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naire, en fit préfent à M. le premier préndent de Harlay. Ce magiftrat l'invita à en venir manger fa part. Comme tous les conviés admiroient la groffeur de ce poiffon; Meffieurs, leur dit le premier préfident, ne foyez pas furpris; c'eft le Bourvalais de l'étang de monneur.

Un financier, qui avoit auffi gagné beaucoup de bien dans les affaires, difoit qu'il vouloit fonder un hôpital. On trouva par-tour qu'il étoit bien jufte qu'un homme, qui avoit ruiné tant de familles, fondât fur la fin de fes jours, une maison pour les loger & les nourrir quand ils feròient malades.e

Un fameux traitant fut affez vain pour faire élever dans fes jardins une ftattie équestre qui le repréfentoit. Deux payfans la confidéroient; l'un demande à l'autre, d'où vient que le traitant n'avoit point de gants: Hélas! dit l'autre, il n'en porte point, parce qu'il a toujours les mains dans nos poches.sims

La femme d'an riche financier étoit venue dans une églife pour entendre un célèbre prédicateur. Mais comme elle étoit arrivée tard, elle ne trouva point de place. On auroit bien du, dit-elle tour haut, mettre des prix des chaises à un écu. Unë dame de qualité qui entendit le propos, lui re partit en fe tournant vers elle: Il paroit bien, ma mie, que vous avez plus d'écus que d'efprit.

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Un fermier des gabelles avoit fait bâtir un pa lais; un de fes amis, à qui il le faifoit voir, remarqua dans un grand veftibule une niche vuide qui attendoir une ftatue. D'où vient, lui dit-il, que vous ne rempliffez pas ce vuide? Je voudrois, dir le financier, y placer quelque ftatue allégorique qui me convint. Eh bien, lui dit fon ami, faites y

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mettre la femme de Lot changée en ftatue de feb Un financier qui s'enrichiffoit aux dépens du toi, fut exclus des emplois. On a bien tort, dit-il, de me chaffer; j'ai fait mes affaires, j'allois faire celles du roi.

Un homme qui alloit entrer dans les fermes, montroit à plufieurs perfonnes une maison fort fpacieufe qu'il venoit de faire bâtir; au moins, dit-il, on ne me reprochera pas que je l'ai gagnée fur le peuple: patience, lui répondit quelqu'un elle n'eft pas encore meublée.

FLATTERIE.

ON demandoit à un fage, lequel de tous les animaux étoit le plus redoutable à l'homme ? Entre les fauvages, répondit-il, c'eft de calomniateur; entre les domeftiques, c'eft le flatteur.

Je vis, dit le philofophe Sadi, chez un grand feigneur fort riche, plufieurs Molaks qui lui donnoient des louanges exagérées. Il leur dit : Vous louez celui qui fe connoît, & vous l'affligez; vous vantez les plumes du paon, mais il voit fes pieds & foupire. Tenez, ajouta-t-il, en leur donnant une fomme considérable, recevez cet argent, & je vous en donnerai davantage, fi vous ne me louez plus. Ils prirent l'argent, & ne louèrent plus le grand feigneur.

Les François venoient de remporter en 1690, les batailles de Fleurus & de Staffarde. Néanmoins un ambaffadeur d'Efpagne, dans la vue de flatter les puiffances confédérées contre la France, difoit au roi de Portugal : « C'eft à ce coup que nous allons abbaiffer la France; notts la tenons affié»gée de toutes parts. » Il est vrai, répondit plai

famment le monarque révolté de cette flatterie, mais elle vient de faire deux vigoureufes forties. Lors de la défaite du maréchal de Créqui à Confarbrick, des courtifans, croyant faire leur cour, difoient à Louis XIV, qu'il entroit à tout moment à Thionville & à Metz des efcadrons, & même des bataillons tout entiers, & que l'on n'avoit quafi rien perdu. Le roi, fentant la fadeur de ce difcours, & voyant rentrer tant de troupes : Mais, dit-il, en voilà plus que je n'en avois. Le maréchal de Grammont, plus habile que les autres, fe jette dans cette penfée: Oui, fire, c'eft qu'ils ont fait des petits. Lettres de Sévigné.

Le duc de Montaufier, gouverneur de M. le Dauphin (fils de Louis XIV,) n'aimoit pas que l'on flattât ce prince. C'eft ce qu'il fit fentir un jour en badinant, au marquis de Créqui. Le Dauphin étant jeune, s'amufoit à tirer au blanc, & tiroit fort loin du but. Son gouverneur fe mocqua dé lui, & dit au marquis de Créqui, qui étoit fort adroit, de tirer. Mais ce jeune feigneur tira un pied plus loin que M. le Dauphin. Ha petit corrompu, s'écria M. de Montaufier, il faudroit vous étrangler. Lettres de Sévigné. Voyez, Cour, CourLifans.

On peut fe rappellet ici l'exclamation de cet Ecoffois en voyant les idolâtries que le peuple faifoit à l'avénement de Jacques I, roi d'Ecoffe au thrône d'Angleterre: Eh! jufte ciel, dit-il, je crois que ces imbécilles gáteront notre bon roi.!

Une ville affez pauvre fit une dépense confidérable en fêtes & en illuminations au paffage de fon prince, il en parut lui-même étonné. Elle n'a fait, dit un courti fan flatteur,, que ce qu'elle devoit: Cela eft vrai, reprit un feigneur mieux

intentionné, mais elle doit tout ce qu'elle a fait II y a une flatterie très-adroite, qui confifte à donner à celui que nous voulons flatter, bonne opinion de lui-même & de nous. Les ambaffadeurs des Germains fe trouvant un jour dans le Cirque avec l'empereur Néron, s'informèrent de la qualité de ceux qu'ils voyoient affis auprès de l'empereur: on leur dit : on leur dit que c'étoient les députés des villes les plus fidelles au peuple Romain, Ils fe levèrent auffi-tôt, & allèrent fe placer au premier rang; difant, que les Germains ne le cédoient à aucune autre nation, en fidélité pour le peuple Romain. Tous les fpectateurs applaudirent à cette démarche, & l'empereur leur marqua fa reconnoiffance, par les diftinctions & les préfens dont il les combla.

Ce fut avec la même adreffe, qu'un Grand d'Efpagne flatta Charles-Quint. Le connétable de Bourbon s'étoit révolté, en 1523, contre fon prince & fa patrie, & avoit paffé au fervice de l'empereur Charles-Quint. Lorfque le connétable vint à Madrid, l'empereur propofa au marquis de Vilanès, Grand d'Efpagne, de céder fon palais au connétable, pendant le féjour qu'il feroit en cette ville, comme le logement le plus convenable à un homme de fon rang. Le marquis répondit à fon maître «Que le défir de Sa Majesté étoit un » ordre pour lui; mais qu'auffi-tôt que le connéta»ble auroit quitté fa máifon, il la brûleroit, » comme ayant été fouillée par un traître.»

FORTUNE.

Il y a deux manières de s'élever, dit la Bruyère; ou par fa propre induftrie, ou par l'imbécillité des 11. ladkolle zing hop is ev

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autres: on peut y en ajouter une troifième; par "des circonftances heureuses. On demandoit dans une compagnie: Comment un tel a-t-il pu faire fortune? Quelqu'un répondit: Comme un tel eut le mois paffé le gros lot à la loterie.

L'art des expédiens, &, comme difent les Elpagnols, la défemboiture fait tourner à fon gré la roue de fortune.

Le chancelier Bâcon confeille à ceux qui veulent s'avancer dans le chemin de la fortune, d'être avares du temps. Pourquoi voit-on que les profeffions les plus laborieufes, comme celles de la Jurifprudence, de la Médecine, & les occupations des gens de Lettres, font les moins lucrati"ves? C'eft qu'elles nous dérobent trop de temps. On perd, à raffembler des matériaux, ou à échafauder, les momens précieux de bâtir. Tandis qu'on s'ufe dans le cabinet, le bel âge, les jours de faveur & de l'occafion fe paffent. Qui s'avance dans une république ou dans la cour d'un prince? Eft-ce un homme de génie? Non; mais un petit fripon fans emploi, un intriguant, qui n'a d'autre foin que celui de fa fortune.

Ce n'eft pas toujours le moyen de réuffir, continue le même auteur, que de fe montrer fous les plus beaux dehors. Jupiter, quand il vouloit plaire aux mortels, prenoit la forme d'un aigle, d'un cigne ou d'un taureau; mais pour fatisfaire Junon, <il emprunta la figure de l'oifeau le plus hideux. Un homme fans mérite ne voit pas volontiers qu'on faffe parade des vertus & des talens qu'il n'a pas; il faut, fans doute, pour le flatter, tâcher de lui reffembler, ou fe ravaler encore plus bas. On ne fauroit faire un perfonnage trop vil aux yeux d'un mal-honnête homme. Suivans de la fortune, voyez à quel prix elle s'achette !

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