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Veut en doter Aristenète,

Le recueil est de Proxénète.

Ce recueil n'est, en effet, qu'une suite de descriptions érotiques, de maximes, de ruses galantes et de récits libertins, qui ne sont pas toujours sans grace, ni sans détails piquans des mœurs de la Grèce dégénérée, mais qui manquent absolument de chaleur et de sentiment. La volupté conçue ainsi ne s'éloigne guère de la prostitution, et n'a rien à voir à la tendresse, au charme du véritable amour : c'est, tout au plus, du lupanar délicat. Les lettres en question n'en ont pas moins été reproduites ou imitées cinq fois en français, depuis l'an 1597 jusqu'à l'année 1797; cette sorte de sujet étant comme l'histoire, qu'on prend de toutes mains : elles sont divisées en deux livres, dont le premier en contient 28, et le second 23. C'est dans la première lettre, laquelle, adressée à Philocalus (amateur du beau), présente le portrait circonstancié de la charmante Laïs, que se trouve ce mot si connu, à la vérité fort joli : « Vestem induitur, formosa; exuitur, forma est. Vêtue, elle est belle; sans vêtemens, elle est la beauté. Nos chansonniers amoureux et nos faiseurs de madrigaux, qui s'extasient à froid sur le sein de leurs belles imaginaires, reconnaîtront leur image de prédilection dans ces mots : Pænè excidit referre quanto Luctamine strophium impellant sororiantes Papillæ. »

Dans la 2o lettre, un jeune homme attaqué par deux belles qui se le disputent les met toutes deux d'accord, après s'être fait prier, et si bien d'accord, qu'on ne saurait raconter comment.

La 3 lettre est tout simplement le récit des joies d'un galant et d'une courtisane, sous un arbre ombrageux, dans un site enchanté.

Dans la 4o, de deux adolescens fureteurs, l'un, plus expert, reconnaît une courtisane à sa démarche, et ne se trompe pas : Sequere, dit-il à son ami, et disce, etc., etc.

On rencontre, dans la 13°, tout le sujet de l'opéra de Stratonice; mais nous ne pousserons pas plus loin cette analyse, ne sachant pas le grec, et le faux Aristenète ne nous paraissant pas d'ailleurs mériter une plus longue mention. M. Boissonade a dédié son édition à M. Villemain, l'intention est honorable: toutefois l'hommage est fort au dessous d'un talent si élevé, si pur, et aussi d'un éditeur si savant. On trouve, dans le tome 3, de la bibliothèque ancienne et moderne de Jean Leclerc, une analyse très courte d'Aristenète, à laquelle celle-ci peut servir d'appendice.

ALCIPHRONIS RHETORIS EPISTOLÆ.

Gr. lat. ad editionem S. Bergleri, accuratissimè impressæ Trajecti ad Rhenum, apud B. Wild. et J. Alheer. (1 vol. in-8, Charta magna.) M.DCC.XCI.

tés!

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(350-1715-91-98.)

1o. Philoscaphe (1), après trois jours d'horrible tempête, la mer est redevenue tranquille. Dès les premiers rayons du SOleil, nous avons embarqué nos filets. Les voilà jeDieu! quelle provision de poisson! nos filets se rompent. Nous avons porté notre butin, du promontoire de Phalère, à la ville. On nous a compté de bel argent, et nous avons eu, de reste, bon nombre de fretin à porter à nos femmes et à nos enfans.

2o. Cyrton, c'est en vain que nous pêchons jour et nuit: -- la proie nous échappe. — C'est comme le tonneau des Danaïdes. Cependant on ne se remplit pas le ventre avec des coquilles. -Notre maître veut du poisson et de l'argent. - Dernièrement il a commandé des provisions à notre jeune camarade Hermon. Le pauvre enfant s'en est allé à Lesbos, privant ainsi notre maître d'un bon serviteur, et nous d'un bon compagnon.

--

Là,

3o. Galatée, c'est une belle chose que la terre ferme; elle vous nourrit et vous abrite, comme disent les Athéniens. point de flots écumans prêts à vous engloutir. —L'autre jour, à Athènes, j'attendais, dans la galerie de Pécilé, un de ces chanteurs enluminés, aux pieds nus, qui chantait je ne sais quel poème d'Aratus sur les dangers de la navigation. Il avait raison, ma femme; pourquoi ne pas fuir le voisinage de la mort, puisque nous avons des enfans? Nous n'avons pas grand'chose à leur donner; mais, du moins, nous les sauverons des flots; ils laboureront la terre, et vivront sans crainte.

4°. Tritonide, nous autres pêcheurs, ne ressemblons pas plus aux habitans des villes et des campagnes, que la mer ne ressemble à la terre. Ceux-là sont empêchés de leurs affaires et de celles de la république, et attendent leur prix de la glèbe indocile pour nous la mer est la vie, et la terre la

(1) Amateur de Barque.

mort, comme l'air est la mort pour les poissons. - D'où vient donc, ma femme, que tu quittes fréquemment ces rivages, pour aller célébrer, avec les riches femmes d'Athènes, la fête des Rameaux et celle de Bacchus? - Ce n'est pas pour cela que ton père d'Egine t'a fait naître et t'a élevée! - Si tu aimes la ville, va-t'en pour toujours! si tu aimes la vie des marins, reste avec ton mari, et oublie les trompeuses joies des cités.

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5o. Euthybule, tu n'as pas pris en moi une femme vulgaire. — Sosthènes, mon père, et ma mère Démophile, m'ont donné une dot pour que nous eussions ensemble des enfans libres. - Cependant la volupté t'emporte : - Tu négliges et délaisses tes enfans: Tu fréquentes cette Hermione, qui tient une maison de louage à Galène, où les jeunes marins vont faire toute sorte de débauches, et qui reçoit des présens du premier venu. - Tu es vieux; c'est pourquoi, non content de lui faire des cadeaux de pêcheur, tels que des surmulets et des anchois, tu lui donnes des réseaux de Milet et des robes de Sicile, avec de l'or en sus. Finis cette vie indolente, ou laisse-moi retourner chez mon père.

sommes pauvres.

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1

6o. Glauca, ma chère femme, conseille-moi; - Tu sais que nous Des pirates sont venus me proposer d'être des leurs, en faisant briller de l'or à mes yeux. Moi, dont les mains sont pures de sang, je répugne à me rendre homicide. Pourtant la misère est dure à soutenir: Conseille-moi!

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7°. La mer devient menaçante; les vents se déchaînent; les dauphins apparaissent en sautant sur les flots, présages d'une affreuse tempête. - Pourquoi oserions-nous aller, les uns vers le cap de Malée, les autres dans le détroit de Sicile, qui dans les eaux de Lycie, qui dans celles de Capharée, non moins périlleuses? Attendons le retour du beau temps sur nos rivages : — - Alors nous irons à la recherche des corps morts, et nous leur donnerons la sépulture. Tôt ou tard les bonnes actions trouvent récompense. En tout cas, elles nourrissent le cœur de l'homme, et la conscience satisfaite épanouit l'ame.

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8°. O Scopélès! les Athéniens songent à la guerre: - Déjà leurs bâtimens légers sont sortis pour porter des ordres à leurs vaisseaux du dehors; - Ils arment ceux du port; et, de tout côté, on force l'inscription des matelots, depuis le Pirée, Phalère et Sunium jusqu'aux frontières des habitans de Géreste. Fuirons-nous le service de guerre, nous qui

avons des enfans et des femmes, ou resterons-nous? Il est plus sûr de fuir.

9o. Je ne savais pas à quel point les Athéniens poussent le luxe et la délicatesse. L'autre jour, Pamphile, voulant aller à la pêche, fit marché avec moi. —Le voilà dans ma barque, se faisant dresser un lit voluptueux, s'abritant d'une riche tente, sous laquelle il rassemble de charmantes femmes et quantité de musiciennes ; l'une jouant dé la flûte, c'est Crumation, l'autre du psaltérion, c'est Erato; une troisième des cymbales, c'est Evépèse. Ce ne fut que joie, bombance et chants joyeux tout le temps. Rien de cela ne me faisait envie; mais, au retour, Pamphile m'a payé largeAlors je me suis réjoui. Viennent donc d'autres voluptueux qui égalent Pamphile en magnificence! 10o. Comment l'amour a-t-il blessé un pauvre pêcheur comme moi, qui gagne péniblement sa vie? - Toutefois il m'a blessé : - J'aime avec fureur la fille de Terpsichore, l'une de ces filles qui se sont sauvées, je ne sais cominent, de la maison d'Hermione, la logeuse, pour venir au Pirée. Je ne suis qu'un pêcheur; n'importe : à moins que son père ne soit fou, il me jugera digne de l'épouser.

ment.

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11o. Je ne quitterai point cette femme, en dépit de tes conseils, Eupolus! J'obéis à l'Amour. Cet enfant est né d'une déesse marine : - La vierge pour laquelle il m'enflamme, est sans doute une compagne de Panope et de Galathée, plus belles des Néréides : J'obeis à l'Amour.

les

12o. L'autre jour, tandis que j'assistais, dans ses couches,la femme de mon voisin, tu t'es penché sur moi pour m'embrasser vieux Anicétus! - Comme s'il était donné à quelqu'un de rajeunir! — Dis-moi : n'as-tu pas dételé ta charrue? -Ne sors-tu pas du coin de ton feu, ou du fond de ta cuisine? Misérable Cécrops! finis donc tes soupirs, et songe à toi!

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13o. Thaïs à Euthydème. Tu fronces le sourcil! Tu t'es mis la philosophie en tête ! -En allant à l'académie, tu passes fièrement devant ma maison sans y entrer.— Pauvre fou! sais-tu ce qu'est ce fameux sophiste dont tu vas payer les leçons? — Hier, il m'offrit de l'argent pour ce que tu devines. Il poursuit la servante de Mégara. - Moi qui prise mieux. - Si tes caresses que tout l'or des sophistes, je l'ai refusé. tu veux, je te ferai voir comment cet ennemi des femmes renchérit sur les plaisirs accoutumés. Tu penses donc qu'il y ait bien loin d'un sophiste à une courtisane? C'est quasi tout un; car l'un et l'autre vivent de présens. Nous, du moins, nous ne renions pas les dieux; nous ne

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nais rien.

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prêchons pas l'inceste et l'adultère. Eh bien! quoi? ils savent disserter sur la cause des nuages, sur la nature des atomes! -- J'en disserte aussi bien qu'eux; car je n'y conAspasie a formé Périclès, et Socrate Critias.Lequel des deux élèves préfères-tu? - Allons, trève de ces insipides folies, cher Euthydème! - Reviens: je te montrerai le souverain bien. - La vie s'envole: ne la perds pas en bagatelles ni en recherches d'énigmes.

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14°. Pétala! je ne demanderais pas mieux que les courtisanes pussent vivre des pleurs de leurs amans: J'aurais contentement avec toi; Mais il n'en est rien : - - Il leur faut du solide. Nous avons besoin d'argent, de vêtemens, parures, de servantes, mon tendre ami! - Depuis tantôt un an, je maigris avec toi, que c'est pitié! Il est vrai que tu m'aimes, que jour et nuit tu pleures à mes côtés, tantôt pour une chose, tantôt pour une autre. Encore une fois, n'y a-t-il donc rien dans la maison de ton père et de ta mère, ni or, ni argent, ni provisions; rien absolument, hormis des larmes? Tu m'apportes aussi, je le sais, des roses, comme on apporte des fleurs sur un tombeau. -C'est trop peu: :- - Tâche de venir désormais avec les mains mieux garnies et les yeux plus secs; ou bien tu auras sujet de pleurer.

Telle est la matière, telle est la forme de ces cent seize lettres, divisées en trois livres, que les biographes ont trop peu appréciées, en disant qu'elles ne manquent pas de naturel; car elles sont tout naturel et toutes graces, riches en peintures de mœurs, en traits de sentiment et d'esprit, et partout empreintes de ce cachet de vérité dont le recueil d'Aristenète est absolument dépourvu. Nous aurions pu, en multipliant nos extraits sommaires, étendre les preuves de cette assertion; mais la nudité de certains tableaux, la hardiesse, pour ne rien dire de plus, de certaines expressions nous ont arrêtés. Le lecteur frauçais peut d'ailleurs se satisfaire aisément, s'il le veut, puisque l'abbé Richard a donné une traduction d'Alciphron, en 3 vol. in-8°, Paris, 1785. La meilleure édition de l'original avec l'interprétation latine est celle-ci, que M. Wagner a reproduite avec quelques additions, en 2 vol. in-8°, Leipsig, 1798. Notre exemplaire est du petit nombre de ceux qu'on trouve en papier fort de Hollande. Jean Leclerc, dans sa Bibliothèque ancienne et moderne, pense que ceux qui font Alciphron contemporain d'Alexandre n'appuient pas cette opinion sur des fondemens très solides.

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