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geffes plus abondantes, il demande que vous vous en diftinguiez aussi par une plus grande fidélité. Mais outre la reconnoillance qui vous y engage, plus tout allume les paffions dans votre état, plus vous avez befoin de vigilance pour vous défendre. Il faut aux Grands de grandes vertus; la prospérité eft comme une perfécution continuelle contre la Foi; & fi vous n'avez pas toute la force & le courage des Saints, vous aurez bien- tôt plus de vices & de foibleffes que le refte des hommes.

Mais d'ailleurs, fur quoi prétendezvous que Dieu doit fe relâcher en votre faveur, & exiger moins de vous que du commun des Fidéles? Avez-vous moins de plaisirs à expier? Votre innocence eft elle le titre qui vous donne droit à fon indulgence? Vous êtesyous moins livrés aux défirs de la chair pour vous croire plus difpenfés des violences qui la mortifient & la punisfent? Votre élévation a multiplié vos crimes; & elle adouciroit votre pénitence? Vos excès vous diftinguent encore plus du peuple que votre rang, & vous prétendriez trouver là- deffus dans la Religion des exceptions qui yous fuffent favorables:

Quelle idée de la divinité avonsnous, mes Freres? Quel Dieu de chair & de fang nous formons-nous ? Quoi ! dans ce jour terrible où Dieu feul fera grand; où le Roi & l'efclave feront confondus, où les œuvres feules feront pefées, Dieu n'exerceroit que des jugements favorables envers ces hommes que nous appellons grands? Ces hommes qu'il avoit comblés de biens, qui avoient été les heureux de la terre, qui s'étoient fait ici bas une injufte félicité, & qui oubliant prefque tous l'auteur de leur profpérité n'avoient vêcu que pour eux-mêmes? & il s'armeroit alors de toute fa févérité contre le pauvre qu'il avoit toujours affligé? Et il réserveroit toute la rigueur de fes jugements, pour des infortunés qui n'avoient paffé que des jours de deuil, & des nuits laborieufes fur la terre; & qui fouvent l'avoient béni dans leur affliction, & invoqué dans leur délaiffement & leur amertume? Vous êtes jufte, Seigneur, & vos jugements feront équitables.

Mais, SIRE, quand ces motifs de juftice & de reconnoiffance n'engageroient pas les Grands à la fidélité qu'ils doivent par tant de titres à Dieu; que de motifs n'en trouvent-ils pas encore en eux-mêmes ?

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N'eft-ce pas en effet la fageffe & la crainte de Dieu toute feule, qui peut rendre les Princes & les Grands plus aimables aux peuples? C'est par elle, difoit autrefois un jeune Roi, que je deviendrai illuftre parmi les nations; que les vieillards refpecteront ma jeuneffe; que les Princes qui font autour de mon trône baifferont par refpect les yeux devant moi; que les Rois voilins quelque redoutables qu'ils foient, me craindront; que je ferai aimé dans la paix & redouté dans la Sap. 8. guerre: Per hanc timebunt me Reges 43.15. horrendi: in multitudine videbor bonus &in bello fortis. C'est par elle que mon regne fera agréable à votre peuple, ô mon Dieu ! que je le gouvernerai justement, & que je ferai digne du trône de mes peres: Per banc difponam populum tuum juftè, & ero dignus fedium patris mei.

42.

Sap. 9.

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Non, SIRE, ce ne fera ni la force de vos armées, ni l'étendue de votre Empire, ni la magnificence de votre Cour, qui vous rendront cher à vos peuples; ce feront les vertus qui font les bons Rois, la justice, 1 humanité la crainte de Dieu. Vous êtes un grand Roi par votre naiffance; mais vous ne pouvez être un Roi cher à vos peuples

que par vos vertus : les paffions qui nous éloignent de Dieu, nous rendent toujours injuftes & odieux aux hommes; les peuples fouffrent toujours des vices du Souverain: tout ce qui outre l'autorité, l'affoiblit & la dégrade; les Princes dominés par les paffions font toujours des maîtres incommodes & bizarres; le Gouvernement n'a plus de regle, quand le maître lui-même n'en a point ce n'eft plus la fageffe, & l'intérêt public, qui préfident aux Confeils, c'est l'intérêt des paffions; le caprice & le goût forment les décifions, que devoit dicter l'amour de l'ordre ; & le plaifir devient le grand reffort de toute la prudence de l'Empire. Oui, SIRE, la fageffe & la piété du Souverain toute feule peut faire le bonheur des Sujets, & le Roi qui craint Dieu, eft toujours cher à fon peuple.

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Mais fi la crainte de Dieu, rend dans les Princes & les Grands l'autorité aimable, c'eft elle encore, SIRE, qui la rend glorieufe. Tous les biens & tous les fuccès difoit encore un fage Roi, me font venus avec elle; & c'est par elle, que l'honneur & la gloire m'ont toujours accompagné : Et in- Sap. 7 numerabilis honeftas per manum illius. Dieu ne prend pas fous fa protection

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6.61.

ceux qui ne vivent pas fous fes or dres.

Je fais que l'impie profpére quelquefois, qu'il paroît élevé comme le cédre du Liban, & qu'il femble infulter le Ciel par une gloire orgueilleufe, qu'il ne croit tenir que de lui-même. Mais attendez : fon élévation va lui creufer elle-même fon précipice: la main du Seigneur l'arrachera bien-tôt de deffus la terre. La fin de l'impie eft prefque toujours fans honneur; tốt cu tard il faut enfin que cet édifice d'orgueil & d'injuftice s'écroule : la honte & les malheurs vont fuccéder ici bas à la gloire de fes fuccès: on le verra peut être traîner une vieilleffe trifte & déshonorée ; il finira par l'ignominie; Dieu aura fon tour, & la gloire de l'homme injufte ne defcendra pas avec lui dans le tombeau.

Repaffez fur les fiécles qui nous ont précédé, comme difoit autrefois un 1. Macc. Prince Juif à fes enfants: Cogitate generationes fingulas; & vous verrez que le Seigneur a toujours foufflé fur les races orgueilleufes, & en a fait sécher la racine; que la profpérité des impies n'a jamais paffé à leurs defcendants; que les Trônes eux-mêmes, & les fucceffions Royales ont manqué fous des

Princes

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