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succéda au pontificat. Le roi Charles, après avoir tenu son assemblée à Worms, résolut de porter la guerre en Saxe, y entra sans retard, dévasta tout par le fer et le feu, prit le château-fort d'Ehresbourg et renversa l'idole appelée Irminsul1 par les Saxons. Comme il s'était arrêté trois jours pour cette destruction, il arriva, tant le ciel demeura continuellement serein, que toutes les rivières et fontaines étaient à sec et qu'on ne pouvait rien trouver à boire. On craignait que l'armée, fatiguée par la soif, ne pût continuer ses travaux; mais un certain jour, et (à ce que l'on croit, par la bonté divine) pendant que, vers midi, tous se reposaient, un énorme volume d'eau remplit tout à coup le lit d'un torrent auprès du mont auquel était adossé le camp, et toute l'armée put ainsi se désaltérer. Le roi ayant détruit l'idole, s'avança jusqu'au

1 Erminsul ou Hermann-Saule, colonne de Hermann ou Arminius. Cette idole était un monument grossier, élevé par la reconnaissance des Germains en l'honneur de Hermann ou Arminius, vainqueur de Varus et leur libérateur, dont la mémoire était devenue l'objet d'un culte. Indépendamment du sens même du mot, ce qui donne à cette explication une certitude à peu près complète, c'est qu'on ne peut guères douter que ce même lieu n'eût été, près de huit siècles auparavant, le théâtre de la défaite de Varus. « Les lieux voisins de la petite ville de Dethmold, »> dit M. Stapfer dans son savant article sur Arminius inséré dans la Bio graphie universelle de MM. Michaud, «< sont encore pleins des souvenirs « de ce mémorable événement. Le champ qui est au pied du Teutberg « s'appelle encore Wintfeld ou Champ de la Victoire; il est traversé « par le Rodenbeck ou ruisseau de Sang, et le Knochenbach ou ruis«seau des Os, qui rappelle ces ossemens trouvés, six ans après la dé<< faite de Varus, par les soldats de Germanicus venus pour leur rendre « les derniers honneurs. Tout près de là est Feldrom, le champ des « Romains; un peu plus loin, dans les environs de Pyrmont, le Her« minsberg ou mont d'Arminius, couvert des ruines d'un château qui «porte le nom de Harminsbourg, et sur les bords du Weser, dans le « même comté de la Lippe, on trouve Varenholz, le bois deVarus. »>

Weser, et là reçut des Saxons douze otages. De retour en France il assista aux solennités de Noël et de Pâques dans sa terre de Herstall.

[773.] Le pape Adrien ne pouvant supporter l'insolence du roi Didier et des Lombards, résolut d'envoyer à Charles, roi des Francs, une ambassade pour le supplier de venir secourir contre leur oppression lui et les Romains. Mais, comme on ne pouvait faire librement cette route par terre en Italie, le pape fit monter à Rome dans un vaisseau Pierre, son envoyé, qui se rendit ainsi par mer à Marseille et poursuivit ensuite par terre son chemin en France. Lorsqu'il eut joint le roi à Thionville où il passait l'hiver et lui eut exposé le sujet de son ambassade, Pierre retourna à Rome par le même chemin.

Le roi ayant examiné avec grand soin ces dissensions entre les Lombards et les Romains, se décida à entreprendre la guerre pour la défense de ces derniers; il se rendit avec son armée à Genève, ville de Bourgogne, située près du Rhône, y délibéra sur la manière d'entamer la guerre, divisa ses troupes en deux portions, donna à celles que commandait Bernard, son oncle paternel, l'ordre de faire route par le mont Joux, et lui-même, à la tête de l'autre, passa le mont Cenis; il traversa ainsi le sommet des Alpes, et mit en fuite Didier, qui s'efforça en vain de lui résister; il le bloqua dans Pavie, et employa l'hiver à tenter beaucoup.de moyens pour prendre la ville, ce qui était fort difficile.

[774.] Pendant que ces événemens se passaient en Italie, les Saxons, saisissant l'occasion favorable de l'absence du roi, ravagèrent par le fer et le feu les fron

tières de Hesse qui touchaient aux leurs ; ils voulurent incendier, dans le lieu nommé maintenant Friedslar, la basilique qu'y avait bâtie le bienheureux Boniface, martyr. Tandis qu'ils s'efforçaient vainement de réussir dans ce dessein, ils furent saisis d'une frayeur subite envoyée par Dieu, et s'enfuirent en désordre avec une honteuse terreur.

Le roi Charles, laissant à son armée le soin de terminer le siége et la prise de Pavie, alla à Rome pour y prier, et lorsqu'après avoir accompli ses vœux il fut retourné à son camp, la ville, fatiguée d'un long siége, se rendit à lui; toutes les autres villes suivirent cet exemple et se donnèrent au roi des Francs. Charles, ayant ainsi soumis et pacifié pour quelque temps l'Italie, revint en France emmenant captif le roi Didier. Quant à Adalgise, son fils, en qui les Lombards mettaient beaucoup d'espérances, voyant les affaires de son pays perdues, il alla en Grèce auprès de l'empereur Constantin, et vécut honorablement à sa cour avec le titre de patrice.

Lorsque le roi fut de retour, et avant même que les Saxons pussent en être informés, il envoya dans leur pays une triple armée qui mit tout à feu et à sang, tailla en pièces une multitude de Saxons qui s'efforçaient de résister, et revint en France chargé de butin.

Charles à son retour d'Italie, célébra la dédicace de l'église de Saint-Nazaire, martyr, et la translation de son corps dans notre monastère de Lauresheim, l'an du Sauveur 774, le 1er septembre.

[775.] Le roi passant l'hiver à Quiersi, résolut d'attaquer les cruels et perfides Saxons, et de ne s'arrêter qu'après leur entière extermination ou leur conver

sion au christianisme. Après avoir tenu l'assemblée générale dans la ville de Duren, il passa le Rhin, attaqua la Saxe avec toutes ses forces, prit du premier coup la citadelle de Siegbourg, où était une garnison saxonne, rétablit le fort d'Ehresbourg qu'avaient détruit les Saxons, et y laissa quelques troupes franques, de là gagna le Weser, et attaqua, dans le lieu nommé Brunnesberg, une multitude de Saxons qui voulaient lui disputer, mais en vain, le passage du fleuve, car dès les premiers instans ils furent mis en fuite, et beaucoup y périrent. Le roi passa donc le fleuve, et s'avança avec une partie de son armée jusqu'à l'Ocker; là vint le joindre Hesson un des chefs Saxons, amenant avec lui tous les Ostphaliens'; il lui donna les otages exigés, et lui jura fidélité.

Charles étant revenu sur ses pas, et arrivé au village nommé Buch, les Angrariens accoururent à lui avec leurs principaux chefs, imitèrent les Ostphaliens, lui donnèrent des otages, et lui prêtèrent serment.

Cependant la partie de l'armée que Charles avait laissée près du Weser, dressa ses tentes dans le lieu nommé Hudbeck', et, ne prenant point de précautions, fut circonvenue par la fraude des Saxons. Comme les fourrageurs Francs retournaient au camp vers la neuvième heure du jour, les Saxons feignirent d'être de leurs compagnons, se mêlèrent à eux, s'introduisirent dans leurs retranchemens, les attaquèrent pendant leur sommeil, et massacrèrent une grande partie de cette multitude imprudente. Cependant, repoussés par la vaillante résistance de

Les Saxons orientaux.

2 Lidbad, selon d'autres Chroniques.

ceux qui s'étaient éveillés, les Saxons sortirent du camp, et s'éloignèrent d'après un traité que la nécessité seule avait pu imposer. Quand le roi reçut cette nouvelle, il se mit en marche avec toute la diligence possible, poursuivit les Saxons en retraite, en tailla en pièces une grande quantité, reçut des otages Westphaliens', et retourna en France pour y passer l'hiver.

[776.] Le roi apprit à son retour que le lombard Rotgaud, qu'il avait établi duc dans le Frioul, excitait de nouveaux mouvemens en Italie, et que déjà plusieurs villes s'étaient données à lui. Charles jugea nécessaire de réprimer promptement ces rébellions', emmena avec lui ses plus braves guerriers, et marcha sur-le-champ en Italie. Rotgaud qui avait prétendu se faire roi fut tué, les villes dont il s'était emparé se rendirent sans retard, le roi y mit des comtes Francs, et retourna en France, aussi vite qu'il en était venu. A peine eut-il passé les Alpes, que des envoyés lui apprirent que le fort d'Ehresbourg avait été emporté par les Saxons, que la garnison franque en avait été expulsée, que l'autre château de Siegbourg n'avait pas été pris, mais attaqué; que les troupes demeurées pour sa garde avaient fait une sortie, attaqué par derrière les imprudens Saxons occupés du siége, et tué une grande quantité d'entre eux; que ceux qui avaient échappé au carnage avaient non seulement abandonné le siége, mais s'étaient empressés de fuir, et qu'errans et dispersés ils avaient été poursuivis par les Francs, jusqu'au fleuve de la Lippe.

'Saxons occidentaux.

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