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» Un larron, publiquement ennemi de humanité, appelé mal» heur, demourant de tout temps avec Fortune, accompaigné » d'une vieille maigre déchirée, laquelle est nommée Pauvreté, >>>ontincessamment guerroyé et poursuivi ledict suppliant...; ont, >> en conduisant leur cruelle inimitié, expolié le dict suppliant, » de cinquante ans et plus (ceci nous apprend que Meschinot » était né avant 1437), et qui pis est, ont faict commandement » exprés à fureur, souci, ennui et douleur, leurs armuriers de » mille ans, de forger; audit Banni de Liesse, ung pesant har»nois à double soulde, dont les étoffes sont d'acier de mélanco>> lie mistionné d'aigreur, etc., etc., etc. Qu'il vous plaise, mon » souverain seigneur, commander à Honneur, procureur géné>>ral de vos entreprises, soy adhérer avec le dict suppliant... Ce >> faisant, vous le réformerez, en changeant son nom et lieu de » sa demeure, etc., etc., etc., priant Dieu à jamais qu'il lui >> plaise vous donner paix et repos d'esprit, aise, santé d'ame » et de corps, honneur, bonne vie et longue durée, avecques >> tout ce que vostre noble cœur desire. Amen. »

Ce n'était pas, du moins, sur ce ton bassement et ridiculement piteux que Marot demandait l'aumône à François Ier; mais pourquoi nous attacher à la guenille de ce pauvre homme? C'est à la pourpre ducale et royale qu'il faut nous prendre ici, car si la misère, à genoux, soulève les cœurs nobles, l'ingrat égoïsme de la puissance opulente, envers ses serviteurs, n'offre pas un spectacle moins digne de mépris ; et il y faut joindre l'horreur. Au surplus, un grand enseignement ressort de la vie du Banni de Liesse; c'est le cruel degré d'infortune auquel peuvent conduire les Ballades. Il vaut presque toujours mieux faire des souliers que des Ballades.

Jehan Meschinot ne supplie pas seulement le duc de Bretagne; il supplie aussi Dieu, (bon pour celui-là!)

Dieu père par création,

Et père de recréation, etc., etc., etc.,

de venir à son aide, A cette nouvelle requête succèdent divers Rondeaux; une briève lamentation et complainte sur la mort de madame de Bourgogne, faicte à la demande de monseigneur de Crouy quand il vint en Bretaigne devers le duc, lequel piteusement se douloit du cas advenu; plus une Oraison de NostreDame, et commence chacune ligne par l'une des lettres de l'Ave Maria; plus d'autres poésies mêlées; plus une Ballade faite pour la duchesse Marguarite de Foix, quant elle vint en Bretaigne; plus des Litanies sur l'Amour sodale, l'Amour vicieuse et l'A

mour folle, où l'on voit ce que prescrivent et savent faire ces trois amours. L'Ouvrage, ou plutôt le Recueil, se termine par deux ou trois dernières Ballades et autant de Rondeaux; plus un dialogue entre la Mort et l'Honneur humain, qui pouyait être fort intéressant, et qui ne l'est guère. Jean Meschinot ne manque pas de sens, tant s'en faut; mais il n'a ni goût ni génie. Son livre n'en est pas moins recherché des amateurs, qui le paient volontiers 100 francs en 1832, tandis qu'ils ont un Boileau pour 20 sous et moins. C'est que les Lunettes des Princes sont, ainsi que nous l'avons dit, d'une extrême rareté, probablement par un effet de leur peu de mérite même qui en aura fait négliger la conservation.

LE VERGIER D'HONNEUR,

Nouuellement imprimé à Paris. De l'Entreprinse et Voyage de Naples; auquel est comprins comment le roi Charles, huitiesme de ce nom, à banniere desployée, passa et repassa, de journée en journée, depuis Lyon jusques à Naples, et de Naples jusques à Lyon. Ensemble plusieurs aultres choses faictes et composées par revérend père en Dieu, monsieur Octavien de Saint-Gelais, évesque d'Angoulême, et par maistre André de la Vigne, secrétaire de la royne, et de monsieur le duc de Savoye, avec aultres. On les vend à Paris, en la grant rue Sainct-Jacques, à l'enseigne de la Rose blanche couronnée (sans date). Un vol. in-fol., gothique, à deux colonnes, contenant 127 feuillets, avec des signatures de AAIIII., frontispice et figures en bois. (Edition très rare, qui paraît antérieure à celle de Paris, Jehan Trepperel, quoique Panzer fasse remonter cette dernière à l'an 1495.)

(1495.)

Maître André de la Vigne, au lieu de commencer simplement sa curieuse chronique de l'expédition de Charles VIII, laquelle est écrite moitié en vers, moitié en prose, la fait précéder, selon le goût du temps, d'une fiction poétique. Il suppose que, pendant son sommeil, dame Chrétienté, fille du prothoplasmateur, est venue lui conter ses doléances; ce qu'ayant entendu dame Noblesse, sa chère amye et sœur dilective, cette bonne dame est accourue pour la consoler et lui promettre la guerre de Naples, qui n'intéressait guère, soit dit en passant, dame Chrétienté. Majesté royale paraît, sur ces entrefaites, et scelle de sa parole les promesses de dame Noblesse. Plusieurs conseillers, qui du reste avaient grande raison, essaient en vain, par des rimes rétrogrades, de faire abandonner à Majesté royale son généreux dessein; l'entreprise est résolue. Maître André de la Vigne est content, aussi bien que dame Chrétienté; il chante un hymne en l'honneur du roi et se met en devoir de raconter comment Charles VIII alla de Lyon à Naples avec une armée, pour s'en revenir, après quatorze mois d'absence, de Naples à Lyon. Voila bien un début de secrétaire qui ne sait rien ou ne veut rien dire de ce qu'il sait. C'est dans Guichardin, et surtout dans Comines, qu'il faut chercher le nœud de cette pitoyable et vaillante expédition. On y verra comment elle fut suggérée à un roi

usurper

de 22 ans, brave, mais inhabile, par Ludovic Sforce, qui avait besoin, pour un moment, de la présence des Français en Italie, pour le duché de Milan sur Jean Galéas Sforce, son neveu allié par sa femme Isabelle à la maison d'Arragon, souveraine de Naples; comment ce double traître mit dans ses intérêts les deux ministres de France dirigeans, savoir, à prix d'or, le sénéchal Estienne de Vers ou de Vaese, et par l'appat d'un chapeau de cardinal, le trésorier des finances, évêque de Saint-Malo, Briçonnet; enfin comment Ludovic, ayant une fois rempli son but de refouler l'armée du prince d'Arragon dans le midi de l'Italie, pour empoisonner son neveu tout à son aise et voler la souveraineté de Milan au successeur naturel en bas âge, n'eut rien de plus pressé que de se faire un mérite auprès du roi des Romains, des Vénitiens, du pape et du roi de Castille, d'écraser les Français, et que d'ourdir, à cet effet, une ligue odieuse avec les princes sus-nommés. Nous remarquerons, à ce propos, que Ludovic Sforce, dit le More, put, aussi bien que Borgia, servir de type au héros du Traité du Prince; mais, malheureux comme lui, il prouve, par sa destinée, que Machiavel, en dépit de ses panegyristes, a montré, dans sa théorie de domination, plus de cruelle subtilité que de haute prudence. Le penseur méchant n'est jamais assez profond. Venons au Vergier d'Honneur :

<< Mille quatre cens quatre vins et trèze *
» Le roy Charles, huictème de ce nom
>> Pour répulser l'iniquité maulvaise
»Du roy Alphons qui tenait à malaise
» En bon pays plusieurs nobles de nom
» Aussi pour los, gloire, bruict et renom

» A main armée, en brief temps conquester,

>> Il entreprint de Naples conquester, etc., etc., etc. »

(* Lisez, pour la mesure comme pour la vérité, quatre-vingt-un et treize.)

Après avoir fait, à grands frais, d'assez minces préparatifs, le roi de France vient à Lyon le 13 mai 1494. C'est là qu'est le rendezvous de l'armée. Il envoie, par terre, le duc d'Orléans (qui fut depuis Louis XII), avec des gens de guerre, vers Milan, Gênes, Venise, Florence, Lucques, Pise, etc., puis met ordre aux affaires de son royaume, nomme régent monsieur de Bourbon, et part pour Vienne en Dauphiné, avec la reine et toute la cour. De Vienne, le 22 août, à la côte Saint-André; le 23 à Grenoble. La ville était tendue et accoustrée parmy les rues à grant tapisseries. Six journées de séjour à Grenoble. On renvoie les chariots qui n'auraient pu passer les monts d'Embrun, et tout le bagage se met sur des mulets :

Fardeaux, paquets, grans bahus, malles, coffres,

Broches, chenets, poilles, pots de fer aux gauffres, etc.,etc.,

et le roi défend à tous de rien prendre sans payer.

Noms de ceux qui furent envoyés en mission dans les principales villes d'Italie. Jehan de Chasteaudreux, Hervé du Chesnoy, Adam et Adrien de Lille, en Lombardie; Jehan de Cardonne, à Florence; Brillac, à Gênes; Gaulchier de Tinteville, à Sienne; à Milan, Rigaut ou Regnault d'Oreilles ; à Lucques, le seigneur de Couan et don Juan; Louis Lucas, encore à Milan; le seigneur de Bouchaige et Montsoreau, à Venise. Plus tard, on y envoya le seigneur d'Argenton (Philippe de Comines), et bien en prit. Le seigneur d'Aubigny fut dépêché avec des troupes, dans la Romanie, à la rencontre de Frédéric d'Arragon, frère du roi Alphonse, qui ne l'attendit pas, et commença une retraite précipitée qui rendit le séjour du seigneur d'Aubigny, dans cette partie, aussi facile que le fut, par la même cause, la marche du roi sur Naples. Monsieur d'Autun, le général Bidant, et monseigneur le président Quesnoy, allèrent en ambassade à Rome auprès d'Alexandre VI (Borgia).

Noms des chefs de l'armée: Monseigneur d'Orléans conduisant l'avant-garde à Asti. On le laissa depuis dans ces contrées, où il ne fit pas grand'chose qui vaille pour s'être enfermé dans Novare, qu'il occupa stérilement, au lieu d'aller au devant du roi, à son retour, et de gêner la réunion des confédérés; Messieurs de Bresse, de Montpensier, qui fut laissé à Naples ; de Foix, de Ligny Luxembourg, de Vendôme, Engilvert de Clèves, de la Trémouille, qui se couvrit de gloire à Fornoue; d'Aubigny, Jean Jacques, prince de Salerne ; les trois marquis de Saluces, MM. de Pienne, de Rothelin, les maréchaux de Gié, Rohan et de Rieux; les sénéchaux de Beaucaire, de Normandie et d'Agenois. Le compilateur de ce recueil, qu'il lui soit permis de le dire, avait, dans cette armée, un de ses auteurs qui occupa le poste de lieutenant du vicomte de Lanzac, nommé gouverneur de Naples sous M. de Montpensier.

Noms des mignons et familiers du roi : Bourdillon, Balzac, Lachaulx, Galliot, Chastillon, George Edoville, Paris, Gabriel et Dijon.

<< Pour assaillir un féminin donion

>> Trop plus propres que dix autres milliers, etc., etc.»> Chandyot, le bailli de Vitry, Jehannot du Tertre, Perot le Vacher, René Parent, le bailli de Saint-Pierre-le-Moustier, Jehan de Fasnay, du Fau, Pierre de la Porte, de Valletantpierre,

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