueux du fiécle une occafion fûre de décréditer un ennemi, ou de fupplanter un concurrent: pourvu qu'il conferve la réputation & la gloire de la modération, il fera peu touché d'en avoir le mérite: que fa vengeance n'intéreffe point fon honneur, elle ne fera plus indigne de fa vertu placez-le dans une fituation où il puiffe accorder fa paffion avec l'eftime publique, il ne s'embarraffera pas de l'accorder avec fon devoir en un mot, qu'il paffe toujours pour homme de bien, c'eft la même chose pour lui que de l'être.

Tout Ifraël paroît applaudir d'abord à la révolte d'Abfalom: Achitophel, cet homme fi fage & fi vertueux dans l'eftime publique, & dont les confeils étoient regardés comme les confeils de Dieu, préfére pourtant le parti du cri

me, où il trouve les fuffrages publics & l'efpérance de fon élévation, à celui de la juftice qui ne lui offre plus que le devoir.

Non, mes Freres, rien n'eft für dans les vertus humaines, fi la vertu de Dieu ne les foutient & ne les fixe. Soyez bienfaifant, jufte, généreux, fincére: vous pouvez être utile au public; mais vous devenez inutile à vous-même: vous faites des œuvres louables aux yeux des hommes; mais en ferez-vous. jamais une véritable vertu ? Tout eft faux & vuide dans un cœur que Dieu me remplit point, c'eft un Roi luimême qui parle; & connoître votre juftice & votre vertu, ô mon Dieu ! c'est la feule racine qui porte des fruits d'immortalité, & la fource de la véritable ap.13. gloire: Vani autem funt omnes homines in quibus non fubeft fcientia Dei.

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C'eft donc en vain qu'on met la véritable gloire dans l'honneur & la probité mondaine: on n'eft grand que par le cœur ; & le cœur vuide de Dieu n'a plus que le faux & les baffeffes de Ï'homme.

MAis peut-être que les vertus civi

les toutes feules font trop obfcures, & que la diftinction & la fupério

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rité des grands talents nous donnera plus de droit à la gloire.

Hélas! SIRE, que font les grands talents, que de grands vices, fi les ayant reçus de Dieu, nous ne les employons que pour nous-mêmes que deviennent-ils entre nos mains? fouvent l'inf trument des malheurs publics; toujours la fource de notre condamnation & de notre perte.

Qu'est-ce qu'un Souverain né avec une valeur bouillante, & dont les éclairs brillent déjà de toutes parts dès fes plus jeunes ans, fi la crainte de Dieu ne le conduit & ne le modére? Un aftre nouveau & malfaifant, qui n'annonce des calamités à la terre. que Plus il croîtra dans cette fcience funefte, plus les miféres publiques croîtront avec lui fes entreprifes les plus téméraires n'offriront qu'une foible digue à l'impétuofité de fa courfe: il croira effacer par l'éclat de fes victoires leur témérité ou leur injuftice: l'efpérance du fuccès fera le feul titre qui juftifiera l'équité de fes armes : tout ce qui lui paroîtra glorieux, deviendra légitime : il regardera les moments d'un repos fage & majeftueux, comme une oifiveté honteufe & des moments qu'on dérobe à fa gloire ; fes voifins devien

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