صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

L'expreffion à faire trembler est si familière aux Gafcons, qu'ils l'emploient à tout propos. Quelqu'un faifoit obferver ce gafconifme à un officier Gafcon, qui répondit par cette gafconade: que l'expreflion cela fait trembler et la plus forte qu'un Gafcon puiffe employer en telle circonstance que ce foit, parce qu'il n'y a rien dans la nature qui foit au-deffus de ce qui fait trembler un Gaf

con.

Le mot au contraire pour non eft encore trèsufité par les Gafcons. Les députés des états de Languedoc étant à Versailles à l'audience du roi, un Gafcon du cortège trébucha & tomba. Comme tout le monde lui demandoit s'il s'étoit fait mal en tombaut, il dit gaiment en fe relevant, au contraire. Cette manière de parler fit rire ceux qui étoient préfens. Les uns prétendoient que c'étoit un gafconifme, les autres une gafconade. C'étoit l'un & l'autre. Les Gafconifmes corrigés.

GASCONNADES.

NOUS ous comprenons fous cet article, ces forfanteries burlesques & ces mots plaisans attribués aux Gafcons. On fait que l'accent en fait fouvent. tout le fel.

Lorfque Namur fur afliégé en 1695, il y avoit dans la place, difent les mémoires de la Colonie un capitaine de Dragons nommé Vigouroux, qui étoit de Rhodez. Cet officier, qui ne s'étoit jamais rencontré dans des occafions fort dangereufes, étoit tellement étonné d'avoir été commandé pour une des forties faites fur les ennemis, qu'il ne ceffoit d'en rapporter des actions de valeur extraordinaires, dont il fe difoit l'anteur. Dans le

vrai,

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

vrai, il ne s'y étoit rien paffé qui méritât beaucoup d'attention; mais il trouvoit fi furprenant que fon courage eût foutenu une telle épreuve, qu'il s'imagina que rien n'étoit égal à fa bravoure. Un jour il demanda au maréchal de Boufflers, fon général, de le mettre en lieu où il pût de nouveau fignaler fa valeur, étant au déjespoir difoit-il, que l'occafion de fortir fur cette canaille ne fe préfentoit plus. Le maréchal, laffé de ces difcours, lui répondit, en présence de la compagnie où il exerçoit fes gafconnades: » Eh bien! monfieur de Vigouroux, vous aurez fatisfaction. Il ,, fe préfente une occafion bien à propos. La breche est déjà faite au fort Guillaume; les ennemis, felon toute apparence, ne tarderont pas à monter à l'affaut; je vous en fais gouverneur; allez en prendre poffeffion : fi cette canaille ofé , fe préfenter, repouffez-la comme il faut, & faites-lui bien fentir la pefanteur de votre bras. Au refte, je doute que nos ennemis veuillent en courir les rifques, s'ils apprennent que vous devez le défendre. Allez, courez chercher des lauriers en dépit des jaloux. Je vous donne la préférence; tout doit céder à votre bravoure ". Le pauvreVigouroux, dont l'intention n'étoit que de le faire paffer pour brave, & qui n'avoit point d'envie d'être pris au mot, fut très-furpris de la réponse de M. de Boufflers. Il demeura interdit, & les réflexions gafconnes lui manquant, toute lúi la compagnie fe prit à rire. Il fe remit pourtant après avoir rêvé, & croyant avoir trouvé une défaite qui le tireroit d'affaires, il dit à monfieur de Boufflers :"> Monseigneur, ce n'eft pas là où il faut mettre Vigouroux; je n'aime pas à être refferré entre quatre murailles : l'ardeur que Tome I.

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

Y

[ocr errors]
[ocr errors]

,, j'aurois à courir fur cette canaille, & à me por ,, ter de la gauche à la droite, feroit trop à l'étroit, & j'étoufferois de rage dans un fi petit endroit. Mais lâchez la bride à ma valeur en plaine campagne, & vous verrez ce que Vigouroux ,, fait faire". A ces mots : Láchez la bride à ma valeur, toute la compagnie fit un fi grand éclat de rire, que Vigouroux ne put pas y tenir : il se retira fans dire mot. Cette fanfaronade ne tomba point à terre; dans un moment elle fut répandue dans toute la garnifon, & Vigouroux eut bientôt le chagrin d'entendre les foldats crier les uns aux autres par raillerie : Lâchez la bride à ma valeur dans la plaine.

Un officier Gafcon, fort brave homme de fa perfonne, mais qui tenoit beaucoup du naturel de fa nation, fe trouvoit à une efcarmouche. Il tira un coup de piftolet à un cavalier ennemi, & fe vanta aufli-tôt à un de fes camarades, qu'il venoit de tuer ce cavalier. L'autre regardant : Cela ne peut être, lui dit-il, car je ne vois perfonne à bas.-Cap de bious, répartit le Gafcon, ne voistu pas que je l'ai réduit en poudre ?

Lors du fiège de Valenciennes par les François, en 1677, un des principaux officiers de la garnifou, qui vit qu'on ne donnoit point de quartier dans la première chaleur de l'attaque, s'alla jetter entre les bras d'un officier Gafcon. Il fe rendit fon prifonnier, & lui offrit une bourfe de trois cens louis, afin qu'il le gardar. Le Gafcon lui répondit auffi-tôt » Monfieur, pour votre vie, elle eft fau,, ve, car je combats comme le lion; je pardonne à celui qui s'humilie; mais pour vous garder », j'ai bien d'autres chofes à faire. Je cours à la gloire, & vous laiffe vous & votre argent entre

[ocr errors]
[ocr errors]

,, les mains de mon fergent.,, Mercure de Janvier, 1677.

Un moufquetaire Gafcon, paffant dans une revûe devant Louis XIV, fit faire à fon cheval un mouvement fi brufque, que le chapeau du cavalier vola à terre. Un de fes camarades le lui préfenta à la pointe de fon épée. Sandis, s'écria le Gafcon, j'aurois mieux aimé que vous m'e uffiez percé le corps que mon chapeau. Le roi, ayant entendu cette réponse, lui demanda la raifon : Sire, dit-il, j'ai crédit chez un chirurgien, mais je n'ai pas la même faveur chez un chapellier.

Un gentilhomme Gafcon, fe faifant appeller Marquis à la cour du duc de Savoie, madame la duchesse lui demanda par dérision, dans quel pays étoit fon marquifat. Ileft, répondit le Gafcon,dans, votre royaume de Chypre.

Un Gafcon voyant qu'on s'étonnoit de ce qu'il trembloit en prenant fes armes, dit: Mon corps tremble de peur pour les dangers où il prévoit que mon courage le portera tantôt.

On citoit dans une compagnie deux braves officiers dont on faifoit l'éloge. Ne foyez pas furpris de leur valeur, dit un Gafcon; l'un eft de Gascogne, & l'autre mérite d'en être.

Un Gafcon fe vantoit d'être defcendu d'une maifon fi ancienne, qu'il payoit encore, difoit-il, la rente d'une fomme que fes prédéceffeurs avoient empruntée pour aller adorer Jefus-Chrift dans la crêche de Béthléem.

On a fait ce conte. Un Gafcon avoit appellé en duel un cavalier, & s'étant rendu le premier fur le lieu, apperçut un hommé d'épée qui fe promenoit. Il crut d'abord que c'étoit fon homme; mais ayant reconnu fon erreur, & craignant qu'un tiers ne

rompit fon deffein, il lui dit fièrement de fe retirer. L'autre lui répondit fur le même ton, & des paroles ils en vinrent aux mains. Pendant cet intervalle, celui qui avoit été appellé arrive, & voyant fon Gafcon aux prifes, il lui demanda pourquoi il lui manquoit de parole, & fe battoit contre un autre avant que de l'avoir fatisfait. Cap de bious, répondit le Gafcon, je m'en» nuyois, & je me fuis mis à peloter en attendant » partie. »

[ocr errors]

Un Normand & un Gafcon furent condamnés à être pendus pour des vols. Comme il s'agiffoit de leur prononcer leur fentence, le greffier lut d'abord celle du Normand, qui marquoit qu'il feroit pendu pour avoir volé un fac de clous. Le Gafcon en l'entendant, dit: Peste soit du maraut ! se faire pendre pour des clous! Et quand on lut la fienne, qui portoit qu'il feroit pendu pour avoir volé dix mille écus, il fe tourna vers le Normand, & lui dit: Sont-ce-là des clous ?

Un Gafcon reçut d'un de fes camarades, qui étoit dans le fervice, une lettre dont le style ne l'accom‐ modoit pas. Il lui répondit que s'il fe présentoit jamais devant lui, il lui cafferoit la tête d'un de piftolet, L'autre lui écrivit feulement ces deux mots; Amorcez je pars.

par

coup

Un abbé Gafcon, qui prêchoit affez bien, étant confeillé fes amis de folliciter un bénéfice, dit: Moi demander un bénéfice, ce n'eft qu'une bagatelle, je vais à la gloire.

Un autre abbé Gafcon, qui n'étoit pas fi glorieux, demandoit depuis long-temps un bénéfice au pere de la Chaife, qui avoit la feuille des bénéfices. Un jour que ce bon père fe promenoit appuyé fur fa canne, fuivant fa coutume, l'abbé vint l'aborder &

« السابقةمتابعة »