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Coftar lui répondit:» J'ai une extrême joie d'ê» tre en état de vous rendre le petit fervice que » vous defirez de moi, jamais je n'eusse pensé » qu'on eût tant de plaifir pour deux cents piftoles. Après l'avoir éprouvé, je vous donne ma parole » que j'aurai toute ma vie un petit fonds tout prêt ≫ aux occafions où vous en aurez affaire..,. Ordonnez-moi donc hardiment ce qu'il vous plai»ra: vous ne fçauriez prendre tant de plaifir à » me commander, que j'en aurai à vous obéir, Néanmoins, quelque foumis que je fois, je me révolterai, fi vous voulez m'obliger à prendre » une promeffe de vous "A JU4

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Le véritable ami ne diffimule point les défauts de fon ami; il cherche même à les lui faire remar quer, pour qu'il s'en corrige. C'est la vérité de cette maxime, qui donne un prix à cette réponse franche & magnanime de Philippe, roi de Macédoine. Ce prince étoit préfent à la vente de quelques captifs, dans une posture indécente. L'un d'eux l'en avertit. Qu'on mette cet homme en liberté, dit Philippe; je ne fçavois pas qu'il fût de mes amis.

L'amitié, ainfi que l'amour, a eu fes victimes. Au fiége de la Capelle, en 1650, par les François, un Efpagnol apprend que fon ami a été renversé d'un coup de moufquet dans la tranchée. Il vole aulli-tôt à fon fecours; il le trouve mort, étendu fur la pouffière. Son premier mouvement eft de fe jetter fur fon ami, il l'embraffe, le tient quelque tems preffe contre fon fein palpitant; & accablé de fa propre douleur, il expire un moment après. L'archiduc, inftruit de cet événement, en fut attendri; il voulut qu'on renfermât dans le même tombeau, deux amis que la mort n'avoit pu féparer; & après les avoir fait tranfporter en gran

de pompe à Avefnes, il leur fit élever un mausolée en marbre. C'étoit un monument que fa fenfibilité érigeoit à l'Amitié. Annales Belgiques, Douai, pag. 436.

Nous devons fçavoir gré aux papiers Anglois, de nous avoir confervé cet acte d'Amitié généreufe du célèbre Mead, médecin Anglois, mort en 1754. Freind, fon ami, & premier médecin de la reine d'Angleterre, avoit affifté au parlement en 1722, comme député du bourg de Lancefton, & s'étoit élevé avec force contre le ministère. Cette conduite ayant indifpofé la cour, on fufcita à Freind un crime de haute trahifon, & il fut renfermé, au mois de mars, dans la tour de Londres. Environ fix mois après le miniftre tomba malade, & envoya chercher Mead, qui après s'être mis au fait de la maladie, dit au malade qu'il lui répondoit de fa guérifon, mais qu'il ne lui donneroit pas feulement un verre d'eau, que Freind, fon ami, ne fût forti de la tour. Le miniftre, quelques jours après, voyant fa maladie augmentée, fit fupplier le roi d'accorder la liberté à M. Freind. L'ordre expédié, le malade crut que Mead alloit ordonner ce qui convenoit à fon état; mais ce médecin perfifta dans fa réfolution, jufqu'à ce que fon ami fût rendu à sa famille. Après cet élargiffement, Mead traita le miniftre, & lui procura, en peu de tems, une guérifon parfaite. Le soir même, il porta à Freind environ cinq mille guinées, qu'il avoit reçues pour fes honoraires en traitant les malades de fon ami pendant fa détention, & l'obligea à recevoir cette fomme, quoiqu'il eût la retenir légitimement, puifqu'elle étoit le fruit de fes peines.

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Que Montagne peint bien, dans fon vieux &

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énergique langage, la tendre & vive amitié. Il parle ici de M. de la Boétie, fon ami, que la more lui avoit enlevé. « A notre première rencontre, » nous nous trouvâmes fi pris, fi connus, fi obli»gés entre nous, que rien dès-lors ne nous fut fi proche, que l'un à l'autre. Si je compare tout le refte de ma vie, (quoiqu'avec la grace de Dieu, je l'aie paffée douce, aifée, &, fauf la perte *** d'un tel ami, exempte d'affliction poignante); fi je la compare, dis-je, toute aux quatre années qu'il m'a été donné de jouir de la douce compagnie & fociété de ce perfonnage, ce n'est que fumée, ce n'eft qu'une nuit obfcure & ennuyeufe. Depuis le jour que je le perdis, je ne fais que traîner languiffant; & les plaifirs mêmes qui s'offrent à moi, au lieu de me confo»ler, me redoublent le regret de fa perte. Nous étions à moitié de tout; il me femble que je lui dérobe fa part: j'étois déja fi fait & acccoutumé » à être deuxième par-tout, qu'il me femble n'être plus qu'à demi. »

L'homme uniquement feul, eft celui qui n'a point d'amis. Le monde n'eft pour lui qu'un vaste défert, un lieu d'exil & de trifteffe, qu'il partage avec les animaux errans. Bacon,

AMOU R.

L'AMOUR 'AMOUR eft dépeint, par les poètes, avec un bandeau fur les yeux, pour marquer l'aveuglement dans lequel il nous plonge; la force de cette paffion ne fe mefure même que par le dégré de cet aveuglement. C'eft ce qu'avoit très bien fenti cette femme qui, furprife par fon amant entre les bras de fon rival, ofà lui nier le fait dont il étoit

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témoin. Quoi ! lui dit-il, vous pouffez à ce point l'impudence?.... Ah! perfide, s'écria-t-elle, je le vois, tu ne m'aimes plus; tu crois plus ce que tu vois que ce que je te dis.

Une jeune Languedocienne, qui avoit été trois mois privée de voir fon amant, le rencontre au fortir de chez elle. Celui-ci lui témoignoit les plus tendres fentimens, lorsqu'il furvint une forte pluie. Le jeune homme en paroiffoit inquiet, & cherchoit à s'en garantir. «Quoi! vous avez été trois mois abfent, lui dit fon amante avec em,, portement ; vous m'aimez, vous me voyez, & vous fongez qu'il pleut » ?

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Une dame efpagnole, qui fentoit vivement, lifoit dans un roman François, une longue & tendre converfation entre un amant & une amante : Que d'efprit mal employé ! dit-elle; ils étoient enfemble, & ils étoient feuls.

Un homme de qualité, épris des charmes d'une fort jolie demoiselle, lui difoit : Si nous nous aimions, obfédée, comme vous l'êtes, par votre mère, nous aurions bien de la peine à trouver un lieu favorable à nos plaifirs? «De quoi vous »embarraffez-vous, fui répondit-elle; fongez » feulement à m'en faire naître l'envie ».

L'amour fatisfait fçait fe cacher; mais l'amour malheureux éclate: c'eft un feu dévorant qui ma nifeste bientôt fa préfence. Il ne fut pas difficile par conféquent au médecin Erafiftrate de s'appercevoir du mal qui confumoit le jeune Antiochus. Ce prince, éperdûment amoureux de Stratonice fa belle-mère, n'ofoit avouer cette paffion défordonnée. Trop foible d'ailleurs pour furmonter fes defirs, il avoit pris la réfolution de feindre une maladie inconnue, & de fe laiffer éteindre par le

défaut d'alimens. Erafiftrate paffoit des journées entières dans la chambre du malade, pour lui dérober fon fecret s'il étoit poffible. Il obfervoit fes regards; il épioit fes mouvemens: il remarqua bientôt les révolutions que lui caufoit la préfence de Stratonice. Lorfque cette princeffe entroit, une extinction de voix prenoit au jeune prince, fa refpiration devenoit embarraffée, fes joues enflammées, fon pouls inégal, fes mouvemens convulfifs; un nuage confus fe répandoit fur fes yeux, une fueur froide partout fon corps : tout fon extérieur enfin déceloit au clairvoyant Erafiftrate ce qu'Antiochus cachoit avec tant de foin. Ce médecin comprit que le refpect filial avoit toujours empêché le jeune prince de faire l'aveu de fa paffion: il ne douta point que les feux renfermés dans le fein de cet amant, le confumeroient bientôt, fi les progrès n'en étoient arrêtés. La manière dont ce médecin s'y prit, pour procurer au fils de Séleucus ce qu'il defiroit avec tant d'ardeur, ne peut être plus ingénieuse. «Seigneur, Seigneur, dit-il au roi, la » maladie de votre fils n'eft autre chofe qu'un » amour très-violent, mais fans remède; parce Comment? un qu'il ne peut-être fatisfait. » amour fans remède, damanda Séleucus étonné.. Oui, Seigneur, fans remède, répondit Era» fiftrate; car il eft amoureux de ma femme. Quoi donc ! mon cher Erafiftrate, répartit le roi; étant mon ami comme vous l'êtes, vous ne » céderiez pas votre femmé à mon fils, que j'ai-" » me tendrement, fur-tout me voyant prêt à perdre ce fils, mon unique efpérance?

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» vous, répondit le médecin, vous qui êtes fon père, lui abandonneriez-vous Stratonice, s'il » en étoit amoureux ? - Plût au ciel, reprit vive

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