Amour actif et saint qui veillerait sur moi, Quand au bord du volcan je marche avec effroi ! Mon Dieu! j'avais ma mère, et vous m'aviez bénie S'éloignent pour toujours, mon coeur en est lassé; Oh! que je sente encor se poser sur mon front Ces baisers maternels qui le rafraîchiront! Que je l'entende enfin, cette voix d'une amie, Pour moi depuis trois ans étouffée, endormie! Une heure, une heure encor que je puisse la voir, Dans le champ qu'elle aimait et qu'ombrage le tremble, Dérobe ses flots purs sous le feuillage vert; Où l'aubépine en fleurs s'étend comme un blanc voile, Où le trèfle naissant de boutons d'or s'étoile ; Puis, nous irons cueillir aux branches des pommiers, Les fruits que le soleil a mûris les premiers. Nous irons secourir aux moissons, aux vendanges, Les pauvres qui diront : « Ces femmes sont des anges.» Et j'oublierai le monde, attachée à ses pas, Le monde qui distrait du bonheur qu'on n'a pas. Paris, 1837. IV. DOLORÈS. « Cette jeune fille richement parée, si belle, mais si triste, me dit-il, se nomme Dolores; elle assiste à toutes nos fêtes sans y prendre part. Elle est toujours pâle et rêveuse comme vous la voyez; on soupçonne, ajouta-t-il bien bas, que c'est une fille naturelle du roi. Connaît-elle le secret de sa naissance? On pourrait le croire à l'expression douloureusement orgueilleuse de ses traits. Mais n'essayez pas de lui parler, elle vous répondrait avec dédain ou garderait le silence. » A peine m'eut-il quitté que je m'approchai de Dolorès, et lui adressai respectueusement la parole. (Extrait d'un roman espagnol. |