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VIRGILE DANS L'ART DU XIX SIÈCLE.

ÉNÉE RACONTANT A DIDON LES MALHEURS DE TROIE. (Tableau de Guérin.)

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être aussi nourris que lui de l'œuvre virgilienne, la connaissent et l'aiment aussi. Il y a certainement un souvenir des Géorgiques dans une des plus belles pages que Lamartine ait écrites, l'épisode des Laboureurs de Jocelyn. Il y a des réminiscences de Virgile dans les poèmes de Vigny, de Sainte-Beuve. Brizeux écrit à la louange du poète latin de bien jolis vers, où il le met à côté de Raphaël et de saint Jean, pour sa bonté, sa douceur, et le juge digne d'être leur « frère en Jésus »>, digne que « Jésus l'aime », son âme ayant en quelque sorte devancé le baptême chrétien. Michelet, poète lui aussi, est lui aussi un virgilien passionné au milieu des ardentes controverses ou des sombres évocations, un trait plus doux brille souvent chez lui, qui provient de Virgile.

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La critique de cette époque a également payé à l'auteur de l'Énéide son tribut d'hommages. Sainte-Beuve a écrit sur lui une étude fine, vigoureuse, originale, un peu gâtée sans doute par le désir d'être désagréable à son ancien ami Hugo en opposant à son génie énorme et tumultueux un génie plus sage, plus discret, mais vraie cependant en la plupart de ses conclusions. Et, dans l'œuvre si sèche et si froide de Nisard, il n'y a guère qu'une page émue, c'est celle où il rapproche Virgile, Racine, Raphaël et Mozart, comme les exemples les plus exquis de la sensibilité dans le domaine de l'art et de la poésie.

Depuis une cinquantaine d'années, Virgile n'est pas sans avoir perdu quelque chose de son ascendant sur les esprits, comme tous les écrivains de l'antiquité. Les générations récentes ont lu moins de latin et de grec que leurs devancières, et l'Énéide a eu le même sort que les ouvrages de Tite-Live ou de Cicéron. En revanche, peut-être ceux qui la connaissent en ont-ils une idée plus précise que celle qu'on s'en faisait autrefois. Les travaux de l'érudition contemporaine, ou de la critique fondée sur l'érudition, comme celle d'un Gaston Boissier, ont facilité à tous ceux qui veulent s'en donner la peine, ou le plaisir, intelligence très sûre, très intime, des œuvres virgiliennes. En dehors même des érudits ou des latinistes, il s'en faut bien que ces œuvres soient complètement négligées. Parmi les poèmes d'un Leconte de Lisle, d'un Heredia, plus d'un, et non des moins beaux, a été suggéré par Virgile; et, plus près de nous, Francis Jammes a pu à bon droit donner à une de ses œuvres les plus sincères, les plus saines, le beau nom de Géorgiques chrétiennes.

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Nous n'avons voulu relever

Virgile chez les étrangers. qu'en France l'influence exercée par Virgile; il serait trop long de la suivre dans les autres pays. Disons, d'un seul mot, qu'elle y a été aussi profonde et aussi durable que chez nous. En Italie, où l'imitation virgilienne a hanté les esprits des humanistes, en Allemagne, où un si grand nombre d'érudits ont accumulé

sur les Géorgiques et l'Énéide des masses de commentaires et de recherches, en Angleterre, où la lecture de Virgile et d'Horace est, presqu'au même titre que celle de la Bible, un des fondements de l'éducation libérale, aux États-Unis, où de fort bons travaux ont attesté le zèle des lettrés pour l'étude de Virgile, — partout, en un mot, le grand poète latin est apparu comme un des maîtres de l'esprit moderne, en même temps que comme le représentant le plus parfait de l'âme latine.

MANUSCRITS DE VIRGILE

Les manuscrits de Virgile sont naturellement très nombreux. Les plus importants sont les suivants :

Manuscrits très anciens.

Augustéus (ou Vaticanus, 3256), en capitales, du 1

ou peutêtre même du n° siècle, le plus ancien manuscrit de Virgile, malheureusement réduit à 7 feuillets.

Vaticanus (Vaticanus, 3225), en capitales, du Iv siècle, contenant à peu près le quart des œuvres de Virgile, avec de très belles miniatures.

Sangallensis, en capitales, du Iv° siècle, contenant seulement quelques fragments.

Veronensis, partie en capitales, du iv siècle, partie du vino. Mediceus (ou Laurentianus, XXXIX, 1), en capitales, du v° siècle, revisé par un certain Apronianus, consul en 494; il manque le début des Bucoliques (jusqu'à VI, 48), et un fragment du livre VIII de l'Énéide (585-642).

Palatinus (ou Vaticanus, 1631), en capitales, du v⚫ siècle, avec de très nombreuses lacunes.

Romanus (ou Vaticanus, 3867), en capitales, du vi siècle, avec d'assez nombreuses lacunes, et 19 peintures.

Manuscrits plus récents.

Gudianus, du 1x siècle, proche parent du Palatinus.

Trois Bernenses, dont l'un surtout (n° 165) est important, du Ix° siècle, il ressemble, ainsi que le n° 184, au Veronensis, tandis que le n° 172, qui est du x', est apparenté au Romanus.

Montepessulanus, du 1x° ou xo. ·

Minaurogiensis, du x ou du XII siècle, très proche des Bernenses 165 et 184.

Pragensis, du x' ou x1°.
Bodleianus, du x1o.

Rapport et valeur de ces Manuscrits.

Ribbeck, qui a étudié de très près les manuscrits, pense que tous dérivent d'un archétype unique, assez médiocre d'ailleurs. L'âge des manuscrits en capitales leur donne naturellement plus d'autorité que n'en peuvent avoir ceux du x', du x ou du XI° siècle.

Parmi eux, l'Augusteus et le Sangallensis sont si fragmentaires qu'on ne peut les faire entrer en ligne de compte. Restent le Palatinus, avec le Vaticanus et le Veronensis, qui sont assez voisins de lui, le Mediceus, I et le Romanus. Le Romanus est généralement considéré comme inférieur aux quatre autres; la lutte est surtout entre le Palatinus et le Mediceus. Ribbeck préfère le Palatinus, les récents éditeurs ont réhabilité le Mediceus, mais, de l'aveu de tous, aucun manuscrit ne mérite une confiance absolue, et l'établissement du texte ne peut se faire qu'en les contrôlant et complétant l'un par l'autre.

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