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Harvard College Library

NOV 14 1912
Gift of
Prof. A. C. Coolidge

SÉANCE PUBLIQUE

DU 14 FÉVRIER 1887

Discours de M. Ed. MONNIER, Président

MESSIEURS,

Un premier devoir s'impose à nous au début de cette séance, c'est de rendre hominage à la mémoire d'un de nos collègues les plus actifs et les plus distingués, M. le docteur Blin, qui a été, pendant plus de trente ans, membre de notre Société.

M. Blin, né dans cette ville, y a, dès sa jeunesse, remporté au Collège les plus grands succès. Ensuite, il embrassa par vocation la carrière médicale. Elève de l'Ecole de médecine, il en fut lauréat : interne des hôpitaux de Paris,

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y fut deux fois couronné. Revenu dans sa ville natale, y obtint rapidement une nombreuse clientèle due à la fois à la confiance qu'inspirait son caractère personnel et aux brillants résultats de ses études.

Malgré la multiplicité des devoirs de sa carrière professionnelle, il sut trouver du temps pour participer à toutes les œuvres d'intérêt général. Il contribua activement à la fondation de la Société de médecine de l'Aisne, et fut pendant longtemps président de l'Association des médecins

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de l'arrondissement de Saint-Quentin. Membre de l'Association des anciens élèves du Collège et du Lycée de SaintQuentin; il prit une grande part à sa direction, et par sa sympathie et son affection, il fut un lien vivant entre ceux que séparaient souvent de grandes différences d'âge ou de position. Pendant la fatale période de 1870 à 1871, il se fit remarquer par un dévouement infatigable, et se donna sans réserve au soin des malades et des blessés dans les hôpitaux et les ambulances.

C'est alors que ses concitoyens reconnaissants le nommèrent membre du Conseil municipal. Il y acquit promptement une influence due à son activité et à ses connaissances étendues. C'est en particulier à son initiative qu'est due la fondation de la Caisse des Ecoles, qui a rendu tant de services aux enfants de la classe ouvrière.

Devenu membre de la Société Académique dès 1855, M. Blin en a été cinq fois président. Nos annales renferment les nombreux mémoires qu'il a publiés sur des questions de science médicale, mais nous tenons à rappeler quelques-uns de ses travaux qui ont eu une portée plus étendue.

C'est lui qui a organisé le Comité d'horticulture qui, grâce à ses efforts, est devenu une Société florissante et de la plus grande utilité. C'est son étude sur les logements d'ouvriers qui a provoqué le mouvement qui a abouti à la fondation de la Société des cités ouvrières. Son étude sur l'assainissement de Saint-Quentin a signalé bien des améliorations utiles, et en particulier le dessèchement du petit étang, qui est en grande partie exécuté. Il a été pour beaucoup dans l'organisation de nos cours, et c'est lui qui a provoqué la fondation de la Bibliothèque populaire de la ville, après avoir proposé de lui donner pour base les deux cents volumes que notre Société avait déjà réunis.

Cette activité si féconde semblait destinée à porter encore bien des fruits, lorsqu'elle a été interrompue par une maladie douloureuse et cruelle.

Notre collègue, condamné à une retraite absolue, ne se fit aucune illusion; avec un coup d'oeil sûr, il annonça que le mal était sans remède, et que, sans atteindre ses facultés intellectuelles, il lui enlèverait successivement toutes ses forces.

Bientôt, il perdit la vue; puis il fut frappé dans son affection la plus profonde par la mort de Mme Blin; pendant plusieurs années, ses souffrances continuèrent à s'aggraver. Mais il ne perdit pas un instant courage, continuant à s'intéresser à tout et à notre Société en particulier, exprimant le désir qu'un don de cinq cents francs lui fût remis. Cette vie nous laisse un grand exemple, et nous exprimons le vœu qu'il ne soit perdu pour aucun de ceux qui en ont été témoins.

Notre Société avait pour membres associés deux hommes distingués que notre ville a perdus cette année.

M. Hugues-Cauvin, grand manufacturier, l'un des fondateurs de la Société Industrielle; et M. Béranger, maire de la ville et député, dont la mort subite et inattendue a laissé une impression qui n'est pas encore oubliée.

Trois de nos collègues les plus actifs, MM. Caplain, Collet et Merchier, ont quitté notre ville cette année; ils laissent parmi nous un vide qui sera bien difficile à combler.

Notre Société n'en poursuivra pas moins avec persévérance ses modestes travaux: Dans quelques mois paraîtra le premier volume de l'inventaire général de nos archives municipales. Cet ouvrage, dû au travail infatigable de M. Lemaire, renferme des documents inédits de la plus grande valeur; nous ne doutons pas de l'accueil empressé

qui lui sera fait par le public lettré. Ce n'est du reste que le commencement d'une œuvre qui sera poursuivie.

Notre dernier volume a publié la première partie d'un document important pour l'histoire de notre ville; c'est le plus ancien registre de la Chambre des échevins et jurés de Saint-Quentin conservé dans le chartrier de la Ville.

Une seconde partie va paraître dans le volume de nos Mémoires qui est sous presse; la fin sera publiée l'année prochaine; et le tout, tiré à part, formera un volume qui s'ajoutera aux documents déjà mis au jour par la Société Académique.

L'étude de l'histoire locale est peut-être ce qu'il y a de plus important dans l'activité des sociétés littéraires. Depuis qu'elles ont compris la place qu'il fallait lui donner, des lumières ont surgi de tous côtés sur l'histoire des siècles passés, que des centaines de documents font revivre en faisant connaître tous les détails de la vie de ceux qui les ont traversés. Ce mouvement ne fait que commencer, et on peut déjà prévoir combien il facilitera la tâche des historiens futurs, quand partout les archives des villes et des communes auront été étudiées, et tout ce qu'elles renferment de plus utile aura été publié.

Après l'histoire locale, une grande part revient à l'archéologie qui est aussi une sorte d'histoire, suppléant aux documents écrits, et poursuivant ses recherches jusqu'aux premières origines de l'humanité.

La région que nous habitons, si pauvre en monuments anciens, n'en offre pas moins un champ très riche à cette étude. C'est à l'embouchure de la Somme que Boucher de Perthes a découvert, profondément enfouies sous la couche diluvienne, les plus anciennes traces de l'industrie humaine. Plus près de nous encore, dans la vallée de l'Oise, d'autres objets, des boules de grès, des débris de l'âge de pierre

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