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voyant approcher en fureur, l'attendit de pied ferme, tenant fa petite maffe d'armes à deux mains, dans la pofture de ceux qui, pour donner plus d'étendue aux coups de leur coignée, la lèvent de côté, & voyant le chien à fa portée, elle lui déchargea un fi terrible coup fur la tête, qu'elle l'étendit mort à fes pieds.... On remarqua qu'elle avoit les doigts des mains, fur-tout les pouces, extrêmement gros par proportion au reste de la main; elle a dit elle-même depuis, que ces pouces plus gros & plus forts lui étoient bien nécessaires pendant fa vie errante dans les bois, parce que lorfqu'elle étoit fur un arbre, & qu'elle en youloit changer fans defcendre, elle appuyoit fes deux pouces fur une branche, & s'élançoit fur l'arbre voifin comme un écureuil... Cette fauvage, quelques jours avant qu'elle fut prife, fut apperçue nageant & plongeant dans la riviere, d'où elle fortit quelque temps après, tenant un poiffon dans chacune de fes mains, & une anguille entre fes dents. Rendue à la fociété civile, elle néanmoins toujours confervé une forte inclination pour se jetter dans l'eau, où elle pêchoit à la main & nageoit comme un poiffon malgré le froid & la gelée, Hift, d'une jeune fille fauvage, publiée par madame H... Paris 1755.

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Il y a trois chofes, difoit un bel efprit, que j'ai toujours beaucoup aimées, fans jamais y rien comprendre, la peinture, la mufique & les fem

mes.

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On trouve moins d'union entre les femmes qu'entre les hommes, parce qu'elles ont un même objet celui de plaire. Le mépris que l'on témoigne pour leurs charmes, eft une offenfe qu'elles ne pardonnent jamais. On vint rapporter un jour au

duc de Roquelaure, que deux dames de la cour avoient pris querelle, & s'étoient accablées d'in jures. Se font-elles appellées laides, dit le duc ? Non, monfieur. -- Eh bien, répondit-il, je me charge de les réconcilier.

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On peut conclure de cette rivalité qui règne entre les femmes, qu'elles font naturellement portées à la médifance. En vain une jolie perfonne efpère d'y échapper. Mademoiselle de *** entendoit fouvent médire de fa figure; & toutes les fois elle difoit: Pour me venger, je ferai demain un infidèle. La vengeance lui a réuffi tant de fois, qu'à la fin les femmes font convenues qu'elle étoit aimable, mais non qu'elle fût fage. Leur médifance n'a fait que changer d'objet.

Un auteur qui doit bien connoître les femmes, (madame de P.) dit encore quelque part, qu'on n'amufe pas long-temps les femmes avec de l'efptit. Une dame de qualité, qui s'étoit choifi un jeune homme d'une jolie figure & de beaucoup d'efprit, lui dit un jour nettement: qu'il pouvoit fe retirer, qu'elle n'aimoit pas les gens qui parFoient trop.

On a beau avoir des talens, de l'efprit, un caractère admirable, il y a toujours des côtés, continue le même auteur, par où il eft bon de n'être pas regardé. Les femmes entendent, ce me femble, cette politique mieux que les hommes; elles enveloppent foigneufement ce qu'elles ne peuvent montrer avec avantage. Voyez madame de....qui n'a pas les dents belles; elle ne rit jamais que des

yeux.

Mademoifelle N*** fit affembler tous fes parens pour les confulter, & avoir d'eux la per miffion de faite couper une loupe qui lui étoit

venue au front. Pen de temps après, elle époufa un avanturier, fans le communiquer à perfonne. Combien de femmes reffemblent à mademoiselle N***!

Qu'eft-ce donc que ce petit monftre-là, difoit inconfidérément une femme à une autre, en parlant d'un enfant? Madame, c'eft ma fille.-Ah! Ah! elle eft bien jolie.

Le chevalier Gafcoin, dont parle Wicherli dans une de fes lettres, avoit été, pendant fa jeunesse, fort bien venu des femmes. Pour fe procurer cette même fatisfaction, étant vieux, il s'avifa de mener toujours avec lui un jeune homme. Sijeme préfentois feul chez les dames, difoit il à fes amis, elles ne manqueroient pas de me refufer la porte, aniquement parce que mes vifites feroient fans conféquence.

Les Sicambres, une des tribus des Francs, ,, commençoient à plier & à fuir dans une bataille, , leurs femmes les arrêtent, & leur difent, en dé

couvrant leur fein: Frappez, lâches, frappez, & ,, tuez-nous plutôr que de nous expofer aux op 55 probres de l'efclavage. Ce fpectacle & ces re,, proches animent le courage & la fierté des Si,, cambres; ils fe rallient; le combat recommence; 95 ils repouffent & défont entièrement l'ennemi ,,qui fe croyoit déjà vainqueur. Un hiftorien prétend que c'eft depuis cette victoire, & en mé moire de la part que les femmes y avoient eue, » qu'elles commencèrent & qu'elles ont continué alaiffer leur gorge découverte " Effais hiftori ques fur Parts.

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Le babil femble avoir été accordé fpécial ment aux femmes comme un foulagement dans leurs occupations fédentaires. Il étoit d'ailleurs dans le

vœu de la nature, que les femmes chargées par devoir de l'éducation des enfans, exerçaffent leurs oreilles par un caquet continuel, & imprimaffent dans ces cerveaux débiles beaucoup de traces idéa-. les qui y resteroient difficilement fans ce fecours. Cependant on a eu l'injustice, jufques dans la chaire, de lancer des traits contre ce babil utile des femmes. Un prédicateur prêchant devant des religieufes le jour de Pâques, dit que Jefus-Chrift reffufcité apparut d'abord aux femmes, afin que la nouvelle de fa réfurrection fût plutôt répandue.

On fait que c'eft lufage dans plufieurs paroiffes de campagne, que les hommes foient placés d'un côté & les femmes de l'autre. Un religieux, au milieu de fon fermon, entendoit quelqu'un des auditeurs qui babilloit; ce bruit lui caufoit des diftractions; il en fait fes plaintes. Une femme fe leve auffitôt, & croyant devoir venger fon fexe, dit: Au moins, mon révérend père, ce n'est pas de notre côté. Tant mieux, ma bonne, tant mieux lui répond le religieux, cela finira plutôt. -Un prédicateur prêchant fur l'évangile de la Samaritaine, dit: Ne foyez pas furpris fi cet évangile eft fi long, une femme y parle.

Un fabuliste Allemand, M. Lichtwehr, dans le deffein de prouver qu'il n'y a point de femme qui ne foit bonne à quelque chofe, rapporte l'hiftoriette fuivante. Un pauvre payfan, de fept enfans qu'il avoit eus de fon mariage, ne put parvenir à élever qu'une fille; encore étoit-elle de la figure la plus hideufe. Vous vous imaginez fans doute qu'il eut bien de la peine à la pourvoir. En effet, qui auroit voulu fe charger d'un objet si difforme? Patience, vous allez favoir à quoi vous en tenir.

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Songez que tous les gens à marier ne fe laiffent pas prendre par la figure. Un meneur d'ours paffa dans le village où elle demeuroit; il la vit & la demanda en mariage. Le père étoit un honnête homme, un homme de la vieille roche, & qui ne vouloit surprendre perfonne. Monfieur, dit-il au prérendu, je dois vous parler naturellement; vous n'avez peut-être pas remarqué que ma fille eft affez mal tournée, & vous ignorez que je n'ai rien à lui donner en mariage? Beau-père, répondit l'autre, ce n'eft pas ce qui m'inquiète. - Mais elle eft boffue par devant & par derrière. -- Voilà juf tement ce que je demande. -- Sa peau ressemble à du chagrin.--J'enfuis bien aife. -- On ne lui voit point de nez. -- Fort bien. -- Elle n'a guères que trois pieds de haut. Encore mieux. -- Elle a les jambes en faucilles & les talons en dehors. -- Cela eft bien heureux.-- Tenez, je vois qu'il ne vous faut rien cacher; elle eft prefque muette & tout-à-fait fourde. Eft-il poffible, s'écria le futur? Mais ,, vous me raviffez; il y a long-temps que je cherche une femme à-peu-près formée fur ce mo,, dèle; mais je n'ofois trop me flatter de la trou,, ver, & je fuis plus heureux que je ne m'y étois ,, attendu. Savez-vous que votre fille remplit l'idée de perfection que je me fuis mife en tête, & qu'une figure auffi accomplie est très-rare au ,, temps préfent "-- Mais je ne vous comprends pas, interrompit le beau-père; que voulez-vous faire d'une femme fi laide, fi mal faite, infirme d'ailleurs, & qui n'a pas le fol? -- » Ce que j'en ,, veux faire! Je roule continuellement le pays, " & je gagne ma vie à montrer des monftres. Je ,, mettrai celui-ci dans une boëte, je le ferai

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