صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

OPUS MERLINI COCAII,

POETE MANTUANI MACARONICORUM.

Totum in pristinam formam per me magistrum acquarium lodolam optime redactum, in his infra notatis titulis divisum : 1o. ZANITONELLA, quæ de amore Tonelli erga Zaninam tractat; quæ constat ex tredecim sonilegiis, septem eglogis, et una strambottolegia.

2o. PHANTASIE MACARONICON, divisum in viginti quinque macaronicis, tractans de gestis magnanimi et prudentissimi Baldi.

3o. MOSCHEE FACETUS liber, in tribus partibus divisus, et tractans de cruento certamine muscarum et formicarum.

49. LIBELLUS epistolarum et epigrammatum ad varias personas directorum. Tusculani apud lacum Benacensem. Alexander Paganinus M.D.XXI. die v januarii. 1 vol. in-16 de 272 feuillets sans l'Epître à Paganino; figures en bois, caractères italiques.

Cette édition des poèmes macaroniques de Théophile Folengi ou Folengio, dit Merlin Cocaïe, est rare et précieuse. La première, qui fut imprimée à Venise en 1513, est moins complète. Celle de 1692, pet. in-8, figures, Amsterdam (Neapoli), chez Abraham, à Someren, ne lui est préférable que parce qu'elle est plus belle et en lettres rondes. On ne croyait cette dernière tirée que sur deux papiers; mais le hasard m'ayant fait conférer mon exemplaire non rogné avec l'exemplaire en grand papier, aussi non rogné, qu'en possède M. Renouard, la découverte inattendue que le mien avait un demi-pouce de plus de hauteur que celui du savant libraire nous a révélé qu'il y avait un très grand papier (charta maxima) de cette édition de 1692, lequel a de hauteur pouces lignes. La traduction fran. caise, en prose, imprimée à Paris en 1606 et en 1734, sous la date de 1606, en 2 vol. in-12, ne porte point de nom d'auteur. M. Barbier lui-même.ne fait pas connaître ce traducteur qui, du reste, n'a traduit que les 25 chants du poème des Gestes de Baldus, et l'horrible bataille des Mouches et des Fourmis. Il y a un grand papier de cette traduction sans texte, lequel est fort rare, ne paraît pas avoir été connu de M. Brunet, et dont nous avons un exemplaire non rogné, portant pouces lignes de hauteur.

[ocr errors]
[ocr errors][ocr errors][merged small]

Thomas Folengi, créateur de ces poèmes satiriques et bizarres pour donner sans doute plus de piquant à ses saillies et en même

temps voiler ses hardiesses, se servit d'un langage mêlé de mots latins, toscans, français, tudesques, mantuans, brescians, bergamasques, appelé pour cette raison macaronique, du nom des macaronis italiens, qui sont, comme on sait, un mets composé d'ingrédiens divers, langage faux, burlesque, plus propre à gâter le goût qu'à seconder l'imagination, il est vrai; mais dont il faut avouer que le chantre de Baldus, bien supérieur à ses nombreux émules, a fait usage avec beaucoup d'art, de génie même et une harmonie souvent très heureuse. Ce poète (car c'est un véritable poète en habit d'arlequin) était un savant religieux du xvIe siècle, natif de Mantoue, qui, après avoir souffert plusieurs persécutions pour ses licences, et s'être tiré d'affaire autant de fois par la protection de quelques princes italiens, notamment de Ferdinand de Gonzague, mourut dans l'Etat de Venise, au monastère de Sainte-Croix de Campesio près Bassano, le 9 décembre 1544, sous le pontificat de Paul III, (Alexandre Farnese), pape célèbre qui assembla le concile de Trente, fit avec l'empereur et les Vénitiens une ligue inutile contre les Turcs, chercha vainement à réconcilier CharlesQuint avec François Ier, établit l'inquisition à Naples, approuva l'institut des jésuites, et se conduisit, à l'égard de Henri VIII d'Angleterre, avec une rigueur si peu sensée et si fatale au Saint-Siege. Nous rappelons ces fails parce que Folengi les rappelle souvent dans ceux de ses écrits qui sont postérieurs aux poèmes dont nous allons parler. Quant aux allusions historiques renfermées à toutes pages dans ces poèmes, il convient, pour les expliquer, de remonter de 1513 à 1500, époque où ils parurent pour la première fois; c'est à dire aux pontificats d'Innocent VIII (Cibo), qui suivit Sixte IV et dont les mœurs étaient si dissolues; d'Alexandre VI (Borgia), qui souilla la chaire de saint Pierre, pendant les onze années de son règne, par ses meurtres, ses sacriléges, ses débauches et sa honteuse simonie, plus que n'avaient fait tous ses devanciers pris ensemble; de Pie III (Todeschini), qui ne siéga que vingtet un jours; et enfin, de Jules II (la Rovère), pontife guerrier et politique, devenu l'arbitre de I'Italie en se liant d'abord, par la ligue de Cambrai, avec la France, et les autres puissances contre les Vénitiens, puis avec ceux-ci contre Louis XII; double jeu que son successeur Leon X n'imita pas avec succès. Tant d'intrigues, tant de guerres et de ligues faites et rompues, le tout pour asseoir, par la division, la suprématie temporelle de la cour de Rome en Italie; ces agitations perpétuelles et sanglantes, qui, avec les anciennes querelles du sacerdoce et de l'empire, forment toute l'histoire de ce

malheureux pays, avaient plongé ses habitans de toutes les classes et de tous les ordres dans une telle confusion de mœurs et de principes, que personne ne pouvait s'en taire, pas même ceux que le mal avait infectés. La littérature italienne du XVIe siècle retrace, en tout genre, directement ou indirectement, cet état moral, depuis l'épigramme jusqu'à l'épopée ; depuis le conte libertin jusqu'à l'histoire sérieuse. Les moines italiens, et c'est de leur part un grand trait de générosité ou d'effronterie, ne furent pas les derniers à censurer leur patrie et leur temps ni les moins hardis dans leurs tableaux et leurs satires. Folengi seul en serait un exemple frappant. Ses écrits sont remplis d'esprit, de verve maligne, de mouvement et de vie ; mais le style n'en est pas modeste, loin de là, et si loin que nous en avertissons les lecteurs de ces analyses, afin qu'ils se disposent comme des gens qui, pour aller chercher des fleurs, auraient à traverser une mauvaise ruelle, précédée d'un bourbier. Pour mettre le public tout d'abord au courant du style macaronique, nous citerons et traduirons le sixain pseudonyme de Jean Baricocole placé en tête des poésies de Folengi. Ce sixain est dirigé contre un certain Scardaffus qui avait défiguré les macaroniques dans une édition antérieure à celle de Lodola :

Hexasticon Johannis Baricocola.

Merdi loqui putrido Scardaffi stercore nuper
Omnibus in bandis imboazata fui.

Me tamen acquarii Lodolæ sguratio lavit;
Sum quoque savono facta galanta suo.
Ergo me populi comprantes solvite bursas;
Si quis avaritia non emit, ille miser.

Sixain de Jean Baricocole.

Le puant Scardafus à Merdi souffle haleine,
M'avait, dans tous les sens, d'ordure embarbouillé.
Le Verseau Lodola m'a tant et tant mouillé,

Que son savon m'a fait plus net qu'une fontaine.
Maintenant, pour m'avoir, peuples, boursillez tous,
Si lésine vous tient, ma foi, tant pis pour vous.

Venons, il en est temps, après ce long préambule, à l'examen des macaroniques dont peu de critiques ont parlé et encore très succinctement.

ZANITONELLA.

Le berger Tonellus, amant grossier, mais passionné de la belle vachère Zanina, est le héros des 13 sonnets, des élégies et de la

strambottologie de Merlin Cocaïe; bucoliques grivoises où l'on est étonné de trouver tant de graces et de sentiment. Le second sonnet commençant par ce vers:

Tempus erat, flores cum primavera galantas — spantegat, etc.,

et dans lequel Tonellus raconte comment il est tombé amoureux, est une pièce très jolie et très délicate. Nous en dirons autant du quatrième qui contient l'éloge des charmes de Zanina :

Stella Diana mihi se monstrat nonne politam,
Quum movet occhiodas bella Zanina suas?

Capra legera mihi dum saltat nonne videtur,
Quum ballat fomnæ gamba intenta meæ

?

Testa manus, gamba, venter, pes, coppa Zanina,
Sunt Sol, Luna, Venus, Capra, Lentus, Opes.

Quand ma Zanina charmante fait mouvoir ses yeux, n'est-ce pas l'étoile de Diane qui se montre à moi dans tout son éclat? Quand elle danse avec moi, jambe contre jambe, n'est-ce pas une chèvre légère qui folâtre? etc., etc., etc.

La première églogue offre une imitation de la première bucolique de Virgile. C'est un dialogue entre Tonellus, Philippe et Pedralus, en l'honneur du marquis Frédéric de Gonzague qui avait délivré le pays de Mantoue de la brutalité des soldats allemands, et, par ce moyen, donné un libre cours à la passion de Tonellus pour Zanina:

« Nos Todescorum furiam scapamus
>> Qui greges robant, casamenta brusant,
>> Feminas sforzant, vacuant vasellos,

>> Cuncta ruinant, etc., etc., etc.

>> Mantuæ princeps Fredericus istud,

>> Otium nobis dedit, ô Pedrale! etc., etc.

» Sit meus semper duca vel signorus, etc.»>

Nous sommes, grâces à lui, échappés à la furie de ces tudesques voleurs, de troupeaux, brûleurs de maisons, forceurs de femmes, videurs de tonneaux, et ruineurs de tout. C'est lui, c'est le prince de Mantoue qui nous a fait ce loisir, ô Pedralus, qu'il soit mon duc, qu'il soit mon seigneur à toujours! etc.

Tonellus s'étend sur les louanges de Mantoue à propos du prince Frédéric :

[merged small][ocr errors][ocr errors][merged small]

>> Prandeunt, coenant, caciant, osellant,

>> Carmina dicunt, etc., etc.>>

Mantoue est la meilleure des cités; les habitans de Mantoue sont bons et généreux. Mantoue engendre les princes des poètes; elle enflamme la jeunesse d'ardeur guerrière; elle abonde en grains, en troupeaux, en olives, en poissons et en vignes. On y vit dans une joie perpétuelle; on y danse au son des cornemuses, des flageolets et des flûtes. Là point de distinctions entre les gibelins et les guelfes. Les deux factions se confondent pour aimer, danser, festoyer, chanter des vers ensemble, etc., etc.

Le pauvre Pedralus, à l'exemple de Mélibée, répond à ces doux épanchemens par de tristes complaintes. Il rappelle les malheurs de Bresce, sa patrie, déchirée par les guerres avec les Français, les Italiens, les Espagnols, les Allemands, les Chatspelés, les Brisegueules, etc., etc. Il quitte ensuite Tonellus sans vouloir même accepter son toit pour une nuit..

La seconde églogue est encore une imitation de Virgile. Tonellus s'y plaint à sa maîtresse des rigueurs dont elle l'accable. Il lui dit de n'être pas si fière de sa blancheur, que la terre blanche donne souvent des moissons noires, tandis que la terre noire donne souvent des moissons blanches. Ce sont là des raisonnemens de bergers et d'amans; mais les amans et les bergers ne sont jamais plus aimables et plus naturels qu'alors qu'ils sont pires logiciens.

Dans la troisième églogue, qui nous paraît un petit chef-d'œuvre de passion, Tonellus aborde Zanina seule, couchée à l'ombre fatale d'un noyer. Il la flatte, la presse, lui dit tout ce que l'amour a de plus tendre et de plus vif. Zanina le reçoit avec des injures et le renvoie à sa chère Simone : il est évident qu'elle est jalouse. Tonellus fait de vains efforts pour effacer de l'esprit de son amie la folle idée d'un amour pour Simone, et lui reproche, à son tour, d'aimer Bertol. « Je n'aime ni Bertol qui m'a injuriée l'autre jour,

personne; je hais tous les bergers, reprend Zanina. - Tu ne » hais pas tous les bergers, tu aimes Bertol, et pourtant :

[blocks in formation]

« Je suis plus riche que lui. Si tu considères la beauté, >> plus beau que lui; si le chant et la musette, j'en sais plus » est noir; il boite, il balbutie d'une langue tardive; enfin il >> lumière d'un œil. »

[ocr errors]

:

[ocr errors]

certes je suis lui. Bertol manque la

N'importe je ne veux pas te suivre, Tonellus. Allons, mes » chèvres, allons-nous-en. Adieu, bergers, bois et fontaines! que ceux qui le savent le disent; l'amour est une démence. »

>>

[ocr errors]

La quatrième églogue continue la précédente. Mêmes plaintes de Tonellus; seulement les plaintes_deviennent plus amères et moins tendres. Elles sentent la fureur. Le sexe entier y est maudit à l'occasion des rigueurs de Zanina :

« السابقةمتابعة »