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masse redoutable, outre Fauchet, Borel et Ménage, d'autres juges compétens, tels que Duclos, M. de Roquefort à quelques égards, et M. Auguis, habile continuateur du beau travail de ce dernier sur notre ancien glossaire; car, tous trois, ainsi que M.Ray nouard, sans se montrer aussi vifs que M. de la Ravallière, autorisent le sentiment que le celtique n'a jamais cédé son rang d'idiome national et vulgaire qu'au celtique roman dans ses différens dialectes.

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Maintenant, passons au second point de dom Rivet, dirigé contre la formation successive de deux langues romanes rustiques, dont la dernière, seule souche du français d'aujourd'hui, ne serait pas née antérieurement à la troisième race de nos rois, et n'offrirait aucun écrit notable avant Philippe-Auguste ou Louis VII; point qui embrasse tout le reste du système de M. de la Ravallière, et rentre particulièrement dans l'objet de notre article. Ici le Bénédictin saisit l'avantage, il est campé. En effet, il ne s'agit plus de langue vulgaire, ensevelie par la barbarie des temps dans les mœurs silencieuses d'un peuple asservi, mais de langue écrite, formée, assouplie assez du moins pour permettre aux imaginations de s'y peindre, aux esprits de s'y répandre, et dont les monumens visibles, transmissibles à la postérité, n'ont besoin pour se produire, que d'être cherchés avec cette patience intelligente à laquelle aucun manuscrit n'échappe. Or, qui la possédait mieux que les Bénédictins, cette patience mémorable! Aussi allons-nous, en suivant surtout le père de notre histoire littéraire, enregistrer, selon l'ordre des temps, quelques uns de ces documens précieux qui démentent par euxmêmes, ou par d'autres dont ils supposent l'existence, l'opinion de l'éditeur des Poésies du roi de Navarre. L'époque n'est pas éloignée où la liste de ces documens s'augmentera de beaucoup de semblables richesses; le goût pour ce genre de recherches, ayant acquis, de nos jours, la vivacité d'une passion véritable, sous la direction savante de philologues tels que MM. PaulinParis et de la Rue; mais, avant de procéder à cet inventaire abrégé qui nous est dicté par dom Rivet, l'abbé Lebeuf, Bonamy et Duclos, nous croyons devoir encore marquer un point incident où le docte bénédictin, par trop d'ardeur contre les décisions tranchantes de M. de la Ravallière, ne nous paraît pas plus concluant que lui.

s'était choisi, on peut dire qu'il ne les a résolues qu'en passant, et seulement autant qu'il fallait pour initier ses auditeurs à l'étude plus philosophique des progrès de l'esprit humain dans les lettres depuis l'invasion des barbares en Europe jusqu'à François Ier.

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En effet, si, comme nous le verrons tout à l'heure, la langue d'oil présente des écrits antérieurs à l'an 1100; s'il est contre la vraisemblance aussi bien que contre la vérité que, dans nos contrées du Nord qui l'ont vue naître, un premier Roman rustique l'ait précédée, lequel en fut chassé; si l'histoire et l'analogic concourent à établir le contraire, c'est à dire que la langue d'oil, d'où le français est dérivé, produite d'une même souche que la langue d'oc combinée seulement de plus d'élémens divers, s'est manifestée par des écrits avant Louis VII; n'est-ce pas aussi donner une antiquité trop grande à ces écrits, et retomber ainsi, par un détour, dans son idée favorite du latin, primitivement langue vulgaire des Gaules, produisant tous nos idiomes du Nord et du Midi, que de ranger parmi ces monumens les Formules de Marculphe, la Chronique de Fredegaire, les Histoires de Grégoire de Tours, et jusqu'au texte de la loi salique du ve siècle, tous écrits latins, d'un style barbare, il est vrai, mais latins après tout, de la savante latinité du temps, et non pas de la langue que devaient alors parler les habitans de nos campagnes? A quiconque ne veut reconnaître avant 1100 aucun écrit de l'idiome d'où notre langue est sortie avec ses dialectes, promettre des témoins dénégateurs irrécusables et les fournir, cela est aussi raisonnable que méritoire; mais c'est aller trop loin, ne rien prouver, et abuser des mots, que de produire, comme ébauches d'une langue naissante, des débris évidens d'une langue qui meurt.

Essayons, d'après les principales opinions que nos origines ont fait sourdir, en profitant des disputes de tant d'esprits profonds, de résumer ce qu'il y a de plus plausible sur cette importante matière aux yeux du commun des esprits dont nous sommes, pour en dresser ensuite une sorte de tableau synoptique, après quoi viendront enfin se classer, telles que des mains habiles nous les donnent, les pièces de notre essai d'inventaire.

Il est donc probable que nos aïeux, les Celtes gaulois, parlèrent originairement une langue commune, divisée par la Loire en deux grands dialectes et subdivisée en autant de dialectes inférieurs, ou peu s'en faut, qu'il y avait, parmi ces peuples, d'Etats ou de ligues différentes.

Ces idiomes variés avaient leurs caractères d'écriture; mais, l'effet d'un principe de religion, ils n'eurent point d'écrits transmissibles à la postérité.

par

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Dans l'absence de témoignages écrits, si l'on veut se former une idée des deux grands dialectes celtiques purs, il n'est pas hors des vraisemblances historiques et logiques de recourir, dans

ce but, aux langages parlés, encore aujourd'hui, en Bretagne et dans les provinces basques; en tout cas, on n'a pas d'autre recours positif, et le seul recours négatif qui se présente est celui qu'indique le père Besnier dans sa préface du Dictionnaire étymologique de Ménage, savoir, de considérer comme celtique pur tous les termes qui, dans notre français et ses dialectes, ne sont ni grecs, ni latins, ni tudesques.

La guerre, le commerce et la colonie de Marseille, que Varron appelle Trilinguis, firent pénétrer la langue grecque, bien avant l'ère chrétienne, dans une grande partie des Gaules, en remontant de la Méditerranée à la Loire par les bassins du Rhône et de la Saône, et s'étendant jusqu'au bassin de la Garonne.

A dater de cette infiltration hellénique, dont l'époque précise demeure inconnue, on peut, sans contrarier la raison, admettre, dans la langue vulgaire des Gaules, la présence d'un élément grec, d'où le celt-hellenisme, comme dit Trippault. Avec l'occupation de la Narbonnaise par les Romains, d'un siècle avant Jésus-Christ, avec la conquête de César et plus les écoles fondées par Caligula, mais surtout avec l'apparition du christianisme et sa prédication, le latin vint ajouter un troisième élément à la langue vulgaire des habitans de la Gaule.

Dans quelle proportion ce nouvel élément se trouvait-il mêlé au celtique lors de l'arrivée des Francs ou Germains du Nord, vers l'an 420? l'énoncer semble téméraire ; et cela fut-il raisonnable à l'égard d'une partie de ce vaste pays; la proportion donnée ne saurait être la même pour toutes les parties. Cependant des hommes graves et instruits ont articulé nettement et sans distinction de lieux, quant au vocabulaire, la proportion exorbitante de trente à un on peut légitimement les combattre, sans pouvoir toutefois démonstrativement les réfuter.

Une moitié des savans avance que, dès l'an 500 de l'ère chrétienne, les habitans des Gaules avaient quitté leur langue entièrement pour le latin; une autre moitié des savans engage à n'en rien croire. Une seule chose est avérée, c'est qu'à cette date, ou même avant, le celto-grec était assez latinisé pour prendre le nom de roman rustique, sans que pourtant les personnes parlant grec ou latin fussent dispensées de l'apprendre pour communiquer avec les Gaulois vulgaires, ainsi que l'attestent d'illustres évêques, et plus tard, en 813, les actes des conciles qui ordonnèrent de multiplier les traductions sacrées du latin dans cette langue, afin de répandre l'instruction parmi le peuple.

L'invasion des Francs ou Germains une fois effectuée, de

nouveaux élémens se glissent dans la langue vulgaire des Gaules, et la confusion redouble. Le tudesque où théotisque ou thiois se présente dans le Nord.

Sous la première race de nos rois, ce tudesque modifie peu le langage vulgaire des Celtes romanisés en deçà de la Loire, et point du tout celui des habitans du Midi; mais, sous la deuxième race, une troisième ou quatrième poussée d'Allemands, favorisée par les princes carlovingiens, opère, dans la politique et les mœurs de nos contrées septentrionales, une importante révolution, que dernièrement le célèbre M. Thierry a mieux reconnue et mieux appréciée qu'aucun de ses devanvanciers. Cette révolution n'atteint pas le celto grec-roman d'outre-Loire; mais elle contracte vigoureusement le celto-grecroman du Nord, et toutefois ne parvient pas à y implanter son Vocabulaire.

Alors quatre principes divers semblent se partager l'honneur de former l'idiome qui devait un jour être la langue française, tandis que nos frères d'outre-Loire polissent tranquillement, sous les inspirations de l'amour et de la poésie, leur dialecte plus simple, nommé langue d'oc, réduit maintenant, par un caprice de la fortune, à n'être qu'un patois, ainsi que ses dérivés, le limousin, le gascon, l'auvergnat, le toulousain, lui dont l'espagnol et l'italien ne renient pas la descendance.

Vers l'an 1000 un cinquième élément, fourni par les Normands d'outre-mer, saisit à revers notre dialecte du Nord déjà si chargé, le charge encore, l'assourdit, et la langue d'oil se développe avec les trouvères, ayant sous son empire nombre de patois, peut-être plus natifs qu'elle, parmi lesquels on doit distinguer surtout le picard, le bourguignon et le normand français. Tel est en résumé ce que nous avons jugé substantiel dans les travaux de tant d'habiles gens, qu'il faut respecter jusque dans leurs écarts, et c'est aussi ce qu'essaie d'indiquer le tableau imparfait qui suit; mais il est entendu que, dans les phases que nous avons retracées, on ne doit comprendre que le langage vulgaire et national des peuples, et non celui de la cour de nos rois ou de nos empereurs ; car ce dernier, suivant constamment la naissance et la volonté des souverains, tudesque sous la première race, latin sous Charlemagne, thiois légèrement latinisé sous les princes carlovingiens, ne se fondit dans la langue d'oil que sous Hugues Capet, qui bannit les influences austrasiennes pour toujours.

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LANGUE FRANÇOISE. Vers l'an 1500.

Avec ses patois picard, bourguignon, normand, françois, etc., etc.

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ITALIEN.

CASTILLAN.

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