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Mari prudent. Dans un village de Poitou, une femme, après une groffe maladie, tomba en léthargie. Son mari & ceux qui étoient autour d'elle, la crurent morte. Ils l'enveloppèrent feulement d'un linge, felon la coutume des pauvres gens du pays, & la firent porter en terre. Mais en chemin, ceux qui la portoient, ayant paffé près d'un buisson, les épines la piquèrent & elle revint de fa léthargie. Quatorze ans après, elle mourut tout de bon, au moins le crut on ainfi. Comme on la portoit en terre & que l'on approchoit d'un buiffon, le mari fe mit à crier deux ou trois fois : N'approchez point des haies.

Le Matelot de retour, La plupart des habitans de Gayète, gagnent leur vie dans le fervice de la marine. Un d'entr'eux, qui étoit fort pauvre, fe mit en mer pour amaffer quelque argent, laiffant à fa femme le foin de gouverner fon ménage. Comme elle étoit jeune & jolie, elle ne fut pas long-temps. fans fe confoler de l'abfence de fon mari. De retour au bout de cinq ans, il alla voir fa femme. Il fut agréablement furpris de trouver fa, maison toute réparée & fort agrandie. Comment, dit-il, ont pu fe faire ces réparations? C'eft, répondit-elle, une grace que Dieu m'a faite; le mari en remercia le ciel. Etant entré plus avant dans la maifon, il voit des meubles & un lit d'une propreté au-delà des facultés de l'un & de l'autre. Ce lit, ces meubles, d'où font-ils venus, dit encore le mari? ---De la

que

même grace, répondit la femme. Pendant Pendant le

mari béniffoit la bonté du ciel envers lui, il vint un petit garçon d'environ trois ans, careffer fa mère. A qui eft cet enfant, demanda le mari? -A moi, dit la femme; le ciel me l'a auffi donné.-Ah! pour le coup, répartit le mari, le ciel a pris trop de foin de ma maifon. Poge.

Moine faftueux. Un moine voyageant, entra chez un pauvre curé de village, & lui demanda l'hofpitalité. Le curé le reçut de fon mieux, mais le fit fervir en vaiffelle de terre, cuiller d'étain, fourchette de fer, &c. Le moine, qui aimoit fes aifes ne s'accommoda pas de cette fimplicité; il ouvre fa valife, en tire tous fes uftenciles en argenterie, & les pofe fur la table. Le curé, à la vûe de ce fafte, lui dit : Révérend père, nous ferions un bon religieux à nous deux. Pourquoi, dit celui-ci ? --C'est que vous avez fait veu de pauvreté, & moi je l'obferve.

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Le moine qui reçoit un démenti du diable. Un moine, qu'une trop longue abftinence impatientoit, s'avifa un jour, dans fa cellule, de faire cuire un œuf à la lumière d'une lampe. L'abbé, qui faifoit fa ronde, ayant vû, par le trou de la ferrure, le moine occupé de fa petite cuifine, entra brusquement, & l'en reprit avec aigreur. De quoi le bon religieux s'excufant, dit que c'étoit le diable qui l'avoit tenté, & lui avoit infpiré cette rufe. Tout auffitôt parut le diable lui-même, qui étoit caché fous la table, en difant : » Tu en as menti, chien de moine; ce tour n'eft pas de mon invention, & c'est toi qui viens de me l'apprendre". Mêlanges hiftoriques.

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Moine mécontent. Un moine qui demeuroit dans une riche abbaye, fe plaignoit de ce que le fupérieur faifoit obferver une trop grande frugalité dans les repas de fes moines. Le magiftrat lui dit, que par cette fage économie, il faifoit fubfifter l'abbaye. Comment, reprit le moine, favez-vous bien, monfieur, qu'au revenu que nous avons, devrions être plus de 24 heures à table"? Le novice effrayé. On avoit dit à un religieux,

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nous

prêt à s'embarquer fur mer: Ne défefpérez de rien dans une tempête, tant que les matelots jureront & blafphêmeront; mais s'ils s'embraffent, s'ils fe demandent pardon réciproquement, tremblez. Ce religieux ne fut pas plutôt en pleine mer, qu'il s'éleva une tempête. Le bon père, inquiet, envoyoit de temps en temps un frère de fon ordre à l'écoutille, afin qu'il lui rapportât les difcours des matelots. Ah! mon Dieu, mon père, tout eft perdu, lui vint dire le frère; ces malheureux font des imprécations horribles, vous frémiriez de les entendre; leurs blafphêmes feuls font capables de faire périr le vaiffeau.» Dieu foit loué, dit le père; allez, • tout ira bien".

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Ordonnance de médecin, difficile à remplir. Un médecin obligé de purger un magiftrat malade, dont le tempérament froid & lent étoit difficile à émouvoir, crut devoir ufer d'adreffe. Il dit fecrétement au valet-de chambre du malade de tâcher dele mettre en colère, & qu'auffi-tôt qu'il s'appercevroit de l'émotion, il lui fit avaler la médecine. Le valet-de-chambre ne négligea rien pour faire réuffir la chofe. Dès le point du jour s'approchant du lit de fon maître, il en tire les rideaux avec une précipitation capable de furprendre & de fâcher un homme dont le fommeil eft brufquement interrompu. Mais le malade, fans s'émouvoir, demande tranquillement: Quelle heure eft-il? Levalet-dechambre fâché d'avoir manqué fon coup, s'avife de brûler la chemife de fon maître, & il la lui apporte toute en feu. Le malade toujours froid, fe contente de lui dire: Chauffez-en une autre. Tout cela n'opérant rien, le valet-de-chambre, d'un coup de coude, caffe cinq ou fix verres de Venife, que fon maître aimoit beaucoup : & ce maître, auffi

peu ému qu'auparavant, dit fort doucement: C'est dommage, ils étoient beaux. Enfin le valet-de-chambre au défefpoir, ne comptoit plus fur rien, lorfqu'il arriva un homme qui avoit une affaire épineufe au rapport du magiftrat. Cet homme étoit vêtu de taffetas; & comme il parloit avec beaucoup d'action en défendant fa caufe, l'étoffe faifoit une efpèce de fifflement, qui, chagrinant le malade l'impatienta, & lui fit dire en colère : Faites taire votre habit, monfieur, fi vous voulez que je vous écoute. Le valet-de-chambre voyant fon maître ému, lui préfente auffi-tôt la médecine; & elle fit effet.

Paffato il pericolo, gabbato il fanto, dit le proverbe Italien: On ne fe fouvient plus des promef fes, quand le péril eft paffé. Un pauvre voyageur s'étoit embarqué : le vaiffeau effuya une tempête furieufe. La confternation fe répand dans tout l'équipage. Notre voyageur encore plus effrayé que les autres, fe met à genoux, & promet en tremblotant, à faint Chriftophe fon patron, un cierge auffi grand & auffi gros que la Statue de ce Saint, qui eft dans l'églife de Notre-Dame de Paris. Quelqu'un de fenfe qui fe trouve à côté du faifeur de vœux, lui remontre, qu'encore qu'il vendît tout fon bien il ne pourroit pas acquitter fa promeffe. L'autre répond à voix baffe, de peur d'être entendu de faint Christophe: Tais-toi, fat; penfe que je fais ce que » je fais. Si une fois je touche la terre, je ne lui » donnerai pas une bougie groffe comme le petit doigt".

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Payfan à qui on dérobe fon âne entre fes jambes. » Un pauvre meunier, qui étoit fur fon âne, fut furpris d'une groffe proceffion, qui le preffoit fort; & lui, ayant fon bonnet à la main, dandi» noit regardant la bannière & les beaux joyaux.

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» Deux ou trois fripons approchant de lui, coupe» rent les fangles de fon bât, & foûtinrent le bât » affez long-temps, portant le drôle, tandis qu'un » autre arrêta le mulet, le tirant par la queue com» me une anguille. Quand ils l'eurent affez porté, ils le plantèrent-là, & le pauvre de crier & hucher: » eh? où eft mon âne?« Le moyen de parvenir.

Le prétendu Sage. Un matelot étoit prêt à s'embarquer fur un vaiffeau qui partoit pour les Indes. Un Bourgeois, qui fe croyoit apparemment plus fage que ce marin, lui dit : mon ami, où ton père eft-il mort? Dans un naufrage, répondit le matelot.Et ton grand-père? -Comme il alloit à la pêche, il s'éleva une tempête fi furieufe, qu'il fut fubmergé avec la barque. -Et ton bifayeul?

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Il périt auffi dans un navire, qui alla se briser contre un écueil. ---Comment donc, reprit le bourgeois, ofes-tu te mettre fur mer, puifque tous tes ancêtres y font péris? Il faut que tu fois bien téméraire. Monfieur le philofophe, reprit le matelot, faites-moi auffi la grace de me dire où votre père eft mort? --- Fort doucement dans un lit. ---Et vos ancêtres? --de la même manière; très tranquillement dans leur lit. --- Eh, monfieur le philofophe, reprit le matelot, comment ofezvous donc vous mettre au lit, puifque tous vos ancêtres y font morts?

Le Queftionneur intéreffé. Le Gouverneur d'une des Ifles de l'Amérique, plus ami de préfens que de la justice, rebutoit ceux qui venoient demander des graces les mains vuides. Quelquefois auffi il leur faifoit des questions ridicules, mettant les priviléges qu'ils defiroient au prix d'une folution quil leur étoit impoffible de donner. Un de ces refpecueux vifiteurs étant venu le trouver, il lui dit qu'il

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