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,,ment nouveau que j'éprouve est-il celui de la vûe?.... Toutes les fois que vous dites êtes bien aifes de vous voir l'un l'autre, êtesvous auffi heureux que je le fuis en ce mo,, ment?..... Où eft l'om qui me fert de guide? Il ,, me femble maintenant que je marcherois bien fans lui.,, Il voulut faire un pas; mais il s'arrêta & parut effrayé de tout ce qui étoit autour de lui. Comme l'agitation de fon ame étoit extrême, on lui dit qu'il falloit qu'il revînt pour quelque temps à fon premier état, afin de donner peu à peu à fes yeux la force de fupporter peu-à-peu l'impreffion de la lumière; & qu'il avoit befoin de s'accoutumer par dégrès à voir, comme il s'étoit accoutumé à marcher. Il ne fe rendit qu'avec beaucoup de peine à ces raifons; on le tint pendant quelque temps les yeux couverts; &, dans ce retour de cécité, il fe plaignoit amèrement qu'on l'avoit trompé; qu'on avoit employé quelqu'enchantement pour lui faire croire qu'il jouiffoit de ce qu'on appelle la vûe: il ajoutoit que les impreffions qui en étoient restées dans fon âme, le rendroient fou, fi ce fens ne lui étoit pas en effet rendu. Une autre fois, il cherchoit à deviner les noms des perfonnes qu'il avoit vûes dans la foule; ou bien il vouloit conter ce qu'il avoit remarqué, & il manquoit de termes pour s'exprimer. Enfin, lorfqu'on jugea qu'il feroit en état de fupporter la lumière, on chargea la jeune fille d'ôter le bandeau dont fes yeux étoient couverts, & de tâcher de diftraire, par fes difcours, l'impreffion trop vive des objets. Elle s'approcha de lui; & en denouant le bandeau, elle lui dit: M. William, je vais vous rendre l'ufage de la vûe; mais je ne faurois ,, m'empêcher d'avoir quelqu'inquiétude. Je vous

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ai aimé dès mon enfance, quoique vous fuffiez aveugle; vous m'avez aimée auffi : mais vous allez connoître la beauté, vous allez éprouver des fentimens qui vous ont été inconnus jufqu'ici. Si vous alliez ceffer de m'aimer ! fi quel», que objet, que vous trouverez plus aimable, alloit m'effacer de votre cœur ! ..... ah ! ma chère amie, répondit le jeune homme, fi je devois, en jouiffant de la vûe, perdre les tendres. émotions que j'ai fenties toutes les fois que j'ai entendu le fon de votre voix; fi je ne devois ,, plus diftinguer le pas de celle que j'aime lorfqu'elle s'approche de moi; & s'il falloit que je changeaffe ces plaifirs fi doux & fi fréquens pour le fentiment tumultueux que j'ai éprouvé pendant le peu de temps que j'ai joui de la vûe,. j'aimerois mieux renoncer pour jamais à ce fens nouveau. Je n'ai defiré de voir que pour vous fentir, vous pofféder, vous aimer d'une autre manière encore : arrachez-moi ces yeux, s'ils ,, ne doivent fervir qu'à vous rendre moins chère

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mon cœur. "La jeune fille l'embraffa en verfant de douces larmes. William revoit la lumière avec le même trouble & le même raviffement: il ne pouvoit fe laffer de regarder la maîtreffe ; il l'appelloit en la touchant, & la prioit de parler pour s'affurer que c'étoit bien elle qu'il touchoit. Tout l'étonnoit; il ne pouvoit accorder les fenfations qu'il éprouvoit par la vûe, avec celles qu'il avoit reçues des mêmes objets par les autres fens : & ce ne fut que par degrés qu'il parvint à diftinguer & à reconnoître les formes, les couleurs & les distances.

On a rapporté ce tour d'adreffe d'un Aveugle. Il avoit cinq cents écus qu'il cacha dans un coin de fon jardin : mais un voifin, qui s'en apperçut,

les déterra & les prit. L'aveugle ne trouvant plus fon argent, foupçonna celui qui pouvoit l'avoir dérobé. Comment s'y prendre pour le ravoir ? Il alla trouver fon voifin, & lui dit qu'il venoit lui demander un confeil; qu'il avoit mille écus, dont la moitié étoit cachée en lieu fûr, & qu'il ne favoit s'il devoit mettre le refte au même endroit. Le voifin le lui confeilla, & fe hâta de reporter les cinq cents écus, dans l'efpérance d'en retirer bientôt mille. Mais l'Aveugle ayant retrouvé fon argent, s'en faifit; & appellant fon voisin, lui dit: Compère, l'Aveugle a vû plus clair que celui qui a deux yeux.

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Au milieu d'une nuit fort obfcure, un Aveugle marchoit dans les rues avec une lumière à la main. & une cruche pleine fur le dos, Quelqu'un qui couroit, le rencontra; & furpris de cette lumière: Simple que vous êtes, lui dit-il, à quoi vous fert cette lumière ? La nuit & le jour ne font-ils pas la même chofe pour vous?-Ce n'eft pas pour moi, lui répondit l'Aveugle, que je porte cette lumière, c'eft afin que les étourdis qui te reffemblent, ne viennent pas heurter contre moi, & me faire caffer ma cruche.

IL

AVOCAT.

L paroît qu'il y a long-temps que les Avocats font en poffeffion de fe dire des injures. Les Avocats, chez les Romains, s'infultoient fouvent au barreau par les railleries les plus fanglantes. L'orateur Philippe, faisant allufion au nom de Catulus que portoit fon adverfe partie, & au bruit qu'il faifoit en plaidant, lui demanda pourquoi il aboyoit fi fort: C'eft, répondit Catulus, que je vois un

در

» voleur «. Difcours fur le Barreau de Rome. Un orateur médiocre demandoità ce même Ca» tulus: » N'ai-je pas bien réufli à exciter la compaffion? A merveille, reprit celui-ci; car il n'y a perfonne à qui votre difcours n'ait fait pitié «

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Verrès, que l'on accufoit d'avoir dépouillé les provinces de fon gouvernement, avoit envoyé à f'orateur Hortenfius un fphinx d'ivoire, morceau de fculpture très-précieux. Cicéron, dans fon plaidoyer, ayant dit quelque chofe d'un peu envelopé contre la conduite d'Hortenfius; celui-ci lui répondit, qu'il ne favoit pas expliquer les énigmes. A A quoi Cicéron répliqua fur le champ: Vous

avez chez vous le Sphinx.

Théophrafte parle d'un vieillard qui fe fardoit. Archidamus, plaidant contre lui devant le fénat de Lacédémone, dit :,, Qu'il ne falloit pas croire ,, un homme qui portoit le menfonge fur le front".

Un magiftrat qui, par une timidité naturelle ou défaut de mémoire, n'avoit jamais pu venir à bout de prononcer de fuite un difcours, interrompit un jour un avocat qui plaidoit devant lui. L'Avocat piqué lui dit malignement:,, Vous m'interrom,, pez, monfieur, quoique vous fachiez bien la peine qu'il y a de parler en public ".

Un Avocat qui défend une cause, se voit fouvent dans la néceffité d'employer toutes fortes de moyens, parceque chaque juge a fon principe, bon ou mauvais, fuivant lequel il fe décide. Dumont, célèbre Avocat, étoit perfuadé de cette vérité. Cet Avocat, plaidant à la Grand'Chambre, mêloit à des moyens victorieux, d'autres moyens foibles ou captieux. Après l'audience, le premier préfident de Harlai lui en fit des reproches. M. le préfident, lui répondit-il, un tel moyen est pour

M. un tel; cet autre pour M. un tel. Après quelques féances l'affaire fut jugée, & Me Dumont, gagna fa caufe. Le premier préfident l'appella & lui dit :,, Maître Dumont, vos paquets ont été rendus à leur adreffe ".

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Un Avocat, dont le plaidoyer paroiffoit trop étendu pour la caufe qu'il défendoit, avoit reçu. ordre du premier préfident d'abréger; mais celuici, fans rien retrancher, répondit d'un ton ferme que tout ce qu'il difoit étoit effentiel. Le préfident, efpérant enfin le faire taire, lui dit :,, la cour vous ordonne de conclure ". Hé bien, répartit l'Avocat, je conclus à ce que la cour m'entende.

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On a rapporté une anecdote à-peu-près semblable de M. Dumont avocat. Il avoit été interrompu, en plaidant, par M. de Harlai premier président, qui lui dit: Maître Dumont, abrégez. Ĉet Avocat cependant, qui croyoit que tout ce qu'il avoit à dire étoit effentiel dans fa caufe, ne retranchoit rien de fon plaidoyer. M. de Harlay fe crut offenfé & dit à cet avocat : Si vous continuez de nous dire des chofes inutiles, l'on vous fera taire. Me. Dumont s'arrêta alors tout court, & après avoir fait une petite paufe, il dit à M. de Harlay :,, Monfieur, puifque la cour ne m'ordonne pas de me

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taire, vous voulez bien que je continue. « Le premier préfident, piqué de cette résistance, ou peut-être de cette diftinction faite entre lui & la cour, dit à un huiffier: Saififfez-vous de la perfonne de Me Dumont. Huiffier, dit cet avocat, je vous défends d'attenter à ma perfonne, elle eft facrée pour vous dans le tribunal où je plaide. Monfieur l'Avocat Général parla pour Me Dumont, & foutint qu'il ne devoit pas être arrêté. La chambre fe leva fans rien décider, Mais la décision de cette af

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