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ma foy! j'en suis fèru: — Qui est-elle ? - La fille au pauvre Groux-Moulu, Esglantine au beau corps menu. - Son père est mon vassal; va le trouver! promets-lui qu'après mon plaisir je la ferai marier et lui donnerai de grands présens. - Le yalet part pour sa honteuse ambassade : il aborde la jeune Esglantine en messager impudique et grossier. La chaste fille le repousse avec mépris. Il revient tout confus raconter sa mauvaise réception au seigneur qui, plus enflammé par la résistance, ordonne à son valet de retourner et de faire agir la menace. Le valet obéit et trouve le père et la fille ensemble occupés à louer Dieu. — Je suis aussi pauvre que Job, dit le père; mais toutes fois j'ay suffisance, etc., etc.- Puisque ma fille en pacience tient loyale compagnie, etc., etc. ; à quoi la fille répond par cette · prière :

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Douce mère du fruit de vie!

Regnant en gloire triumphante
Dessus la haute gérarchie

Des anges ou chascun d'eulx chante,

En vous louant, vierge puissante,

Par leurs doux chants très amoureux,
Préservez vos pauvres servantes,
Par grâce! de faits vicieux!

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me

etc.

Le valet interrompt ces touchantes paroles par de nouvelles propositions plus infames et plus violentes. La fille écarte ce misérable avec indignation. Le père veut l'assommer et le chasse. Nouveau récit fait au seigneur; nouvelle colère de cet homme impétueux. Comment ce villain malostru— lui fault-il mon vouloir briser ? Je porterai mon branc d'acier, — foy que je dois à Saint-Richier! — il aura des coups plus de cent, Arrivé chez le paysan: - Villain!. de rude entendement, dit cet homme, qui te meut d'estre si hardy? Ha! monseigneur! pour Dieu, mercy! etc., etc. - Fausse garce, vous y passerez! Ha! monseigneur ! pour Dieu, mercy! - Mercy? coquin, vous y mourrez ! Le père effrayé s'écrie: - Tout vostre plaisir en ferez; où force règne droict n'a lieu. O Jésus-Christ! souverain Dieu! - De pitié et miséricorde, dit la fille Tu seras liée d'une corde, reprend le seigneur ; et le valet de répéter deux fois : Tu seras liée d'une corde! Esglantine demande pour dernière grâce une heure de répit, afin de parler à son père. On lui accorde cette heure, et c'est ici que le pathétique est à son comble. Que fait cette vertueuse fille dans son entretien dernier avec son père? Elle le supplie, elle le conjure de lui trancher la tête avec sa cognée. Mon cher enfant ! ma géniture! La chair de mon corps engendre! - Possible

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n'est à créature humaine, etc., etc.

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Mon père, je mourray de ma main, et si par vous je suis damnée, je proteste m'en plaindre à plein devant le juge souverain. Mon cueur se rit et mon ail pleure, dit alors le père en voyant tant de vertu dans sa chère fille; et le seigneur cependant est aux écoutes. La fille pressant de plus en plus son père, ce malheureux père se dispose à frapper le coup fatal, quand le seigneur s'élance et dit au paysan: Que feras-tu?meschant! tu en seras pendu! Monseigneur! s'écrie la jeune fille, j'ay requis en pileux langage mon père de moy décoller, etc., etc. Cher seigneur! vous devez garder -vos subjects par vostre prouesse, et vous me voulez diffamer! etc., etc. J'ayme mieux mon temps conclure maintenant honneur et sagesse. Ces derniers mots fléchissent enfin le seigneur. O vénérable créature, lui dit-il : Sur toutes bonnes la règente, je renonce à ma folle cure; — pardonnez-moy! pucelle gente! etc., etc.; et il prend une couronne de fleurs et il la lui met sur la tête en l'appelant fontaine de chasteté; et il fait le père intendant de ses biens avec de grands présens; et il reçoit tout en pleurs les remercîmens du père et de la fille; mais il n'épouse pas Esglantine, ce qu'aujourd'hui nos poètes lui auraient fait faire et ce qui eût été une faute impardonnable contre le costume et les mœurs du temps.

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MORALITÉ DE L'ENFANT DE PERDITION.

-

Le bourgeois ouvre la scène par des plaintes amères contre les déréglemens de son fils. Ma femme! tu l'as trop flatté dans son enfance, etc., etc. La bourgeoise essaie de calmer les chagrins de son mari. Tous deux vont à la messe pour se réconforter. Aussitôt le théâtre est occupé par les quatre brigands et le fils du bourgeois. On forme un complot pour détrousser des marchands. Le deuxième brigand renchérit sur le complot et engage le fils à tuer son vieillard de père. Si j'avais un vieillard de père qui me détint par vitupere mon bien si très estroitement, de mes deux mains villainement l'estranglerois par grand outrage. L'avis est soutenu pas les trois autres brigands. Le fils agrée cette monstrueuse proposition; il court droit à son père qu'il aperçoit: Sus! ribaud père! sçay il te convient bailler

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te quoi - pour avoir paix avec moy?
argent. Le père répond par de vifs reproches.
vieillard, c'est trop presche! dit un brigand.

Analectabiblion. 1.

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Despêche-toy

sur ma vieillesse,

toy, ajoute le fils. Las mon enfant, en bonne foy, — je ne soustiens denier ne maille. Alors le fils lui met la corde au cou. Las! mon enfant, prends à mercy ton pauvre père! veux-tu défaire oil qui t'a faict? -Despêche-toy! - Las! dira ta pauvre mère? etc., etc. que Je t'ay nourry en ma maison, et maintenant faut que je meure, · Las! tu me deusses secourir. et me nourrir -et de tes mains me fais perir! etc., etc. Au moins je te pry supporter― et mieux traiter ta pauvre mère, — despêche-toy! -Mon cher enfant! las! baise-moy pour dire adieu au départir, etc. Adieu, mon fils! mon enfant cher! Ici le fils etc.pend son père. Quand ma mère verra cela, dit-il après son parricide, elle eriera comme une folle. Eh bien! reprend un brigand, il ne faut que ton couteau traire et lui donner dedans le corps. Le fils consent. Sur ces entrefaites, arrive la mère qui, voyant le cadavre de son mari pendu, se met à crier et à pleurer. Elle interroge son fils, le soupçonne. Vous en avez menti! coquarde! O desloyal garçon mauldict! etc., etc. Allez, voilà vostre payement! dit le fils, et il poignarde sa mère, qui expire en s'écriant: Jésus! Jesus! Et les monstres de courir à la maison pour la dévaliser. Alors le quatrième brigand propose à ses compagnons de se défaire du fils pour avoir plus grosse part du butin. Non, dit un autre, vaut mieux le piper au jeu. On joue au dez; le fils perd tout ce qu'il a d'un seul coup, et les brigands le quittent. Sa désespération commence avec sa misère. - O misérable faux truand! se dit-il à lui-même, — où iras-tu ? que feras-tu? - Il fait son testament: - A Lucifer premièrement teste et cervelle je luy donne, et à Satan pareillement, de mon corps luy ordonne; peau mes bras à Astaroth abandonne, etc., etc., et il finit par ces mots : A tous les diables me command! - La première moralité est excellente, celle-ci est détestable enfans des muses, cherchez pourquoi !

la

:

VINGT-DEUX FARCES ET SOTTIES

De l'an 1480 à l'an 1613-1632; tirées de la Collection de divers ouvrages anciens, par Pierre-Siméon Caron; et du Recueil de Farces gothiques, publié par M. Crozet, libraire.

(De l'an 1480 à Fan 1613-1622-1798-1806-13-28,)

Entre la Farce de Pathelin, la meilleure, la plus ancienne de toutes les pièces de ce genre, pièce que l'on s'obstine à croire anonyme, quoique M. de la Vallière l'ait attribuée à Pierre Blanchet (1), et la Farce de Gauthier Garguille et de Perrine sa femme, également anonyme, l'une des dernières et des plus cyniques de ce graveleux répertoire, se place une innombrable quantité de ces opuscules comiques, dont à peine cinquante nous avaient été conservés. Nous nous bornerons à donner l'extrait de quelques uns, en choisissant soit les plus piquans, soit ceux que MM. de la Vallière, Beauchamps et Parfait n'ont point analysés. Tout légers que paraissent ces titres des Enfans Sans Soucy, les dédaigner serait injuste; ils ont leur importance dans l'histoire de notre théâtre aussi bien que dans celle de nos mœurs; si bien que Gratian du Pont, dans son Art de la Rhétorique, ne craint pas d'en assigner les règles, en disant que la Farce ne doit pas avoir plus de 500 vers. Nos comédies en un acte sont évidemment dérivées de ces productions récréatives, historiques, facétieuses, enfarinées, etc., dont le domaine s'est partagé, vers 1613, entre nos théâtres et les tréteaux; et il faut remarquer que, de toutes les espèces de drames, c'est la seule qui ait eu des succès constamment progressifs, depuis 1474 environ, époque de sa naissance, où ses triomphes souvent sont marqués par de véritables chefs-d'œuvre de naturel, de malice et de gaîté.

1. FARCE NOUVELLE ET RÉCRÉATIVE DU MÉDECIN QUI GUARIST DE TOUTES SORTES DE MALADIES ET DE PLUSIEURS AULTRES AUSSI FAICT LE NÉS A L'ENFANT D'UNE FEMME GROSSE, ET APPREND A DEVINER : c'est

(1) Selon la bibliothèque du Théâtre Français, la Farce de Pathelin, composée vers 1474 ou 1480, l'aurait été par Pierre Blanchet, né à Poitiers en 1439, prêtre en 1469, et mort en 1499, dans sa ville natale.

à sçavoir quatre personnages: Le Médecin, le Boiteux, le
Mary, la Femme. Cette farce grossière a fourni à La Fontaine
l'idée de son joli conte du Faiseur d'oreilles; mais ici ce n'est
l'oreille que
l'ouvrier fait à l'enfant de la femme
grosse,
c'est le nez. Il y a bien d'autres différences entre les deux ou-
vrages.

pas

2. FARCE DE COlin, fils de ThéNOT LE MAIRE, QUÌ REVIENT DE LA GUERRE DE NAPLES, ET AMEINE UN PÉLERIN PRISONNIER, PENSANT QUE CE FEUST UN TURC. A quatre personnages, assavoir: Thénot, la Femme, Colin, le Pélerin. Colin, fils de Thénot, revient de Naples où il n'a pas fait d'autres prouesses que de s'enfuir et d'arrêter un pélerin endormi. Dans son voyage il pille la maison d'une pauvre paysanne qui vient se plaindre à Thénot, père, magistrat du lieu. Thénot fait mine d'interroger son fils, qui fait mine, de son côté, de ne rien entendre à la plainte et se perd en récits de l'expédition de Naples. Ce quiproquo entre la plaignante, le juge et Colin, rappelle une des meilleures scènes de la farce de Pathelin, et fait tout le comique de la pièce, dont le dénouement est le renvoi de la plaignante sans justice, et le mariage de Colin avec la fille de Gauthier Garguille. Evidemment l'auteur a eu l'intention de ridiculiser les justices de village.

L'AUTRE

3. FARCE NOUVELLE DE DEUX SAVETIERS, L'UN PAUVRE ET L' RICHE; LE RICHE EST MARRI DE CE QU'IL veoid le PAUVRE RIRE ET SE RESJOUIR, ET PERD CENT ESCUS ET SA ROBE QUE LE PAUVRE GAIGNE. A trois personnages, c'est à sçavoir : Le Pauvre, le Riche et le Juge. La scène s'ouvre par les chants joyeux du pauvre Hay, hay, avant Jean de Nivelle, Jean de Nivelle

a des houzeaux, le roi n'en a pas de si beaux, etc., etc. Le
riche s'étonne de rencontrer tant de gaîté dans la pauvreté.
Suit un dialogue entre le pauvre et le riche sur les avantages
de la médiocrité pour le bonheur, dialogue plein d'agrément
et de raison. Jusqu'ici l'auteur est dans la bonne voie, et c'est
le sujet de la jolie fable du Savetier et du Financier : mais bien-
tôt il dévie. Son pauvre savetier se laisse persuader d'aller
demander à Dieu 100 écus au pied d'un autel. Le savetier
riche se cache derrière l'autel et marchande, au nom de Dieu,
avec le pauvre, d'abord pour 60 écus, puis pour 90; puis il
lui en offre dans l'espoir que
99,
le pauvre ne voudra rien dé-
mordre de ses 100 écus. Cependant le pauvre prend les 99 écus
et s'enfuit, aux grands regrets du riche qui lui crie: « Despeche!
rends-moi mes écus! » Le pauvre ne veut rien rendre. Un
débat s'élève. Il faut aller trouver le juge en sa cour. Mais le
pauvre n'a point de robe pour se rendre au plaids; le riche

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