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combinaison, d'où il résulte un fens quelconque. Une des anagrammes les plus heureuses & les plus juftes, eft celle qu'on a mife en réponse à la queftion que fit Pilate à Jefus-Chrift, Quid eft ve ritas? Ces trois mots font rendus lettre pour lettre par cette anagramme, eft vir qui adeft.

On peut encore citer comme une anagramme heureufe celle qu'on a imaginée sur le meurtries de Henri III, Frère Jacques Clément. Les lettres de ces mots combinées portent, C'est l'enfer qui m'a

créé.

Céfar Coupé, célèbre anagrammatifte, & fertile en bons mots fur les maris qui avoient des femmes coquettes, en eut une qui fit parler d'elle. Il fut obli+ gé de s'en féparer. Quelqu'un, qui avoit une revans che à prendre contre ce Satyrique, publia l'anagramme de fon nom où l'on trouvoit, Cocu féparé.

Un faifeur d'anagrammes trouva dans celle d'un archevêque, pour le flatter, qu'il feroit cardinal à deux L près; quelqu'un mit au bas de l'anagramme, ces paroles:» reftent deux L (deux aîles) pour ,, le courier, afin qu'il aille plus vîte à Rome quérir », le chapeau".

Un particulier ayant préfenté l'anagramme de Henri le grand à ce prince, dans l'efpérance d'en recevoir une récompenfe, le roi lui demanda quelle étoit fa profeffion. Sire, lui dit-il, ma profeffion eft de faire des anagrammes, mais je fuis fort pauvre. Il n'eft pas étrange que vous le foyez, reprit le roi, car vous faites-là un pauvre métier.

ANGLOIS.

Τουτ UT Anglois, de quelque condition qu'il foir, eft élevé dans la haine de la France. Milord Sum

mer, grand chancelier, qui paffoit pour la meilleure tête d'Angleterre, étant preffé de s'expliquer fur ce qu'il penfoit par rapport à l'inutilité ruineufe de la guerre de 1700, au lieu d'apporter des raifons pour en montrer la néceffité, fe contenta de dire: Qu'il avoit été élevé dans la haine de la France.

Lorfque le prince Eugene eut en 1706, remporté fur les François plufieurs victoires, les Anglois, fidèles à leur haine contre la France, fe livrèrent aux démonftrations les plus extraordinaires d'une joie exceflive. L'eftime qu'ils eurent pour le prince victorieux, devint une espèce de paffion. Une vieille fille lui donna deux mille cinq cens livres fterlings par fon teftament, & un jardinier lui fit un legs de cent livres fterlings. Hiftoire du prince Eugene.

در

Pendant la derniere guerre on parloit dans une maifon de Londres, du projet qu'avoient les François de faire une defcente en Angleterre. Un enfant de neuf ans écoutoit avec beaucoup d'attention ce que l'on difoit, & puis tout d'un coup fe levant de fa chaife, il s'approche de fon pere & lui dit: » Si les François viennent ici, amènerontils des enfans avec eux «? Je ne fais pas, répondit le pere, pourquoi cette queftion? » C'eft, répliqua l'enfant, en ferrant les poings, que je » me battrai avec ces petits garçons de bon cœur." Toute la compagnie fut enchantée de ce mouvement de haine contre un peuple regardé comme l'ennemi déclaré de la patrie; & on embraffa cet enfant en le louant de fa courageufe réfolution.

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Les Algériens, bombardés en 1684 par des efcadres Françoises, demandent pardon à Louis XIV & rendent libres tous les efclaves chrétiens. Il fe trouve parmi ces malheureux quelques Anglois

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qui foutiennent, à Damfreville, que c'eft la confidération qu'on a pour leur pays, qui fait tomber leurs fers. Le capitaine du vaiffeau François remet ces Anglois à terre, & dit aux Algériens: » Ces gens-ci prétendent n'être délivrés qu'au » nom de leur roi. Le mien ne prend pas la liberté » de leur offrir fa protection; je vous les remets: » c'est à vous à montrer ce que vous devez » d'Angleterre ". Tous les Anglois font auffi-tôt remis à la chaîne. Mémoires de Forbin.

au roi

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En 1739, un Anglois nommé Jenkins, eft introduit à la chambre des communes. Les Efpagnols, qui foupçonnoient alors tous les Anglois de faire un commerce clandeftin dans leurs colonies avoient faifi fon navire dans les parages de l'Amérique, mis l'équipage aux fers, fendu le nez & coupé les oreilles au capitaine. En cet état, Jenkins fe préfente au parlement, & y raconte fon aventure avec la fimplicité de fa profeffion & de fon caractère: Meffieurs, ajoute-t-il, quand on m'eut ainfi mutilé, on me menaça de la mort; je l'attendis en recommandant mon ame à Dieu, & ma vengeance à la patrie. Ces paroles, prononcées naturellement, excitent un cri de pitié & d'indignation dans l'affemblée. Le peuple de Londres écrit à la porte du parlement : La mer libre ou la guerre. Le ministère eft entraîné par la multitude, & les deux nations fe font la guerre. Hift. de la guerre de

1741.

Il y a environ quarante ans, qu'un Anglois laiffa un legs confidérable à l'auteur de l'indépendant Whig, ouvrage périodique qui faifoit alors beaucoup de bruit. L'auteur étoit M. Gordon, connu d'ailleurs par des difcours fur Tacite & fur Salufte. M. Wilkes, qui a rendu fon nom fi célèbre par le

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North-Breton, & par les pourfuites qu'a occafionnées ce papier,vient d'avoir une bonne fortune femblable. Un riche fermier de Dévonshire, nommé Henri Walton, fit, en mourant, un teftament dans lequel fe trouvoit l'article fuivant : » Je legue à Jean Wilkes, ci-devant membre du parlement pour Aylesbury, cinq mille livres fterlings (environ » cent vingt mille livres tournois) en reconnoif» fance du courage avec lequel il a défendu les li» bertés de fa patrie, & s'eft oppofé aux progrès »dangereux du pouvoir arbitraire».-Les actions de quelques particuliers, dit le judicieux auteur qui rapporte celle-ci, font fouvent mieux connoître l'efprit public d'une nation, que des faits plus éclatans, & qui femblent appartenir à la vofonté générale de la nation même. Gaz. litt. juillet, 1764.

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L'Anglois aimable chez les étrangers, eft trèsdifficile à vivre dans fa patrie. C'eft ce qu'un ambaffadeur de France vouloit faire entendre à un feigneur de la grande Bretagne. » L'Anglois, lui » difoit l'ambaffadeur, eft bien eftimable hors » de fon ifle. « Il a du moins, répondit le Lord, l'avantage de l'être quelque part. La répartie étoit piquante; mais l'ambaffadeur l'avoit méritée par la tournure malignement épigrammatique avec laquelle il avoit rendu fa penfée.

Plufieurs faits femblent indiquer que l'on pourroit trouver en Angleterre, plus que par-tout ailleurs, des caractères finguliers.

En 1505, Siward, duc de Northumberland étant fort malade, crut qu'il étoit indigne de fon courage d'attendre la mort dans un lit: il voulut mourir les armes à la main. Comme il fentit approcher fa dernière heure, il commanda à fes

gens de l'armer de toutes pièces, & fe fit mettre dans un fauteuil, où, tenant l'épée nue, il défioit la mort en rodomont. Larrey.

L'Angleterre paroiffoit, en 1757,menacée d'une invasion prochaine. Un Anglois dit à cette occa fion: » Comme je ne fuis pas foldat, j'avouerai » fans honte que je ne fuis pas brave; mais, com» me citoyen ma bourfe eft au fervice de ma pa» trie: je payerai tout ce qu'on voudra; mais rien »ne fçauroit me déterminer à me faire battre». Journal étranger.

Les Anglois aiment encore aujourd'hui les com bats des gladiateurs, fi goûtés des anciens romains. Un chevalier baronet, grand amateur de cet art, a écrit pour en faire voir l'utilité; il l'enfeignoit même gratuitement à ceux qui vouloient bien recevoir de fes leçons. Un feigneur du voisinage de la terre où il fe tenoit, étant allé lui rendre vifite, & s'entretenant avec lui fur la lutte, le chevalier le faifit par derrière, & le jetta par deffus fa tête. Celui-ci, un peu froiffé de fa chûte, fe releva en colère. Milord, lui dit le baronet d'un ton grave, il faut que j'aie bien de l'amitié pour vous; vous êtes le feul à qui j'ai montré ce tour-là.

Les lettres fur les Anglois font mention d'un homme de ces derniers temps, & de la plus grande naiffance, qui vouloit que rien ne l'affligeât dans le monde. Envain on lui annonçoit un événement fâcheux; il s'obftinoit à le nier. Sa femme étant morte, il n'en voulut rien croire; il faifoit mettre fur la table le couvert de la défunte, & s'entretenoit avec elle comme fi elle eût été préfente: il en agiffoit de même lorfque fon fils étoit abfent. Près de fa dernière heure, il foutint qu'il n'étoit pas malade, & mourut avec fon heureufe folie. Div

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