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foient jamais, parce qu'il y mettoit plus d'aigreur que d'efprit, étant un jour fur un balcon avec un miniftre étranger, qu'il cherchoit à humilies, lui dit:» C'eft de ce balcon qu'un de mes ayeux fit » fauter un Ambaffadeur. Apparemment, répondit » féchement le Miniftre, que les Ambassadeurs ne portoient point d'épée dans ce tems-là». Répartie un peu vive, mais que le prince s'étoit attirée; parce qu'en voulant mortifier un feul homme, il avoit offenfé les représentans de toutes les puiffances.

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Ce même prince, qui prenoit les titres de roi de deux fouverainetés où il n'avoit pas un pouce de terre, voulant humilier une feconde fois le même miniftre, lui demanda en public, où étoit situé le marquifat dont il prenoit le titre? Entre vos deux royaumes Monfeigneur, répliqua froidement l'Ambaffadeur.

Un roi du Nord, dont la vivacité faifoit le principal caractère, demanda un jour à un Ambaffadeur d'Angleterre, s'il harangueroit le peuple, en cas qu'on le pendît, ou qu'on lui tranchât la tête ? Le miniftre, fans fe déconcerter, répondit: qu'il avoit toujours fon difcours prêt, & fes gants blancs dans fa poche. Je voudrois bien vous entendre répartit le monarque. L'Ambäffadeur s'étant mis alors dans l'attitude d'ufage, parla ainfi. « Vous » me voyez, meffieurs, au moment de perdre le jour je ne regrette point la vie; mais je vois » avec peine que ceux qu'on ne devroit connoître » que par des actes d'humanité & de bienfaifance, » viennent jouir avec avidité d'un fpectacle cruel qu'ils ont mendié. Ces fcènes tragiques font faites » pour la barbare populace; mais les cœurs ver» tueux & fenfibles devroient rougir d'entendre

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de fang froid.... En voilà affez, monfieur l'Ambaffadeur, dit le roi, qui reconnut alors que le but de la harangue étoit de lui reprocher une curiofité qui le dégradoit.

Un négociateur de beaucoup d'efprit, avoit le malheureux penchant de la fatyre, & ne pouvoit s'empêcher de lancer mille traits contre le monarque auprès de qui il étoit accrédité, & contre toute fa cour. Ce prince le fçut, & n'en parut nullement piqué. Mais ayant demandé & obtenu fon rappel, il lui donna, au lieu du préfent ordinaire, une tenture de tapifferie où ce miniftre étoit représenté en Silène, environné de fatyres. La reffemblance frappante des traits du vifage, rendoit cette vengeance fort plaifante. Inftitutions Politiques, par le baron de Bielfeld.

Des Ambaffadeurs de Tarragone vinrent dire à Augufte, qu'une palme venoit de croître fur l'autel qu'ils avoient érigé en fon honneur : C'est une preuve, leur répondit ce prince, de votre affiduité à y faire des facrifices.

L'empereur Henri IV avoit auprès de lui le comte de Scarbiecki, que la république de Pologne avoit envoyé pour conclure un traité de paix. L'empereur affectoit de faire remarquer à cet Ambaffadeur les grandes richesses de l'Empire & le tréfor qu'il avoit amaffé. Voilà de quoi, lui dit-il un jour, dompter les Polonois. L'Ambaffadeur, peu touché de la fierté de cette menace, tira auffitôt une bague de prix qu'il avoit au doigt, & la jetta fur le tréfor, en difant: Adjiciamus aurum auro. Action qui faifoit voir qu'il acceptoit le défi, & qu'il méprifoit affez les richeffes de l'empereur, pour ne pas craindre de les augmenter. Cette action, qui pou voit caufer une rupture, accéléra au contraire la

conclufion de la paix entre l'empereur & les Polonois. Fulftin, hift. Polon. lib. 4.

Jean Bafilide, czar de Mofcovie, Prince dur &. cruel, fit, au rapport de quelques hiftoriens, enfoncer un clou fur la tête d'un Ambaffadeur d'un prince d'Italie, qui s'étoit couvert devant lui. Cependant lorfque Jérôme Bofe, Ambaffadeur d'Elizabeth, reine d'Angleterre, parut devant ce prince, il mit fièrement fon chapeau, & fe retira de même. Le czar lui demanda, s'il ignoroit le traitement qu'avoit reçu un autre Ambaffadeur pour une femblable témérité? Je le fçais, lui répondit l'Anglois; mais je fuis l'Ambaffadeur d'une reine qui a toujours la tête couverte, & ne fouffre pas impunément que l'on faffe affront à quelqu'un de fes miniftres. Le czar, affez généreux pour admirer cette hardieffe, s'écria, en fe tournant visà-vis fes courtifans: » Voilà un brave homme » d'ofer agir & parler de cette forte, pour l'hon»neur & pour les intérêts de fa fouveraine ! qui de » vous autres feroit la même chofe pour moi?«

Un Ambaffadeur de Charles-Quint, auprès de Soliman, empereur des Turcs, venoit d'être appellé à l'audience de cet empereur. Comme il vit, en entrant dans la falle d'audience, qu'il n'y avoit point de fiége pour lui, & que ce n'étoit point par oubli, mais par orgueil, qu'on le laiffoit tenir debout, il ôta fon manteau & s'affit deflus avec autant de liberté que fi c'étoit un ufage établi depuis long-tems; il expofa l'objet de fa commiffion avec une affurance & une présence d'efprit que Soliman lui-même ne put s'empêcher d'admirer. Lorfque l'audience fut finie, l'Ambassadeur fortit fans prendre fon manteau. On crut d'abord que c'étoit par oubli, & on l'avertit: il répondit avec

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autant de gravité que de douceur : « Les Ambaf » fadeurs du roi mon maître ne font point dans l'ufage de porter leur fiége avec eux. » Voilà comment un Ambaffadeur adroit, ajoute Amelot, dans fes réflexions fur Tacite, peut gagner en un moment un point d'importance, dont on ne viendroit peut-être jamais à bout par une longue négociation.

M. de Feriol, Ambassadeur de France en Tur quie, foutenoit avec beaucoup de hardieffe & de courage, l'honneur de fa nation. Au commencement de fon ambaffade, il fe préfenta à la première audience du fultan avec l'épée au côté. Mauro Cordato, qui affiftoit à cette cérémonie, comme premier interprète de la cour, lui confeilla d'ôter fon épée, parce que c'étoit une ancienne coutume de la cour Ottomane de ne laiffer paroître perfonne avec des armes devant le fultan. Feriol répondit qu'il avoit reçu fon épée de fon maître, & qu'il ne fe la laifferoit ôter par perfonne. Le fultan, informé de ce différend, lui envoya ordre d'ôter fon épée, fans quoi, il feroit mis hors du palais. Sur ce refus, le Capugi Bachi le repouffa effectivement lorfqu'il fe préfenta pour entrer. Dans le reffentiment qu'il en eut, il fit ôter à fes interprètes les caffetans dont ils s'étoient revêtus dans la première cour; & les ayant foulés aux pieds, il fortit du palais. Sur le champ, dans la crainte qu'on ne traitât auffi mal les préfens qu'il avoit apportés, il fit affurer qu'ils ne venoient point du roi fon maître, mais qu'il les avoit achetés à fes propres frais, & il réuffit de cette manière à fe les faire rendre. C'étoit Châteauneuf, fon prédéceffeur, qui l'avoit engagé dans cette entreprife. Ayant caché, fous fes habits, une courte

épée dans fa première audience, il avoit écrit dans les mémoires de fon ambaffade, qu'il s'étoit préfenté au fultan l'épée au côté, Feriol ayant lû cet article, demanda à Châteauneuf avant fon départ, fi le fait étoit vrai; & celui-ci, qui n'étoit pas trop bien avec lui, l'en affura fans autre explication. Pour & Contre, tome XII.

Un Ambaffadeur Efpagnol vantoit à Henri IV la puiffance de fon maître. Le roi, pour rabattre le fafte efpagnol, dit avec beaucoup de vivacité, que s'il lui prenoit envie de monter à cheval, il iroit déjeuner à Milan, entendre la meffe à Rome, & dîner à Naples. » Sire, répondit l'Ambassadeur, » fi votre majefté va fi vite, elle pourroit auffi » dans le même jour, entendre les vêpres en Si»cile ".

Le même prince difputant avec un autre Ambaffadeur d'Espagne, lui dit en colère : » Si le roi » votre maître continue fes attentats, je prendrai les armes, & on nie verra bientôt à Madrid. « Pourquoi non ? répondit froidement l'Espagnol, François I y fut bien. «C'eft pour cela, répliqua » le roi, que j'y veux aller venger fon injure, » celles de la France & les miennes <<.

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En 1586, Philippe II avoit envoyé le jeune connétable de Caftille à Rome, pour féliciter Sixte V fur fon exaltation. Ce pape, mécontent de ce qu'on lui avoit député un Ambaffadeur fi jeune, ne put s'empêcher de lui dire: Eh! quoi? votre maître manque-t-il d'hommes, pour m'envoyer un Ambaffadeur fans barbe? «Si mon fouverain eût penfé, lui répliqua le fier Efpagnol, que le mérite » confiftât dans la barbe, il vous auroit envoyé un » bouc, & non un gentilhomme comme moi«< Hift. d'Efp

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