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falut, par la force de la vérité que vous mettez dans nos bouches, les Grands & les Puiffants; attirez à vous des cœurs dont la conquête vous affure celle du refte des Fidéles; ayez pitié de vos peuples, en fanctifiant ceux que votre Providence a mis à leur tête; fauvez Ifraël, en fauvant ceux qui le régiffent ; donnez à votre Eglife de grands exemples qui perpétuënt la vertu d'âge en âge, & qui aident jufqu'à la fin à former cette affemblée immortelle de Juftes, qui vous bénira dans tous les fiécles.

Ainfi foit-il.

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DISCOURS

PRONONCÉ

A UNE BENEDICTION Des Drapeaux du Régiment de CATINAT.

Pofuerunt figna fua, figna; & non cogi noverunt ficut in exita super summum.

Ils ont mis leurs Drapeaux dans le Temple comme un préfage de leur victoire ; & ils n'ont pas connu quelle étoit la fin de cette pieuse for lemnité. Pf. 73. 4. 5.

E n'eft pas pour vous rappeller

Cici des idées de feu & de fang, &

par le fouvenir de vos victoires paffées vous animer à de nouvelles, que je viens dans le Sanctuaire de la paix mêler un difcours Evangélique à une cérémonie fainte. La parole dont j'ai l'honneur d'être le miniftre, eft une parole de réconciliation & de vie, deftinée à réunir les Grecs & les Barbares;

,

à faire habiter enfemble, felon l'expreffion d'un Prophête, les lions, les aigles & les agneaux ; à raffembler fous un même chef toute langue, toute tribu, & toute nation; à calmer les paffions des Princes & des peuples, confondre leurs intérêts anéantir leurs jaloufies, borner leur ambition, infpirer les mêmes defirs à ceux qui doivent avoir la même efpérance ; & fi elle propofe quelquefois des guerres & des combats, ce font des guerres qui fe terminent toutes dans le cœur, & des combats de la grace.

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D'ailleurs, je me fouviens que je parle fous l'autel même de l'Agneau, qui eft venu pacifier le ciel & la terre : dans un Temple confacré au Chef d'une Légion fainte qui fut préferer le culte de Jefus Chrift à celui des ftatues de l'Empereur, & laiffer fiérement les Aigles de l'Empire pour fuivre l'étendart de la Croix : & enfin, que je parle à une Troupe illuftre, qui ne connoît les périls que pour les affronter; que mille actions diftinguent plus que le nom du fameux Général qu'elle a l'honneur d'avoir à fa tête, & le mérite de celui qui la commande, & qui attend plûtôt de moi des leçons de piété que de valeur, & des avis pour faire

la guerre faintement, que des exhor tations pour la bien faire.

Souffrez donc, Meffieurs, que laiffant là le corps, pour ainsi dire, & les dehors de cette cérémonie, je vous en développe l'efprit; que fans approfondir ce qu'elle a d'antique & de curieux, je m'arrête à ce qu'elle peut avoir d'utile; & que loin de vous entretenir de la gloire des armes & du cas que tous les peuples en ont toujours fait, je vous parle des périls de cet état & des moyens d'y acquérir une gloire immortelle & folide.

Pourquoi croyez-vous en effet que les nations les plus barbares ayent toutes eu une efpêce de religion militaire, & que le culte fe foit toujours trouvé mêlé parmi les armes? Pourquoi croyezvous que les Romains fuffent fi jaloux de mettre leurs aigles & leurs Dieux à la tête de leurs Légions, & que les autres peuples affectaffent de prendre ce qu'il y avoit de plus facré dans leurs fuperftitions, & en traçaffent les figures & les fymboles fur leurs étendarts? finon pour empêcher que le tumulte & l'agitation des guerres ne fit oublier ce qu'on doit aux Dieux qui y préfident & afin qu'à force de les avoir fans ceffe devant les yeux, on fût comme dans

une

une heureuse impuiffance de les perdre de vue. Pourquoi croyez-vous que les Ifraélites dans leurs marches & dans leurs combats fullent toujours précédés du Serpent d'airain, que Conftantin devenu la conquête de la Croix, fit élever ce fignal de toutes les nations au milieu de fes armées; que nos Rois, dans leurs entreprises contre les infidéles, allaffent recevoir l'étend art facré au pied des autels ; & qu'enfin encore aujourdhui l'Eglife confacre par des priéres de paix & de charité ces fignes déplorables de la guerre & de la diffenfion? finon pour vous faire fouvenir que la guerre même est une maniére de culte religieux; que c'eft le Dieu des armées, qui préfide aux victoires & aux batailles; que les Conquérants ne font bien fouvent entre fes mains que des inftruments de colére dont il fe fert pour châtier les péchés des peuples; qu'il n'eft point de véritable valeur que celle qui prend fa fource dans la Religion & dans la piété; & qu'après tout, les guerres & les révolutions des Etats, ne font que des jeux aux yeux de Dieu, & un changement de fcène dans l'univers ; que lui feul ne change point, & feul a de quoi fixer les agitations, & les defirs infatiables du cœur humain, Petit Carême. E e

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