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& maltraitée par des voleurs, & le pria de vouloir bien l'aider à fe relever, afin qu'elle pût se traîner jufqu'au village prochain. Le gentilhomme, touché de pitié, met pied à terre, tend la main à cette malheureufe femme, qui lui préfente auffi-tôt un pistolet, & lui demande la bourfe. Le gentilhomme, déconcerté de la propofition, donne fon argent & fe laiffe prendre fa montre. Alors le voleur qui n'avoit de femme que l'habit, jette fon déguifement, monte fur le cheval, s'enfuit à toute bride, & laiffe le gentilhomme fort étonné, plus affligé encore, & promettant fincérement à Dieu de ne jamais defcendre de cheval pour relever les femmes qui lui demanderoient du fecours. Papiers Anglois de 1761,

Un procureur, à qui on faifoit un jour scrupule de quelque tour d'adreffe de fa profeffion, dit, en montrant un écu: « Vous voyez bien cet écu, » Dieu ne fe foucie pas plus qu'il foit dans votre poche que dans la mienne, parce qu'il en est » toujours le maître. »>

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FRUGALITÉ.

SIMPLICITÉ de mœurs & de vie, qui nous apprend à nous contenter de peu. La frugalité est une vertu d'autant plus précieufe, qu'elle nous met à l'abri de la corruption. L'hiftoire Romaine nous offre plufieurs exemples de cette vertu dans Fabricius, dans Curius, dans Camille. Le premier rejetta les offres magnifiques qui lui furent faites de la part de Pyrrhus; le fecond méprifa tout l'argent qui lui fut préfenté de la part des Samnites; le troifième confacra dans le temple de Jupiter, tout l'or qu'il avoit enlevé aux Gaulois.

Une vertu femblable dicta la réponse que for au miniftre Walpole un feigneur Anglois diftingué par fon mérite. Ce miniftre vouloit le détacher du parti du parlement. Il va le trouver. Il lui dit qu'il vient de la part du roi pour l'affurer de fa protection, & lui marquer le déplaifir que fa majefté avoit de n'avoir encore rien fait pour lui. Il lui offre en même temps un emploi confidérable. » Milord, lui répliqua le feigneur Anglois, avant de répondre à vos offres, permettez-moi de faire ap»porter mon fouper devant vous «. On lui fert au même inftant un hachis fait du refte d'un gigot dont il avoit dîné. Se tournant alors vers M. Walpole: » Milord, ajouta-t-il, penfez-vous qu'un homme qui fe contente d'un pareil repas, foit » un homme que la cour puiffe aifément gagner? Dites au roi ce que vous avez vu; c'est la feule » réponse que j'aie à lui faire.

GALANTERIE.

On fe fert ici de ce terme pour défigner une attention marquée de la part des hommes, de fe rendre agréables aux femmes par des difoonrs fins & délicats qui leur donnent bonne opinion d'ellesmêmes.

Un jeune prince couroit à la rencontre d'une dame d'une grande qualité, fort belle, & pour qui il avoit beaucoup d'eftime. Elle lui dit : Monfreur, vous allez bien vite. Madame, lui répondir le prince, je fuis mon penchant.

Madeinofelle de *** étoit recherchée en mariage par le prince de *** qu'elle paroiffoit aimer. On félicitoit cette demoiselle fur cette union.

Comme elle expofoit plufieurs difficultés qui pourroient l'empêcher: Ah! mademoiselle, lui répartit quelqu'un qui cherchoit à lui dire quelque chofe d'obligeant, monfieur le prince de *** eft né heureux, & vous ferez fon épouse.

On attribue au cardinal de Polignac la réponse fuivante. On s'amufoit chez madame la ducheffe du Maine à trouver des différences ingénieufes d'un objet à un autre. Quelle différence, lui dit la ducheffe, ya-t-il de moi à une montre? Madame, lui répondit-il, une montre marque les heures, & auprès de vous on les oublie.

Dans une compagnie où fe trouvoit Boileau, une demoiselle fut priée de danfer, de chanter & de toucher du clavecin. On vouloit faire briller ses talens qui étoient des plus médiocres : chacun néanmoins s'empreffa de lui faire des complimens; ils étoient dictés par la politeffe. Boileau, d'un ton malignement galant, ajouta: » On vous a tout ap» pris, mademoiselle, hormis à plaire; c'est pour» tant ce que vous favez le mieux.

M. de Fontenelle étant un jour dans le jardin d'une maifon où il avoit dîné, quelqu'un vint montrer à la compagnie un petit ouvrage d'ivoire, d'un travail fidélicat, qu'on n'ofoit le toucher, de crainte de le brifer. Chacun l'admirant : Pour moi, dit M. de Fontenelle, je n'aime point ce qu'il faut tant refpecter. Madame la marquife de Flamarens furvint tandis qu'il parloit; elle l'avoit entendu : il se retourne, l'apperçoit, & ajoute : Je ne dis pas cela pour vous, Madame.

Le marquis de Saint-Aulaire, âgé de quatrevingt-douze ans, difoit des galanteries à madame la comteffe de Beranger, & même la preffoit beaucoup. Elle lui répondit malignement: Je n'ai rien

à vous refufer. Ah! madame, lui répondit-il, vous banniriez toute la politeffe, s'il falloit être prife

au mot.

Ceci rappelle cette repartie d'une jeune perfonne qu'un vieillard cajoloit. Je vous attraperois bien, lui dit-elle, fi je vous prenois au mot.

Le jour qu'un officier François arriva à la cour de Vienne, l'impératrice fachant qu'il avoit vu la . veille la princeffe de ***, lui demanda, s'il croyoit que la princeffe fût, comme on le difoit, la plus belle perfonne du monde ? Madame, répondit l'officier, je le croyois hier.

On fait que les Turcs évitent toujours de répondre aux queftions qu'on leur fait fur leur religion, afin de ne la point expofer à la critique & à la raillerie. Une dame de condition faifoit reproche à un ambaffadeur Turc de ce que la religion de Mahomet permettoit d'avoir plufieurs femmes. L'ambaffadeur, fans entrer dans aucune dficuffion, lui répondit: Elle le permet, madame, afin de pouvoir trouver dans plufieurs, toutes les qualités qui font raffemblées dans vous feule. Cette réponse eft en même temps adroite & galante.

Le grand Condé agit avec autant d'esprit & de politeffe dans une occafion différente. Ce prince attaquoit Vezel en 1672; toutes les dames fe réunirent pour le prier de leur permettre de fortir de la place, & de ne pas les expofer aux fuites fâcheufes d'un fiège long & meurtrier. Mais le prince qui fentoit que par cette fortie, les affiégés feroient moins follicités à fe rendre, répondit aux dames: Qu'il ne pouvoit confentir à une demande qui le priveroit de ce qu'il y a de plus beau dans fon triomphe.

GASCON IS ME.

Façon de parler vicieuse, particulière aux gas

AÇON

cons. On a rapporté plufieurs de ces vices d'élocution dans un ouvrage utile intitulé les Gasconifmes corrigés.

Il est affez ordinaire aux gafcons d'employer le mot faifon à la place du mot pluye. Mon Dieu, la bonne faifon qu'il a fait aujourd'hui, disoit à un évêque un fupérieur de féminaire. Le prélat qui n'étoit pas gafcon, répondit : vous êtes, vous autres gafcons, avantageux en tout; nous n'avons que quatre faifons à Paris; pour vous, vous en avez à douzaine.

Les gafcons mettent fouvent l'e à la place de l'a, & l'a à la place de l'e. Un évêque des environs entendit dire à un eccléfiaftique de fon cortège, ras de chauffée. Il en badina avec les autres; il demanda quelle espèce de rats c'étoit que les rats de chauffée. Bon, Monfeigneur, répondit quelqu'un, il nous en dit bien d'autres; il dit toujours les gradins de l'autel pour les gredins de l'autel. Ce dernier gafconifme fit même plus rire que le pre

mier.

La plupart des prêtres Gafcons ont confervé le mot époufer que l'on difoit autrefois pour marier. Une dame avoit à fa table plufieurs curés des bords de la Garonne. Ils difoient fouvent dans la converfation, j'ai époufé mademoiselle N***. J'épouferai mademoiselle M***. La dame qui vouloit leur faire fentir l'équivoque, dit : Voyez ces meffieurs les curés, ne font-ils pas admirables? ils veulent que chaque homme s'en tienne à fa femme, & ils en épousent fans fin.

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