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GRAMMAIRE

Étude sur la langue, la syntaxe, le style
et la versification de Virgile.

VOCABULAIRE

Le vocabulaire de Virgile est, dans l'ensemble, celui de la langue classique. Quelques particularités seules sont à remarquer; très rares, elles tendent à donner sa langue plus de vivacité, plus de hardiesse ou plus d'originalité.

1. Néologismes. Virgile semble bien être le premier à se servir des mots Appenninicola (Aen., XI, 700), regifico (Aen., VI, 605), trifauci (Aen., VI, 417), et indubitare (Aen., VIII, 404). Pour ce dernier terme nous avons le témoignage de Servius.

2. L'adjectif cujum (de cujus, a, um) est signalé par certains critiques anciens comme un terme vulgaire (Buc., III, 1). ́

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L'épithète dia, au lieu de diva ou dea, semble

un reste de l'ancienne langue (Aen., XI, 657).

4. Mais, où Virgile se rapproche le plus de la langue archaïque, c'est par l'emploi de verbes simples au lieu des composés. Il y trouve d'ailleurs un moyen d'alléger sa phrase. Par exemple: colere pour incolere (Buc., II, 62), ferre pour auferre (Buc., V, 34), ou pour referre (Aen., 1, 645), ire pour exire (Aen., IV, 130), linquere pour relinquere (Buc., I, 3), tenere pour retinere (Aen., IX, 284), terrere pour deterrere (Aen., IX, 792), vertere pour evertere (Aen., II, 652), etc.

5. Enfin, on peut dire que Virgile modifie le vocabulaire en donnant à certains mots des significations qu'ils n'ont pas dans la langue courante. C'est ainsi qu'il emploie cassus dans le sens de orbus (Aen., II, 85), Parthus dans le sens de Parthicus (Buc., X, 59), accingi dans le sens de parare, « se préparer à... » (Georg., III, 46), dare au lieu de dicere (Buc., I, 18), durare au lieu de durescere (Buc., VI, 35), properare au lieu de propere facere (Georg., IV, 171), vigilare au iet de curare (Georg., I, 313).

ORTHOGRAPHE

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Certains radicaux se présentent chez Virgile sous une forme différente de celles qu'ils revêtent habituellement; ces dérogations à l'usage demeurent d'ailleurs tout à fait exceptionnelles.

6. Tantôt le radical est écrit d'une façon archaïque moerus pour murus (Aen., X, 24), — olli pour illi (Aen., VII, 505, VIII, 94, etc.). 7. Tantôt il se termine par un suffixe insolite: spelaeum pour spelunca (Buc., X, 52), cassida pour cassis (Aen., XI, 775), Thraca pour Thracia (Aen., XII, 335).

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8 Quelquefois il est abrégé par une sorte de syncope: circlos pour circulos (Georg., III, 166), — porgite pour porrigite (Aen., VIII, 274). 9. Plus rarement il est allongé cyparissus pour cupressus (Georg., II, 84). Cette dernière forme s'explique du reste par l'influence grecque.

MORPHOLOGIE

Dans la morphologie comme dans le vocabulaire, on aperçoit quelques traces de cet archaïsme que les poètes latins considèrent volontiers comme un des caractères de la langue poétique. Beaucoup plus souvent, on remarque des désinences calquées sur les formes grecques, et quelquefois enfin des anomalies imputables à la seule fantaisie du poète.

10. DÉCLINAISON DES SUBSTANTIFS. naison.

Première décli

Le génitif singulier présente parfois la désinence archaïque aï auraï (Aen., VI, 747), pictaï (Aen., IX, 26).

11. Le génitif pluriel prend la forme abrégée um pour arum : Ausonidum (Aen., X, 564).

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On remarquera le vocatif Evandre au 55), - de même Thymbre (Aen., X,

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13. le génitif grec Androgeo (Aen., VI, 20);

14. les datifs grecs Mnesthei (Aen., V, 184), Orphei (Georg., IV, 544); 15. le génitif pluriel en um au lieu de orum ; il est particulièrement fréquent dans les noms propres : Aetolum (Aen., XI, 308), — Italum (Aen., XII, 653), Rutulum (Aen., IX, 727); mais on rencontre aussi juvencum (Aen., IX, 608), · virum (Aen., XI, 607), — socium (Aen., IX, 557). Ces deux dernières formes, très anciennes, ont survécu dans le langage officiel triumvirum, praefectus socium.

Le nominatif singulier conserve

16. Troisième déclinaison. quelquefois l's archaïque, qui plus récemment s'est changé en r: labos pour labor (Aen., VI, 277), vomis pour vomer (Georg., I, 162). 17. Dans les noms parisyllabiques, remarquez valles pour vallis (Aen., XI, 522).

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18. Notez aussi le génitif Ulixi (Buc., VIII, 70) ; ·

19 l'accusatif grec Diomede (Aen., XI, 243);

20. l'accusatif grec Daphnin (Buc., V, 52);

21. l'accusatif securim (Aen., XI, 656);

22. les ablatifs archaïques amni (Aen., IX,468),— classi (Aen., VIII, 11), et même sorti (Georg., IV,165);

23. le génitif pluriel en um au lieu de ium : agrestum (Georg., I, 10), venientum (Georg., IV, 167);

24. le génitif irrégulier de ales, alituum, emprunté à Lucrèce (Aen., VIII, 27).

25. Quatrième déclinaison. Le datif singulier est souvent en a: curru (Aen., XII, 511), amplexu (Aen., VI, 698), etc.

26. Le génitif pluriel est parfois syncopé : currum (Aen., VI, 653).

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27. Cinquième déclinaison. en e (archaïsme): die (Georg., I, 208).

Le génitif singulier est parfois

28. Mots hésitants entre plusieurs types de déclinaison.

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Laurus, de la 2o déclinaison, a souvent l'accusatif pluriel en us au lieu de os (Buc., VI, 83; VIII, 13 et 82).

29. Virgile, au lieu de quadrijugus, emploie quadrijugis (Aen., X, 571).

30. I emploie intibum au lieu de la forme plus habituelle intibus Georg., I, 120); de même clipeum (Aen., IX, 708); — vulgum (Aen., (II, 99); et le pluriel neutre Maenala (Buc., X, 55).

31. Il emploie la forme neutre pomum, qui proprement désigne le fruit, au lieu de la forme féminine, qui désigne l'arbre (Georg., II, 425). 32. DÉCLINAISON DES ADJECTIFS-PRONOMS. On doit signaler les formes archaïques quis pour quibus (Georg., I, 161, etc.), et qui à l'ablatif, au moins en composition (quicum pour quacum, Aen., XI, 822).

33. FORMES ADVERBIALES. On peut expliquer par l'archaïsme les formes: quando pour aliquando (Aen., X, 366);

34. fors pour forsan ou fortasse (Aen., II, 139; XI, 50);

35. hoc pour huc (Aen., VIH, 423);

36. mage pour magis (Aen., X, 481). CONJUGAISON.

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Ici encore, ce qu'il y a de plus fréquent, ce

sont des formes archaïques, comme

37. le subjonctif fuat (Aen., X, 108), provenant d'un ancien radical qui n'a survécu que dans les formes du parfait et dans le participe futurus;

38. l'ancien futur antérieur faxo pour fecero (Aen., IX, 153), — jusso (Aen., XI, 467);

39. la forme potis est pour potest (Aen., IX, 795);

40. l'imparfait de la 4 conjugaison en ibam, qui n'a survécu que dans eo et queo: nutribat (Aen., XI, 572); lenibat (Aen., VI, 468);

41. surtout l'infinitif passif en ier: accingier (Aen., IV, 493), — admittier (Aen., IX, 230), — defendier (Aen., VIII, 493), dominarier (Aen., VII, 70), farier, immiscerier, etc.

42. C'est également à l'imitation de l'ancienne langue que Virgile confond les deux voix, l'active et la déponente, écrivant nutrior au lieu de nutrio (Georg., II, 42, bellor au lieu de bello (Aen., XI, 660),

et inversement populo au lieu de populor (Georg., I, 185).

43. Une autre confusion, commune à la langue de Virgile et à la langue archaïque, est celle des types de conjugaison. Virgile fait de la 3 conj. certains verbes qui habituellement sont de la 2: fulgere (Aen., VI, 826), fervere (Georg., I, 456), stridere (Georg., IV, 555). Il écrit potitur, comme si potiri appartenait à la 3o conj. Enfin le présent lavit (Georg., III, 359; Aen., X, 725) suppose un verbe lavere au lieu de lavare.

44. Pour la nécessité du vers, Virgile use assez fréquemment d'une commodité que lui offre la langue archaïque et familière, l'emploi des formes syncopées, soit dans les temps du parfait, soit dans les participes passés accestis pour accessistis (Aen., I, 201), direxti (Aen., extinxem (Aen., IV, 606), VI, 57), traxe (Aen., V, 786), vixet (Aen., XI, 118), exposta (Aen., X, 694), supposta

(Aen.,

VI, 24).

SYNTAXE

EMPLOI DES DIFFÉRENTES PARTIES DU DISCOURS. · Virgile, comme tous les poètes, prend plus de liberté que les prosateurs pour attribuer à une partie du discours le rôle d'une autre. Ainsi :

45. Il emploie comme substantifs des adjectifs (pingue, Georg., III, 124); 46. des participes (volitans, Georg, III, 147);

47. quelquefois des infinitifs (restinguere, Buc., V, 47).

48. Des prépositions sont prises dans le sens d'adverbes : Super (Aen., X, 727; XI, 880).

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49. Surtout l'adjectif s'emploie à la place de l'adverbe : ubi primus Oriens afflavit (Georg., I, 250); primas cum conderet arces (Aen., VII, 61); ferte citi ferrum (Aen., IX, 37); — in subitam collecta figuram (Aen., XII, 860), au lieu de primum, cito, subito ; de même si nulla accendit gloria, pour si gloria non accendit (Aen., IV, 232).

SUBSTANTIF

EMPLOI DES GENRES. quelques irrégularités :

A ce point de vue, il y a lieu de noter

50. Certains mots n'ont pas leur genre habituel : stirps est masculin (Aen., XII, 768); cortex, féminin (Buc., VI, 63); — finis, féminin (Aen., XII, 791).

51. Le relatif sujet se met par attraction au genre de l'attribut: quae au lieu de quod (Aen., XII, 815).

52. Au contraire l'adjectif attribut reste au neutre, dans un sens indéterminé, bien que le sujet soit masculin ou féminin: triste lupus (Buc., III, 80), varium femina (Aen., IV, 569). Ce tour est sur

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tout fréquent dans les phrases sentencieuses. EMPLOI DES NOMBRES

remarquables :

En voici les particularités les plus

53 Le singulier concret a le sens du pluriel : multa victima (Buc., I, 33), Tyrrhenum equitem (Aen., XI, 517).

54. Le singulier abstrait a le sens du pluriel concret: Germania pour Germani (Georg., I, 474), — Arcadia (Buc., IV, 58).

55. Certains mots sont au pluriel alors qu'on les attendrait au singulier remigiis pour remigio (Georg., I, 202), - multa pour multum (Aen., XI, 471).

56. Le pluriel est substitué au singulier pour donner plus de grandeur ou de force à l'idée: Decios, Marios, Camillos (Georg., II, 168), quos generos vocet, au lieu de quem generum (Aen., XII, 656).

57. L'accord en nombre se fait irrégulièrement, soit par syllepse; qui non risere... hunc... (Buc., IV, 63); soit par attraction omnia... fiat mare (Buc., VIII, 58); - non erit Aetolus et Arpi (Aen., XI, 428).

58. EMPLOI DES CAS.

Ici encore l'attraction joue parfois un

rôle urbem quam statuo, pour urbs (Aen., I, 573). 59. Nominatif et vocatif.

Le nominatif s'emploie quelquefois

à la place du vocatif: sanguis meus pour mi sanguis (Aen., VI, 835); comp. Aen., VIII, 77; XI, 464.

60. Réciproquement le vocatif remplace le nominatif dans les phrases qui s'adressent à une personne: periture veni (Aen., XI, 856).

61. Génitif.— Le génitif partitif s'emploie librement, après des substantifs ou des pronoms neutres, dans des expressions comme obscurum noctis (Georg., I, 478), — omnia viarum (Georg., II, 283), tuta domorum (Aen., XI, 882), — miracula rerum (Georg., IV, 440); cette façon de parler deviendra très fréquente chez certains auteurs de la décadence, notamment chez Tacite. Notez également nullis hominum pour nul

lis hominibus (Georg., II, 10).

62. Le génitif marque souvent la personne qui a fait l'action exprimée par le substantif: venantum vulnus vulnus a venantibus factum (Aen., XII,5); de même nostrum vulnus = vulnus a nobis factum (Aen., XII, 51); — reliquias Danaum – eos qui a Danais relicti sunt (Aen., III, 87).

63. Le génitif de qualité s'emploie sans épithète, ce qui est peu classique urbis opus (Aen., V, 119).

64. Le génitif explicatif est aussi employé très librement: herba veneni (Buc., IV, 24), urbem Trojae (Aen., I, 565).

65. Virgile emploie très souvent le génitif avec les adjectifs, soit pour marquer un point de vue furens animi (Aen., V, 202), maturus animi (Aen., IX, 245), maturus aevi (Aen., V, 73), integer aevi (Aen., II, 638);

66. soit pour marquer l'objet sur lequel porte l'action indiquée par l'adjectif on trouve ainsi le génitif après certus (Aen., IV, 554), · expertus (Aen., X, 173), fidus (Aen., XII, 657), ingratus (Aen., X, 666), indignus (Aen., XII, 647), rapidus (Buc., I, 65).

67. De cette construction on peut rapprocher l'emploi du génitif avec tenus (Georg., III, 53).

68. Une tournure tout à fait exceptionnelle, et imitée du grec, est l'emploi du génitif causal avee mirari: mirari justitiae (Aen., XI, 126). 69. Datif. Virgile use librement du datif de destination: sternunt se somno (Georg., IV, 431), — fatis ora resolvit (Georg., IV, 451), — cura habendo pecori (Georg., I, 3);

-

70. du datif comme complément d'un verbe passif cui non dictus Hylas (Georg., III, 6), — lapides Pyrrhae jactos (Buc., VI, 41);

71. du datif comme complément de verbes composés avec des prépositions decedere (Georg., III, 467), - delabi (Buc., VI, 16), evadere (Aen., XI, 702), ingredi (Aen., X, 148);

72. et même du datif comme complément de verbes qui, en prose, exigeraient d'autres constructions: arcere (Georg., III, 155), defendere (Buc., VII, 47), · certare (Buc., V, 8), pugnare (Aen., XI, 600); 73. enfin du datif de direction, à la place de l'accusatif avec ad: terrae (Georg., II, 289), — Austro (Georg., II, 187), etc.

74. C'est probablement de cette manière qu'il faut expliquer des tournures comme demittere morti et mittere neci (Aen., V, 691; XII, 514). 75. Accusatif. L'accusatif, chez Virgile, sert de complément à des verbes qui habituellement n'ont pas de régime direct, tels que ardere (Buc., II, 1), — ingemiscere (Buc., V, 27), — sonare (Buc., V, 64); on peut en rapprocher juro Terram pour juro per Terram (Aen., XII, 197), et le double accusatif avec transadigere (Aen., XII, 508). 76. Virgile, comme tous les poètes, fait un usage extrêmement fréquent de l'accusatif de relation, si souvent employé par les Grecs, et si précieux pour la rapidité de la phrase: crines ornatus (Buc., VI, 68), membra victus (Aen., IX, 336), etc.

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77. Il se sert aussi de ce que l'on appelle l'accusatif intérieur, c'est-à

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