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Cela les mit en goût d'aller ruiner la cité d'Arles... L'épouvante, à leur approche, avait saisi les habitans...; mais le lieutenant de justice les rassure... J'irai trouver Montmorency, leur dit-il; je lui demanderai de vísiter nos murs et de nous aider à les défendre... Il dit, et cavalcando, eperonando, va trouver Montmorency dans Avignon la sainte, où sont de belles femmes pro rigolando... Montmorency répond oui d'un signe de tête et tient parole... Il visite la cité d'Arles et la met en état de se bien défendre, lui laissant le prince de Melfe avec Bonneval... Les gendarmes y affluent de toute part et se logent en maîtres dans les maisons... Les amis font bonne cuisine aux frais des habitans et les paient ensuite en jetant leurs meubles par les fenêtres et les piédauculant s'ils soufflent un mot du procédé... Telle est la guerre... Elle se fait toujours aux dépens de Jacques Bonhomme...

Triste quid est aliud bellum, quam missa per orbem
Publica tempestas, diluviumque domus?...

Les femmes les plus illustres, madame d'Alène, madame de Beaujeu portent elles-mêmes de la terre aux remparts dans des corbeilles... On est bientôt prêt à recevoir l'ennemi... Sur ces entrefaites, le marquis du Guast se présente... Il voit ces murailles hérissées de défenseurs... Il voit la cité d'Arles, entourée par le Rhône, le narguer comme une reine au sein des eaux... Il recule et bien lui prend, car s'il se fût obstiné, rudement il eût été frotté avant d'être jeté dans le fleuve... Vive la cité d'Arles! puisse-t-elle bragarder semper!... Le capitaine du Guast voulait prendre Tarascon, saccager Sainte-Marthe, passer par bateaux à Roses, traverser le Languedoc et regagner l'Espagne...; il se flattait... Tarascon et Beaucaire ne furent pas de son avis... Il retourne alors sur Marseille...; néant... Notre-Dame-de-laGarde garde Marseille... Quand l'imperlateur vit cette courageuse ville si bien fournie qu'elle était de soldats, de canons, de galères de toute grandeur: « Arrière, arrière, dit-il, le » diable ni César ne prendraient Marseille ; elle est trop vaillante >> et trop fortifiée... » Ce dit, il se retirecula et rejoignit son Antoine Leva qui, de présent, se moribondait d'éthysie, et qui lui fit l'allocution suivante: « César! fuge littus avarum! Fuyez >> la Provence!... Nous ne pouvons rien contre la fortune...; >> cette garce est pour la France... Fuyez! autrement les Fran>> çais sortiront de leur camp d'Avignon, et vous aurez sur l'é>> chine!... Je vais mourir... croyez m'en donc !... Retirez-vous >> en sage et galant homme !... » Comme il achevait ces mots,

le ribaud, il expira désespéré et s'en alla droit aux enfers... La, Pluto proserpinait le prince des diables avec les siens... Leva leur cria : « Je suis à vous...; je vous appartiens pour avoir conseillé >> d'attaquer la France..., pour avoir empoisonné le Dauphin à » Madrid... Il est vrai que je n'étais pas seul à verser le poison >> et que quelqu'un m'a bien adjudé comme le confessa le comte » de Montécuculi sous la main du bourreau... » Qui fut ratepenaudé par la mort d'Antoine de Lève? ce fut Janot l'imper Îateur... Îl ne mangeait ni ne dormait plus... Antoine! mon ami! que deviendra mon empire sans toi?... Maudite mort! maudit destin!.. Tandis que l'imperlateur se morfondait ainsi en hélas, un messager survient qui lui apporte de méchantes nouvelles d'Avignon... Le roi François est arrive au camp... Sa vue a enflammé ses troupes... Un cri a retenti: France! France vivat... Les larmes coulaient de tous les yeux, les canons tonnaient, les arquebuses pétaient, les étendards flottaient, ensemble les banderolles... On eût dit que le paradis avec les chérubins descendait sur terre... Notre roi était armé de pied en cap... Le coursier qu'il montait, bardé de fer et d'or ciselé, bondissait sous lui sans le secours des éperons... Il n'y a point, dans l'univers, de si gaillarde lance que notre roi... C'est la guerre qui l'a créé... Guerra creavit illum... Avec cela, doux au peuple et bon compagnon pour tous... Les seigneurs de France l'escortaient ayant le grand maître Montmorency à leur tête... Le camp est levé... L'armée s'avance d'Avignon... Elle forme bien 100,000 hommes avec les paysans qui s'y joignent, et la présence du roi seul en vaut 20,000... A cette approche formidable, Janot se met à pleurer... « Hoïmé, soldats, dit-il aux siens, la fortune » est une ribaude... ; prenez sur vous pour cinq jours de pain » et détalons d'ici faute de quoi nous ferions triste fin... » Ces mots à peine achevés, vous eussiez juré que trente mille diables remuaient la plaine d'Alhan..., et le boute-selle de sonner, et les chevaux de galoper toupatata patatou... A l'étendard!... Heli! Heli!... en Italie!... détalons!... Si France nous prenait, ce ne serait pour nous péché véniel... « Dieu! je suis deshonoré!... >> moi qui ai vaincu le Turc, qui ai pris Tunis, qui ai fait sauter » les galères de Barberousse, moi forcé de me retireculer sans >> livrer bataille!... » Ainsi se désolait l'imperlateur, et cependant il cherchait à prix d'or, parmi les paysans, quelques espions qui voulussent aller à la découverte de la marche des Français......; mais il n'en trouva pas un seul dans toute la Provence... La retraite des impériaux une fois commencée, le roi de France dépêcha contre eux le sénéchal et le comte de Tende... On les

poursuivit l'épée dans les reins... Les paysans s'y mirent, et chaque jour on tuait de ces ribauds à belles douzaines...

Propter Hispanos mortos et lansquenetos,
Patria, pro vero, fœtida tota manet.

Enfin Janot confia les débris de son armée au marquis du Guast qui, vaille que vaille, les ramena en Italie, pendant que lui, honteux et dolent, fut conduit à Gênes sur les galères de Doria... Vaillant roi de France! grâces vous soient rendues!... vous nous avez sauvés!... vivez à jamais !... que votre glorieuse mémoire soit impérissable!... et donnez à votre serviteur un petit emploi pour banqueter... Sire! avisez-y... Je ne veux qu'une épouse qui soit vierge, riche, belle et sage, pour vous chanter, pour vous bénir!... O rex bone! vole!

Moi, Antoine Aréna, j'écrivais ceci étant avec les paysans de Provence, par les bois, montagnes et forêts, lorsqu'en l'année 1636 l'empereur d'Espagne et toute sa gendarmerie, faute de pain, dévastaient nos vignes et vinrent puis après foirer sans clystères dans la ville d'Aix.

Il y a beaucoup de verve et d'esprit dans cet ouvrage. Toutefois Aréna ne vaut pas Merlin Cocaïe, il s'en faut de toute la distance de l'esprit au génie.

NOUVELLE MORALITÉ

D'UNE PAUVRE FILLE VILLAGEOISE;

Laquelle ayma mieux avoir la teste coupée par son père que d'estre violée par son seigneur; faicte à la louange des chastes et honnestes filles, à quatre personnaiges, sçavoir: le Père, la Fille, le Seigneur et le Valet.

Imprimé sur un ancien manuscrit, et inséré dans la collection de différens ouvrages anciens, poésies et facéties, dite le Recueil de Caron (1), faite et publiée par les soins de Pierre-Siméon Caron. Paris, 1798–1806, 11 vofumes petit in-8, dont il n'a été tiré que 56 exemplaires, dont 12 en papier vélin, 2 en papier bleu, 2 en papier rose, et un seul sur peau de vélin. (Voir, pour les détails bibliographiques et biographiques relatifs à cette rare collection, l'ouvrage curieux et savant de M. Charles Nodier intitulé: Mélanges tirés d'une petite bibliothèque.)

ET

MORALITÉ NOUVELLE TRÈS FRUCTUEUSE

DE L'ENFANT DE PERDITION,

QUI PENDIT SON PÈRE ET TUA SA MÈRE:

Et comment il se désespéra. A sept personnaiges, sçavoir : le Bourgeois, la Bourgeoise, le Fils, et quatre Brigands. A Lyon, chez Pierre Rigaud, 1608.

Réimprimé sur le seul exemplaire connu, lequel se trouvait dans la bibliothèque de Louis XVI, à Versailles, et se voit maintenant dans la bibliothèque royale, et inséré dans le précieux Recueil de Farces gothiques rares, fait et publié à très petit nombre d'exemplaires par les soins de M. Crozet, libraire. Paris, 1 vol. pet. in-8 contenant 19 pièces. 1827-28.

(1536-40-1608-1798-1827-29.)

Il y a, nous le pensons, une instruction littéraire importante à tirer du rapprochement de ces deux moralités, dont l'une est

(1) On ajoute quelquefois à cette collection plusieurs pièces du même genre qui lui sont étrangères. Notre exemplaire, relié par Lewis, en Angleterre, contient, par exemple, 23 pièces; mais le recueil est complet avec les 12 articles énoncés par M. Brunet, dans son Manuel du Libraire et de l'Amateur.

pathétique, celle de la chaste villageoise, et l'autre horrible, celle de l'enfant de perdition. C'est, en effet, dans ces premiers efforts de l'art que les vrais principes qui le constituent deviennent frappans d'évidence. Il n'y a pas moyen de s'y tromper à une époque où ils agissent pour ainsi dire d'eux-mêmes, et sans le secours des prestiges que, plus tard, un style plus élégant, une plus grande expérience des effets de la scène peuvent leur prêter. On voit donc ici clairement que l'intérêt dramatique, ainsi que l'a proclamé Aristote, consiste dans les situations et les caractères mixtes, ceux où la terreur et la pitié se balancent, et non dans les extrêmes qui excitent l'horreur ou le mépris. Nos poètes modernes feront bien de méditer là dessus.

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En rangeant la première de ces deux moralités sous l'année 1536, et la seconde sous l'année 1540, sans dire pourquoi, les frères Parfait ont probablement fait une transposition; et très certainement ils ont commis cette erreur, si, comme nous penchons à le croire, les deux ouvrages sont de la même main très habile; c'est à dire toujours, selon nous, de Jean Bouchet : car il n'est pas présumable qu'un auteur, une fois qu'il a découvert le secret capital de l'art, l'oublie ou n'en tienne compte. Quoi qu'il en soit, voici l'analyse de ces moralités remarquables qui compléteront ce que nous avons cru devoir recueillir en ce genre, parmi plus de trente pièces que les curieux nous ont transmises. Moralité de la pauvre fille villageoise. Le père commence en ces mots : Ma fille! Que vous plaît, mon père ? —Ne m'est-ce pas douleur amère que Dieu ait défait mon ménage? - Père! cessez ce desconfort, etc., etc.— Servir je vous veulx pour certain-tant qu'il plaira au créateur.-Fille! tu m'éjouis le cueur! Quand j'entends ta douce loquence, ta bonté passe ma douleur, etc., etc. Mon père! il est temps de diner;-vous plaistil ceste busche fendre? Ce tableau des soins du ménage à l'aide desquels cette tendre fille cherche à distraire le veuvage de son père est une peinture digne d'Homère ou de la Bible; et le père, qui termine cette scène antique par des louanges à Dicu, y met le sceau de la perfection. Mais voici un contraste terrible qui va commencer l'action. La scène change; le seigneur du lieu paraît suivi de son valet et vêtu de beaux habits. Que dit-on de moy quand je vais par voye? Suis-je pas

beau?

On dit que d'icy en Savoie

net. Ha!

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n'y en a pas un aussi

que tu es un bon valet! etc., etc. *Mais je sens

amoureuse jeunesse, etc., etc. Se tu sçais fille ne princesse, •pour m'esbattre, si la recorde!

J'en sçay une, etc., etc. Mais son chaste cueur homme n'aborde, etc., etc. Par

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