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lon, de fleur de sehuc, de lis, de racine de buis, sont propres à conserver ou à rendre la fraîcheur du visage et de la peau. Ici les auteurs se justifient de donner une telle recette, en ce qu'il est permis aux femmes d'user d'auculns moyens qui embellissent et les font sembler jeunes affin de garder leurs maris d'aller en fornication et adultère.

La deuxième partie, qui traite de la vertu des herbes, nous apprend les merveilleux effets de l'armoise, bonne surtout pour provoquer les règles et guérir les fleurs blanches, la propriété qu'a la chélidoine de rendre la vue, recette connue des hirondelles, la vertu de l'hysope pour la toux, celle de la rue pour faciliter les urines, celle de la creve ou cive pour refroidir les sens, celle de l'ortie contre l'ardeur amoureuse, etc., etc, etc.

La troisième partie, celle des recettes, nous donne, contre la goutte, le remède suivant : prenez oint de pourceau frais, racine de persil, racine d'ysope, et graine de genièvre; puis cuisez tout ensemble très bien en un pot neuf de terre couvert très bien deux jours et une nuit; mettez bon vin blanc dedans tant que la matière soit bien confite, et puis la coulez bien parmi deux touailles, et mettez-en une boîte pour garder, et oignez-en la goutte.

Le second traité comprend le régime contre la pestilence. Le premier préservatif est de prier Dieu, la glorieuse vierge Marie, et mesmement messeigneurs saint Sebastien et saint Roch, lesquels sont spéciaux intercesseurs envers Nostre Seigneur contre cette merveilleuse maladie. Nous n'entrerons pas dans le détail des moyens thérapeutiques proposés par les médecins de Bâle ; d'autant moins que ces moyens n'offrent rien qui soit saillaut par la science ou par l'étrangeté; mais nous rapporterons textuellement les conseils hygièniques de ces docteurs du xve siècle, parce qu'ils offrent des rapports frappans avec ceux que nous ont donnés nos docteurs en 1832, contre le cholera-morbus asiatique. «< Au temps qui est dangereux de pestilence on se doibt >> garder de trop manger, et de tous baings en général, et spé»cialement des estuves, de aer trouble comme nébuleux, plu>> vieux ou couvert de serain, ou aer de nuict; de soy courrou» cer, et de mélancholie, de mauvaises odeurs, de froid, de » lait, de tous fruitages pierreux, comme pêches, prunes, ce>> rises et aultres semblables; et ne porte point ton urine trop >> long-temps avecques toy. Ne bois point sans avoir soif, et te » garde de compaignie de femme et de excessive paour. Ta viande » doit estre mêlée avec un petit de vinaigre, et principalle>>ment quand le temps est chauld et la personne chaulde. Le

» matin, quand tu leveras, et n'estant point fort tcs membres, >> te habille chauldement, et te pourmelne bien, et ne soie pas >> long-temps sans déjeuner. Lave tes mains souvent en eau sa» lée; ne te travaille point trop de quelque labeur que ce soit, >>et tiens ta teste et tes pieds chaulds. »

Ces préceptes, reconnus excellens, sont reproduits en vers à la fin de ce livre, demeuré inconnu à nos bibliographes. L'exemplaire que nous possédons vient de la bibliothèque de M. Langs de Londres. Il n'est pas ébarbė.

LES LUNETTES DES PRINCES,

Avec aulcunes Balades et Additions nouuellement composées par noble hōme Jehan Meschinot, en son vivant grant maître de l'Hostel de la royne de France. Icy finissent les Lunettes des Princes, imprimées à Paris par Philippe Pigouchet. lan M.CCCC. quatre vingt et dix-neuf, pour Simon Vostre, libraire, demourant en la rue Neufve Nostre Dame, à l'enseigne Saint Jehan levangeliste. I vol in-8 gothique, de 108 feuillets, très rare.

M. Brunet, qui parle de cette édition sous le No 8728, dit que ce précieux livre (précieux par sa rareté) fut imprimé, pour la première fois, à Nantes, chez Estienne Larcher, en 1493, 1 vol. pet. in-4 gothique. Jehan Meschinot, qui fut maître d'hôtel du duc François II de Bretagne, puis de la reine Anne, y est qualifié de seigneur de Mortières. Ce poète, homme de cour, mourut en 1509. Il ne paraît pas qu'il se soit fort engraissé à la table des ducs de Bretagne; aussi était-il fort triste, comme l'indique le surnom qu'il prit de Banni de Liesse. Notre édition de 1499 porte en tête du premier feuillet, sur lequel est gravé sur un frontispice en bois le chiffre P. P., le nom entier de Philippe Pigouchet. Nous remarquerons que le livre est imprimé sans points ni virgules.

(1493-1499.)

Cet ouvrage de morale, dont l'abbé Goujet ne nous dispense pas de parler, est une macédoine de vers et de prose, mais plus souvent de vers, composée dans le but de retracer aux grands de la terre leurs méfaits et leur néant.

« Les grants pillent leurs moyens et plus bas
Les moyens font aux moindres maitz cabas

Et les petits s'entre-veulent destruire, etc., etc., etc.>>

Le lieu commun n'est pas traité ici selon la manière d'Horace, pas plus que dans le passage qui suit, sur le malheur et la nécessité de la mort:

<< O mort, combien ta mémoire est amère !

Tu n'as en mal seconde ne première!
On ne te peut descripre bonnement;
Plus a en toi de douleur et tourment
Que comprendre ne peut entendement

Soit de Platon, de Virgile ou Homère, etc., etc. >>

Suivent de tristes complaintes sur la mort du duc Jean de Bretagne: Mais quoi! le roi David, prophète pacifique. —Et Salomon saige dict en publicque. - Eux-mêmes ont dû trespasser

- Or donc chascun doibt y passer. Voilà qui conduit le poète au dégoût de toute chose et de toute personne :

« Il ne me chault de Gaultier ne Guillaume

Et aussi peu du roy et son royaume;

Je donne autant des rez que des tonduz, etc., etc.»

Il entre bien quelques regrets des plaisirs évanouis, dans cette philosophie chagrine :

J'ay eu robes de martres et de Bievre,
D'oyseaulx et chiens à perdrix et à liévre;
Mais de mon cas c'est piteuse besogne,
S'en cellui temps je fus jeune et enrieure
Servant dames à tours, meung sur yeure,

Tout ce qu'en ay rapporté, c'est vergogne, etc., etc., etc.

Ce retour mélancolique sur le passé mène bientôt le Banni de Liesse à des pensées religieuses et à de pieux conseils adressés à son lecteur :

Quant tu liras le Romant de la Rose,
Les faicts romains, Jules, Virgile, Orose
Et moult d'autres anciennes histoires,
Tu trouveras que mort, en son enclose,
A prins les grants et a leur bouche close
Desquels encor florissent les mémoires
Par leurs bienfaits et œuvres méritoires.

Rends-toi à Dieu et ton courage change!
Rends-lui honneur, rends-lui gloire et louange!
Recognois-le pour ton Seigneur et maistre,
Car envers toy n'a pas esté estrange,
Mais t'a baillé ame qui, sans estre ange,

N'a pareille créature en son estre, etc., etc., etc.

Vient ensuite une excellente recette :

Pour parvenir doncques à grant science
Un livre auras qui a nom conscience
Où tu liras choses villes et nettes :
Fuy les ordes, et destruy com si en ce
La mort estoil: pren tout en pacience

Et te repens de tes façons jeunettes;
Mais pour plus cler veoir, te fault lunettes

Qui discernent les blanches des brunettes, etc., etc., etc.

Ces lunettes sont merveilleuses: le verre de droite est la prudence, le verre de gauche est la justice, et ces deux verres sont joints entre eux, sur le milieu du nez philosophe, par un clou qui est la tempérance. J'ai grande foi au clou, pour ma part, ayant lu, dans l'Imitation de Jésus-Christ, ces belles paroles: Frena gulam et omnia vitia frenabuntur. Peu après la description des Lunettes morales et l'indication de leur usage, finit la première

* Orose est bien choisi pour la rime.

partie des Ballades. Une Oraison en prose, intitulée Oraison de l'Acteur (c'est à dire de l'auteur), succède à ces Ballades, et précède un songe également en prose, où les Lunettes jouent leur rôle, mais qui, du reste, est si confus, que l'analyse en serait difficile. Après le songe, le poète nous donne un long et ennuyeux poème octosyllabique, lequel commence ainsi :/

Homme misérable et labile

Qui va contrefaisant l'habile
Menant estat désordonné,

Croy qu'enfer est de lor donné

A qui ne vivra sainctement, etc., etc., etc.

Quinze feuillets de distiques arrivent à la suite du poème. En voici un échantillon:

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S'ensuivent xxv Ballades composées par le dict Jehan Meschinot sur xxv Princes de Ballades, ou Ballades adressées aux Princes et à lui envoyez et composez par messire Georges ladventurier, serviteur du duc de Bourgogne. Ce fleuve de Ballades, pour me servir du langage de Meschinot, n'est pas trop navigable pour nos intelligences modernes. Messire Georges ladventurier y donne, au surplus, des avis très sages aux princes menteurs, avares, inconstans, amis de la guerre, égoïstes, envieux, prodigues, etc., etc., etc. Ces Ballades sont souvent précédées d'un verset de l'Écriture sainte. Après elles, on voit une commémoration, en vers, de la Passion de Jésus-Christ, et premièrement de l'oraison qu'il fit au Jardin des Olives.

S'ensuivent les nouvelles additions. S'ensuit une supplication que fist le dict Meschinot au duc de Bretaigne, son souverain seigneur. L'homme ne vit pas seulement de lunettes morales, il lui faut encore du pain. C'est ce dont le Banni de Liesse, s'étant aperçu dans sa misère, s'autorise pour demander à son patron de le secourir. La requête est faite en termes assez curieux pour que nous devions l'extraire : « Supplie très humblement vostre » poure vassal, loyal subject et serviteur, nommé le Banni de » Liesse, à présent demeurant au diocèze d'infortune, parois» sien d'affliction, et voisin de désespoir... Exposant, comme » dès son jeune âge, il a continuellement servi messeigneurs » vos prédécesseurs, les ducs Jehan, François, Pierre et Artus...

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