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tienne bravement l'attaque, & qu'on va envoyer du renfort. Barbot fe voyant fur le point d'être forcé, demande quartier pour lui & pour les fiens, on le lui accorde. Auflitôt il met bas les armes, & montre toute la garnison dans fa perfonne. Hiftoire de la Rochelle.

Le grand duc de Toscane avoit en 1577, envoyé à Conftantinople, en qualité de fon ambassadeur, le chevalier de Malthe Bongianni Giantigliazzi. Dans une converfation particulière, le Grand Seigneur montra à ce miniftre un plan de la cité de la Vallette, fortification ajoutée à l'ifle de Malthe depuis le dernier fiége; & lui demanda fi la place étoit auffi redoutable qu'elle le paroiffoit : » Sei» neur, lui répondit le chevalier, celui qui a levé » le plan a oublié la principale partie de fes forti»fications, qui confifte dans la bravoure de plus » de mille chevaliers, toujours prêts à répandre jufqu'à la derniere goutte de leur fang, pour la » défenfe de cette place". Hift. de Malthe.

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Durant les troubles de la ligue en 1637, les Efpagnols affiégeoient Leucate, petite ville du Languedoc. Le duc d'Halluin vint au fecours de cette place, & mit en déroute l'armée Espagnole. On trouva parmi les morts des femmes déguisées en hommes. Un François ayant demandé aux prisonniers Efpagnols s'ils connoiffoient ces nouvelles Amazones; Vous vous trompez, répondit un d'entr'eux, ce ne font point des femmes; s'il y en avoit dans notre armée, c'étoient les lâches qui ont pris la fuite.

Les Autrichiens, les Polonois & les Vénitiens ayant, en 1686, formé contre les Turcs une ligue redoutable, le général des Polonois entre dans la Moldavie. Il fe pofte devant la fortereffe de Ne

mez, qui a été abandonnée de tous fes habitans & où il ne fe trouve que dix-neuf chaffeurs Moldaves, que le hazard y a amenés. Ces braves gens levent les ponts, ferment les portes & refusent de fe rendre. Les Polonois qui ignoroient l'état de la garnifon, canonnent la place pendant quatre jours. Les chaffeurs fe défendent avec vigueur, tuent un grand nombre d'affiégeans, & en particulier le maître de l'artillerie. Le cinquiéme jour, ayant perdu dix de leurs camarades, ils demandent à capituler. On leur accorde une capitulation honorable & la permiffion de fe retirer où ils voudront. Auffitôt que la capitulation eft fignée, on voit fortir fix hommes qui emportent fur leurs épaules trois autres qui font bleffés. Dans ce moment,tous les fentimens d'admiration, de honte & de rage fe fuccédent dans le cœur du général Suédois. Il demeure un moment interdit; mais l'honneur le rappelle bientôt à fes engagemens, & il renvoie ces bravens gens avec éloge. Cantimir, Hift. Ottom.

Les Turcs, maîtres de la Morée, attaquent en 1716 l'ifle de Corfou, dont les Vénitiens étoient en poffeffion. Le comte de Schulembourg, après avoir épuifé, pour défendre la capitale, ce que la valeur & l'expérience peuvent fournir de reffources, fe voit réduit à l'extrêmité par la perte de fes dehors, que les ennemis emportent avec une vigueur extraordinaire. Dans un état fi désespéré en apparence, cet officier, brave & actif, songe à se remettre en poffeffion de ce qui lui a été enlevé. Ses réflexions ne lui préfentent qu'un feul moyen; c'eft d'efcalader l'ouvrage le plus confidérable d'où dépend le falut de la place, avant que les affiégeans s'y foient folidement établis. Il fait préparer fur le champ les échelles, & fe mettant à la

tête des foldats les plus déterminés, il marche à l'ouvrage, y plante l'efcalade, s'en rend le maître, & taille en piéces tout ce qui eft dedans. C'est peutêtre le feul exemple que fourniffe l'histoire d'affié– gés, qui, après la perte de leurs dehors, aient pensé a les efcalader & réuffi à les reprendre. Folard, Commentaires fur Polybe.

Nous terminerons cet article par des traits finguliers de bravoure de différentes femmes. Celuici eft tiré des Mémoires de l'abbé Arnaud, Madame la comteffe de Saint-Balmont, née d'une très-bonne maifon de Lorraine, avoit fu joindre la fierté d'un militaire à la modeftie d'une femme chrétienne. Elle étoit belle. La petite vérole gâta un peu fa beauté, mais cette femme extraordinaire fe réjouiffoit d'en être marquée, difant qu'elle en seroit plus femblable à un homme; elle en recherchoit volontiers les exercices. Le comte de SaintBalmont, qu'elle avoit époufé, ne lui cédoit ni en naiffance ni en mérite. Ils vécurent ensemble dans une parfaite union. Le comte ayant été obligé de fuivre le duc de Lorraine à la guerre, madame de Saint-Balmont prit le parti de fe retirer à la campagne. Un officier de cavalerie étoit venu prendre un logement fur fes terres, & s'y comporta fort mal. Madame de Saint-Balmont, avec beaucoup d'honnêteté, lui envoya faire des plaintes qu'il méprifa. Elle réfolut d'en tirer raifon. Elle lui écrivit un billet, qu'elle figna le Chevalier de Saint-Balmont. Elle lui marquoit dans ce billet que le mauvais traitement qu'il avoit fait à fa belle-four, l'obligeoit à la venger, & qu'il le vouloit voir l'épée à la main. L'officier accepta le défi, & fe rendit au lieu marqué. La comteffe l'attendoit en habit d'homme. Ils fe battirent; elle eut l'avantage fur

lui;

lui; &, après l'avoir défarmé, elle lui dit galamment : » Vous avez cru, monfieur, vous battre >> contre le chevalier de Saint- Balmont; mais c'est » madame de Saint-Balmont qui vous rend votre épée, & qui vous prie, à l'avenir, d'avoir plus » de confidération pour les prières des dames ". Après ces mots elle le quitta rempli de confufion & de honte. Il s'abfenta auffitôt, & on ne l'a jamais revu depuis.

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La Maupin, actrice de l'Opéra, donna plufieurs fois des preuves de cette efpéce de bravoure; mais dans des circonftances bien différentes. Cette fille, élevée au milieu des exercices d'une académie avoit un goût décidé à faire des armes. Elle s'habilloit fouvent en homme pour fe divertir ou pour fe venger. Un acteur de l'Opéra nommé Dumenil, l'ayant infultée, elle l'attendit un foir vêtu en cavalier, dans la place des victoires, & voulut lui faire mettre l'épée à la main fur fon refus, elle lui donna des coups de canne, & lui prit fa montre & fa tabatiere. Dumenil s'avifa le lendemain de conter fon aventure à l'Opéra ; mais, comme on penfe bien, tout autrement qu'elle n'étoit. Il fe vantoit de s'être défendu contre trois voleurs qui étoient tombés fur lui, & qui, malgré fa réfiftan

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avoient emporté fa montre & fa tabatiere. »Tu » en as menti, lui dit la Maupin qui l'écoutoit; tu » n'es qu'un lâche & un poltron: tu n'as pas été attaqué par plufieurs perfonnes; c'est moi feule qui ai fait le coup, & pour preuve de ce que je dis, voici ta montre & ta tabatiere que je te » rends". Dumenil n'eut rien de plus preffé que de fe retirer fans rien dire.

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On rapporte encore de cette actrice qu'elle étoit allée à un bal donné au Palais Royal par feu MonTome I.

I

fieur, frere unique du Roi; elle s'étoit déguisée en homme à fon ordinaire. Comme elle tenoit à une jeune dame des propos indécens, trois amis de cette dame, offenfés d'une telle hardieffe, tirèrent à part le prétendu cavalier & le firent defcendre dans la place. La Maupin fortit fans héfiter, mit l'épée à la main & les bleffa tous trois. Elle rentra froidement dans le bal, & fe fit connoître à Monficur, qui lui obtint fa grace. Cette finguliere fille eft morte fur la fin de 1707, âgée de trente-trois ans. Elle faifoit les délices de l'Opéra par fa voix, un des plus beaux bas-deffus qu'on eût entendu jufqu'alors.

CACOPHONIE.

LA Cacophonie eft, comme l'on fçait, un vice d'élocution produit par la rencontre de plufieurs mots d'où il réfulte un fon défagréable. On lit avec déplaifir, dans l'ode à la postérité, par Rouffeau, ce vers qui commence par ces mots : Vierge

non encore née..

Il feroit facile de faire ici d'autres citations pareilles; mais on fe contentera de rapporter ce fingulier exemple de cacophonie que fit un magiftrat en ordonnant, pendant les guerres civiles de Paris, qu'on tendît promptement une chaîne dans une rue, il cria: Qu'attend-on donc tant? que ne la tendon donc tốt ?

La Mothe-le-Vayer cite un homme qui fut vingtquatre heures à rêver comment il éviteroit de dire feroit; à caufe de la reffemblance des deux premières fyllabes: ce n'eft pas ce que nous confeillons ici.

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