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roient infailliblement. Plufieurs fe fiant à cette prédiction firent ce que l'aftrologue avoit prefcrit; mais comme on reconnut après qu'il avoit trompé le peuple, on le mit fur un cheval à reculons, tenant la queue en place de bride, avec deux marmites au cou, & on le promena ainfi par toute la ville.

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Un aftrologue regardant au vifage Jean Galéas, duc de Milan, lui dit :,, Seigneur, arrangez vos affaires; car vous ne pouvez vivre longtems Comment le fais-tu, lui dit le duc? Par la connoiffance que j'ai des aftres, répondit l'astrologue. Et toi, combien dois-tu vivre? Ma planette me promet une longue vie. Oh bien, répartit le duc, afin que tu ne te fies plus à ta planette, tu mourras maintenant contre ton opinion; & il le fit pendre dans le moment. Corofet.

Hégiage, général Arabe, fous le calife Valid, confulta, dans fa derniere maladie, un aftrologue qui eut la fermeté de lui prédire une mort prochaine.,, Je compte tellement fur votre habileté,

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lui répondit Hégiage, que je veux vous avoir ,, avec moi dans l'autre monde, & je vais vous y », envoyer le premier, afin que je puiffe me fervir de vous dès mon arrivée ". Il ordonna en effet qu'on lui coupât la tête; ce qui fut exécuté sur le champ.

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Un empereur, irrité contre un aftrologue, lui demandoit avec menaces: De quel genre de mort, malheureux, comptes-tu mourir?,, Je mourrai, dit-il, de la fièvre. "Tu en as menti, répondit l'empereur; tu périras tout à l'heure d'une mort violente. On alloit faifir ce pauvre malheureux, lorfqu'il dit à l'empereur:,, Seigneur, ordonnez ,, qu'on me tâte le pouls, & l'on verra que j'ai la fièvre." Cette faillie le tira d'affaire. Tome I.

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Une dame Egyptienne fit venir chez elle un fameux aftrologue, & l'interrogea fut ce qu'elle defiroit d'apprendre. L'aftrologue dreffa auffitôt différentes figures aftrologiques, & fit fur chacune un difcours d'autant plus long, que ce qu'il difoit ne fatisfaifoit pas la dame. A la fin il fe tut; & la dame n'étant pas plus inftruite qu'auparavant, fe contenta de lui donner une drachme. L'aftrologue, qui s'attendoit à recevoir une meilleure récompenfe, ajouta, qu'il voyoit encore par les figures tracées, qu'elle n'étoit pas des plus riches. La dame lui répondit que cela étoit vrai. L'aftrologue regardant toujours les figures, lui demanda: N'auriez-vous rien perdu?,, J'ai perdu, lui répondit-elle, l'argent », que je viens de te donner. "Bibliothèque Orien

tale.

Dara, un des quatre fils du grand Mogol, ChaJeham, ajoutoit beaucoup de foi, ainfi que la plupart des princes de l'orient, aux prédictions des aftrologues. Un de ces charlatans lui avoit prédit, au péril de fa tête, qu'il régneroit: & telle étoit la foibleffe de ce prince, qu'il s'en fioit plus à cette prédiction qu'à fes droits, à l'amitié de fon père, & à fon courage. L'aftrologue fe moquoit le premier de la fimplicité de Dara. Cet impofteur ne craignit pas même de répondre à ceux qui lui demandèrent, comment il ofoit, fur fa vie, garantir un événement fi incertain:,,Il arrivera de deux chofes l'une; ou Dara parviendra à la couronne, & ma fortune eft faite; ou il fera vaincu, & dès-lors fa mort eft certaine, & je ne redoute plus fa vengeance." Révolutions des Indes.

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Lorfqu'on affiégeoit le Poufin, en Dauphiné, le fils de Noftradamus, qui fe mêloit de prédire, interrogé par le fieur de Saint-Luc, que deviendroit

le Poufin, il lui répondit:,, Il périra par le feu. " Pendant que les foldats le pilloient, il y mit luimême le feu en plufieurs endroits, afin que fa prédiction fùt accomplie. Mais Saint-Luc, irrité de cette action, pouffa fon cheval contre le jeune aftrologue, qui en fut foulé aux pieds. Le Thou.

Le pape Jean XXI ayant étudié toute fa vie l'aftrologie, avoit trouvé, par la connoiffance qu'il prétendoit avoir de l'influence des aftres, que fa vie feroit longue, & il le disoit à tous ceux qui l'approchoient. Un jour qu'il s'en vantoit en préfence de quelques perfonnes, une voûte, qu'il faifoit conftruire au palais de Viterbe, étant tombée, il en fut fi fort bleffé, qu'il en mourut fix jours après. Platina.

Urbain VIII fe mêloit d'aftrologie judiciaire, jufqu'à faire des almanachs. L'abbé de Longuerue racontoit à ce fujet l'hiftoriette fuivante Ce pape avoit un ancien domestique nommé Onoufrio, qui prenoit avec lui beaucoup de liberté. Une nuit ce pape l'appella, & lui demanda quel temps il faifoit? Onoufrio, pour en être plutôt débarrassé, répondit qu'il faifoit beau temps. Sapiamo, dit le pape, donnant à entendre qu'il l'avoit prédit dans fon almanach. Onoufrio, qui entendoit pleuvoir à verse, perdit patience; il ouvrit les rideaux du lit du pape, & les fenêtres de fa chambre, en difant: Vede, coïone; vede, coïone. Le pape en rioit encore le matin, & ne put s'empêcher de le conter à quelques confidens. Le rébarbatif François Barberin, fon neveu, l'ayant fçu, menaça Onoufrio des galères. Ce fidèle domeftique fe mit à changer de conduite, à fervir le pape à genoux & avec crainte. Le pape, importuné de ces refpects, en apprit enfin la cause; l'éminence étant venue chez

fon oncle, en fut traitée à fon tour prefqu'auffi mal que l'avoit été Onoufrio.

Cardan, médecin & mathématicien célèbre du quinzième fiècle, donnoit dans toutes les erreurs de l'aftrologie judiciaire. Ayant marqué qu'il mourroit en un certain temps, il s'abftint de manger, afin que fa mort confirmât fa prédiction, & que fa vie ne décriât point le métier. Bayle.

Un bourgeois de Lyon, fort riche, ayant fait dreffer fon horofcope, mangea, pendant le temps qu'il croyoit avoir encore à vivre, tout ce qu'il avoit. Mais ayant été plus loin que l'aftrologue ne lui avoit prédit, il fe vit obligé de demander l'aumône; ce qu'il faifoit, en difant :,, Ayez pitié d'un homme qui a vécu plus long-temps qu'il ne croyoit." République des lettres.

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AVARE, AVARICE.

LORSQU'ON a lu l'Avare de Plaute & celui de Molière, on eft tenté de croire que tous les traits qui le caractérisent ont été épuifés. Cependant en voici un qui n'eft peut-être pas moins vrai, moins énergique que ceux employés par ces grands maîtres. On parloit d'une perfonne qui aimoit à rendre fervice. Quelqu'un, qui lui avoit des obligations, dit:,, Un tel eft très-honnête homme; il eft pauvre, mais cela ne m'empêche pas d'en faire un ,, cas fingulier. Il y a quarante ans que je fuis fon ami, &'il ne m'a pas demandé un fou".

L'Avare ne fe regarde point comme tel; il au⚫roit horreur de lui-même: il fe confidère comme un homme prévoyant, un économe qui penfe à l'avenir. Un original de cette trempe ayant entendu parler d'un fameux médecin de Paris, dont la par

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cimonie étoit portée à l'excès, eut la curiofité de l'aller voir. C'étoit un fidèle difciple qui vouloit aller prendre des leçons d'un maître renommé. Il le trouva fur les huit heures du foir, en hiver, dans une chambre enfumée, avec une petite lampe qui ne donnoit prefque point de clarté. Il lui dit, en entrant:,,J'ai appris, monfieur, que vous étiez l'homme du monde le plus économe. Je le fuis ,, un peu; mais je fouhaiterois l'être davantage, & je voudrois bien que vous me fiffiez l'amitié de me donner quelques leçons d'économie." Ne venez-vous que pour cela? lui répliqua brufquement le docteur avare. Prenez ce fiége; & en même-temps il éteignit fa lampe, en lui difant: Nous n'avons pas befoin d'y voir pour parler; nous en ferons moins diftraits.,, Ah! monfieur, s'écria l'humble difciple, cette leçon d'économie me suffit: Je " vois bien que je ne ferai jamais qu'un écolier auprès d'un fi grand maître; mais je vous proteste , que j'en profiterai. "Il fe retira auflitôt à tâtons. Voyez les Anecdotes de Médecine.

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Toutes les grandes paffions, dit madame de P...,. abandonnent les hommes à la mort; toutes excepté l'avarice. Le commandeur de.... eut une longue maladie. Sur le point de mourir, il dit à fon médecin, qui lui avoit rendu fix mois de vifites affidues, qu'il vouloit le récompenfer de fes bons fervices, & lui préfenta en même-temps trois louis, qu'il tira d'un fac qu'il tenoit caché fous fon chevet. Le médecin, furpris de la médiocrité de la fomme, lui demanda fi c'étoit un à compte?-Un à-compte, monfieur! reprit le moribond; non, monfieur; non, la fomme me paroît raisonnable pour tout le temps de ma maladie. Le médecin lui fit encore quelques remontrances, auxquelles le

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