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bet bonne chance au baron Balde ou Baldus ainsi qu'à sa troupe, leur souhaite en souriant de triompher des puissances infernales, et le poème finit. Ce dernier chant vaut la peine d'être lu avec attention, car il renferme le vrai dessein de Folengi. En résumé, cet ouvrage, où brillent en grand nombre des beautés vraiment poétiques et morales, pèche par la fable. Les aventures y sont accumulées avec confusion, et sont comme autant de fils qui se rompent dans les mains de l'ouvrier, au lieu de

former un tissu suivi comme en sut faire le délicieux Arioste. On n'y retrouve même pas l'enchaînement de la quenouille d'Ovide. C'est un long poème à tiroirs et rien de plus; mais pour qui sait ce que vaut l'exécution dans les écrits dont l'imagination fait le premier mobile, il aura toujours du prix, à cause des traits excellens, des morceaux de verve et des peintures vives et animées dont il est rempli.

LES TROIS LIVRES DE L'HORRIBLE BATAILLE

DES MOUCHES ET DES FOURMIS.

PREMIER Livre. L'Homère macaronique a voulu aussi avoir sa batrachomyomachie. Sa bataille des mouches et des fourmis est une allusion aux querelles des petits souverains d'Italie, si mesquines dans leurs causes, si désastreuses dans leurs effets. En voici la courte analyse: Avalesang, roi du pays de Mousquée, est averti que les fourmis retiennent prisonnier son mestre de camp, le brave Chasse-Araigne. Il s'émeut, se met en campagne assisté du roi des taons, du prince des moucherons, du roi des papillons, etc., etc. Les armées se rassemblent en grand fracas. Force harangues sont débitées par les chefs. Enfin l'expédition étant préparée, on s'embarque sur une flotte formidable pour aller attaquer l'empire des fourmis. Tel est le sujet du premier livre, le plus froid de tous les ouvrages de Folengi.

2o LIVRE. Pendant les préparatifs d'Avalesang, le roi des fourmis, c'est à dire le sage Mâche-Grain ne s'est pas endormi. Soutenu des conseils de son ministre Myrnois, le plus prudent et le plus courageux de ses sujets, il a contracté alliance avec les poux et les puces, les blaireaux et la nation canine, aussi avec les araignées et les punaises si redoutables. Les mouches sont assaillies, durant leur navigation, par la tempête obligée. Toute leur armée s'épouvante à l'exception de l'inébranlable escarbot. Enfin Avalesang aborde heureusement chez les puces. Il

marche en bon ordre contre la cité de Test et se met en devoir de la bloquer. Déjà la famine s'y fait sentir, lorsque Mâche-Grain accourt avec une armée nombreuse, et l'horrible bataille commence.

3 LIVRE. Cet horrible combat ressemble à tous les combats du monde et n'offre rien de merveilleux que la patience du poète à multiplier sans fin les horions, les coups de rondaches, les invectives, etc., etc. Enfin les mouches sont anéanties, Le seul escarbot reste debout sur le champ de bataille. Dans la dé-, route ou la destruction universelle des siens, il se bat jusqu'à ce qu'écrasé par le nombre, il rend son ame courageuse (l'ame d'un escarbot)! laquelle s'enfuit dans le Phlégéton, et puis c'est tout.

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EPISTOLARUM

OBSCURORUM VIRORUM

Ad Dm. M. Ortuinum Gratium Volumina duo (auctore Ulric de Hutten).

(Ouvrage, dit le titre, compilé d'une masse de livres telle qu'un cuisinier diligent en pourrait faire cuire, pendant vingt années, ses œufs, ses oies, ses grues et ses cochons.)

Accesserunt huic editioni Epistola magistri Benedicti Passavanti ad D. Petrum Lisetum, et la complainte de messire Pierre Liset, sur le trépas de son feu nez (par Théodore de Bèze). Londini, impensis Henr. Clementis in cœmeterio ædis divi Pauli (1 vol. in-12 en 2 tom.). M.DCC.11 et M.DCC.XLII.

(1516-1702-1742.)

Voici peut-être le modèle des lettres provinciales. Il est certain, du moins, que si Pascal n'a point imité les lettres des hommes obscurs, il les rappelle, sous le point de vue comique, par le mordant de son ironie, sans les surpasser. Ces deux chefs-d'œuvre ne mourront point et feront même vivre les sujets comme les héros de la querelle qu'ils ont soutenue. Reportons-nous aux premières années du xvr siècle, pour mettre ceux de nos lecteurs qui ne connaîtraient pas le livre si plaisant que nous analysons, à portée d'apprécier son mérite et nos éloges. Vers la moitié du règne de l'empereur Maximilien, en 1509, la fermentation des esprits sur les matières de controverse religieuse qui s'était déjà cruellement manifestée en 1414, au temps de Sigismond, par la catastrophe de Jean Hus, à Constance, et plus tard sous Frédéric III, prit un caractère contagieux, ou, si l'on veut, épidémique, auquel l'autorité temporelle et spirituelle n'aurait pas dû se méprendre ; et pourtant nous croyons qu'elle s'y méprit, à voir tantôt sa confiante indulgence pour les beaux-esprits novateurs, tantôt sa rigueur excessive contre les sectateurs des idées nouvelles, une fois

qu'elles étaient répandues. C'est ainsi qu'après avoir accueilli, avec faveur, les Erasme, les Reuchlin, les Hutten, et même Luther, Zwingle et Mélanchton, elle ne laisse plus de repos à ces mêmes hommes, quelque modération que surent garder plusieurs d'entre eux. Jean Reuchlin, parent de Mélanchton, secrétaire du comte de Wurtemberg, puis comte palatin, que` son caractère tempéré retint 'toujours, ainsi qu'Erasme, sur les limites de l'hérésie et de l'orthodoxie, commença, sans le savoir, dans Cologne et dans May ence, par des escarmouches très vives, la guerre que Luther et ses émules étendirent bientôt dans toute l'Europe. Ce fut d'abord une simple question de presse et de tolérance. Un Juif converti, nommé Pfeffercorn zélateur indiscret en sa qualité de nouveau venu, avait obtenu de l'empereur un édit pour faire brûler le Talmud et tous ceux des livres juifs qui contredisent le christianisme. Reuchlin, sous le nom de Capnion, qui signifie, en hébreu, fumée, faisant ainsi allusion à son nom de Reuchlin qui veut dire Fumée, en allemand, défendit le droit des Juifs, et soutint qu'il valait mieux réfuter leurs livres que de les brûler. Le Juif répondit par son Speculun manuale. Reuchlin répliqua par son Speculum oculare. Les docteurs de Cologne prirent parti pour le Juif. Ortuin Graes ou Gratius, principal du collège de Cologne, appuyé des docteurs de Paris, se rendit, avec Arnold de Tongres, le violent organe de leur intolérance. Alors arriva, au pauvre Reuchlin, un auxiliaire plein de génie, d'une famille illustre des bords du Mein, nommé Ulric de Hutten, bon soldat, bon poète et savant philologue, homme d'une intrépidité rare, d'une humeur aventureuse, et les Lettres des hommes obscurs vinrent égayer la scène en latin burlesque; livre d'un comique excellent dont Erasme savait par cœur des morceaux entiers, qui parodie le latin barbare des écoles, et auquel on prétend que Reuchlin et Jean Crotus Rubianus ont mis la main, mais nous n'en croyons rien. Cependant, c'est assez de préambule; essayons de reproduire la marche et les traits marquans de ce roi des pamphlets.

« Thomas Lêchenéderius, bacculaurier de théologie, au scientifique seigneur Ortuin Gratius, poète, orateur, philosophe, théologien, et plus encore s'il voulait.

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Quoniam, comme dit Aristote, il n'est pas inutile de douter de chaque chose, et quia nous lisons, dans l'Ecclésiaste, ces paroles : : « Il est bon de s'enquérir de tout ce qui est sous le soleil.»

Je me suis proposé de soumettre, à votre domination, une question sur laquelle j'ai du doute. Voici d'abord à quelle occasion cette question s'est élevée. Dans un dîner aristotélicien où je me trouvais avec des licenciés, des docteurs, nec non des maîtres, et où régnait une grande joie, nous bûmes, dès le premier plat, trois coups; puis nous, eûmes six plats de grosse viande, de gallines et de chapons, plus un de poissons frais; et nous mangeâmes de tous, un à un, en arrosant chaque plat de vin du Rhin et de cervoise de Neubourg. Les maîtres étaient fort contents, et les apprentis leur faisaient honneur. Une fois en gaîté, les maîtres se mirent à débattre diverses matières. L'un d'eux demanda si l'on devait dire magister nostrandus ou noster magistrandus, pour désigner une personne apte à devenir docteur en théologie, comme, par exemple, l'est maintenant à Cologne le père Mellifluant que nous nommons frère Théodoric, de Gand, de l'ordre des carmes, philosophe, argumentateur et théologien superéminent à quoi répondit maître Vuarinsemmel, subtil scotiste, maître depuis 18 ans, lequel fut deux fois rejeté et trois fois empêché, avant de prendre ses degrés de maîtrise, et toutefois ne se relâcha point qu'il ne fût promu, en sorte qu'il le fut enfin, et eut, depuis, de nombreux disciples, grands et petits, jeunes et vieux: « Messieurs, je tiens qu'il faut dire noster magistrandus, comme qui dirait homme ayant charge de faire » des maîtres, et la raison en est que notre Seigneur Jésus-Christ, qui est la fontaine de vie, fut appelé le maître, d'où nos doc»teurs sont appelés maîtres, et nul ne les doit contredire parce

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qu'ils sont nos maîtres, » Alors se leva maître André Delitsch, homme d'un génie pénétrant, mi-parti poète, mi-parti médecin juriste, qui lit d'ordinaire Ovide sur les métamorphoses, et il l'explique fort bien tant allégoriquement que littéralement, et je l'ai entendu, de même que je l'ai entendu expliquer fondamentalement, dans sa maison, Quintilien et Juvencus. Il se leva donc, et soutint qu'il fallait dire magister nostrandus, attendu qu'il y a une grande différence eutre magister noster et noster magister, la première locution signifiant celui qui montre la théologie, et la seconde, un maître quelconque, enseignant quoi que ce soit, science libérale ou métier mécanique. Là dessus il allégua Horace; les maîtres admirèrent sa subtilité; on lui porta un grand verre de bière de Neubourg; il se mit à rire en touchant son bonnet, et s'écriant: «< Epargnez-moi! Puis il but son verre tout d'une haleine, et maître Vuarmsemmel lui fit aussitôt raison. La compagnie demeura en hilarité ainsi jusqu'aux vêpres. Or tel est le sujet de ma consultation. Je me suis dit : « Maître Ortuin Gratius >> fut mon précepteur à Deventer durant que j'étais en troisième; il » me doit dire la vérité. » Vous ne me démentirez donc pas, mon vénérable, et, par la même occasion, vous me manderez où en est votre dispute avec le docteur Jean Reuchlin, quia l'on réAnalectabiblion. 1.

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