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qu'il avoit dérobé, &difoit fatan: »Ne te fuffifoit-il pas de l'avoir induit à faire ce larcin ? ne » fais-tu pas qu'il eft homme, & encore Florentin, » qui de foi-même fe contre-garde affez de jamais » ne rendre ce qu'il a une fois dérobé «? Ce petit conte épigrammatique eft tiré d'un Recueil de facéties & mots fubtils d'aucuns excellens efprits & trèsnobles Seigneurs, imprimé en 1582.

Eccléfiaftique dupe de fa charité. Un eccléfiaftique furpris par la nuit au milieu de la campagne, ren-contre un voleur qui, content de lui dérober un manteau, le laiffe pourfuivre fon chemin. Mais le bon eccléfiaftique, moins touché de cette perte que de celle de l'ame du voleur, penfe que le feul moyen de lui fauver ce dernier péché, eft de lui remettre fon vol. Il revient en conféquence fur fes pas, & ditau voleur : » Mon ami, je vous fais pré» fent du manteau que vous m'avez pris". -Comme vous êtes dans votre quart-d'heure de libéralité, répondit le voleur, je vais en profiter. Il lui ôta auffitôt fon habit. L'eccléfiaftique, qui fentit le froid, fentit auffi refroidir fa charité. Il dit au voleur, que pour fon jufte-au-corps, il ne le lui donnoit point, & qu'il le lui feroit rendre en l'autre monde.

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Puifque vous me faites crédit jufques-là, reprit le voleur, je vais encore vous ôter le refte de vos habits; & il le dépouilla jufqu'à la chemife.

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Ecornifleurs congédiés. »Un curé étoit preffé de la nobleffe, qui fans ceffe venoit chez lui l'écor »nifler. Un jour qu'il y avoit fept ou huit haube» raux chez lui, il leur fit bon vifage. Meffieurs, foyez les bien venus: ça, que l'on fe dépêche : » garçon, au vin, au poulailler, au crochet, à la » fuie; ferviettes blanches. Difant cela, il mouvoit & prend un furplis qui étoit à part fur une autre

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robe que celle qu'il avoit rapportée de l'églife; & » prenant un bréviaire en fa main, les rendit éton» nés. Où allez vous, monfieur le curé?-Je re» viens incontinent, dit-il, meffieurs; je ne ferai

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qu'aller & venir, tandis que le dîner s'apprêtera; >> je vais réconcilier un pauvre peftiféré que j'ai » confeffé ce matin. Et ce difant, il fortit; & fou» dain tous ces guillerets, épouvantés, fortirent; & » de treize femaines n'y voulurent aller ". Le moyen de parvenir.

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La vraie éloquence. » Un jour Pentagruel rencon» tra certain licencié,non autrement favant ès fcien» ces de fon métier de docteur; mais en récompenfe, fachant très foncièrement danser & jouer » à la paume: lequel donc rencontré par Pentagruel, fut interrogé d'où il venoit, & lui répon» dit: Je viens de l'urbe & cité célébriffime que vul» gairement on vocite Lutèce. -Qu'est-ce-à-dire, » dit Pentagruel à fon truchement ordinaire? je » fuis tout ébahi de tel jargon. C'eft, répondit » le truchement, qu'il vient de Paris. Hé!reprit Pentagruel, à quoi paffez-vous le temps à Paris, » vous autres licenciés? - Nous, répondit le licen» cié, en occupations épurons & difpumons la verbo»cination latine; & en nos récréations, captons la » bénévolence de l'omni féduifant, & omni mouvant » fexe féminin. A quoi Pentagruel dit: Quel diable » de langage eft ceci? Ce n'eft que latin écorché, » dit le truchement; & lui femble qu'il eft éloquent » orateur pour ce qu'il dédaigne l'ufance commune » de parler. Or le licencié croyant que l'étonne» ment & ébahiffement de Pantagruel venoit pour » admirer la haute beauté de cette élocution, fe reguinda encore plus haut & plus obfcur, fi que » par la longueur de périodes, pouffa patience à

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Tome I.

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» bout. - Parbleu! dit à part foi Pentagruel, je t'apprenderai qu'elle est la vraie & naturelle élo»quence. Puis demanda au licencié, de quel pays » il étoit? A quoi répondit ainfi le licencié : L'illuftriffime & honoriferante propagation de mes aves " & ataves tire fon origine primordiale des régions » Lémoviciennes. -J'entends bien, dit Pentagruel; » tu n'es qu'un Limofin de Limoges, & tu veux » faire le Démosthène de Grèce. Or, viens-çà que je te donne un tour de peigne. Lors le prit à la » gorge: difant: Tu écorches le latin; moi j'écor» cherai le latinifeur. Si fort lui ferroit la gorge, » que le pauvre Limofin commence à crier en Li> mofin: Vée, dicou gentillatre; hé! faint Marfau, » fecoura-me; hau, hau, laiffas à quou, au nom de » Diou,& ne me toucas grou.-Ah! dit Pentagruel, » en le laiffant, voilà comment je te voulois remet» tre en droit chemin de vraie éloquence; car à » cette heure viens-tu de parler comme nature, & grand bien te faffe icelle correction. « Rabelais. Femme à confeffe. Une femme fe confeffoit à un religieux, & s'accufoit de mettre du rouge: il lui demanda à quoi il étoit bon; elle lui répondit qu'elle en ufoit dans le deffein d'embellir fon vifage. Mais cela vous rend-il plus belle, lui répondit le confeffeur?-Du moins, mon pere, je le crois ainfi. Le confeffeur, tirant alors fa pénitente du confeffionnal, & l'ayant regardée au grand jour, allez, dit-il, madame, mettez du rouge, vous êtes encore affez laide.

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La femme muette. » Dans un certain pays barba,, re & non policé en mœurs, y avoit aucuns maris bourrus, & à chef mal timbré, ce que ne voyons mie parmi nous Parifiens, dont grande partie, ,, ou tous, pour le moins, font merveilleufement

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raifonnans & raisonnables; auffi onques ne vit», on arriver à Paris grabuge ni maléfice entre maris & femmes. Or en ce pays-là, tant différent de celui-ci nôtre, y avoit un mari, fi pervers d'entendement, qu'ayant acquis en mariage une femme muette, s'en ennuya; & voulant foi guérir de cet ennui, & elle de fa muetterie, le bon & inconfidéré mari voulut qu'elle parlât, & pour ce eut recours à l'art des médecins & chirurgiens, qui, pour la démuettir, lui inciferent & biftou,, riferent un enciliglote adhérant au filet; brefelle recouvra fanté de langue, & icelle langue voulant récupérer l'oifiveté paffée, elle parla tant ,, tant & tant, que c'étoit bénédiction: fi ne laiffa ,, pourtant le mari bouru de fe laffer de fi planthereufe parlerie: il recourut au médecin, le priant & conjurant, qu'autant il avoit mis de fcience » en œuvre pour faire caqueter fa femme muette, ,, autant il en employât pour la faire taire. Alors le médecin, confeffant que, limité eft le favoir médicinal, lui dit qu'il avoit bien pouvoir de faire parler femme, mais que faudroit art bien plus puiffant pour la faire taire. Ce nonobftant, le mari fupplia, preffa, insista, persista; fi que le favantiffime docteur découvrit en un coin des regiftres de fon cerveau, remède unique & fpécifique contre icelui interminable parlement de femme, & ce remède, c'est surdité de mari. Ouida, fort bien, dit le mari; mais de ces deux maux, ,, voyons quel fera le pire, ou entendre fa femine parler, ou ne rien entendre du tout. Le cas est fufpenfif, & pendant que le mari là – deffus en fufpens étoit, médecin d'opérer, médecin de médicamenter par provifion, faufà confulter par ,, après. Bref, par certain charme de fortilége mé

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dicinal, le pauvre mari fe trouva fourd, avant qu'il eût achevé de délibérer s'il confentiroit à furdité. L'y voilà donc, & il s'y tint faute de mieux : & c'est comme il faudroit agir en opération de médecine. Qu'arriva-t-il? Ecoutez, & » vous le faurez. Le médecin, à fin de befogne, » demandoit force argent, mais c'est à quoi ce mari >> ne peut entendre, car il eft fourd comme voyez; » le médecin pourtant, par beaux fignes & geftes fignificatifs, argent demandoit & redemandoit, jufqu'à s'irriter & colérier; mais en pareil cas, gef» tes ne font entendus, à peine entend-on paroles » bien articulées, ou écritures atteftées & réitérées » pat fergens intelligibles. Le médecin donc fe vit » contraint de rendre l'ouie au fourd, afin qu'il en» tendit à payement, & le mari de rire, entendant qu'il entendoit; puis de pleurer par prévoyance » de ce qu'il n'entendroit pas Dieu tonner,dès qu'il » n'entendroit parler fa femme. Or de tout ceci » réfulte conclufion moralement morale, qui dit, qu'en cas de maladie & de femmes époulées, le » mieux eft de fe tenir comme on est, de de peur

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"pis. "Rabelais.

Femmeprévoyante. Un menuifier qui fe mouroit, difoit à la femme fondante en pleurs :,, Vois-tu, ,, Françoife, fi je meurs, il faut que tu époufes notre ,, garçon Jacques, c'eft un bon enfant, & dans notre métier il faut un homme". Hélas, dit-elle, tiens, By penfois.

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Femme prudente par réflexions Une jeune dameétoit allée dans une églife de réligieux à deffein de s'y confeffer. Elle y trouve un religieux de cette maifon, qui étoit alors feul dans un confeffionnal à marmoter quelques prieres. Elle fe met à genoux auprès de lui, & fe dépêche de lui dire tous fes

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