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gardoit, ainfi que Louis XIV, les combats particuliers comme la ruine de la difcipline. Dans le deffein d'abolir dans fon armée cette coutume barbare, il avoit prononcé la peine de mort contre tous ceux qui fe battroient en duel. Quelque temps après que cette loi eut été portée, deux officiers fupérieurs qui avoient eu quelque démêlé enfemble, demandèrent au roi la permiffion de vuider leur querelle l'épée à la main. Guftave fut d'abord indigné de la propofition:il y confentit néanmoins, mais il ajouta, qu'il vouloit être témoin du combat, dont il affigna l'heure & le lieu. Il s'y rend avec un corps d'infanterie qui environne les deux champions. Enfuite il appelle le boureau de l'armée, & lui dit : « Un tel, dans l'instant qu'il y en ,, aura un de tué, coupe devant moi la tête à l'autre,,. A ces mots, les deux officiers reftè, rent quelque temps immobiles; mais reconnoiffant bientôt la faute qu'ils avoient faite, ils fe jettèrent aux pieds du roi, lui demandèrent pardon & fe jurèrent l'un à l'autre une éternelle amitié. Hiftoire de Guftave Adolphe. Voyez Préjugé.

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ÉDUCATION D'UN PRINCE. COSROES, roi de Perfe, dit le philofophe Sadi,

avoit un miniftre dont il étoit content, & dont il fe croyoit aimé. Un jour ce miniftre vint lui demander à fe retirer. Cofroès lui dit : Pourquoi yeux-tu me quitter? j'ai fait tomber fur toi la rofée de ma bienfaisance; mes efclaves ne diftinguent point tes ordres des miens; je t'ai approché de mon cœur, ne t'en éloigne jamais. Mitrane, (c'étoit le nom du miniftre) répondit: O roi ! je t'ai fervi avec zèle, & tu m'en as trop recompenfé; Tome I.

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mais la nature m'impofe aujourd'hui des devoirs facrés; laiffe-moi les remplir: j'ai un fils, il n'a que moi pour lui apprendre à te fervir un jour comme je t'ai fervi. Je te permets de te retirer, dit Cofroès, mais à une condition: parmi les hommes de bien que tu m'as fait connoître, il n'en eft aucun qui foit auffi digne que toi d'éclairer & d'élever l'ame de mon fils; fints ta carriere par le plus grand fervice qu'un homme puiffe rendre aux autres hommes. Qu'ils te doivent un bon maître. Je connois la corruption de la cour, il ne faut pas qu'un jeune prince la refpire: prends mon fils, & va l'inftruire avec le tien dans la retraite, au fein de l'innocence & de la vertu. Mitrane pártit avec les deux enfans ; & après cinq ou fix années, il revint avec eux auprès de Cofroès, qui fut charmé de revoir fon fils, mais qui ne le trouva pas égal en mérite au fils de fon ancien miniftre. Cofroès fentit cette différence avec une douleur amère, & il s'en plaignit à Mitrane. O roi ! lui dit Mitrane, mon fils a fait un meilleur ufage que le tien des leçons que j'ai données à l'un & à l'autre ; mes foins ont été partagés également entr'eux : mais mon fils favoit qu'il auroit befoin des hommes, & je n'ai pu cacher au tien que les hommes auroient

befoin de lui.

Le défaut ordinaire des gouverneurs, inftiruteurs, & autres perfonnes qui travaillent à l'édu cation des princes, eft de les flatter dans leurs caprices. C'est ce que fit fentir très bien le domeftique d'un prince, par une expreffion vive & plaifante. On lui demandoit ce que ce jeune feigneur, qui venoit d'achever fes études & fes exercices, avoit le mieux appris: C'eft, répondit-il, à monter à cheval, parce que fes chevaux ne l'ont pas flatté.

EN FAN S.

LES ES enfans ont des ingénuités auxquelles on ne peut s'empêcher de fourire. Un enfant entendant dire que fa mere venoit de perdre fon procès: » Ah maman! que je fuis aife, en fe jettant à fon cou, que vous ayez perdu ce procès qui vous » tourmentoit tant»!

Un petit Sauvage avoit été amené de l'Amérique en France. Son maître, qui le croyoit bien content, lui demanda: Hé bien, aimes-tu mieux à préfent ton pays que le nôtre? Oui. Et pourquoi? C'eft que je ne puis manger que quand tu manges, & je ne puis dormir que quand tu dors.)

Une petite fille de fept ans jouoit fouvent avec un petit garçon de fon âge, qu'elle appelloit fon petit mali. Un jour fa maman, qui étoit une jeune veuve, lui dit:Henriette, ne veux-tu pas bien me le céder, ton petit mari?-Non, dit-elle, affez fèchement. -Non? Mais fi je ne veux pas te le céder non-plus, qui nous accordera? -Maman, ce fera la petite maman. (C'est ainfi qu'elle appelloit la mere du petit bonhomme.) J'aurai donc la préférence? car tu fais qu'elle veut tout ce que je veux. -Oh! la petite maman ne veut jamais que la raffon. -Comment, mademoiselle, n'eftce pas la même chofe? (la petite fe mit à fourire.) Mais encore, continua la maman, par quelle raifon ne me donneroit-elle pas le petit mari? -parcequ'il ne vous convient pas. Et pourquoi ne me conviendroit-il pas? (Autre fourire auffi malin que le premier.) Parle franchement, eft-ce que tu me trouves trop vieille pour lui? -Non, maman, mais il eft trop jeune pour vous? Sa maman s'amu

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fa à la provoquer encore. Ma chere Henriette, lui dit-elle, en prenant fon férieux, je t'assure qu'il ne te convient pas non-plus. Pourquoi donc, s'écria-t-elle, d'un air allarmé? — C'est qu'il est trop étourdi pour toi. -Oh! maman, n'eft-ce que cela? je le rendrai fage. Et fi par malheur il te rendoit folle?-Ah! ma bonne maman, que j'aimerois à vous reffembler! -Me reffembler, impertinente? Oui, maman. Vous dites toute la journée que vous êtes folle de moi : Hé bien! moi, je ferai folle de lui! voilà tout. La nouvelle Héloïfe.

Un miniftre proteftant, fort colérique, expliquoit à des enfans le Pentateuque : il en étoit à l'article de Balaam. Un jeune garçon fe mit à rire. Le ministre indigné, gronda, menaça, & s'efforça de prouver qu'un âne pouvoit parler, fur - tout quand il voyoit devant lui un ange armé d'une épée. Le petit garçon n'en rioit que plus fort. Le Miniftre s'emporta, & donna un grand coup de pied à l'enfant, qui lui dit en pleurant : Ah! je conviens que l'âne de Balaam parloit, mais il ne ruoit pas.

L'Auteur d'Emile a cité ces deux tours d'adreffe; l'un d'un petit garçon, & l'autre d'une petite fille, auxquels on avoit défendu de demander rien à table. Le petit garçon, que l'on avoit cruellement oublié, & qui craignoit de défobéir, s'avifa de prendre un peu de fel: c'étoit affez faire entendre qu'il defiroit de la viande. La petite fille étoit dans une circonftance différente; elle avoit mangé de tous les plats, hormis un feul dont on avoit oublié de lui donner, & qu'elle convoitoit beaucoup. Or, pour obtenir qu'on réparât cet oubli fans que l'on pût l'accufer de défobéiffance, elle fit, en avançant fon doigt, la revûe de tous les plats, difant tout

haut, à mesure qu'elle les montroit: J'ai mangé de ça, j'ai mangé de ça: mais elle affecta fi vifiblement de paffer, fans rien dire, celui dont elle n'avoit point mangé, que quelqu'un s'en appercevant, lui dit: Et de cela, en avez vous mangé? Oh! non reprit doucement la petite gourmande, en baiffant les yeux. Si ce tour-ci paroît plus fin, c'eft qu'il eft une rufe de fille; l'autre n'eft qu'une rufe de garçon. Madame Defnoyers rapporte, dans fes Lettres, cette efpiéglerie du duc de Berri, petit - fils de Louis XIV. Lorfqu'il étoit encore enfant, il faifoit fouvent de petites fredaines, & le roi lui ordonnoit les arrêts dans fa chambre. Un jour fon fousgouverneur fit fermer les fenêtres, difant que les prifonniers ne doivent pas voir le jour.,, Vous me faites bien plaifir, lui dit le jeune prince, puif,, que vous me garantiffez par-là d'une vifion auffi défagréable que la vôtre". Après cela il fe mit à badiner, & à battre du tambour avec fes doigts fur une table. Le fous-gouverneur trouva encore cela mauvais, & pria le prince de ne point toucher à cette table, puifqu'elle ne lui appartenoit pas, & que tous les meubles étoient au roi.,, Oh! pour le coup, vous ne me difputerez pas que ceci ne foit à moi,,, En même-temps, il fe mit à battre fur fes feffes. Le fous-gouverneur eut toutes les peines du monde à garder fon férieux, & le roi rit beaucoup du rapport qu'on lui fit de cette fcène.

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Le duc du Maine, encore enfant, faifoit beaucoup de bruit en jouant. Le grand prince de Condé, qui étoit dans le même appartement, fe plaignoit de ce bruit:,, Plut-à-dieu, monfieur, lui dit l'enfant, que j'en fiffe autant que vous"!

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Un docteur, fort occupé dans fon cabinet, vit entrer une petite fille qui lui demanda du feu. Mais,

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