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,, ter avec moi, & je compte bien qu'il fera ma fortune ".

Mes furies vieilliffent, dit Pluton au meffager des dieux; le fervice les a ufées. N'en pourrois-je pas avoir de toutes fraîches? Va donc, Mercure; vole jufqu'au monde fupérieur, & tu m'y chercheras trois femmes propres à ce miniftère. Mercure part. Peu de temps après, Junon dit à fa fuivante : Il me faudroit, Iris, trois filles parfaitement févères & chaftes; crois-tu pouvoir les trouver chez les mortels? mais parfaitement chaftes, m'entendstu? Je veux faire honte à Vénus, qui fe vante d'avoir foumis, fans exception, tout le beau fexe. Va donc, & cherche où tu pourras les rencontrer. Iris part. Quel eft le coin de la terre qui ne fût pas vifité par la bonne Iris? Peine perdue; elle revint feule. Quoi! toute feule, s'écria Junon. Eft-il poffible? O chasteté! ô vertu! Déeffe, dit Iris, j'aurois bien pu yous amener trois filles qui toutes les trois ont été parfaitement févères & chaftes, qui n'ont jamais fouri à aucun homme; qui ont étouffé dans leur cœur jufqu'à la plus petite étincelle de l'amour, mais, hélas! je fuis arrivée trop tard. Trop tard, dit Junon; comment cela? Mercure venoit dans l'inftant de les enlever pour Pluton; trois filles qui font la vertu même! Et qu'eft-ce que Pluton veut en faire? Des furies. Ce dernier conte eft de M. Leffing, arès-connu en Allemagne par fes poéfies,

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Nous terminerons cet article par une petite fatyre ingénieufe, traduite de l'ancien langage; elle eft de Chreftien de Troyes, auteur qui vivoit dans de douzième siècle. Gauvain, preux chevalier de la cour du roi Artus, époufa dans fes voyages une fort

belle dame. La noce faite, il veut présenter fa femme à la cour, & la conduit en croupe derrière lui, felon la coutumne de fon temps. Un inconnu armé de toutes pièces les rencontre, & veut enlever la belle. Gauvain lui repréfente qu'elle eft à lui; l'inconnu lui répond: » Si elle aimoit mieux me » fuivre, me la céderiez-vous? » Qui, répond Gauvain, Il donne le choix à fa femme, qui, fans héfiter, fe déclare pour l'inconnu. Gauvain dé laiffé defa belle ingrate, pourfuivoit conftamment fon chemin, fuivi de deux beaux levriers blancs que fon père lui avoit donnés. Le dame qui aimoit ces levriers, exige de l'inconnu qu'il les aille demander à fon mari. L'inconnu le rejoint, & lui fait fa demande. Gauvain lui tient ce propos: „Vous m'avez pris ma femme, parce qu'elle a voulu vous fuivre, il eft jufte que la même épreuve décide des levriers: ils feront à celui ,, qu'ils fuivront ". L'inconnu trouva la propofi tion raifonnable; chacun va de fon côté , appellant les chiens; mais ils fuivent leur ancien inaître. Extrait de quelques poéfies des douze, treize & quatorzième fiècles...

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FEMMES GALANTES.

UNE femme traite les hommes comme un habile joueur d'échecs en ufe avec fes pions; elle ne s'at tache pas affez à un feul pour n'avoir pas l'œil fut un autre qui pourroit lui procurer de plus grands avantages. Pope..

Une femme qui avoit plufieurs amans, faifoit accroire à chacun d'eux qu'il étoit le feul favorisé. La déeffe, par ce ftratagême, entretenoit fes autels, & tous ceux qui la voyoient, lui étoient éga

lement dévoués. Mais un matin l'Amour ôta le bandeau à l'un de fes amans, & lui découvrit des infidélités qu'il n'ofoit pas même foupçonner. Il porta fes plaintes. Ah! monfieur, lui dit affez naïvement cette femme galante; puifque vous avez recouvré la vue vous pouvez vous retirer; je ne reçois chez moi que des aveugles.

Une courtifane de Rome étoit venue dans une églife fe placer auprès d'une dame refpectable. Celle-ci qui s'en apperçut, fortit auffi-tôt de fa place pour s'éloigner. Pourquoi vous éloignez-vous de moi, Madame, lui répondit affez naïvement la courtifane? Mon infirmité n'attaque jamais que celles qui la fouhaitent.

Une fille galante reprochoit à fon frère fa passion pour le jeu. » Quand cefferez-vous de jouer, lui difoit-elle «Ma fœur, quand vous cefferez d'aimer. Ah malheureux, vous jouerez toute votre vie.

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On vouloit envoyer une demoiselle galante aux Filles-repenties. Ce n'eft point mon avis, dit une dame. Et pourquoi, lui demanda-t-on ? C'eft qu'elle n'eft ni l'une ni l'autre.

Une jeune femme qui avoit un petit bon hom

dont la parenté étoit fort équivoque, difoit en compagnie, qu'elle vouloit l'élever au même lieu de fa famille. Là-deffus, un plaifant lui confeilla malignement de l'envoyer au collège des Quatre-Nations.'

Une dame de la cour venoit de mourir : on difoit que c'étoit de la petite-vérole. Pas tant petite, reprit malignement quelqu'un qui la connoiffoit bien.

Ceci rappelle cet autre mot de M. de Fontenelle : On lui difoit qu'une femme de théatre venoit de

mourir

mourir de la petite vérole. Cela est bien modeste, répondit-il.

Un avocat venoit de gagner une affaire d'impor tance pour une demoiselle qui avoit eu plufieurs amans, mais qui ne l'avoient point enrichie. Comme cette demoiselle fe piquoit de reconnoiffance, elle dit à fon défenfeur, qu'elle n'avoit que fon coeur à lui offrir. Mais l'avocat prudent lui répon dit, qu'il ne prenoit point d'épices, & qu'il falloir qu'elle réfervât cela pour fon rapporteur.

Une fille de balle naillance avoit pout amant un jeune prince, ce qui flattoir la vanité. Elle s'oublia même une fois jufqu'à manquer aux égards qu'elle devoit à des dames de condition; on lui en fitun reproche très-vif. Elle en porta auffi-tôt fes plainres à fon amant, comme d'une infulte qui lui avoit été faite. Mais le prince affez prudent pour ne pas écouter l'animofité déplacée de cette jeune perfonne, lui répondit: Mademoiselle, je veux bien partager vos plaifirs, mais non pas vos que relles.

M. le Comte de *** fe trouvant avec fa maî treffe devant une femme digne de considération & de refpect, lui rendoit les hommages qu'il croyoi lui devoir. Sa maîtreffe voulut contrefaire la jaloufe, & fe permettre quelques railleries. Le comte lui dit avec douceur: Aimable vice, refpectez la

vertu.

Un jeune feigneur ayant trouvé dans une compagnie fa maîtreffe qui venoit de lui faire une infi délité d'éclat, voulut la déshonorer en montrant des lettres paflionnées que la dame lui avoit écri tes. Comme il le préparoit à en lire une des plus emportées, la dame, fans fe déconcerter, lui dit: Lifez feulement, je n'en rougirai point; il n'y a Tome I.

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que le deffus de la lettre qui me faffe honte. Cette injure délicate, & néanmoins très-vive, étourdit tellement l'amant difgracié, qu'il fortit fur le champ fans pouvoir rien répliquer.

-Une dame très-connue par fes galanteries, paffant fur le Pont-Neuf à Paris, dans fon équipage, fut faluée avec diftinction par un miniftre d'état : une perfonne qui étoit à côté de ce miniftre, furprife de ce falut, lui dit: Sans doute, vous ne » connoiffez point cette dame «? C'est au contraire parce que je la connois, répondit le miniftre, que je la falue de cette forte. Ne voyez-vous pas que je fuis fur fes terres? A tous feigneurs, tous honneurs.

Une ducheffe devoit époufer un jeune marquis. Comme on lui repréfentoit que ce mariage lui feroit perdre les honneurs du tabouret : j'aime mieux, répondit-elle, être couchée qu'affife.

Une femme galante devenue vieille & dangereufement malade, avoit envoyé querir fon confeffeur, qui lui difoit : Il faut oublier votre vie paffée; il faut fonger à n'aimer que Dieu. Hélas! reprit-elle, à l'âge où je fuis, comment fonger a de nouvelles amours?

-Une femme qui ne paffoit point pour être cruelle, difoit toujours qu'elle n'aimoit point les procès on le fait bien, madame, lui répondit-on, vous ne chicanez point, vous accordez tout.

- Deux Efpagnols fe difputèrent la conquête d'une courtisane, à la pointe de l'épée. Le vainqueur vint revoir cette femme qui, ne trouvant point fon compte à toutes ces difputes, le renvoya en lui difant Apprenez, Monfieur, une autre fois, », que ce n'eft point avec le fer, mais avec l'or & l'argent que mes faveurs se gagnent “

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