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vuidoient leurs querelles. Ils faifoient battre les, conteftans, & donnoient gain de caufe à celui qui remportoit la victoire. Ces peuples s'étant précipités comme un torrent, en Italie, en Efpagne &. dans les Gaules, leur fureur naturelle les y fuivit; ils y apportèrent l'ufage du duel: la France l'adopta fous le regne des fucceffeurs de Clovis; on le regardoit, du temps de Charlemagne, comme un moyen fûr pour diftinguer l'innocent du coupable: c'eft ce qu'on appelloit l'épreuve du duel. Le combat de Gui Chabot de Jarnac, & de François Vivonne de la Chataigneraie, a été le dernier duel autorifé. Ce combat fe fit dans la cour du château de faint-Germain-en-Laye, le 10 Juillet 1547, fous le regne de Henri II. Jarnac avoit donné un démenti à la Chataigneraie. Celui-ci le défia au combat. Le roi le permit, & voulut en être fpectateur; il fe flattoit que la Chataigneraie, qu'il aimoit, emporteroit l'avantage : mais Jarnac, quoiqu'affoibli d'une fièvre lente qui le confumoit, le renverfa par terre d'un revers qu'il lui donna fur le jarret, & qu'on a appellé depuis, le coup Jarnac. On fépara les combattans; mais le vaincu, inconfolable d'avoir reçu cette honte à la vûe du roi, ne voulut jamais que les chirurgiens bandaffent fa plaie; il mourut quelques jours après. Henri fut fi touché, qu'il jura folemnellement de ne plus permettre de femblables combats. Dans les additions aux mémoires de Caftelnau, on a rapporté les cartels de la Chataigneraie & de Jarnac.

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Cartel de François de Vivonne de la Chataigneraie. ,,Sire, ayant appris que Gui Chabot de Jarnac ,, a été dernièrement à Compiegne, où il a dit, ,, que quiconque avoit dit qu'il s'étoit vanté d'avoir ,, couché avec fa belle-mère, étoit méchant & mal

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heureux; fur quoi, fire, avec votre bon plaisir & vouloir, je réponds qu'il a méchamment menti, & mentira toutes fois & quant qu'il dira ,, qu'en cela j'ai dit chofes qu'il n'a pas dit : car il ,, m'a dit plufieurs fois, & s'eft vanté d'avoir couché avec la belle-mère". FRANÇOIS DE VIVONNE. Cartel de Gui Chabot de Jarnac.,,Sire, avec ,, votre bon plaifir & congé, je dis que François ,, de Vivonne a menti fur l'imputation qu'il m'a ,, donnée, de laquelle je vous parlai à Compiègne, & pour ce, fire, je vous fupplie très-humblement qu'il vous plaife nous octroyer le champ à toute ,, outrance". GUI CHABOT.

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Serment de François de Vivonne.,,Moi, François de Vivonne, jure fur les faints évangiles, fur la vraie croix & fur la foi du baptême que je tiens de lui, qu'à bonne & jufte cause je fuis venu en ,, ce champ pour combattre Gui Chabot, lequel a mauvaife & injufte caufe de fe défendre contre ,, moi; & que d'ailleurs je n'ai fur moi, ni en mes ,, armes, paroles, charmes ou incantations, defquelles j'aie efpérance de gréver mon ennemi ,, & defquelles je me veuille aider contre lui".

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Chabot fit le même ferment le jour de ce combat. La Chataigneraie, vrai bravache, avoit prié à fouper plus de cent cinquante perfonnes de la cour. Tous les apprêts de ce fouper, qu'il avois faits dans fa tente, au bout des lices où ils fe battirent, furent gafpillés & mangés par la valetaille. Mémoires de Vielville.

Les Napolitains, qui trouvent aujourd'hui plus commode d'attendre fon ennemi au coin d'une rue & de le tuer par derriere, avoient, pendant la fu reur des duels, inventé une forte de défi qui étoit moins un duel qu'un combat. Celui qui fe trouvoit

offenfe, choififfoit un fecond, & appelloit fon ennemi qui faifoit de même, & fe rendoit dans un lieu écarté. On n'employoit dans ce défi d'autre arme que l'épée ou une maffue; on l'appelloit pour cette raifon combat Alla mazza. Cette fureur paffa en France, & s'y maintint jufqu'à l'édit de Louis XIV, concernant l'abolition du duel. Le nombre des feconds n'étoit pas toujours fixe. On voyoit des combats de dix, de douze & de vingt contre vingt. Celui qui étoit appellé pour fecond recevoit cette invitation comme la plus grande marque d'amitié. Plufieurs gentilhommes, même fans être connus, alloient fe propofer, pour remplir ce barbare office. On peut fe rappeller ici ce que le comte de Buffy rapporte dans fes mémoires. Un jour que de Buffy fortoit de la comédie, un gentilhomme appellé Bruc, le tira à part pour lui demander s'il étoit vrai que le comte de Thianges eût dit qu'il étoit un ivrogne. Buffy lui répondit qu'il voyoit fort peu le comte & qu'il ignoroit ce qu'il pouvoit avoir dit. C'eft votre oncle,repliqua Bruc; & comme je ne puis avoir d'éclairciffement de lui, parcequ'il ne fort pas de fa province, je m'adreffe à vous. Ah! puifque vous voulez, lui dit Buffy, que je réponde pour lui, je vous dirai que quiconque l'a fait parler de la forte en a menti. C'est mon frère, reprit le gentilhomme, & c'eft un enfant. Il faut lui donner le fouet, repartit Buffy. En difant cela ils mirent tous les deux l'épée à la main. On Tes fépara. Quelques jours après un autre gentilhomme, que Buffy ne connoiffoit point, vint le trouver pour lui dire qu'ayant appris qu'il cherchoit Bruc avec qui il avoit eu querelle, il lui diroit où il étoit, s'il vouloit le prendre pour fon fecond. I ajoutoit qu'il ne les connoiffoir ni l'un ni l'autre

que de réputation; mais que fon inclination le portoit à fervir le comte. Celui-ci le remercia des marques de fon amitié, & le pria de confidérer qu'il avoit déja quatre de fes amis auprès de lui, & que ce feroit une bataille s'il recevoit l'honneur qu'il vouloit lui faire.

Il a été vérifié, par les regiftres de la chancellerie, que depuis l'avènement de Henri IV à la couronne, jufqu'à la vingtieme année de fon regne, fept mille graces avoient été expédiées. Qu'on joigne à cela les duels pour lefquels on n'a point eu recours aux lettres de grace, & on fe convaincra facilement qu'ila dû périr beaucoup de nobleffe dans ce nouveau genre de combat.

Henri III. & les rois fucceffeurs ont publié les édits les plus févères contre le duel. La France crut fur tout cette fanglante coutume abolie fans retour, à la vûe des ordonnances foudroyantes de LouisXIV contre les duelliftes. L'abolition du duel fut célé brée en profe & en vers dans les harangues publi ques & dans les difcours particuliers. C'eft dans ces circonftances que le duc de Navailles refufa de fe battre contre le comte de Soiffons. La comtesse époufe de ce dernier, & furintendante de la maifon de la Reinte Mere, étoit en difpute avec la ducheffe de Navailles, dame d'honneur de cette reine, par rapport & leurs fonctions. Le roi porta un juge ment qui parut favorable a la duchefle. La douleur de la comteffe fut fi vive, que le comte fon mari propofa le duel au duc de Navailles, qui refufa de l'accepter. Les prédicateurs profitèrent de cette difpofition des efprits, pour s'élever avec force contre ces fortes de combats. Un jour que le maréchal de la Force ayoit affifté à un de ces fermons, il en fut fitouche, qu'il protesta en fortant que fi on lui fai

foit un appel, il ne l'accepteroit pas. Voyez un ouvrage intitulé, l'honneur confidéré en lui-même & relativement au duel.

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Les plus grands hommes de l'antiquité ne fongèrent jamais à venger leurs injures perfonnelles par des combats particuliers. Plutarque rapporte qu'Antoine fuccombant fous le poids de fon infortune, défia Augufte, & lui préfenta le combat d'homme à homme; mais qu'Augufte le refufa, en difant, qu'il avoit bien d'autres moyens de mourir fans celui-là. Scipion l'Africain, & Métellus, tous deux grands capitaines, rejettèrent également le combat fingulier; parceque, dit Théophraste, un général doit mourir en capitaine, & non en foldat.

Des Bachas répondirent un jour à un Turc qui vouloit fe battre: Vous avez propofé un duel à un Mufulman; n'y a-t-il donc pas des ennemis à combattre & à détruire? Vous êtes affez téméraire pour expofer une vie qui n'eft pas à vous.

Charles, roi de Suède, envoya, en 1611, un hérault à Chriftiern, roi de Danemarck, avec un cartel de défi, qui courut dans toute l'Europe. Après quelques reproches affez forts que le roi de Suède fait à fon ennemi, il lui propofe le duel, & il ajoute: Si vous le refufez, je ne vous regarderai ni comme homme d'honneur, ni comme brave foldat. Le roi de Danemarck fit une réponse beaucoup plus outrageante que la lettre qu'il avoit reçue. Il fou tint d'abord que tous les reproches de Charles étoient des menfonges impudens: Quant au défi que vous me faites, ajoute-t-il, c'est une preuve que vous avez besoin d'Ellebore pour vous nettoyer le cerveau. Hiftoire de Suede.

Gustave Adolphe, le conquérant du Nord, regardoit,

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