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péchés. Comme le religieux ne lui répondoit rien, elle lui demande l'abfolution. Je ne puis vous la donner, car je ne fuis pas prêtre. Comment vous n'êtes pas prêtre, & vous m'écoutez? --Pourquoi me parlez-vous? Je vais porter mes plaintes à votre fupérieur, dit la jeune femme en colère? & moi,repart le religieux, je cours dire de vos nouvelles à votre mari. Ce mot radoucit la jeune dame, qui penfa qu'il feroit plus fage à elle de fe retirer tranquillement.

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Le Gafcon puni. Une jeune veuve belle & riche avoit un amant fort pauvre & fort présomptueux, un Gafcon enfin. Il vouloir abfolument qu'on le crût heureux, & divulguoit beaucoup plus de faveurs qu'il n'en recevoit. La dame, d'une humeur enjouée, réfolut de l'en punir, & choifit, pour cet effet, un moyen affez plaifant: je fais, lui dit-elle, que vous avez de l'affection pour moi,& je me flatte que vous voudrez bien m'en donner des preuves dans une occafion qui fe préfente. Le Gafcon lui répond auffitôt qu'il n'attend que fes ordres pour lui marquer fon entier dévouement: vous connoiffez, ajouta la veuve, Madame de.. qui eft de mes amies. Elle a un mari incommode, jaloux, & qui ne lui permet jamais d'aller au bal ; cependant j'en ai arrangé un ce foir chez moi, & c'eft fur cette amie que je compte le plus. Je defire donc que vous nous aidiez à tromper ce jaloux. Vous irez pour cet effet vous coucher en la place de fa femme. Son mari qui ne reviendra que tard, vous trouvant dans fon lit, croira que c'eft fa femme; & comme il eft obligé de fe lever matin pour fes affaires, il ne s'appercevra de rien; car quoiqu'il foit fort jaloux de fa femme, il ne trouble jamais fon repos. Le Gafçon, qui craignoit les fui

tes d'une pareille entreprise, fit paroître d'abord quelques difficultés. Mais que ne peut l'efpoir des faveurs d'une belle, & dans un Gafcon le plaifir de les publier! Il confent donc à tout. On le mene chez l'amie de fa maîtreffe; on lui met une coëffure de femme, & lorfque tout le monde eft retiré, il fe place dans le lit du mari qui étoit alors abfent, & que la jeune veuve favoit bien ne devoir pas revenir ce foir-là. Quelques momens après la jeune veuve entre en robe-de-chambre & fans lumière, & va fe coucher dans le lit où étoit le Gafcon. Celui-ci qui la prend pour le mari fe tapit le mieux qu'il peut à l'autre bord du lit. Il appréhende toujours quelque caprice amoureux de la part de fon prétendu jaloux ou quelque contretems encore plus fâcheux; ce fut dans ces tranfes continuelles qu'il paffa la nuit la plus inquiette. Mais que de penfées vinrent encore l'agiter lorfqu'il entendit fonner, & quelqu'un entrer dans la chambre qui tira les rideaux du lit! Il fe cache auffi-tôt la tête avec la couverture, & auroit voulu s'abîmer dans le lit; mais de grands éclats de rire qui partoient d'une voix qui lui étoit connue lui ayant fait ouvrir les yeux, il voit l'amie de fon amante, & cette jeune veuve s'élance du lit entre fes bras, parée de toutes ces beautés naturelles qu'il idolâtroit. La vengeance fut complette, & notre Gafcon penfa mourir de regret, de dépit & de honte d'avoir fait un fi mauvais ufage d'une fi belle nuit.

Ce conte qui fe trouve dans quelques anciens. recueils, a pu fournir l'idée de la petite comédie du Fat puni, jouée pour la premiere fois fur le théâtre François le 7 Avril 1738. Il y a auffi un conte parmi ceux de la Fontaine, intitulé le Gafcon puni.

Gens exaucés au-delà de leurs vœux. Un affez mauvais écuyer, obligé de monter un cheval un peu haut, & appréhendant de n'en venir à bout difoit: Mon Dieu, aidez-moi. Il fit un fi grand effort, qu'il tomba de l'autre côté du montoir. Il s'écria en fe relevant avec douleur: Mon Dieu, vous ne m'avez que trop aidé.

Une dévote avoit fait une neuvaine à S. Ignace, pour obtenir, par l'interceffion de ce faint, la converfion de fon mari. Huit jours après, fon mari mourut. Que ce faint eft bon, s'écrioit-elle, il accorde plus qu'on ne lui demande.

Homme qui change de religion. Un gentilhomme François, dans le deffein de s'avancer à la cour d'Angleterre, où il étoit, avoit quitté la religion chrétienne pour la luthérienne. Sa conduite fut récompenfée d'une penfion de cinq cens livres fterlings. Des luthériens concluoient de ce changement, qu'il étoit perfuadé que leur religion étoit meilleure que la romaine. Mais il leur répondit fur le même ton. » Lorfque j'ai troqué ma religion contre la luthérienne, j'ai pris de retour ,, une penfion de cinq cents livres sterlings; donc la religion romaine vaut mieux «.

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L'ingrat puni.» Matthieu Gras perdit une bour,, fe de velours, dans laquelle il y avoit cent du,, cats. Après fut trouvée par un pauvre compagnon qui print un d'iceux, & acheta un bonnet. Ce ,, que venu à la notice du perdant, vint à celui ,, qui l'avoit trouvée, le priant de la rendre; ce qu'il fit foudainement, difant: Voilà votre bour„, fe; il ne s'en faut que d'un ducat. Le Gras com,, mence grandement à fe courroucer, & difant

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avec colère: Tu m'as volé mon argent; je ne prendrai pas la bourfe que tout n'y foit: & à la fin le

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fit citer par-devant le juge, lequel, après avoir oui l'une & l'autre des parties, dit à Matthieu Gras: Tu as perdu ta bourfe où il y avoit cent du,, cats? Qui dit Matthieu; Oh bien celle-ci n'eft "pas la tienne; car il n'y en a que nonante-neuf; difant auffi à celui qui l'avoit trouvée : Tiens gardes-la, ce n'est pas la fienne, qu'il la voife 25 chercher s'il veut. Voyez un recueil de facéties & mots fubtils, imprimé en 1582.

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Le Marchand à confefje. Un gros marchand fe trouvant dans un tems de jubilé, crut devoir aller à confeffe. Ce marchand, qui poffédoit mieux l'arithmétique que le droit canon, venoit d'acquérir, pour fon fils, un bénéfice à prix d'argent : il fe flatta d'en obtenir aifément l'abfolution. Mais le confeffeur, inftruit de cette action: » Allez, miférable, lui dit-il, fortez promptement de cette églife, & ne la fouillez pas davantage par la préfence d'un abominable reprouvé «. -Eft-il poffible, mon très-revérend pere!...-Laiffez-là vos fuperlatives grimaces, interrompit brusquement le religieux je regarde comme autant d'injures les hypocrites civilités d'un fimoniaque. -Quoi! mon père, ajouta le pénitent, vous me refufez l'abfolution! je m'en vais donc vers M. le pénitencier. -Le pénitencier, l'archevêque, le pape même ne fauroit vous la donner que vous ne vous foyez défait de ce pernicieux bénéfice, & que vous n'ayez promis de faire une pénitence proportionnée à l'énormité du crime que vous avez commis. Le marchand, effrayé de ce que lui difoit fon confeffeur, & fe doutant bien qu'il n'en feroit pas quitte ailleurs à meilleur marché, prit congé de lui, avec proteftation de quitter ce bénéfice, puifqu'il ne pouvoit avoir l'abfolution autrement, Quinze jours

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ou trois femaines après, étant revenu à confeffe : Hé bien, lui dit le confeffeur, en l'abordant, vous êtes-vous défait de ce malheureux bénéfice? » Oui, ,, mon pere, lui répondit le marchand, ravi de la bonne action qu'il avoit faite ; & qui plus eft ,, ajouta-t-il, vous m'aviez fait une fi grande peur, », que je n'ai pas voulu gagner un fou deffus: je l'ai revendu justement ce qu'il m'avoit couté «. On laiffe à imaginer s'il fut bien reçu à demander l'abfolution. Voyez les Lettres de Bourfault.

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I

La Marchande de bière. Pendant les guerres de 1672, une bonne femme qui vendoit de la bière à l'armée de Hollande, crioit de toute fa force, à deux fols ma bonne bière, à deux fols. Un foldat crioit derriere fa tente à fix liards ma bonne bière, à-fix liards. Hélas! difoit la bonne femme, voilà un malheureux qui s'eft venu camper près de moi pour m'ôter tous mes chalans; car tout le monde couroit au meilleur marché. Enfin, après avoir bien lamenté fur ce qu'elle croyoit que fa bière lui refteroit, elle fut toute étonnée de voir qu'il n'y en avoit plus une goutte dans fon tonneau, & cela parce que le foldat avoit trouvé le fecret de le percer de l'autre côté de la tente; & en faifant deux liards de meilleur marché, il avoit tout débité avant que la bonne femme fe fût apperçue du tour,

Marià bon marché, Une jeune villageoife, nommée Nicole, ayant bonne envie de fe marier, avoit reçu de la dame du lieu dix écus pour fe former une dot. La dame voulut voir le prétendu. Nicole le lui préfente; c'étoit un Limofin petit & fort laid, Ah, ma fille, lui dit cette dame en le voyant, quel amoureux as-tu choifi-là? Hélas! madame, lui répond la naïve Nicole, que peut-on avoir pour dix écus?

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