صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

doit, pour un coup de main, douze hommes de bonne volonté. Tout le corps refte immobile, & perfonne ne répond. Trois fois la même demande, & trois fois le même filence. Eh quoi, dit l'officier: l'on ne m'entend point! L'on vous entend, s'écrie une voix; mais qu'appellez-vous douze hom. mes de bonne volonté ? Nous le fommes tous; vous n'avez qu'à choifir. Encyclopédie, au mot Gloire.

Lors du fiège de Philisbourg, la tranchée étoit inondée, & le foldat y marchoit dans l'eau plus qu'à demi corps. Un très-jeune officier, à qui fon age ne permettoit pas d'y marcher de même, s'y faifoit porter de main en main. Un grenadier le préfentoit à fon camarade, afin qu'il le prît dans fes bras: Mets-le fur mon dos, dit celui-ci; du moins, s'il y a un coup de fufil à recevoir, je le lui épargnerai. Encyclopédie, au mot Gloire.

Un lieutenant-colonel, qui étoit de tranchée woulut, avant de mener les grenadiers à l'attaque duchemin couvert, faire diftribuer de l'eau-de-vie. Ces braves gens, bleffés d'une précaution qu'ils trouvoient injurieufe, s'écrièrent tous avec indignation: Nous prend-il donc pour des Allemands? Il n'y a perfonne qui, par cette réponse, ne juge que le chemin couvert fut emporté. Differtation fur la fubordination, avec des réflexions fur l'exercice & fur l'art militaire.

Un brave foldat du régiment de Navarre, difoit gaiement à fon capitaine : « Mon officier, ordon>>>nez qu'on cache nos drapeaux ; fi l'ennemi les » voit,il fuira long-tems avant que nous puiffions » le joindre. » Traité de l'opinion.

D'Efclainvilliers, gentilhomme de Picardie, mort lieutenant-général des armées du roi, portoit une jambe de bois: un boulet de canon la lui

emporta, tandis qu'il alloit reconnoître un poste. » Le canon, dit-il de fang froid, en veut toujours » à mes jambes; mais cette fois ci, je l'ai pris 'pour dupe; car j'en ai deux autres dans mon >>> chariot."

Dans la dernière guerre d'Italie, un officier auffi fou qu'il étoit brave, ayant reçu une balle dans la tête, dit : « Je favois bien que j'y avois » befoin de plomb; mais la dofe eft un peu trop » forte.» Et il mourut fur le champ.

Un grenadier, qui s'appelloit La paix de Dieu, fut bleffé: on alloit lui couper une jambe. Pendant les préparatifs de cette cruelle opération, il disoit : Eh! la paix de Dieu, mon ami, que va-t-on dire de toi, quand on faura que tu as lâché pied.

[ocr errors]

Un de nos généraux demandoit dans le fort d'une bataille, une prise de tabac à un de fes lieutenans; & voyant celui-ci emporté par un boulet de canon dans le moment qu'il lui présentoit sa tabatière, il se tourna froidement de l'autre côté & dit à un autre officier: « Ce fera donc vous qui » m'en donnerez, puifqu'il a emporté la tabatière » avec lui?» Tous ces traits rapportés par différens auteurs modernes, doivent nous rendre plus vraisemblables ces exemples de fermeté ftoïque, fi fort loués par les anciens.

גן

Un officier du régiment d'Orléans, ayant été envoyé à la cour, pour y porter une nouvelle agréable, demanda la croix de faint Louis. Mais Vous êtes bien jeune ! lui dit Louis XIV. Sire, répondit le brave militaire, on ne vit pas long-temps dans votre régiment d'Orléans. Journal des favans. Un vieux officier demandoit une grace à ce même prince, dont l'air majeftueux lui impofa à tel qu'il bégaya, & ne put pas continuer fon

2

difcours. Sire, dit-il, au moins, je ne tremble pas ainfi devant vos ennemis. Siècle de Louis XIV.

Un autre officier très-âgé, & qui s'étoit trouvé à plufieurs actions importantes, fupplioit Louis XIV. avec beaucoup de vivacité, de lui accorder le grade de lieutenant-général. J'y penferai, dit le roi. Que votre majeste se dépêche, répartit ce brave officier, en ôtant à demi fa perruque; elle doit voir à mes cheveux blancs que je n'ai pas le temps d'attendre. Cette hardieffe ne déplut point au prince, & elle fut fuivie d'un prompt fuccès. Ecole

militaire.

Le roi de Sardaigne, ayant, dans la guerre de 1741, pris parti pour la cour de Vienne contre l'Efpagne & la France, fon général, le bailli de Givry, grimpa au pont d'Ormis, dans les Alpes, où il campa. Ce col eft fi elévé, qu'on n'y trouve ni eau, ni bois ; de forte qu'on eft réduit à boire de la neige, & à fe paffer de feu. Les Piémontois étant avertis qu'on marchoit à eux, firent couper un pont de communication. Ils le regardoient comme le feul chemin par où l'on pût arriver au retranchement de Pierre-longue, tous les habitans du pays leur ayant affuré que la crête de la montagne étoit impraticable. Mais bien-tôt après, le roi Victor apperçut des drapeaux au fommet; il s'écria: Il faut que ce foient des diables ou des François. Hiftoire militaire des Suiffes au fervice de la France.

Ceci rappelle ce vieux proverbe, qui disoit : Que fi le diable fortoit de l'enfer pour se battre, il fe préfenteroit auffi- tôt un Francois pour accepter le défi.

Dans la guerre de Flandres de 1745 ou 1746, ine troupe de cavaliers étant commandée pour aller

dans un endroit, trouva en fon chemin des grenadiers étendus par terre, par terre, les uns morts, les autres mourans, les autres bleffés; la pitié les arrêta. Un des grenadiers étendus, dit à la troupe Ah! paffez-nous fur le corps, fi cela vous eft néceffaire pour aller à l'ennemi.

Les Anglois venoient, en 1760, de remporter dans le Canada un avantage confidérable fur les troupes Françoifes. Le capitaine Young, officier diftingué parmi les vainqueurs, n'écoutant que fon courage, fe trouve enfermé dans un endroit marécageux, & y eft pris par les Sauvages. I le traînoient dans un lieu écarté pour le tuer & lui enlever la chevelure, felon leur barbare coutume, lorfqu'un grenadier François accourut à fon fecours. Ce n'eft qu'après des altercations très-vives & très-opiniâtres, que l'intrépide Anglois fe voit hors des mains de ces barbares. Il veut alors donner à fon fauveur l'unique marque de reconnoiffance qui foit en fon pouvoir : il lui offre fa bourfe, dans laquelle il y a dix guinées. Le généreux grenadier la refufa opiniâtrement, en lui difant, qu'il ne reçoit rien que du roi fon maître. Son général cependant, M. le chevalier de Lévi, follicité par M. Young, lui ordonne de la prendre. Le grenadier s'y détermine alors, uniquement pour ne pas gâter un trait d'humanité par un acte de défobéiffance. Ce fait eft rapporté daus la gazette Angloife du 2 Septembre 1760.

Le marquis de Montcalm, après avoir, dans cette guerre du Canada, remporté, comme général, plufieurs victoires fur nos ennemis, facrifia fa vie en foldat dans la dernière action : il y fut bleffé mortellement de deux coups de feu; cependant il ne defcendit point de cheval qu'il n'eût fait

lui-même la retraite de l'armée fous les murs de Québec. Sur la réponse que lui fit fon chirurgien, que fes bleffures étoient mortelles, il dit au lieutenant-de-roi & au commandant de Rouffillon : » Meffieurs, je vous recommande de ménager » l'honneur de la France, & de tâcher que mon » armée puiffe fe retirer cette nuit au-delà du Cap » Rouge; pour moi je vais la paffer avec Dieu, » & me préparer à la mort. » Il mourut le lendemain à cinq heures du matin, & fut enterré dans un trou de bombe.

دو

Des vaiffeaux Anglois effayoient, en 1761, de détruire une batterie de l'ifle de Ré. Un canonier François qui vit fon fils emporté par un boulet, fe tourna vers fon commandant: Mon officier, lui ditil, avec une fermeté héroïque, Dieu m'avoit donné un fils unique, il vient de me le retirer; que cela ne nous empêche pas de continuer notre befogne. Mercure de France.

Nous croyons ne pouvoir mieux finir cet article, qu'en rappellant les anecdotes fuivantes : tout François, en les lifant, fentira qu'il a un cœur.

Menin eft attaqué en 1744 par les François. On dit à Louis XV. qu'en brufquant une attaque qui coûtera quelques hommes, on fera quatre jours plutôt dans la ville. "Eh bien, dit le roi, prenons

دو

la

quatre jours plus tard: j'aime meux perdre » quatre jours devant une place, qu'un feul de » mes fujets.

Le même prince allant vifiter les hôpitaux, après le fiège de Menin, un grenadier qui étoit à l'hôpital, s'écria: Ah! voilà du fruit nouveau. Le roi reprit : Que dis-tu là? Il répartit: Je dis que voilà le premier général qui foit venu en ces en droits-ci.

« السابقةمتابعة »