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Le cardinal de Retz allant à Rome fur une ga lere de Naples, fut accueilli, près de l'ifle de Corfe, par une tempête. Comme on fe croyoit prêt à périr, le capitaine de la galère, nommé Villanova, Te fit apporter, au plus fort du danger, fes manches en broderies & fon écharpe rouge, en difant, qu'un véritable Efpagnol devoit mourir avec la marque de fon roi. Mém. de Retz. Voyez Orgueil

national.

Un Efpagnol ne ceffoit de foupirer pour une très-jolie perfonne. Défefpéré de n'avoir encore pu en obtenir la moindre faveur, il va lui-même pendant la nuit mettre le feu à la maison où elle demeure, & court auffi-tôt lui annoncer le danger, afin du moins de pouvoir la tenir dans fes bras tout le temps qu'il faut pour la fauver des flammes. Que cette anecdote foit vraie ou fauffe, elle peut fervir à peindre l'amour romanefque d'un amant Efpagnol. Voyez Amour.

Les François ayant affiégé Cambrai en 1677, la ville fe rendit après quelque réfiftance. Quatre mille hommes, dont la garnifon étoit compofée tous réfolus de fe bien défendre & de tenir au moins trois mois, entrèrent dans la citadelle après avoir abandonné douze cents de leurs femmes à la clémence du vainqueur. Une védette Françoife, qui, pendant tous ces mouvemens, fe trouvoit fort près de la védette Efpagnole, lui dit, qu'il étoit bien étonné que des gens fages allaffent s'enfermer dans un lieu où on ne vouloit pas recevoir leurs femmes, & les livraffent aux François, gens très-difpofés à avancer leurs affaires. Ce propos fit tant d'impreffion fur le jaloux Efpagnol, qu'il jetta auffi-tôt fon moufquet à terre, & fe rendit aux François. Mercure de mai, 1677. Voyez, Jaloufie.

En

En 1667, le général Scomberg, qui commandoit les Portugais, attaque une place Espagnole : elle eft prife d'affaut. Pendant que tout étoit au pillage, un bourgeois Caftillan, qui fe promenoit avec beaucoup de fang-froid dans les rues, entend une védette qui joue de la guitarre. Choqué de fes fons diffonans, il la lui demande pour la mettre d'accord, & lalui rend, en difant: Jouezen préfentement, qu'elle eft accordée. Il continua à fe promener tranquillement, plus fenfible à la mauvaise harmonie d'une guitarre, qu'à la défolation de fa patrie & de fa famille. Bafnage, annales des Provinces-Unies.

L'Efpagnol eft courageux; mais il faut qu'il foit fondu dans un efcadron ou dans un bataillon. Auffi Spinola difoit fouvent, qu'un Efpagnol feul quoique brave foldat, n'étoit bon qu'à faire fentinelle. Vie du duc d'Offonne.

On a obfervé, dans la comparaifon que l'on a faite du foldat François au foldat Espagnol, que le premier fe fait toujours craindre d'abord, jurant & peftant quand il entre quelque part; mais dès le lendemain il s'eft accommodé avec tous les domeftiques, & fe trouve grand ami de la maison. L'Efpagnol joue un rôle tout différent; car il ufe de courtoifie en arrivant : mais rien n'eft plus rude que fa fortie; c'eft alors qu'il pille & défole tout d'où vient le proverbe, qui dit : « Qu'on fe gar» de de la furie Françoife, & de la retraite Ef» pagnole.»

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La rivalité qui regnoit autrefois entre les Efpagnols & les Portugais, étoit dégénérée en une forte de haine que l'on a pris plaifir à peindre par les traits fuivans. Un prêtre Portugais étoit à l'autel dans une églife de Rome, & commençoit à dire Tome I.

R

la messe. Un Caftillan la répondoit. Le Portugais, qui s'en apperçut, recommença plufieurs fois; & voyant que le Caftillan continuoit de répondre, il fe tourna vers lui, & lui dit avec colère: Je ne parle à toi ; & il s'en alla avec fes ornemens pas chercher un autre autel où il n'y eût point de Caftillan qui lui répondît.

Un grand de Portugal adreffant la parole à un grand d'Espagne, le traitoit d'excellence. Mais le Caftillan lui répondoit, votre courtoifie, titre que l'on donne en Espagne aux gens qui n'en ont point. Le Portugais piqué, appella l'Espagnol, à fon tour, votre courtoifie; l'autre lui donna alors de l'excellence. A la fin le Portugais, laffé, lui dit: Pourquoi dites-vous : Votre courtoisie, lorfque je vous accorde le titre d'excellence; & pourquoi vous fervez-vous de ce dernier titre, quand je vous appelle votre courtoifie? C'eft que tous les titres me font égaux, répondit l'implacable Caftillan, pourvû qu'il n'y ait rien de commun entre vous & moi.

L'histoire nous a confervé un trait bien fingulier de cette haine nationale. Les Portugais, qui foutenoient les prétentions de l'archiduc Charles au trône d'Espagne, avoient, en 1706, pénétré jufqu'à Madrid. Les courtifanes de cette ville formè. rent auffi-tôt le deffein de ruiner leur armée. Elles vont en conféquence, la nuit par troupes, jufques dans fes tentes & y commettent des défordres qui font périr plus de fix mille foldats. La fidélité & l'amour pour Philippe V, difent les mémoires de S. Philippe, portèrent les femmes les plus perdues à mettre en œuvre cette criminelle & déteftable rufe. Les plus gâtées fe paroient avec foin & fe chargeoient de parfums & de fard, pour em

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poifonner des gens qu'elles abhorroient; cachant ainfi, fous le mafque de l'amour, la haine impla❤ cable qu'elles leur portoient.

ESPRIT.

UN homme opulent demandoit, en dérision, au philofophe Sadi, pourquoi on voyoit fouvent l'homme d'efprit à la porte du riche, & jamais le riche à la porte de l'homme d'efprit? C'est, répondit ce philofophe, parce que l'homme d'efprit fait le prix des richefjes, & que le riche ignore le prix des lumières.

Le philofophe Ariftippe étoit interrogé fur la différence qu'il y avoit entre un homme éclairé & un ignorant. Qu'on les envoie, dit-il, hors de leur pays, & on le verra.

Si vous voulez vous conferver au fervice d'un grand, ayez l'art de cacher la fupériorité d'efprit que vous pouvez avoir. Noli videri fapiens coram principe, a dit le prophète Salomon. Amelot de la Houffaie, dans fes notes fur la maxime vi de l'homme de cour de Gracian, rapporte cette anecdote. Un roi de Portugal voulant écrire au pape, dit à un de fes courtifans d'écrire de fon côté pendant qu'il écriroit aufli du fien, & que la dépêche qui fe trouveroit la meilleure feroit envoyée. Les deux lettres achevées, le roi ne put fe diffimuler que c'étoit celle de fon courtifan: il le lui dit. Le courtifan ne lui répond que par une profonde révérence, & court prendre congé du meilleur de fes amis. "Il n'y a plus rien à faire pour moi à la » cour, lui dit-il, le roi fait que j'ai plus d'efprit » que lui.»

Il étoit dangereux à la cour même d'Alexandre,

de paroître trop grand homme. Mon fils, fais-toi petit devant Alexandre, difoit Parménion à Phifotas; ménage-lui quelquefois le plaifir de te reprendre; & fouviens-toi que c'eft à ton infériorité apparente que tu devras fon amitié.

L'homme médiocre eft l'homme aimé. Monfieur, difoit un père à son fils, vous réuffiffez dans le monde, & vous vous croyez un grand mérite. Pour humilier votre orgueil, fachez à quelles qualités vous devez ce fuccès. Vous êtes né fans vices, fans vertus, fans caractère; vos lumières font courtes; votre efprit eft borné: que de droit, ô mon fils! vous avez à la bienveillance des hommes.

ETIQUETTE.

CEREMONIAL EREMONIAL écrit, ou traditionel, qui règle les devoirs extérieurs à l'égard des rangs, des places, & des dignités.

M. de Novion, premier président du parlement de Paris fous Louis XIV, étoit allé rendre vifite au cardinal Mazarin premier miniftre. Les deux battans des portes furent auffi-tôt ouverts à ce magiftrat, comme cela fe pratique. M. de Novion pénétra jufqu'à la dernière antichambre, où il resta, parce qu'il ne trouva point le cardinal Mazarin venant au-devant de lui. Un valet-de-chambre avoit déja annoncé le premier président à fon éminence, qui travailloit en ce moment, & qui fe contenta de dire : Faites entrer. Le domeftique l'annonça une feconde fois; & comme le ministre répétoit, faites entrer, le valet-de-chambre lui dit que M. de Novion s'étoit arrêté dans l'antichambre. Le cardinal fentit alors ce que cela fignifioit; il fe leva au plus vite, & frappant de grands coups

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