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Redde meis. Vicisti, et victum tendere palmas
Ausonii videre; tua est Lavinia conjux:
Ulterius ne tende odiis. » Stetit acer in armis

935

Aeneas, volvens oculos, dextramque repressit;

Et jam jamque magis cunctantem flectere sermo
Coeperat, infelix umero cum apparuit alto
Balteus, et notis fulserunt cingula bullis
Pallantis pueri, victum quem vulnere Turnus
Straverat, atque umeris inimicum insigne gerebat.
Ille, oculis postquam saevi monumenta doloris
Exuviasque hausit, furiis accensus, et ira
Terribilis « Tune hinc spoliis indute meorum
Eripiare mihi? Pallas te hoc vulnere, Pallas
Immolat, et poenam scelerato ex sanguine sumit. »
Hoc dicens, ferrum adverso sub pectore condit
Fervidus. Ast illi solvuntur frigore membra,
Vitaque cum gemitu fugit indignata sub umbras.

940

945

rejet, fait image.

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935.

Talis = tali aetate.
Tua n'est pas l'épithète de con-
jux, mais l'attribut de est, con-
jux étant une apposition. 937.
Dextram repressit par ce mou-
vement Énée montre son huma-
nité; il va épargner Turnus par
compassion; seul le souvenir de
Pallas le décide à la vengeance.
C'est une forme de pietas qui l'em-
porte sur une autre.
938.
Cunctantem marque le résultat
de flectere Gr., 173.
941.
Pueri fait ressortir la jeunesse de
Pallas, son malheur, et la cruauté
de Turnus. -942. Straverat, en

950

Atque insigne gerebat, et non atque cujus insigne gerebat: Gr., 156. 945. Notez l'effet pathétique du rejet terribilis, Indute et non indutus, par attraction: Gr., 60. Meorum, pluriel poétique: Gr., 56. 946. La répétition de Pallas, outre qu'elle peint la colère d'Énée, a pour but, dans l'intention du poète, d'excuser le héros du meurtre qu'il va accomplir.947. Immolat: encore un rejet pathétique. 949. Fervidus, mis en relief par la coupe du vers. 950. Ce vers se lit déjà, XI, 831.

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VILLAS ROMAINES. (D'après une peinture d'Herculanum.)

CHAPITRE V

La mort et la survivance de Virgile.

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Les dernières années de la vie de Virgile. Aux approches de la cinquantaine, Virgile était au comble de la gloire et du succès. Il était, non seulement le favori, mais l'ami d'Auguste, qui lui écrivait sur un ton d'affectueuse intimité; l'ami aussi de Mécène, et de tout ce que le monde officiel comptait de grands personnages. Le peuple était enthousiaste de lui: s'il faut en croire une anecdote rapportée par Tacite, un jour que Virgile entrait au théâtre, la foule se leva en signe d'hommage, malgré la présence de l'empereur. Sa situation de fortune était très brillante aussi : il possédait dix millions de sèsterces (environ deux millions de notre monnaie), une maison dans le quartier neuf de Rome, sur le mont Esquilin, près des jardins de Mécène, et une propriété en Campanie. C'est là qu'il résidait le plus habituellement, ou en Sicile, ayant conservé jusqu'au bout son amour pour la campagne.

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Le voyage en Grèce. Lorsque son Énéide fut à peu près terminée, il conçut le projet d'aller visiter la Grèce et l'AsieMineure, où se plaçait la scène d'une partie de son récit. Il comptait y rester trois ans, puis revenir en Italie, corriger son poème, et réserver à la philosophie le reste de son existence.

Il partit en 19 av. J.-C. Son ami Horace composa lors de son départ une très belle ode adressée au navire qui l'emportait :

Sic te diva potens Cypri,

Sic fratres Helenae, lucida sidera,
Ventorumque regat paler

Obstrictis aliis praeter Iapyga,

Navis, quae tibi creditum
Debes Vergilium; finibus Atticis
Reddas incolumem, precor,

Et serves animae dimidium meae 1.

Un poète moderne, José-Maria de Heredia, a développé le même thème dans un des plus admirables sonnets de ses Trophées :

Que vos astres plus clairs gardent mieux du danger,
Dioscures brillants, divins frères d'Hélène,

Le poète latin qui veut, au ciel hellène,
Voir les Cyclades d'or de l'azur émerger !

Que des souffles de l'air, de tous le plus léger,
Que le doux lapyx, redoublant son haleine,
D'une brise embaumée enfle la voile pleine,
Et pousse le navire au rivage étranger!

A travers l'Archipel où le dauphin se joue,
Guidez heureusement le chanteur de Mantoue;
Prêtez-lui, fils du Cygne, un fraternel rayon.

La moitié de mon âme est dans la nef fragile
Qui, sur la mer sacrée où chantait Arion,
Vers la terre des Dieux porte le grand Virgile.

La mort de Virgile. Les vœux d'Horace ne furent qu'à moitié exaucés. Virgile arriva bien en Grèce; il vit Athènes, ce qui dut être pour son âme de poète et d'helléniste une exquise joie. Mais, au cours d'une excursion à Mégare, il fut dangereusement frappé par la chaleur, et tomba malade. Auguste, passant par Athènes à son retour d'Orient, le vit, et lui conseilla de revenir avec lui en Italie: Virgile se laissa persuader. Mais déjà il était trop tard; il mourut peu de temps après avoir débarqué à Brundisium, le dixième jour avant les calendes d'octobre, sous le consulat de C. Sextius et de Q. Lucretius (22 septembre 19 av. J.-C.). Il avait alors 51 ans.

Le tombeau de Virgile. Ses restes furent transportés à Naples et ensevelis sur la route qui va de cette ville à Pouzzoles. Ses biographes citent l'épitaphe qui fut placée sur son tombeau, et qui, d'après eux, aurait été composée par le poète luimême :

Mantua me genuit, Calabri rapuere, tenet nunc
Parthenope; cecini pascua, rura, duces.

1. Nous ne citons que les deux premières strophes de cette pièce célèbre, les seules qui se rappor

VIRGILE.

tent à Virgile; les autres forment une méditation sur l'audace des navigateurs.

22

E

Ce tombeau existait encore à l'époque de Trajan, puisqu'un poète de ce temps-là, Silius Italicus, y allait régulièrement en pèlerinage. Le monument qu'on montre aujourd'hui, sous ce

nom, assez près du Pausilippe, est certainement un tombeau romain, et peut avoir été celui de Virgile, quoique rien ne le prouve avec certitude.

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Le testament de Virgile.

Virgile laissait dans son testament deux sortes de prescriptions, les unes littéraires, relatives à l'Enéide, dont on a déjà parlé, les autres finan cières il léguait les six douzièmes de sa fortune à son demi-frère Proculus, trois à Auguste, un à Mécène, un à Varius, un à Plotius Tucca, restant aussi fidèle à ses plus anciens amis qu'à ses plus puissants protecteurs.

LE TOMBEAU DE VIRGILE.

La réputation de Virgile à Rome. La gloire de Virgile, déjà très grande de son vivant, ne tarda pas à s'accroître par la publication de l'Énéide. Elle ne fut pas acceptée sans contestation. Un érudit, Carvilius Pictor, publia même un pamphlet sous le titre de Aeneidomastix (« le fouet de l'Énéide »), à l'imitation de l'Homeromastix de Zoïle. Il y eut d'autres critiques également mal disposés pour Virgile, puisque les admirateurs du poète se crurent obligés de leur répondre, comme Asconius Pedianus dans son traité Contra obtrectatores Vergilii. Mais ce furent des exceptions, et en général Virgile fut placé très haut, beaucoup plus haut que tous les autres poètes latins, à un rang que seul avec lui Homère pouvait atteindre: Juvénal nous montre les femmes savantes de son temps établissant des parallèles en bonne forme entre l'auteur de l'Iliade et celui de l'Énéide, sans pouvoir se prononcer pour l'un ou l'autre. Les œuvres virgiliennes eurent de bonne heure cette suprême consécration qu'est l'étude scolaire. Le grammairien Caecilius Epirota fut le premier à les faire expliquer par ses élèves; après lui, Virgile resta toujours inscrit au programme des écoles romaines; Quintilien, saint Augustin, Macrobe, Paul Orose attestent la perpétuité de cette coutume, et Juvénal représente les écoliers allant

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en classe et portant sous leur bras un Virgile tout sali par l'usage.

L'influence de Virgile sur les écrivains de l'époque impériale. Ainsi admiré et étudié dès l'enfance, il était inévitable que Virgile exerçât une action profonde sur les écrivains postérieurs, et de fait il n'y a pas de poète qui ait été plus souvent cité ou imité. Pendant les deux premiers siècles, les poètes qu'on peut appeler «< classiques » sont, non seulement des imitateurs,

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VIRGILE DANS L'ART DU IV SIÈCLE. LE CHEVAL DE TROIE.
(Fac-similé d'une gravure du Virgile du Vatican.)

mais bien souvent des copistes ou des plagiaires de Virgile. La Thébaïde de Stace est calquée sur l'Énéide, et Stace en a si bien conscience qu'il conseille à son épopée de ne pas prétendre à rivaliser avec sa devancière, mais de la suivre de loin en adorant la trace de ses pas :

Nec tu divinam Aeneida tempta,

Sed procul sequere et vestigia semper adora.

Silius Italicus, celui-là même qui faisait de si fréquentes visites au tombeau de Virgile et qui en célébrait l'anniversaire plus pieusement que le sien propre, Silius, dans ses Punica, s'est donné pour tâche unique d'habiller, avec des développements et des expressions d'origine virgilienne, le récit de la guerre punique composé par Tite-Live. L'imitation de Virgile, chez tous

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