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Deux gentilshommes pleins d'honneur, & d'uné probité reconnue, fervoient, en 1595, dans la même armée en Languedoc; ils étoient tous les deux capitaines de cavalerie. L'histoire a confervé leurs noms; l'un s'appelloit Lioux, & étoit Gafcon; l'autre, qui étoit provençal, fe nommoit Saint-Andiol. Its prennent querelle fur un fujet affez leger, & mettent l'épée à la main. Saint-Andiol, plus adroit, ou plus fort que fon ennemi, le bleffe, le défarme, & lui rend tout de fuite l'épée, avec des marques de confidération, dictées par l'honnêteté & l'eftime. On avoit pris toutes fortes de précautions pour dérober la connoiffance de ce combat fingulier. Le connetable néanmoins en fut averti. Il en parle à Saint-Andiol, qui convient du démêlé; dit que l'affaire s'eft terminée fans avantage de part ni d'autre ; affure qu'il est trèsfatisfait, & qu'il reconnoît fon adverfaire pour un des hommes les plus intrépides & les plus vertueux qu'il ait jamais connus. Lioux, introduit devant fon juge immédiatement après cette déclaration, qui lui eft communiquée, nie que l'action fe foit paffée de cette manière : il avoue qu'il doit la vie à Saint-Andiol; fe plaint de ce que ce gentilhomme eftime affez peu la victoire qu'il a remportée, pour vouloir s'en dérober l'honneur; &, par ce libre & généreux aveu de la vérité, partage, quoique vaincu, avec fon ami, l'honneur d'un événement qui paroiffoit ne pouvoir tourner qu'à fon défavantage. Hift. du duc d'Epernon.

Zigand, grand Kan des Calmouques en 1715, étant à la chaffe, il arriva qu'un efclave mal adroit lui creva malheureufement un œil d'un coup de fleche. Toute fa fuite indignée fe jetta fur l'infortuné tireur, & vouloit le maffacrer. Zigan s'y

oppofa: « Qu'il aille en paix, dit-il, il ne faut » juger d'un crime que par l'intention du coupa»ble. Cet homme ma bleffé fans deffein; fa mort » me rendroit-elle l'œil qu'un hazard fatal m'a fait » perdre ? » Non content d'avoir fauvé la vie à ce malheureux, il lui donna la liberté. Melanges intéreljants.

En 1745, le prince Charles Edouard, fils aîné du prétendant au trône d'Angleterre, ayant perdu dans ce royaume, une bataille décifive, eft pourfuivi par les troupes du roi. Il erre long-temps feul, & toujours au moment d'être la proie de ceux qui veulent gagner le prix mis à fa tête. Ayant fait un jour dix lieues à pied, & fe trouvant épuifé de faim & de fatigues, il entre dans la maifon d'un gentilhomme qu'il fait bien n'être pas dans fes intérêts. Ce gentilhomme néanmoins, n'écoutant que fa générofité, lui donne tous les fecours que fa fituation permet, & garde un fecret inviolable. Quelque temps après, ce gentilhomme eft accufé d'avoir donné un azile dans fa maifon à Edouard, & eft cité devant les juges. Il fe préfente à eux avec la fermeté que donne la vertu, & leur dit : « Souffrez, qu'avant de fubir l'interrogatoire, je demande, lequel d'entre vous, fi » le fils du Prétendant fe fût réfugié dans fa mai» fon, eût été affez vil & affez lâche pour le li» Vrer?» A cette queftion, le tribunal fe lève & renvoie l'accufé.

دو

Dans un débordement de l'Adige, le pont de Vérone venoit d'être emporté, à l'exception de l'arcade du milieu, fur laquelle étoit une maison: une famille entière étoit restée dans cette maison. On la voyoit, du rivage, tendre les mains & implorer du fecours. Cependant la violence du tor

rent détruifoit à vue d'œil les pilliers de l'arcade. Dans ce danger extrême, le comte de Spolverini propose une bourfe de cent louis à celui qui aura le courage d'aller fur un bateau, délivrer ces malheureux. On rifquoit d'être emporté par la rapidité du fleuve, ou d'être écrasé par les ruines de l'arcade, en abordant deffous. Le concours dų peuple étoit innombrable, & perfonne n'ofoit s'offrir. Dans cet intervalle paffe un villageois; on l'inftruit de l'entreprise propofée, & de la récompenfe qui y eft attachée. Il monte auffi-tôt fur un bateau, gagne, à force de rames, le milieu du fleuve, aborde, attend au bas de la pile que toute la famille, père, mère, enfans & vieillards, fe gliffant le long d'une corde, foient defcendus dans le bateau. Courage, s'écria-t-il, vous voilà fauvés. Il rame, furmonte l'effort des eaux, & regagne enfin le rivage. Le comte Spolvérini veut lui done ner la récompenfe promife: "Je ne vends point ,, ma vie, lui dit le villageois; mon travail fuffit pour me nourrir, moi, ma femme & mes ,, enfans; donnez cela à cette pauvre famille », qui en a plus befoin que moi.,, Cette action eft plus que généreufe; elle eft fublime.

"

دو

La générofité confifte fur-tout à faire du bien à fes ennemis ; c'eft le fujet de cet apologue de M. Lichtwehr. Ún honnête père de famille, chargé de biens & d'années, voulut régler d'avance fa fucceffion entre fes trois fils, & leur partager fes biens, le fruit de fes travaux & de fon industrie. Après en avoir fait trois portions égales, & avoir afligné à chacun fon lot: Il me refte, ajouta-t-il, ún diamant de grand prix; je le deftine à celui de vous, qui faura mieux le mériter par quelque action noble & généreufe, & je vous donne trois

mois pour vous mettre en état de l'obtenir. Auffitôt les trois fils fe difperfent, mais ils fe raffemblent au temps prefcrit. Ils fe préfentent devant leur juge; & voici ce que raconte l'aîné : Mon père, durant mon abfence, un étranger s'eft trouvé dans des circonftances qui l'ont obligé de me confier toute fa fortune; il n'avoit de moi aucune fûreté par écrit, & n'auroit été en état de produire aucune preuve, aucun indice même du dépôt; mais je le lui ai remis fidèlement. Cette fidélité n'eft-elle pas quelque chofe de louable? Tu as fait, mon fils, lui répondit le vieillard, ce que tu devois faire. Il y auroit de quoi mourir de honte, fi l'on étoit capable d'en agir autrement, car la probité eft un devoir. Ton action eft une action de juftice; ce n'eft point une action de générofité. Le. fecond fils plaida fa caufe à fon tour, à peu près en ces termes : Je me fuis trouvé, pendant mon voyage, fur le bord d'un lac; un enfant venoit imprudemment de s'y laiffer tomber; il alloit fe noyer, je l'en ai tiré, & lui ai fauvé la vie, aux yeux des habitans d'un village que baignent les eaux de ce lac; ils pourront attefter la vérité du fait. A la bonne heure, interrompit le père; mais il n'y a point encore de nobleffe dans cette action; il n'y a que de l'humanité. Enfin, le dernier des trois freres prit la parole: Mon père, dit-il, j'ai trouvé mon ennemi mortel, qui s'étant égaré la nuit, s'étoit endormi, fans le favoir, fur le penchant d'un abyme; le moindre mouvement qu'il eût fait au moment de fon réveil, ne pouvoit manquer de le précipiter; fa vie étoit en mes mains : j'ai pris foin de l'éveiller avec les précautions convenables, & l'ai tiré de cet endroit fatal. Ah! mon fils, s'écria le bon père, avec transport & en l'embraf

fant tendrement : C'est à toi, fans contredit, que la bague est due.

Quelques cou tifans reprochoient à l'empereur Sigifmond, qu'au lieu de faire mourir fes ennemis vaincus, il les combloit de graces, & les remettoit en état de lui nuire. Ne fais-je pas mourir mes ennemis, dit-il, en les rendant mes amis?

On vint avertir François duc de Guife, qui faifoit la guerre aux Proteftans, que l'un d'eux étoit dans fon camp à deffein de l'aflaffiner. Il le fit arrêter. Ce Proteftant lui avoua fa réfolution. Eft-ce à caufe de quelque déplaifir que vous ayez reçu de moi? Non, lui répondit ce fanatique, c'est parce que vous êtes le plus grand ennemi de ma religion.. Si votre religion vous porte à m'affaffiner, la mienne veut que je vous pardonne; & il le renvoya. Voyez Reconnoiffance.

GÉOMETRE.

IL n'y a, dit M. Rouffeau, qu'un Géomètre & un Sot qui puiffent parler fans figures: nous pourrions ajouter, qui puiffent être infenfibles aux beautés de l'imagination & du fentiment. On faifoit, devant un Géomètre, beaucoup d'éloge de la tragédie d'Iphigénie de Racine. Cet éloge pique fa curiofité; il la demande, on la lui prête. A peine en a- t il lu quelques fcènes, qu'il la rend, en difant: Qu'est-ce que tout cela prouve?

GLOIR E.

C'EST l'éclat d'une bonne réputation.

La gloire eft le charme des belles ames. Comment yeux-tu, difoit un ancien philofophe, que je

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