les autres; & que fon regne raffemble toutes les bénédictions & tous les gen res de bonheur , que nous nous promettions féparément fous les regnes des Princes qu'une mort prématurée nous a enlevés, & aufquels vous n'avez refufé fans doute fur la terre une couronne que la naiffance leur destinoit que pour leur en préparer dans le ciel une éternelle.

Ainfi foit-il.

反

SERMON

POUR LE JOUR

DE PÂQUE S.

Sur le Triomphe de la Religion.

Expolians principatus & poteftates, traduxit confidenter, palam triumphans illos in femetipfo.

Jefus-Chrift ayant défarmé les Principautés & les Puiffances, il les a menées hautement en triomphe à la face de tout le monde, après les avoir vaincues en fa propre perfonne, Col

2. 15.

SIRE

Es vains triomphes des Conquérants n'étoient qu'un fpectacle d'orgueil, de larmes, de défefpoir & de mort: c'étoit le triomphe lugubre des paffions humaines ; & ils ne laiffoient après eux que les triftes marques de

l'ambition

l'ambition des vainqueurs & de la fervitude des vaincus.

Le triomphe de Jefus-Chrift eft aujourdhui pour les nations mêmes qui deviennent fa conquête, un triomphe de paix, de liberté & de gloire.

Il triomphe de fes ennemis ; mais pour les délivrer & les affocier à fa puiffance, il triomphe du péché ; mais en effaçant & attachant à la croix cet écrit fatal de notre condamnation, il. en fait couler fur nous une fource de fainteté & de grace: il triomphe de la mort; mais pour nous affurer l'immortalité.

Telle est la gloire de la Religion; elle n'offre d'abord que les opprobres & les fouffrances de la croix: mais c'eft un triomphe glorieux & le plus grand fpectacle que l'homme puiffe donner à la terre. Rien ici-bas n'eft plus grand que la vertu tous les autres genres de gloire, on les doit au hafard ou à l'adulation & à l'erreur publique ; celleci on ne la doit qu'à Dieu & à foi-même. On en fait une honte aux Princes & aux Puiffants; & cependant c'est par elle feule qu'ils peuvent être grands, puifque c'eft par elle feule qu'ils peuyent triompher de leurs ennemis, de Leurs paffions, & de la mort même, Petit Carême,

Y

PARTIF,

Expofons ces vérités fi honorables & la Foi; & confacrons à la gloire de la Religion l'inftruction de ce dernier jour, qui eft le grand jour des triomphes de Jefus-Chrift.

LA

SIRE,

A gloire des Princes & des Grands a trois écueils à craindre fur la terre: la malignité de l'envie, ou les inconftances de la fortune qui l'obscurciffent; les paffions qui la déshonorent; enfin, la mort même qui l'enfévelit, & qui change en cenfures les vaines adulations qui l'avoient exaltée.

La Religion feule les met à couvert de ces écueils inévitables, & où toute la gloire humaine vient d'ordinaire échouer: elle les éleve au deffus des événements & de l'envie; elle leur affujettit leurs paffions; enfin elle leur affure après leur mort la gloire que la malignité leur avoit peut-être refufée pendant leur vie. C'eft ce qui fait aujourdhui le triomphe de Jefus-Christ, & c'eft ce modèle glorieux que nous propofons aux Grands de la terre.

Toute la gloire de fa fainteté & de fes prodiges n'avoit pu le fauver des. traits de l'envie; & fon innocence avoit paru fuccomber aux Puiffances des té

nébres qui l'avoient opprimée. Mais fa réfurrection attache à fon char de triomphe ces Principautés & ces Puiffances mêmes: fa gloire fort triomphante du fein de fes opprobres: fa croix devient le fignal éclatant de fa victoire la Judée feule l'avoit rejetté; & l'univers entier l'adore.

Oui, mes Freres, quelle que puiffe être la gloire des Grands fur la terre, elle a toujours à craindre, premiérement, la malignité de l'envie qui cherche à l'obfcurcir. Hélas! c'eft à la Cour fur-tout, où cette vérité n'a pas befoin de preuve. Quelle eft la vie la plus brillante où l'on ne trouve des taches? où font les victoires qui n'ayent une de leurs faces peu glorieufe au vainqueur quels font les fuccès, où les uns ne prêtent au hafard les mêmes événements, dont les autres font honneur aux talents & à la fageffe? quelles font les actions héroïques qu'on ne dégrade en y cherchant des motifs lâches & rampants? en un mot, où font les Héros dont la malignité, & peut-être la vérité ne faffe des hommes ?

Tant que vous n'aurez que cette gloire où le monde afpire, le monde vous la difputera: ajoutez-y la gloire de la vertu; le monde la craint & la fuit